L’ironie, arme absolue
8 novembre 2022 (13H20) – Face à l’extraordinaire déferlement de mensonges et de simulacres portant la marque d’une bêtise que nous honorons de l’expression de “bêtise métahistorique” en raison du point de vue d’où nous la jugeons, mais qui est réellement en vérité-de-situation ce que nous désignerions en toute inversion comme une “bêtise infra-historique”, – s’impose la question : quelle arme employer contre elle ? Nous répondons aussitôt : l’ironie qui, en raison de cette position “infra-” (“au-dessous”, “en bas”) de l’objet auquel elle s’adresse, se colore d’une puissante nuance de dérision qui se donne à peine la peine de se montrer méprisante. Les “imbéciles infra-historiques” qui servent le simulacre de la bienpensance devenue folle dans le Camp du Bien transformé en poubelle des bons sentiments, sont éminemment trop imbéciles pour mériter un réel mépris.
Commentaire bienveillant de PhG-Bis : « Pour colorer ce jugement d’une touche de culture de l’ancien temps, celui de notre jeunesse commune, je dirais à propos de la “bêtise infra-historique” en question : “Va jouer avec cette poussière” (Montherlant), “misérable petit tas de mensonges” (Malraux paraphrasé à demi). »
Tout cela pour conduire à la description de l’intervention d’un oligarque russe (horreur), ami très proche de Poutine (hyper-horreur). Son nom francisé, à rapprocher d’un de nos physiciens quantiques, serait alors Yevgeny Prigozine ; il est par ailleurs fameux pour être le propriétaire du Groupe Wagner, qui se bat avec grande vigueur et efficacité sur le champ de bataille ukrainien, et on l’a vu dans une vidéo largement répandue faire un appel à volontaires dans des prisons russes (suppression ou aménagement de peine contre un engagement chez Wagner pour aller se battre durement en Ukraine).
Prigozine n’est donc pas homme à prendre ni gants ni pincettes mais il a d’autres sortes d’attitude. Il est intervenu avec ce qui nous semble être une ironie appuyée à une question venue de l’extérieur, indirectement mais précisément du “Camp du Bien”, concernant les interférences russes dans les élections US de 2016 selon l’archétype de la chose, nomme ‘Russiagate’ et qualifiée par nous de « simulacre extrême » largement démontré comme “simulacre”, et considéré comme le procréateur de toute la haine russophobique dont nous ramassons régulièrement les excréments depuis 2016… Donc, Prigozine, dans sa réponse à une question lui demandant si la Russie avait “interféré” dans les élections de 2016 et la suite, aux USA :
« “Messieurs, nous avons interféré hier, nous interférons présentement et nous interférerons demain. Nous le ferons soigneusement, précisément, chirurgicalement et à notre manière, comme nous savons le faire. Au cours de nos opérations ciblées, nous retirerons en une seule opération les deux reins et le foie…” a déclaré Prigozhin en réponse à une demande de ‘Russia News’ lundi, selon le service de presse de sa société Concord. »
L’interviewé, se doutant tout de même de quelque chose, avait pris la précaution d’accompagner sa déclaration d’un documentaire satirique (‘16’, réalisé en Russie en 2021). Ce geste généreux devait lui sembler, ou du moins l’espérait-il, apte à convaincre un esprit de moineau encagé courant de la presseSystème qu’il y avait, dans sa réponse, ironie caricaturale sous roches :
« L'homme d'affaires russe Yevgeny Prigozine a apparemment ‘trollé’ [berné] ce média national russe en déclarant qu'il avait interféré dans les élections américaines et qu'il continuerait à le faire, tout en recommandant la vision d’un documentaire satirique sur la “ferme à trolls russe” qui, selon les démocrates américains, a aidé Donald Trump à être élu président en 2016. »
Las ! On ne plaisante pas chez les ‘Tontons flingueurs’, comme le savait fort bien Audiard. Par conséquent, les grandes agences de presse de la civilisation occidentale ont réagi avec promptitude sur l’air du “Ils avouent ! les Russes avouent !”. Eh bien oui, on est obligé de le constater, il s’agit là du niveau incroyablement souterrain des restes moisis à la fois de la finesse d’esprit, de l’esprit critique et du sens de l’humour de nos élitesSystème contemporaines.
« • Selon Reuters, il s'agit du “premier aveu de ce type de la part d'une personnalité qui a été formellement impliquée par Washington dans des efforts visant à influencer la politique américaine”…
» • Selon Associated Press, Prigozine a ainsi confirmé “pour la première fois les accusations qu'il a rejetées pendant des années”. »
On ajoutera cette précision capitale que Holmes-Sherlock, de la NSA, a tenu à chuchoter à Dupont-Reuters et à Dupond-AP :
« Concord a été accusé par l’équipe du procureur Mueller [qui n’a trouvé aucune preuve du simulacre ‘Russiagate’] de diriger l’Internet Research Agency qui aurait diffusé des publicités sur les médias sociaux américains en 2016. Le gouvernement américain a abandonné l'affaire en mars 2020, après que Prigozine ait contesté l’accusation devant un tribunal américain. »
Prigozine est un spécialiste de cette sorte d’activités visant à utiliser l’arme de l’ironie caricaturale contre le Camp du Bien, comme le précise son complice RT.com :
« Prigozine a l'habitude de troller les médias. La semaine dernière, il a proposé de financer un procès britannique contre lui, car ils “me flattent à bien des égards” et “soulignent les mérites incommensurables et la contribution du groupe Wagner à la destruction du régime de Kiev contrôlé par l'OTAN.”
» Dans un autre message mémorable sur le média social VK le mois dernier, Prigozine a offert une réponse à choix multiples à une demande de l'AP concernant le recrutement par Wagner d’Afghans pour la guerre en Ukraine.
» “Première option : ‘Nous sommes actuellement en pourparlers avec l'armée afghane pour ouvrir un second front vers la Norvège, la Suède et la Finlande’. Deuxième option : ‘Nous ne comprenons pas les raisons qui poussent à poser des questions aussi idiotes. De quelle putain d’armée afghane parlez-vous ?’ Choisissez l’option que vous préférez.” »
Bien, on ne dissertera pas sur les effets & conséquences de (des) l’intervention(s) de Prigozine, y compris par rapport aux élections du jour et à l’humeur de son ami Poutine, ni sur la valeur morale de l’individu vu du Camp du Bien. Par contre, je dirais un mot très rapide sur l’extraordinaire réaction des Dupont-Dupond Reuters-AP. Qu’ils y aient cru ou qu’ils aient cru faire un bon coup pour enfin pouvoir proclamer la Vérité (car j’en suis cru, ces gens-là croient à la fable-simulacre, absolument et sans hésiter), voilà qui nourrit chez votre serviteur, malgré tout ce qu’on a déjà vu en la matière, une stupéfaction que je ne croyais plus possible puisque croyant avoir tout vu en la matière. Pourtant non, pas question : pour eux, tout cela est du sérieux, du lourd, c’est l’aveu de la “Bête Im-monde’ prise au piège de son échec catastrophique, et qui entend s’effondrer en même temps que l’armée russe.
J’insiste pourtant : il y a une leçon à tirer, quoiqu’il advienne de cet épisode. Je veux dire, d’une façon générale, que “Face à l’extraordinaire déferlement de mensonges et de simulacres portant la marque d’une bêtise que nous honorons de l’expression de ‘bêtise métahistorique’ en raison du point de vue d’où nous la jugeons”, oui, face à cela, l’ironie comme forme d’humour critique et caricatural est une très belle et très bonne arme, peut-être bien l’arme absolue que nous ignorons trop souvent. Malgré des affirmations entendues dans ma jeunesse, quand l’on se choquait encore des conneries publiques, selon lesquelles “le ridicule ne tue plus”, je crois au contraire qu’il tue encore, ou bien plutôt qu’il tue “à nouveau”, ressuscité comme jamais lorsqu’il atteint de tels sommets inexplorés.
Je crois également que nous commençons à en avoir notre dose, et qu’à trop en faire comme ils en font, ils finissent par susciter, même inconsciemment, des réactions extrêmement fortes de résistance. C’est à ce moment que l’ironie, qui exacerbe ce ridicule en montrant que même sa caricature ne parvient pas à son niveau tant la bêtise est profonde, devient une arme qui achève de convaincre bien des esprits, inconsciemment puis de plus en plus ouvertement, que les plumes et Sergent-Major du Camp du Bien sont bien ce qu’ils sont, et même ce qu’ils font et que cela est insupportable. Plus l’ironie est d’usage, plus elle trouve de mets succulent du ridicule-Système à se mettre sous la dent, plus la résistance s’aiguise et s’en trouve renforcée. Comme ils ne s’aperçoivent de rien, puisque zombie ils sont et bien zombie ils restent, ils continuent d’en rajouter par couches et à la louche, et à susciter plus d’ironie encore… Et ainsi nous-mêmes d’en rire plus encore en apprêtant notre ironie, car vous le savez bien :
« Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l'homme. »— Rabelais, Gargantua
Je crois qu’en face d’une telle engeance, l’ironie et le rire qu’elle suscite deviennent comme des traits d’arbalète dont ces imbéciles ne ressentent rien, ni de la force, ni de la justesse expéditive. Ainsi, ils ne cessent de s’en trouver rabaissés, lacérés par leur propre ridicule, piqués de traits comme par un essaim d’abeilles, par leur stupéfiante absence de sensibilité à l’infamie qu’ils ne cessent d’enfanter comme lapins en bataille.
L’ironie comme arme ultime contre le Mal et le Diable lui-même, qui ne peut « s’empêcher de laisser échapper toujours quelque [bêtise], qui est comme sa signature… », – et bientôt, je vous le dis, moi, le rire destructeur de tous leurs ridicules infâmes et de toutes leurs infamies ridicules, “Pour ce que rire est le propre de la résistance”…
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