Quand on a des parts dans une entreprise, on s’attend avec le temps et l’argent investis en celle-ci à un retour de notre investissement (le RSI du monde capitaliste). Ceci est naturel et normal de l’organisation de nos économies humaines : c’est ce qu’on appelle en un autre langage la «charité bien ordonnée qui commence par soi-même.»
Et c’est exactement l’esprit du coopératisme, l’esprit qui animait Dorimène et Alphonse Desjardins lors de la création de leur œuvre financière et humanitaire. C’était l’intérêt du membre d’abord, avec, en même temps, l’intérêt de l’outil «Caisse populaire». L’un ne pouvait aller sans l’autre. C’est l’esprit même du coopératisme et de sa valeur ajoutée.
Aujourd’hui, le Mouvement Desjardins dans son ensemble priorise d’abord l’outil et sa croissance, et oublie de plus en plus complètement l’intérêt du sociétaire. L’indépendance financière de ses membres ne préoccupe plus un instant la direction Desjardins; elle s’en fiche totalement, priorisant ce qu’elle nomme les «collectivités» pour se faire une belle popularité et réputation altruiste.
L’éducation des sociétaires à la vertu de l’épargne est périmée; c’est son exploitation financière qui prime aux seuls intérêts croissants de la «patente financière» dite faussement «coopérative».
Et pour sauver la face, Desjardins s’amuse, après s’être bien rémunéré le premier (bonis au rendement sur plusieurs paliers d’emplois incluant la haute direction, salaires opulents des dirigeants), à faire des dons, commandites, subventions et différentes autres formes de fonds financiers de générosités pompeuses, factices et d’apparat pour faire croire qu’il est un «banquier» généreux au service du peuple! Quelle hypocrisie de faire le mécène avec l’argent des membres! Laurent Laplante, alors éditorialiste en chef du journal «Le Devoir» nous avait bien éveillé en janvier 2000 à cette tromperie constitutionnelle bélandiste votée dans la controverse le 4 décembre 1999.
Oui, depuis officiellement ce jour, l’hypocrisie «coopérative» bélandiste du Mouvement Desjardins «bancarise» (référence Mme Julia Poska de l’IRIS) et «gouvernementalise» entièrement les Caisses Desjardins, plus que jamais au profit des collectivités et du gouvernement, le tout au détriment des sociétaires abusés et de plus en plus paupérisés. Les membres n’encaissent plus leur juste part de leur RSI coopératif, c’est-à-dire les fondements mêmes de LEUR institution coopérative financière.
Desjardins verse dans la licence, et les libertés qu’il prend avec les trop-perçus arrachés à ses sociétaires deviennent ainsi indignes de l’institution fondée par Dorimène et Alphonse Desjardins. Tous ces dons, commandites, subventions sont rien de moins que purs abus d’autorité inacceptables.
Depuis 2005 et Alban D’Amours, les dirigeants élus ont vendu leur âme à la haute direction de la financière : le gouvernement a accepté de modifier en son essence même du coopératisme, la Loi sur les coopératives de services financiers (L.R.Q., c. C-67.3, article 236 et 236.1), en permettant une brèche irréparable : la rémunération des dirigeants élus des Caisses Desjardins. Ainsi, nos élus vendirent leur intégrité intellectuelle pour une rémunération qui est maintenant cachée aux sociétaires des Caisses. Elle était de 150. $/l’heure en 2015; depuis, il n’est plus possible d’obtenir cette information, cette vérité sur cette mirifique paye des dirigeants collaborateurs au système d’exploitation « capitaliste-communiste » des membres.
En 2010, Monique F. Leroux ordonna l’implantation (dans toutes les Caisses Desjardins) de deux règlements de régie interne (RRI) qui consacraient et institutionnalisaient la «Loi du silence» envers les sociétaires. Le RRI 4.6 commandait une «saine conduite» aux sociétaires, et le RRI 4.7 condamnait à l’exclusion, de façon radicale et arbitraire, le membre si le conseil d’administration d’une Caisse jugeait sa conduite «offensante» envers Desjardins!
L’autoritarisme «Desjardins» sur ses sociétaires par ces RRI 4.6 et 4.7 confirmait que tout le Mouvement Desjardins n’était plus dans le coopératisme ni la coopération, n’était tout simplement plus une coopérative! Avec 4.6 et 4.7, Desjardins déborde ainsi outrageusement les fondements démocratiques et autonomistes du coopératisme. C’est officiellement la dictature de l’autorité, de la haute direction.
Depuis cette année mémorable de 2010, nul sociétaire ne peut critiquer les décisions administratives, normatives et politiques du Mouvement Desjardins sans mettre en péril son admission à la coopérative. Osez critiquer, c’est prononcer des paroles offensantes (RRI 4.6) contre Desjardins et d’en subir la conséquence humiliante d’être exclu de sa caisse par les dirigeants rémunérés à cette fin (RRI 4.7).
En 2019 (ou 2020), le président Guy Cormier a perdu sa contenance lors d’une interview à la télévision de Radio-Canada (émission « Zone économie » avec Gérald Filon); depuis, M. Cormier était disparu des écrans et des ondes radio-canadiennes. Il a fait un retour le 6 septembre 2022 dans une entrevue «dirigée» par Gérald Filion. M. Filion s’est bien gardé cette fois-ci de déborder des questions préparées et répondues selon la volonté du président Cormier. Le scénario était flagrant d’inauthenticité. C’était pathétique à écouter : un vrai boniment promotionnel pour le Mouvement Desjardins. De la part d’un analyste économique comme Gérald Filion, on ne pouvait qu’être déçu et dans la désolation!
Nationalisation de Desjardins?
L’exploitation éhontée de notre crédulité n’a-t-elle pas été suffisamment mise à l’épreuve depuis ces 30 dernières années par cette fausse «coopérative» Desjardins? Sociétaires des Caisses Desjardins, n’en avez-vous pas assez de vous laisser endormir par les beaux discours et les belles homélies de vos dirigeants élus et bien rémunérés à cette fin?
Et si Desjardins était nationalisé par le gouvernement du Québec, faisant de la fausse coopérative au service de ses membres, la banque du Gouvernement au service officiel du peuple québécois! N’est-ce pas que les contribuables membres pourraient redire que cette «banque du peuple» leur appartient et coopère à l’essor économique des citoyens membres, comme le voulaient Dorimène et Alphonse Desjardins?
Actuellement, la direction du Mouvement se joue de ses sociétaires et maquille la réalité de l’œuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins, par des ristournes de plus en plus collectives, des dons et commandites jetés par toutes les fenêtres de la coop, pour toutes les causes imaginables et inimaginables. Desjardins qui nous parlait franc et en qui nous avions entièrement confiance a graduellement glissé depuis 30 ans dans ce « marketing » qui nous ment effrontément.
La nationalisation des richesses financières du Québec n’est certes pas la solution idéale, mais considérant l’opacité de plus en plus grande des affaires de la «coopérative» envers ses membres, il doit y avoir un sérieux craquement de la patente, car l’abus des autorités au pouvoir n’en finit plus de se diversifier et de prendre de l’expansion. Les mensonges de l’hypocrisie dénoncés en 2000 par Laurent Laplante n’en finissent plus de se dire et de se fabriquer; ils atteignent des sommets de part et d’autre de toutes les autorités concernées : Desjardins lui-même, le Gouvernement du Québec et leurs instances respectives de contrôle de l’honnêteté administrative sur la gestion des épargnes des sociétaires. Ces épargnes sont-elles toujours gérées dans l’intérêt premier et primordial des sociétaires des Caisses? Plus du tout!
Nous devons maintenant plus que jamais en douter absolument et totalement. C’est pour cela que la nationalisation de Desjardins doit se réfléchir pour que cesse l’état actuel de décrépitude, d’altération, de déformation et de décadence de l’œuvre coopérative des fondateurs.
Nos épargnes sont de plus en plus administrées au service premier du Mouvement Desjardins, du Gouvernement du Québec, leurs représentants dirigeants, au service de collectivités et de minorités choisies et privilégiées par Desjardins seul, et non plus les membres d’abord (en assemblée générale annuelle) comme dans une vraie coopérative, comme dans la vraie coopérative, officiellement créée par Alphonse Desjardins et son épouse Dorimène.
Le Desjardins d’aujourd’hui est complètement inacceptable, car il déresponsabilise et infantilise tout un chacun. Les membres doivent redevenir les «actionnaires» prioritaires de leur outil financier. En nationalisant Desjardins, les Caisses deviendraient la «banque populaire» d’Épargne Placements Québec, et le RSI attendu reviendrait en son entier tel qu’il doit l’être en coopération, en ristourne à l’usager, les sociétaires utilisateurs de leur coopérative. Il n’y aurait plus qu’un seul Conseil d’administration et l’on abolirait tous les départements inutiles actuellement payés par les membres. Les dons, commandites, subventions et « ristournes collectives » seraient très parcimonieuses et le résultat d’un minime pourcentage de l’exploitation des sociétaires. À cette fin, une transparence serait évidemment nécessaire de la part de l’Autorité des marchés financiers du Québec.
L’abus de notre crédulité a assez duré : le coopératisme n’est pas du communisme ni de la philanthropie; les nuances sont majeures, surtout par l’autoritarisme sans retenue et les abus de pouvoir dégradants que nous vivons actuellement.
Les membres doivent s’éveiller et cesser d’avoir peur des RRI de Monique F. Leroux. Ils doivent s’élever au-dessus de cette actuelle situation d’exploitation de leurs épargnes difficilement économisées.
Céder comme nous le faisons depuis les 30 dernières années, c’est abdiquer nos droits de sociétaires, les seuls héritiers de l’œuvre des fondateurs; c’est abandonner la démocratie. Plus nous cédons, moins nous résistons à l’abus de pouvoir actuel, plus nous succombons, pétris sommes-nous aux mensonges d’une autorité qui se sauve avec notre légitime RSI.
«Celui qui a un ‘’pourquoi’’ qui lui tient lieu de but, de finalité,
peut vivre avec n’importe quel ‘’comment’’».
Friedrich Nietzsche, cité par Viktor E. Frankl dans,
«Découvrir un sens à sa vie»,
Les Éditions de L’HOMME, 2021, page 82
Le «Pourquoi» de Dorimène et Alphonse Desjardins doit renaître tel qu’il se doit.
« Ce qui ne m’anéantit pas me rend plus fort »
Friedrich Nietzsche, cité par Viktor E. Frankl dans,
«Découvrir un sens à sa vie»,
Les Éditions de L’HOMME, 2021, page 87
Personnellement, je refuserai toujours de perdre espoir et je n’abandonnerai jamais cette dénonciation nécessaire à freiner et à arrêter cet abus d’autorité injustifiable. C’est parce que j’aime Desjardins que je dénonce ses inadmissibles abus actuels.
Les membres doivent changer du tout au tout leur attitude conciliante et passive à l’égard de leur coopérative financière qui n’en est plus une. Un dialogue constructif doit s’établir afin de mieux baliser la philosophie de gestion financière et administrative de la coopérative: l’abus d’autorité sur les sociétaires doit cesser.
Notre «saine conduite» est celle de faire vivre par nos actions et notre esprit critique, la démocratie coopérative, exactement comme l’ont conçu Dorimène et Alphonse Desjardins en 1900! Plus que jamais cet esprit de la coopération doit être vivant et non pas s’éteindre et se faire taire par une direction qui ose nous menacer d’exclusion si nous osons penser par nous-mêmes.
Restons debout : notre patrimoine financier doit être protégé et conservé pour notre prospérité à tous… Notre dignité humaine et le coopératisme nous le commandent.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec