1914-1918 : Dix ans qui ébranlèrent le Proche-Orient et le Maghreb

1914-1918 : Dix ans qui ébranlèrent le Proche-Orient et le Maghreb

Cet entretien avec Henry Laurens, professeur au Collège de France – chaire d’histoire contemporaine du monde arabe – se veut une introduction au dossier sur l’Orient en guerre entre 1914 et 1918. Répondant aux questions de Dominique Trimbur, coordinateur du dossier, de Alain Gresh et de Jean-Pierre Sereni, Henry Laurens livre un éclairage magistral de l’évolution des stratégies, des forces et des intérêts politico-économiques qui redessineront les cartes et, par le fait, celle des identités nationales émergentes, au Proche-Orient comme au Maghreb.

Henry Laurens dresse tout d’abord un état des lieux de la situation dans laquelle se trouve l’empire ottoman à partir de 1913, de la fin des guerres balkaniques à la perte de la Libye en passant par l’Égypte, l’Anatolie et les provinces arabes. Il explique les raisons de son entrée en guerre aux côtés du Reich allemand et évoque la division des zones d’influence économico-politique de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Puis c’est, en novembre 1914, après l’irruption de l’armée des Indes et la longue marche vers Bagdad, la bataille des Dardanelles et le front du Caucase.

La période qui suit, entre 1916 et 1917, est d’abord celle du mythe du grand soulèvement des musulmans du monde contre les puissances coloniales. Le djihad « made in Germany » suscite en réponse le projet de « califat de l’Occident » de la part des Français et l’appui au soulèvement arabe des Britanniques. Les Français convoitent le Levant tandis que les Britanniques négocient avec le shérif Hussein en préfiguration des accords de Sykes-Picot. En 1917, sur fond de révolution russe et avec l’entrée des Américains dans la guerre, le droit des peuples à l’autodétermination est une nouvelle donne qui modifie l’esprit des négociations. Les Britanniques sont préoccupés par le fait d’empêcher les Français d’entrer en Palestine : c’est le contexte politique qui préfigure la déclaration Balfour.

1918 : le sort de l’Orient se joue sur la Marne et dans le Caucase. Georges Clemenceau vise désormais la « Syrie utile » et l’accès au pétrole, quitte à céder la Palestine et Mossoul à Lloyd George, dans un accord parallèle aux accords officiels de San Remo. Fayçal, le chef de la grande révolte arabe, joue la carte britannique. La notion de « mandat », cette « colonisation à durée déterminée », entre en scène.

Sur le terrain, les troupes britanniques évacuent la Syrie, remplacées par les troupes françaises. Le libéral Clémenceau, qui a négocié avec Fayçal, perd l’élection présidentielle en France. Les positions françaises et britanniques se durcissent. Pendant ce temps, le mouvement national turc, appuyé sur le corps des officiers de l’armée ottomane, monte en puissance. Il aboutira à l’indépendance de la Turquie en 1922 et au kém Henry Laurens, dans une dernière partie, distingue la mémoire des sociétés de la mémoire des pouvoirs et du récit qu’ils en font. Pour les uns, un temps de calamités et de catastrophes dont il ne reste quasiment aucune trace. Pour les autres, la construction des mythes nationaux se revendiquant en particulier de la révolte arabe. La mémoire de la guerre est occultée, sauf « celle des martyrs pendus par les Ottomans ». L’historiographie nationaliste arabe est prise entre les récits de la révolte arabe et le problème de la compromission avec les Anglais. « Avec le drame ottoman, toutes les ethnogenèses se sont faites sur base confessionnelle ». Et c’est ainsi que « des groupes religieux sont devenus des nations ».alisme de l’entre-deux guerres.

On trace des frontières, on définit des capitales : Bagdad, Damas, Beyrouth, Jérusalem. « Les Arabes colorient la carte ». La mémoire des souffrances subies reste enfouie dans l’intimité des familles ; elle n’apparaîtra pas dans l’espace public.

Henry Laurens, dans une dernière partie, distingue la mémoire des sociétés de la mémoire des pouvoirs et du récit qu’ils en font. Pour les uns, un temps de calamités et de catastrophes dont il ne reste quasiment aucune trace. Pour les autres, la construction des mythes nationaux se revendiquant en particulier de la révolte arabe. La mémoire de la guerre est occultée, sauf « celle des martyrs pendus par les Ottomans ». L’historiographie nationaliste arabe est prise entre les récits de la révolte arabe et le problème de la compromission avec les Anglais. « Avec le drame ottoman, toutes les ethnogenèses se sont faites sur base confessionnelle ». Et c’est ainsi que « des groupes religieux sont devenus des nations ».

source : Orient XXI
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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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