Destruction de EDF : L’énergie nucléaire française en passe de finir aux mains du marché ?

Destruction de EDF : L’énergie nucléaire française en passe de finir aux mains du marché ?

par Liliane Held-Khawam

EDF est en fait au bord de la faillite. La moitié du parc nucléaire est actuellement hors service, soit en raison de fissures et de corrosion dans des réacteurs, soit en raison d’opérations de maintenance programmées. La mise en service de l’EPR de Flamanville est à nouveau reportée.

L’électricité d’origine nucléaire n’est certainement pas morte. Au contraire. Elle ne s’est jamais aussi bien portée qu’en ce moment. Des centrales nucléaires fleurissent un peu partout dans le monde au moment où les gouvernants d’Occident font mine de vouloir les fermer. Une stratégie comme une autre dont l’objectif pourrait être de faire changer les mains qui sont aux manettes de cette industrie pas comme les autres.

Pour faire simple, si la globalisation des États se fait sous la houlette de la planète finance, alors l’industrie stratégique du nucléaire (y compris fabrication de matériel) doit être entièrement financiarisée.

Dans cette histoire de la privatisation de l’industrie nucléaire française, on retrouve en fil rouge quelques noms de dirigeants qui changent depuis des années de casquettes passant du public au privé et vice versa.

En 2005, Thierry Breton, alors ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, est en charge de l’introduction de EDF en bourse. M. Breton est donc le maître d’œuvre de la privatisation de EDF. À la demande du président Macron, il est nommé en novembre 2019 membre de la Commission européenne chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace.

En 2014, la branche énergie du groupe Alstom est rachetée par l’américain General Electric. Or, cette autre privatisation va avoir un impact direct sur l’industrie du nucléaire. En effet, « cette transaction, de près de 13 milliards d’euros, était – et est toujours – qualifiée par ses opposants de « scandale d’État », celle-ci revenant, entre autres, à confier à un groupe étranger la maintenance des turbines des 58 réacteurs nucléaires français ». Or, cet accord, finalisé en décembre 2014, a été piloté par le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique de l’époque : Emmanuel Macron, lui-même ex-banquier d’affaires,.

Luc Rémont, un homme qui a privatisé EDF revient pour la renationaliser

Voici l’histoire d’un homme qui a œuvré en 2005 à introduire en bourse le géant français de l’électricité EDF, et à la renationaliser en 2022 ! Il fut même actif dans le cadre de la transaction entre General Electrics et Alstom en 2014.

Nomination de Luc Rémont à la tête de EDF

Ce 23 novembre 2022, Luc Rémont a été nommé à la tête de EDF, soit la veille de l’annonce par l’AMF du calendrier de la renationalisation du géant de l’électricité. Or, il se trouve que M. Rémont travaillait en 2005 pour le ministre Thierry Breton et a été impliqué dans l’introduction de EDF en bourse.

De 2002 à 2007, il est actif dans les cabinets ministériels des ministres de l’Économie et des finances successifs : Francis Mer, Nicolas Sarkozy et Thierry Breton. Il travaille sur l’introduction en Bourse d’EDF en 2005,.

Le même Wikipédia nous fournit une autre information extraordinaire :

« Il entre dans le privé en 2007. À Bank of America Merrill Lynch, il dirige la Banque de financement et d’investissement en France en 2009, ainsi que la filiale du Benelux, jusqu’en juillet 2014. Il supervise à ce titre la vente d’Alstom énergie à l’américain General Electric »[6],.

La faillite de EDF

Entre l’introduction à la bourse et la renationalisation, la stratégie du management a mené l’entreprise à la faillite. Sans vouloir décortiquer et analyser les quasi 20 ans de la vie du groupe, nous retiendrons 3 pistes que nous illustrons ici par des données vues récemment.

Des centrales nucléaires à l’arrêt

Souvenez-vous : la maintenance des turbines des 58 réacteurs nucléaires français a été confiée à General Electrics. Or, cette fin d’octobre, la moitié des centrales nucléaires françaises étaient à l’arrêt. Pourquoi ? Quel rôle y joue la vente du secteur énergie d’Alstom à General Electrics ? La question se pose n’est-ce pas ?

Dans un papier de la Tribune de février 2022, on pouvait lire :

« Actée en 2018, la décision de fermer la centrale de Fessenhein, pourtant opérationnelle, semble désormais très lointaine. Et pour cause, l’atome opère un retour en force dans l’Hexagone, malgré les déboires qui s’accumulent depuis 2012 sur le chantier de l’EPR de Flamanville. En témoigne ce nouveau revirement : sept ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electric (GE), à l’époque porté par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, les précieuses activités nucléaires du groupe américain devraient regagner le giron d’EDF. Ce dernier a en effet signé un accord d’exclusivité, ont annoncé jeudi les deux entreprises dans un communiqué commun ».

Or, un contrat d’exclusivité ne signifie pas que le matériel sensible sera livré en cas de besoin, ou que le service sera effectué dans les délais nécessaires.

Le système ARENH a coulé EDF
Qu’est-ce que le système ARENH ?

Voici comment le site de Selectra, – une entreprise française spécialisée dans la comparaison d’offres d’électricité, de gaz et d’accès à Internet – explique l’ARENH :

« Avec l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence, il est apparu essentiel d’encadrer l’accès à l’énergie nucléaire en France. EDF étant le premier producteur d’électricité nucléaire, un dispositif législatif a été mis en place pour garantir que tous les fournisseurs puissent y avoir accès. C’est pour cela qu’en 2010, dans le cadre de la loi Nome, l’ARENH (Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique) a été créé ». (Selectra)

Et voilà comment une directive peut suffire à couler une entreprise, déjà victime de la voracité du marché. La crise de l’énergie n’a fait qu’achever ce qui restait encore debout. Ce qui suit est tiré du site de Selectra.

Février 2022 : relève du plafond de l’ARENH

Dans un contexte dans lequel les prix de l’électricité ne cessent d’augmenter en 2022, le gouvernement a dû prendre des mesures pour limiter leur impact sur le budget des Français. Pour rappel, sans le bouclier tarifaire la hausse du prix de l’électricité en février 2022 aurait dû être de 44,5% HT contre 4% HT avec le bouclier.

Parmi les décisions prises par le gouvernement, une révision de l’ARENH a été évoquée. Le gouvernement a pris la décision d’augmenter le plafond de l’ARENH, c’est-à-dire de l’énergie nucléaire vendue par EDF aux fournisseurs alternatifs, de 20% le faisant passer de 100 TWh à 120 TWh.

EDF se retrouve obligé de revendre à ses concurrents un volume plus grand d’électricité à prix fixe et non plus indexé sur le prix du marché ou sur le volume de production.

Le prix de vente fait également l’objet de changement. Le prix du MWh d’électricité nucléaire distribué via l’ARENH passe de 42€ (son prix depuis 2012) à 46,50 € le MWh en 2022.

Le volume d’ARENH baissé à/fixé à 100 TWh en 2023

Lors d’une conférence de presse tenue ce 27 octobre 2022, le ministre de l’Économie et la Première ministre ont informé qu’à partir de 2023, le volume d’ARENH disponible pour les concurrents d’EDF serait diminué à 100 TWh au lieu de 120 en 2022.

Son prix reviendrait également à 42€ par MWh, contre 46,5€ en 2022. Compte tenu du fait qu’EDF produit entre 300 et 330 TWh d’électricité par an, l’ARENH représente 1/3 de sa production totale.

Le système ARENH est un accord entre l’État français et la Commission européenne

Le système ARENH « résulte d’un engagement de l’État français auprès de la Commission européenne qui a été instauré par la loi NOME (loi portant Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) du 7 décembre 2010. Les modalités de fonctionnement de ce dispositif sont désormais intégrées dans le code de l’énergie ».

Lors de l’intervention de l’État en 2022, l’État a pris la décision sans consulter la Commission européenne. C’est pour cela que le député Bellamy a interpellé celle-ci le 7 avril 2022 :

L’enfumage des énergies renouvelables peut-il cacher la volonté de privatiser le nucléaire ?

Quand on regarde de plus près, on voit que l’on a mis une pression formidable pour pousser les énergies durables et faire de EDF le champion du domaine au plan mondial.

Or, voici ce que vient de lâcher le patron de Simens Energy :

Et nous avions vu que nombre de pays se positionnent sur le nucléaire. Les arguments de la durabilité et de l’écologie sont de la pure logorrhée. La chose devient très claire.

En mai 2022, EDF construisait une centrale nucléaire… en Angleterre.

Également appelé Hinkley Point C, le projet de centrale nucléaire devrait se situer entre 25 et 26 milliards de livres sterling, contre une estimation précédente comprise entre 22 et 23 milliards de livres sterling. 
https://www.arabnews.com/business-economy

De fait, le renouvelable est une fumisterie qui a engraissé entre autres les mafias (qui apprécient particulièrement l’idée) avec les subventions publiques.

Les énormes investissements de Bill Gates dans le nucléaire

Bill Gates est de tous les coups qui structurent le Nouveau Monde en captant les ressources de l’ancien (cf le chemin de fer canadien). Et M. Gates croit dans le nucléaire. Sa société Terrapower est très active pour faire financer ses activités par le gouvernement américain. Son premier site de centrale nucléaire ouvrira en 2028 grâce au financement du contribuable US. Et si elle veut aller conquérir l’Occident par exemple, EDF devrait se faire plus discret, voire être avalé par le patron de la santé publique mondiale…

« Bien que M. Gates ait investi une quantité importante de ressources dans TerraPower depuis qu’il l’a cofondée en 2006, environ la moitié du projet Natrium dans le Wyoming sera essentiellement subventionnée par les contribuables américains. Selon le site Earther, la société recevra 1,9 milliard de dollars du gouvernement, dont 1,5 milliard proviendra des fonds consacrés aux réacteurs nucléaires avancés dans le récent projet de loi bipartisan sur les infrastructures. Le coût total de la centrale devrait s’élever à environ 4 milliards de dollars. TerraPower est également l’une des deux entreprises américaines qui ont reçu 160 millions de dollars du ministère de l’énergie l’année dernière pour développer les nouveaux réacteurs ».

Il n’existe pas de marché de l’électricité au sens économique du mot

Le marché de l’électricité est faussé de bout en bout, les velléités de puissances privés sont inconnues. Il en ressort des anomalies que déjà dénoncées ici en 2016.

Et quand un gouvernement adapte les variables quantités et prix au gré des besoins, la stratégie devient illisible et suspecte.

Le président Macron et M. Rémont œuvrent à la renationalisation (atomisation ?) de EDF

La conséquence logique de ce qui précède et de toutes les gangrènes dues aux relations incestueuses publiques-privées est la faillite et l’éclatement de EDF. Aujourd’hui, le banquier d’affaire M. Rémont revient en tant que patron de EDF pour oeuvrer à la renationalisation de EDF. La stratégie d’introduction en bourse qui a laissé exsangue ce fleuron de l’industrie française est ainsi récompensée.

Côté État, celui-ci « a entamé le processus de renationalisation d’EDF. Une OPA de 9,7 milliards d’euros ayant pour objectif un vaste programme nucléaire ». Une évidence puisque nombre de pays de la planète se dote de nucléaire. Alors pourquoi pas la France? La question que l’on pourrait se poser tout de suite est la suivante:

Est-ce que le programme nucléaire de EDF se poursuivra au travers d’une collaboration avec une société du genre Terrapower avec le contribuable français en mécène, à l’image de ce qui se fait aux US ?

On prend les mêmes et on recommence. Cette fois pour renflouer avec l’argent public les caisses d’une industrie indispensable qui a été vampirisée par la haute finance internationale…

Pourquoi s’étonnerait-on d’un scénario largement rodé et connu de tout un chacun ? On sort un pseudo-libéralisme quand cela arrange, puis une collectivisation quand cela arrange les mêmes.

***
Annexes

Une vidéo analyse le démantèlement de EDF

En 2010 la libéralisation du marché de l’électricité en France devait apporter la prospérité aux consommateurs. Le système ARENH imposant à EDF de vendre à bas coût son électricité à ses propres concurrents aura finalement surtout engraissé les spéculateurs. Au moment où les prix de l’énergie explosent, même certains libéraux remettent en cause le dogme de la libre concurrence dans le domaine de l’énergie. Entretien avec Fabien Gay, sénateur communiste.

Luc Rémont, une personne de confiance de Planète finance

Le profil du nouveau patron est très intéressant dans la mesure où son parcours cumule à la fois les fonctions de haut fonctionnaire, de patron d’entreprise, de banquier d’affaires. Ce mélange de la gestion des affaires privées avec celle de l’intérêt public ne choque plus personne tant cela est devenu naturel.

Fiche Wikipédia Luc Rémont.pdf

Cependant, le profil de M. Rémont compte à son actif la présidence de Gimelec, qui est le le groupement des entreprises de la filière électronumérique française. Or, la globalisation de la planète et l’intégration du corps humain dans ce que nous avions appelé la machine informationnelle sont indissociables des flux des circuits électronumériques auxquels les compteurs intelligents ou Linky en France appartiennent.

Luc Rémont a été jusqu’à un passé récent un haut dirigeant de Schneider Electric. Or, cette entreprise est décrite en tant que leader mondial de la transformation digitale du management de l’énergie. Elle maîtrise toutes les activités liées à l’automation des maisons, des immeubles, etc. C’est donc une entreprise-clé d’une smart city.

Or, cette digitalisation de tous les instants intéressent aussi EDF :

Et comme dans le cadre des intérêtes de Bill gates, nucléaire rime avec électricité ET médecine :

Qui sont les actionnaires de Schneider Electric ?

En 2011, nous avions selon Wikipédia :

Et à l’heure actuelle :

M Rémont a donc le profil idéal pour apporter une pierre d’angle à l’édifice du Nouveau monde en France, mais pas seulement…

Le président Macron a eu un rôle de poids dans le processus de la vente de Alstom à General Electric

Liliane Held-Khawam

source : Liliane Held-Khawam
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Source : Lire l'article complet par Réseau International

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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