par Press TV
Président du think tank américain Council on Foreign Relations (CFR) et l’un des deux théoriciens les plus puissants de la politique extérieure américaine, Richard Haas fait état de ses doutes relatifs à la marge d’influence des États-Unis dans le monde et précise que le nouvel ordre mondial entraînera une diminution du rôle international de l’Amérique dans les affaires internationales.
Ce constat, fait lors d’une interview exclusive accordée à la chaîne de télévision Al-Jazeera, montre la situation actuelle des Etats-Unis dans le monde et le déclin de leur rôle sur la scène politique internationale.
Parmi les facteurs qui pourraient conduire au déclin du rôle de l’Amérique sur la scène politique internationale, il a d’abord pointé du doigt la recrudescence des tensions entre les grandes puissances avant d’ajouter : « On a souvent pensé que les tensions entre les grandes puissances avaient pris fin avec la fin de la guerre froide, mais aujourd’hui l’Amérique se retrouve dans une situation où elle doit faire face à deux puissances hostiles, à savoir la Russie et la Chine, et à deux puissances régionales que sont l’Iran et la Corée du Nord. »
Soulignant que les défis mondiaux tels que la pandémie de coronavirus, actuellement en rapide déclin, peuvent avoir un impact majeur dans différents pays, y compris les États-Unis, il a évoqué la situation intérieure de ce pays comme un autre facteur du déclin de l’influence de l’administration américaine dans le monde.
« En fait, il n’y a plus de consensus sur quoi que ce soit en Amérique. Les différences entre nous [les Américains] sont plus grandes que jamais. À mon avis, cette époque peut être définie comme la combinaison de deux défis mondiaux et géopolitiques auxquels l’Amérique est confrontée. Nous ne sommes pas comme les autres pays, nous avons joué un grand rôle dans le monde au cours des 75 dernières années, mais aujourd’hui, je ne suis pas sûr que nous soyons prêts à jouer un si grand rôle… », a-t-il indiqué.
En ce qui concerne l’élection présidentielle américaine de 2024 et l’inquiétude suscitée par l’isolationnisme paralysant dans leur politique, Haas a déclaré : « Actuellement, nous ne voyons de représentants dans aucun des deux partis démocrate et républicain qui ont pour objectif de préserver la suprématie de l’Amérique dans le monde ».
Il a prédit que les personnes qui choisiront une politique modérée (ni républicaine ni démocrate) seront susceptibles d’émerger sur la scène politique américaine en 2024 mais a exprimé ses doutes quant à leur capacité à changer les politiques américaines actuelles.
À propos de la guerre en Ukraine et de son impact sur la situation actuelle des États-Unis, l’expert politique a affirmé que l’administration américaine ne cesserait en aucun cas de soutenir l’Ukraine.
« Compte tenu des circonstances, l’ampleur de l’aide américaine à l’Ukraine ou certaines parties de la proposition de paix [entre les deux parties belligérantes] pourraient être modifiées, mais les Américains qui se concentrent sur la guerre soutiennent pleinement la politique adoptée par le président américain Joe Biden sur la question », a-t-il indiqué.
Soulignant que la politique américaine en Afghanistan ne doit pas être considérée comme un modèle pour l’ensemble de la politique étrangère américaine Richard Haas a annoncé : « Biden et ses partisans croyaient fermement que l’Afghanistan n’était pas un endroit où l’Amérique voulait continuer à investir, mais il a clairement déclaré son intention d’investir en Ukraine ainsi qu’à Taïwan ».
Concernant la poursuite du rôle de l’Amérique et sa participation aux questions internationales il a déclaré que les États-Unis ne pouvaient pas agir unilatéralement vis-à-vis de la Chine et de la Russie, mais devraient chercher à créer des coalitions basées sur la diplomatie, un plan d’urgence militaire et économique.
Il a également laissé entendre que les États-Unis pourraient envisager des sanctions contre la Chine, mais pas celles qui créeraient une menace pour Pékin, et plutôt des sanctions qui enverraient à la Chine le message que tout recours à la force contre Taïwan aurait un coût énorme pour ce pays.
source : Press TV
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