La Bataille d’Angleterre, avec un « b » majuscule à bataille, c’est le conflit qui a opposé la RAF (force aérienne royale) à la Luftwaffe (arme de l’air) de mai 1940 à juillet 1941 sur les côtes britanniques. Mais les Allemands ont été jusqu’à bombarder la ville industrielle de Coventry et la capitale, Londres. Les assaillants y laisseront près de 2 000 avions et plus de 2 000 aviateurs. C’en sera fini de leurs chances d’envahir l’Angleterre.
Pourquoi commencer par là ? Aujourd’hui, en France, il est des combats qui ne concernent pas vraiment les Français (ou les damnés), et qui opposent les people (ou les élus), ceux qui détiennent un pouvoir culturel pas seulement symbolique, entre eux.
Le public assiste à ces combats – on préfère dire clashs – d’en bas, car le pouvoir médiatique ne lui appartient plus : il a été capté par une caste, la caste médiatico-politique, qui en profite et qui en fait profiter ses proches, d’où cette épidémie inquiétante de fils et filles-de qui sont fatalement de plus en plus médiocres.
Et on ne parle même pas des conjoints, placés ici et là à des postes plus ou moins fictifs. Le dernier placement juteux et honteux en date est celui de l’épouse du dessinateur du Canard enchaîné Escaro, qui porte bien son nom, la madame ayant touché trois millions d’euros en 20 ans pour un « boulot » extrêmement vaporeux. Les Français assistent donc à une bataille aérienne qui ne les concerne pas vraiment car, quel que soit le vainqueur, ce seront toujours les mêmes qui passeront à la caisse : les uns pour encaisser, les autres pour payer.
Spitfire Hanouna contre Messerschmitt Chabat
Le combat aérien du jour, de la semaine plutôt, c’est celui de la Hanouna Air Force contre la Alain Chabat Luftwaffe. Les forces en présence : les deux millions de fidèles de TPMP face au million du Late, et derrière, la guerre totale TF1/Bolloré, ou TMC/C8. Pour info, depuis 10 ans le gâteau publicitaire s’est réduit pour les chaînes, les jeunes ne regardant plus la télé : ils ont fui la médiocrité généralisée des programmes pour se retrouver sur Insta, TikTok ou Twitch.
Quand le foin manque au râtelier, dit le bon sens paysan, les chevaux se battent. On se bat donc pour les annonceurs, qui misent de moins en moins sur la télé, d’où cette augmentation de la violence télévisuelle, violence dans le sens de spectaculaire, censée être attractive et addictive : il faut plus de trash, plus de cul, plus de choc, plus de peur, plus d’émotion – et tant pis pour l’information, le réel, l’éducation, l’art –, une inflation qui mène tout droit à une explosion finale, comme chez les étoiles mourantes.
La même guerre vue par un youtubeur de couleur
Hanouna, assis sur 50 millions par an accordés par Bolloré pour produire toutes ses émissions (qui rapportent beaucoup plus en pub, c’est le principe), s’en prend directement à Chabat dont le Late ne ferait pas recette, et creuserait même un trou dans les finances de TF1.
Le premier annonce d’emblée 500 000 euros par émission, le second, via son réalisateur, 250 000. Mais la bataille des chiffres est secondaire : TF1 investit dans l’image en rachetant, à bas prix, l’humour Canal qui lui a tant fait du mal par le passé, à l’époque des Guignols triomphants. Il s’agit de mettre les rieurs de son côté. C’est du moins la stratégie.
Un show bien huilé
Aujourd’hui les Guignols sont morts, mais l’humour Canal est partout : il était déjà moyen à l’époque, il est carrément nul aujourd’hui. Ça tombe bien, Chabat ressuscite « l’esprit » des Nuls (et recycle nombre d’anciennes vannes), dont l’héritage créatif est maigrichon. On retrouve Farrugia dans le public de Chabat qui, avec son carnet d’adresses, réussit à attirer quelques stars pour pas cher, et contre une grosse promo.
Mais cette émission clonée sans honte (jusqu’au mug du bureau) sur les late shows américains – Canal+ n’a jamais fait que cloner HBO de A à Z pendant 30 ans – ressemble à une émission des années 90 : il n’y a rien de moderne, d’osé ou de français dedans. La seule critique positive, c’est que tout est scénarisé, jusqu’au moindre échange entre l’animateur et les invités (encore un truc des Américains destiné à augmenter le niveau de vannes, comme pendant un stand-up parfait). Cependant, cela retire de la spontanéité à l’ensemble. C’est de l’humour sous contrôle. Pour exemple, même l’humour nazi est autorisé :
En exclusivité mondiale pour nos lecteurs, et pour la modique somme de
250 000 euros, voici l’émission de Chabat consacrée à son ami Darmon !
Pour la regarder, il vous suffit de cliquer sur un des deux personnages célèbres qui font la joie des Français.
Notre conclusion d’experts
C’est bien huilé, dirons-nous. Heureusement pour Chabat, il n’a signé que pour 10 émissions, car on sent qu’il aurait vite été en rade de noms (le milieu préfère le terme de talents).
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation