par Michele de Mello.
Lula est l’un des fondateurs du bloc aux côtés des présidents Poutine et Xi Jinping, qui ont déjà exprimé leur intention de coopérer.
L’élection de Luiz Ignacio Lula da Silva à la présidence du Brésil a agité la diplomatie mondiale. Moins de 24 heures après l’annonce du résultat officiel, Lula a reçu la visite du président argentin Alberto Fernandez et les félicitations de tous les chefs d’État et de gouvernements d’Amérique latine. En plus de cette reconnaissance régionale, les dirigeants des principales puissances économiques du monde ont également exprimé leur volonté de travailler avec le président élu.
Le président chinois Xi Jinping qui vient également d’être réélu pour un troisième mandat a dit que la Chine est prête « à travailler avec Lula pour renforcer ensemble l’association stratégique mondiale Chine–Brésil à un nouveau niveau pour qu’elle bénéficie aux deux pays et aux deux peuples. »
Le président russe Vladimir Poutine a également féliciter le PT et a dit dans un communiqué publié lundi qu’il espère garantir grâce a des efforts conjoints « le développement d’une coopération russo-brésilienne constructive dans tous les domaines. »
Avec l’alignement du Brésil, de la Russie et de la Chine peut s’ouvrir une nouvelle période de coopération interne aux BRICS, le bloc créé en 2009 sous le second mandat de Lula entre le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Lors du dernier sommet annuel des BRICS en juin de cette année, le président chinois, Xi Jinping, a annoncé un fonds de 4 000 000 000 de dollars étasuniens pour la coopération sud-sud et promis d’ouvrir un centre technologique pour avancer dans les mécanismes de ce qu’on appelle la révolution 4.0 et d’ouvrir un laboratoire dont le siège sera en territoire chinois pour développer des médicaments d’intérêt commun pour le bloc.
Les grandes orientations du 14ème plan quinquennal chinois qui sera appliquée jusqu’en 2025 contiennent le financement de projets d’économie verte en Amérique latine à travers ses « Policy banks », China Development Bank et China Eximbank.
Le chargé d’affaires de l’ambassade de Chine au Brésil a également dit que Pékin est prêt à diversifier le commerce en augmentant la valeur ajoutée des importations brésiliennes. Depuis l’augmentation des matières premières en 2003, la Chine a été le principal partenaire commercial du Brésil et représente 70% du soja du pays.
« Nous sommes en condition d’améliorer notre relation avec la Chine mais étant donné l’absence d’un projet politique plus clair, étant donné la différence dans le pouvoir militaire, dans les investissements en technologie et la différence dans le niveau de pouvoirs sur la politique économique, je suis sceptique concernant une insertion différente du Brésil sur le marché international à moins que nous pariions toutes nos cartes sur le développement technologique », souligne l’économiste de Brasil de Fato Francisco Pessoa.
Pour la directrice du centre de politique BRICS de l’université catholique pontificale de Rio de Janeiro (PUC–RJ) Ana Saggioro García, la Chine abandonnera difficilement l’importation de matières premières puisque l’agro-industrie brésilienne est la seule capable de produire des aliments à l’échelle qu’exige le marché chinois.
« Une alternative pour insérer l’Amérique latine dans les marchés mondiaux de valeur serait idéale mais les flux de commerce et d’investissement qu’amène la Chine sont tous orientés vers l’industrie extractive ou la chaîne d’agro-commerce », a-t-elle dit.
Les prévisions du BRICS Policy Center indiquent que les exportations de protéines animales et de céréales de la région vers la Chine tendent à augmenter étant donné l’expansion croissante de la classe moyenne chinoise. Le plan quinquennal prévoit un saut de 400 000 000 à 700 000 000 de personnes considérées comme de la « classe moyenne ».
Économiste Francisco Pessoa est d’accord : « Nous avons besoin de penser à une stratégie d’insertion autonome. Nous ne pouvons pas compter sur la bonne volonté de nos partenaires parce que ce sont des relations de convenance. C’est vendu meilleur marché malgré la bonne volonté du gouvernement chinois concernant le Brésil. »
Le retour des gouvernements du PT au Brésil pourrait être la stimulation nécessaire pour garantir l’expansion du bloc. L’Argentine a déjà officialisé sa demande d’entrée et la visite de Fernandez à Lula peut viser cet intérêt mutuel.
« De mon point de vue, il n’y a pas de changement important dans le bloc en soi mais un changement dans un gouvernement qui lui donnera plus d’importance stratégique aux BRICS », souligne Ana Saggioro García.
Relations ambiguës
Malgré les relations diplomatiques tendues entre le Brésil et la Chine, au début du gouvernement de Bolsonaro, le pays n’a pas perdu de terrain dans la gestion économique du bloc, a réussi à nommer le Brésilien Marcos Troyjo président de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) également connu comme Banque des BRICS et maintient 9 projets soutenus par la banque étant donné que c’est le pays qui a le plus d’accès au financement.
« La façon dont Bolsonaro a utilisé la banque BRICS sans aucune vergogne en sa faveur est impressionnante », commente le professeur Ana Saggioro García. En 2019, en plus de désigner Troyjo pour la présidence du NBD, le gouvernement brésilien a aussi assuré le financement par la compagnie minière Vale, la même année, du crime Brumadinho.
Pour la chercheuse, ce serait une preuve de plus qu’on ne peut pas dire que les BRICS soient une alliance contre-hégémonique.
« L’alliance entre la Chine et la Russie donne aux BRICS ce caractère plus géopolitique qui n’est pas anti-hégémonique parce que la dispute pour l’hégémonie fait que ces pays ont créé des façons de convaincre dans l’aspect culturel et que cela n’arrive pas. Le modèle chinois ou le modèle russe ne gagne pas nécessairement les cœurs et des esprits du monde entier. »
Mais pour le directeur du BRICS Policy Center, une position plus alternative du Brésil pourrait être décisive pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
« L’idéal est que le conflit cesse mais pour cela, on a besoin d’un médiateur. Aujourd’hui, il n’y a pas de médiateur si important au niveau international. Personne n’a cette légitimité en ce moment, l’ONU n’agit pas en ce sens et le Brésil de Lula pourrait jouer ce rôle », déclare Ana Saggioro García.
Le groupe, créé en 2009, représente actuellement 26% du PIB mondial, 20% du commerce international et concentre environ 42% de la population mondiale. À partir de 2016, avec le coup d’État contre Dilma Rousseff, malgré la poursuite des activités du groupe, certains projets ont été archivés comme la création d’une université mixte.
En 2022, il y a eu environ 50 réunions pour traiter de domaines comme la technologie, la sécurité et le commerce. En plus de l’Argentine, le Mexique, l’Iran et le Nigeria ont déjà manifesté leur intérêt à rejoindre les BRICS mais la décision doit être obtenue par consensus de tous les membres.
source : Resumen Latinoamericano
traduction Françoise Lopez pour Bolivarinfos
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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