L’un de nos fidèle lecteurs nous adresse un témoignage en direct suivi d’un texte de sa composition, datant des années 90, que nous partageons avec vous. Merci à ce lecteur qui se reconnaitra.
2h du mat !
Ça y est nous y sommes enfin, fini l’hypocrisie instituée. Je viens d\’aller promener mon chien comme à l’habitude, travaillant tardivement 7j/7. Noir complet sur la ville (200 000 habitants) plongée dans le noir total, sauf les feux. Première altercation en situation, premier jour du black-out. Un signe qui m’indique ce qui va suivre. Vous allez vous marrer bande de français endormis.Dans le noir total vous serez, à l’image de Kiev et ses néo-nazis financés avec notre pognon, livrés aux meutes nocturnes organisées après s’être habituées à la nuit totale dans les villes et les villages, en embuscade.
Heureusement pour ce soir, ou plutôt ce matin, malgré mon âge c’est l’autre qui s’est retrouvé en nage. En fuite ! Sans avoir eu besoin de lui lâcher le chien malgré ma 65ème année en cours.Mais qu’en serra t-il des plus faibles pris dans le noir de la ville pour une raison ou pour une autre ? Faudra-t-il qu’ils, qu’elles sortent armés ? Déjà qu’en temps normal… Ou dit comme tel…
Ce qui m’amène à repenser à ce texte écrit dans les années 90, nous y sommes :
Vous êtes seuls petits frères
Personne ne vous attend au pays des grands
Mises à part quelques exceptions qui confirment la règle
Peur de ton regard ?
Depuis que les Rois ont perdu le contact avec les Fous,
les rois sont devenus fous.
Vos aînés ont perdu le contrôle du monstre qu’ils ont créé en bidouillant un peu dans tous les sens. Ils n’ont plus d’idées. Par fierté, ils n’osent pas vous le dire. Alors, ils accumulent connerie sur connerie et ils les planquent, pour plus tard, dans les armoires de leurs enfants. Inutile de gueuler, ils n’entendent plus rien.
Ils ont pété les tympans.
Les nouvelles générations devront trouver l’inspiration et la force de réparer les conneries de leurs parents. Ce n’est pas tant de raison dont elles auront besoin, mais de lucidité, d’imagination, de mansuétude, de courage et de sérénité. En dehors de cela, boucherie générale ! Carnage.
C’est un pressentiment.
Vous êtes seuls petits frères
Vous êtes les hordes primitives des futurs à explorer. Vous ne pouvez compter que sur vous-mêmes. On veut vous reconduire aux dix-neuvième siècle et qui sait, aux heures les plus sombres de l’Histoire humaine. Rejoins les éclaireurs, les chasseurs, les guerriers, les cueilleurs, les guetteurs, les sourciers, les sorcier, les nomades, les déracinés. Si tu veux faire un jour des enfants sans avoir honte, mets-toi en route petit frère. Maintenant. Mets-toi en route dans ta tête. Nous n’avons plus beaucoup de temps pour nous préparer, et j’te raconte pas le merdier qu’ils vont laisser.
Notre planète est entre les mains d’une génération d’enfants gâtés, et de nostalgiques de la résistance. Ils n’ont que des histoires de guéguerres, de barricades et de consommation à nous raconter.
Regarde-les.
De l’homme de Cro-Magnon
à l’homo-sanibroyeur,
quel bond en avant !
Une bulle de savon est en train de leur péter au nez. Le grand rêve de la consommation, c’est terminé. Ce n’est plus qu’un cadavre en putréfaction. Dessus, dessous, autour, nuées de charognards qui ne laisseront rien.
Bouffer, chier, trimer, c’est ça la vie ?
Le berceau de leur descendance ne sera bientôt plus qu’un pot de chambre, qu’une décharge monstrueuse – un égout – les chiottes à la turque d’une génération qui grille les transistors. C’est chiant. Y’a plus d’aspiration, de grand but. Ils n’ont que le mot relance à la bouche, pour aller plus vite encore dans la destruction. À ce train-là, les bébés vont bientôt naître chaussés de bottes en caoutchouc.
Ainsi va le progrès-absolument,
absolument dénué d’absolu.
Voix off !!!
Une cage d’escalier,
dans la boucle de suie qui entoure le quartier des affaires.
– Non mais tu te rends comptes!!! Les chats pioncent quatorze heures par jour!!! Alors, on pense fabriquer un médoc pour les insomniaques, avec des bouts de chats ou de je n’sais quoi. On va leur chouraver leur moelle épinière. Je crois que c’est ça.
– Quand on voit le bordel avec les transplantations, les transfusions, quand on voit toutes ces maladies, toutes les épidémies, on se dit qu’avec des morceaux d’animaux on a pas fini de se marrer.
– Imagine un peu qu’on nous greffe des couilles de lapin dans le cerveau, pour courir plus vite et baiser plus court, histoire de rester dans l’mouv’.
– Tu nous vois avec la myxomatose?!! Les oreilles qui tombent?! Les yeux rouges?!
– Parti comme c’est parti, qui te dit qu’un fada dans un labo ne va pas tourner sans le faire exprès la clé de voûte de la vie?
– Et peut-être même de l’univers?!!
– Tombée de dominos en chaîne sur la courbure du temps… Pichchchchchchhc…. (Silence.)
– Bon alors, tu fais tourner ou quoi?!! Il faut que je rentre, mes Darons vont gueuler.
Texte écrit en 1993 – plus que jamais d’actualité
Source : Bernard-Alex artiste plasti-cœur
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