Preuve qu’au-delà du théâtre militaire ukrainien où se joue ce qui reste de la crédibilité de son hégémonie coloniale mondiale, la ploutocratie occidentale est aujourd’hui en (très) grande difficulté, non seulement sur le plan géopolitique (où les séismes se multiplient jusqu’au cœur de ses zones d’influence (néo-)coloniales privilégiées), mais aussi sur le plan économique, comme celui de l’accumulation capitalistique : malgré la concentration croissante des richesses en la faveur des plus riches (un processus renforcé depuis la crise des subprimes et le Covid-19), le premier semestre 2022 a vu le nombre des personnes les plus fortunées chuter dans le monde… Selon un rapport du Wealth-X, à l’échelle internationale, « la chute de la population d’individus ayant une très grande valeur nette (UHNW) a été évaluée à 6 %, soit jusqu’à 392 410 personnes. (…) Pour être répertorié dans ce groupe des plus fortunés, il faut disposer d’actifs à investir d’au moins 30 millions de dollars. En 2019, il ne représentait que 0,003 % de la population, mais possédait 13 % de toutes les richesses mondiales ».
Au-delà de cette baisse moyenne, certains se démarquent particulièrement, à l’instar de la France (- 10,0 %), des États-Unis (- 10,3 %) et du Japon (- 13,3 %) qui « occupent les premiers rangs dans le classement des 10 pays ayant fait les plus grosses chutes ». L’Occident collectif est touché jusque dans ses fondements en apparence les plus solides : l’Allemagne voit ainsi le nombre de ses ultra-riches reculer de 7,2 % et la Suisse de 6,2 %. Plus grave encore, le différentiel avec le dynamique impérialisme chinois va également crescendo puisque « le nombre de multimillionnaires a chuté partout dans le monde sauf… en Chine » où il a continué d’augmenter (+ 2,3 %), et ce malgré l’environnement économique international très défavorable…
Ceci est le reflet de lourdes tendances économiques structurelles renforcées par la crise énergétique aggravée par le boomerang des sanctions occidentales contre la Russie. L’Occident entre ainsi dans une période durable de stagflation avec de sombres perspectives économique pour 2023 : « Le taux d’inflation annuel dans la zone euro a atteint un niveau record de 10,7 % en octobre. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,2 % par rapport au trimestre précédent, et ce à la fois dans la zone euro et dans l’UE, selon Eurostat ». Les représentants lucides des classes dominantes d’Occident ne cachent plus désormais s’attendre à rien de moins qu’un « tsunami », comme le déclarait avant hier Michel-Edouard Leclerc prévoyant une inflation « à deux chiffres » sur les produits alimentaires et une récession en 2023… Outre-manche, la situation et les perspectives économiques ne sont guère plus reluisantes : « La livre Sterling vacille, le Royaume-Uni fonce vers une récession historique »… Même les USA, pourtant déterminés à sacrifier leurs féaux pour tenter de mieux affronter l’inéluctable déclassement commun, sont d’ores et déjà entrés en récession…
La Chine peut à l’évidence aborder 2023 avec bien davantage de sérénité : sa consommation domestique reste solide avec une inflation presque anecdotique et ses entreprises voient leurs bénéfices augmenter (+ 2,5 % sur les trois premiers trimestres 2022). Sur la même période, la valeur de la production agricole chinoise affiche une hausse insolente de 4,2 %. Rien d’étonnant à ce que la consommation électrique du pays affiche une hausse de 4,0 % durant la même période à 6 490 TWh.
Même son commerce extérieur se paie encore le luxe de croître (très) confortablement, augmentant de 9,5 % en glissement annuel à 34 620 milliards de yuans (soit environ 4 790 milliards de dollars) durant les dix premiers mois de l’année, les exportations (+ 13 % à 19 710 milliards de yuans) s’accroissant en outre bien plus rapidement que les importations (+ 5,2 % à 14 910 milliards de yuans) avec un excédent commercial record à la clef. Les investisseurs étrangers ne s’y trompent pas, et la Chine demeure un eldorado particulièrement convoité : les flux d’IDE étrangers en Chine ont augmenté de 15,6 % en glissement annuel de janvier à septembre 2022. Les perspectives de l’Occident sont bien différentes. Comme nous l’avions souligné en janvier dernier, les loups confrontés à la réduction inéluctable de leur territoire de chasse ont commencé à s’entre-dévorer. La France enregistre à l’inverse de la Chine un déficit commercial record : « Toujours plus plombé par la facture des importations énergétiques, il a par ailleurs déjà largement dépassé sur les neuf premiers mois de l’année le record historique déjà établi l’an dernier à 85 milliards d’euros, ainsi que la barre symbolique des 100 milliards d’euros. En cumul sur douze mois fin septembre, le déficit commercial français s’affiche au niveau jamais vu de 149,9 milliards d’euros ».
Les élites chinoises ont donc assurément raison de célébrer leur rapide montée en gamme technologique et le recentrage de leur croissance autour de leur marché intérieur en synergie avec les « nouvelles routes de la soie » visant à l’édification d’une nouvelle division internationale du travail capable de compenser l’effondrement en cours de l’ancienne où l’Occident collectif occupait le sommet de la chaîne alimentaire du capitalisme mondial. Tel est le fameux « monde multipolaire » promu par l’OCS et les BRICS… Or l’Occident est déjà en grande difficulté sur le théâtre militaire ukrainien face à une fraction certes conséquente (mais néanmoins limitée) des forces armées d’une Russie qui est parvenue à cimenter son unité nationale dans le combat contre la marionnette ukro-nazie opposée contre elle par l’Occident (conflit dont l’officier du renseignement Jacques Baud a fourni une peinture remarquablement détaillée et implacablement documentée), avec la promesse de sortir considérablement renforcée de cette épreuve, comme l’illustre le récent et déjà très populaire clip musical « Levons-nous ! ».
Nous renvoyons également au court métrage d’animation « Stop nazi games » dont nous avons extrait le diaporama suivant :
Déjà embourbé dans le bandéristan qu’il a créé en Ukraine et sans même évoquer son extrême fragilité globale ainsi que sa dépendance économique aigüe à l’égard de la Chine, l’Occident, fusse-t-il collectif, semble donc aujourd’hui bien incapable de faire face à un conflit militaire frontal avec une Chine qui modernise sa PLA à une cadence accélérée, à l’instar des drones avancés (Wing Loong-3), des missiles hypersoniques YJ-21 et des chasseurs de 5e génération (J-20) exhibés au Zhuhaï air show qui se tient en ce moment… En face, les productions de l’US Navy et de l’US Air Force sont loin d’impressionner et paraissent presque désuètes, sinon pour le moins surclassées ou obsolètes… La sentence, déjà publiquement prononcée, est implacable : « The matching of the Type-55 [heavy destroyer] and YJ-21 missile was designed for anti-access and area-denial to counter American’s maritime hegemony in the region ». En d’autres termes, les porte-avions US ne peuvent pas parer la menace des missiles hypersoniques chinois et devront donc rester à bonne distance des côtes chinoises en cas de conflit, tandis que le J-20 (dont près de 200 appareils seraient déjà produits, sans oublier aux alentours d’un bon millier d’autres appareils modernes de type J-10, J-11 et J-16), semble avoir davantage de capacités de vol et de manœuvre que le F-35 (codname : « smoothing-iron » ou « fer à repasser » en français), et ce bien que le programme chinois ait pourtant coûté bien moins que les 400 milliards de $ US du programme F-35 américain (en 2016)…
Avec ses modestes 230 milliards de $ de budget militaire en 2022, la Chine s’équipe pourtant à une toute autre cadence que les USA et leurs 800 milliards de $ de budget militaire engloutis dans l’entretien de près de 800 bases militaires disséminées à travers le monde ainsi que dilapidés dans des programmes d’armement dotés d’un bien piètre rapport qualité/prix… Technologiquement, la Chine a rattrapé et même commencé à dépasser le niveau technique avancé US dans bien des domaines… mais industriellement, l’Occident est aujourd’hui complètement largué par les capacités productives chinoises ! Il ne reste donc plus guère que les merdias atlantistes pour continuer à affirmer fièrement que la PLA est encore loin derrière…
Bien que démenti certaines réalités de notre époque agitée, le mythe de la toute-puissance de l’Armée américaine doit cependant absolument perdurer, car c’est fondamentalement la dernière digue garante de la valeur du pétrodollar et de TOUT ce qui y est adossé : le niveau de vie longtemps privilégié des peuples vivant depuis des décennies au sein de la « société de consommation » « postindustrielle » occidentale !
Les challengers de l’Occident l’ont parfaitement compris, et Vladimir Poutine déclarait dernièrement publiquement que « c’est sur la souffrance et le pillage des pays africains que l’Occident a pu construire son niveau de vie actuel ». L’idéologie « non-alignée » et le rejet des méthodes coloniales de domination impérialiste ont indéniablement le vent en poupe en ce moment, n’en déplaise à l’Occident pour lequel ils sont synonymes d’inéluctable destruction de son hégémonie coloniale mondiale séculaire… L’Algérie vient de déposer sa candidature pour intégrer les BRICS, c’est un signe des temps. D’autres sont encore plus explicites :
« Si Moscou le demande, les Syriens combattront aux côtés de la Russie en Ukraine car la Russie se protège et protège le monde », déclarait récemment Bachar Al Assad dont le pays est victime depuis plus d’une décennie de l’agression coloniale des marionnettes salafistes de l’Occident.
Vincent Gouysse, pour www.marxisme.fr, le 10/11/2022
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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