par L’Expression
Sa contribution au budget national en 2020 était de 1,2%. Le sujet a plusieurs fois tourné au bras de fer avec l’ancienne puissance coloniale française. Des entreprises chinoises, australiennes, américaines, britanniques, italiennes, canadiennes, indiennes et russes ont obtenu des permis de prospection.
Important fournisseur d’uranium de l’Union européenne, le Niger a du mal à vivre de son minerai, entre des cours bas, des réserves difficiles à exploiter et des exploitants internationaux jugés parfois trop gourmands. « Depuis plusieurs années, l’industrie de l’uranium au niveau mondial est caractérisée par une tendance à la baisse continue des cours », déplore la ministre nigérienne des Mines, Yacouba Hadizatou Ousseini, citant notamment la « pression écologiste » après la catastrophe de Fukushima ou l’exploitation de « gisements particulièrement riches au Canada ».Traduction concrète au Niger : le gigantesque chantier du gisement d’Imouraren qui devait produire 5000 tonnes par an pendant 35 ans, est à l’arrêt depuis 2014, « compte tenu des conditions de marché », explique-t-on chez le groupe français Orano qui devait l’exploiter. L’ex-Areva a récemment réduit la voilure dans ce pays qui fournit 20% de l’uranium européen. L’an dernier Cominak, l’une de ses filiales qui opérait depuis les années 70 dans la région désertique d’Arlit, a cessé ses activités, après épuisement des ressources. Et la production de son second site, exploité par sa filiale Somaïr, a baissé avec 2000 tonnes extraites en 2021, contre 3000 neuf ans plus tôt.
De quoi signer l’arrêt de mort de l’uranium nigérien ? Pas forcément. Après des années de cours très bas, les prix connaissent un frémissement à la hausse, à 50 dollars la livre d’uranium, loin des 110 dollars de 2007 mais en hausse par rapport à la fin des années 2010.
« Les prix sont bas par rapport au coût de production. Beaucoup de mines ont fermé pour cette raison. Mais aujourd’hui, la remontée se fait lentement. À long terme, il y a d’importants besoins notamment pour les centrales électriques de Russie ou de Chine », explique un expert français du minerai sous le couvert de l’anonymat. Une perspective qui aiguise les appétits au Niger. Des entreprises chinoises, australiennes, américaines, britanniques, italiennes, canadiennes, indiennes et russes ont ainsi obtenu des permis de prospection ces dernières années. « Aujourd’hui, 31 permis de recherche d’uranium et 11 titres d’exploitation d’uranium sont en vigueur », explique la ministre des Mines nigérienne.
Le 5 novembre, la compagnie canadienne Global Atomic Corporation a notamment effectué son « premier tir » symbolisant le démarrage de l’extraction de l’uranium sur son site, situé à une centaine de kilomètres au sud d’Arlit. Elle promet d’injecter quelque 121 milliards FCFA (184,4 millions d’euros) dans la construction d’une mine en 2023. « L’uranium (…) est ouvert à ceux qui ont les capacités technologiques de l’exploiter », assurait fin 2021 le président nigérien Mohamed Bazoum. « Il y a un avenir pour l’uranium du Niger mais pas forcément avec la France », résume l’expert français.
Historiquement, le Niger a eu peu de retombées de la richesse de son sous-sol. En 2020, sa contribution au budget national n’a pas dépassé 1,2%.
Le sujet a plusieurs fois tourné au bras de fer politico-économique avec l’ancienne puissance coloniale française. En 2007, le président Mamadou Tandja avait exigé et obtenu une augmentation de 40% du prix d’achat de l’uranium par Areva. Son successeur Mahamadou Issoufou, lui-même ex-employé d’Areva, s’était indigné que son pays, quatrième pays producteur d’uranium au monde, ne tire de ce minerai que « 5% des recettes du budget national », à l’époque. Un accord avait été signé en 2014, après de longues négociations, prévoyant de meilleures retombées pour le Niger via la construction de la mine géante d’Imouraren, toujours attendue. « Il n’y a pas de partenariat gagnant-gagnant : le Niger n’a eu aucun profit dans l’exploitation de l’uranium », assène Ali Idrissa, le coordonnateur du Réseau nigérien des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire, une coalition d’ONG. L’uranium « ne nous a apporté que de la désolation (…) et tous les bénéfices pour la France », abonde Tchiroma Aïssami Mamadou, un expert nigérien qui cible la position de quasi-monopole occupée pendant près d’un demi-siècle par Orano, l’ex-Areva. « Depuis la création des sociétés minières au Niger, et jusqu’à fin 2021, l’État du Niger a bénéficié de 85% des retombées économiques directes des sociétés minières, constituées par la redevance minière, tous les autres impôts et taxes, et les dividendes », répond Orano. La société française ajoute avoir investi des dizaines de millions d’euros « dans des projets pour améliorer la santé des populations, la scolarisation des enfants, l’accès à l’eau et le développement économique des communes des zones d’implantation des sites miniers ».
source : L’Expression
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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