Jeudi 3 novembre 2022, c’est l’heure des questions au gouvernement à l’Assemblée. Au tour du député LFI Carlos Martens Bilongo… Soudain, le drame. Bilongo évoque les bateaux de migrants qui viennent d’Afrique et soudain, on entend, dans l’hémicycle : « Qu’ils retournent en Afrique ! »
Une phrase terrifiante prononcée par Grégoire de Fournas, le député RN qui monte, et qui du coup est un peu redescendu, sur terre, puis plus bas que terre, puisque toute l’Assemblée – sauf les 88 RN – lui est tombée dessus.
Vous pensez, la gauche NUPES et la droite bourgeoise Renaissance en mal d’indignation tenaient enfin leur député RN raciste ! La chance ! Même si Fournas évoquait les bateaux plutôt que les migrants, et que l’Assemblée est un espace de discussion, voir de dispute, tout le monde a poussé des hauts cris, et la droite comme la gauche, la main sur le cœur, l’autre sur le portefeuille, ont crié au racisme, au scandale, aux « événements ».
La voix brisée par l’émotion, la très communautaire Braun-Pivet, comme si un missile hypersonique s’était abattu sur l’Élysée, pose la question de l’avenir de Fournas. Nous sommes le lendemain du drame. Les salves d’applaudissements ponctuent à chaque demi-phrase le courage de la présidente de l’AN.
« Compte tenu de la gravité des faits… »
La loi de l’Assemblée dit qu’un député peut être sanctionné s’il a « troublé l’ordre » ou provoqué « une scène tumultueuse ». Or, ce sont les députés NUPES qui ont tumultué. Donc Véran qui a pété les plombs pendant le covidisme, cette série de mensonges gravissimes du gouvernement, ça n’a pas troublé l’ordre ni provoqué de scène tumultueuse ? Il a pourtant insulté Wonner.
Malgré ses explications et excuses, Fournas a écopé [ici, placer une vanne sur les bateaux de migrants] de la plus lourde sanction jamais vue pour un député depuis 1958 : une exclusion de 15 jours, certains demandant désormais sa tête.
On devine ici toute la détresse antiraciste du sympathique Corbière, le député de la 7e circonscription du 9-3 (soit tout Montreuil), élu majoritairement par la France des quartiers et des bobos :
Véran, l’ex-ministre du Big Pharma, en a profité, et c’est la stratégie présidentielle, pour essayer de couper tous les liens possibles entre LFI et RN, cette alliance des populistes dont le pouvoir profond ne veut pas entendre parler.
Peu importe que Fournas a dit « qu’ils retournent en Afrique », et pas « qu’il [Bilongo] retourne en Afrique », le mal est fait, l’entreprise de dédiabolisation s’effondre, le RN redevient un parti raciste, nazi et tueur de migrants. C’est à peu près le discours des bonnes âmes antiracistes, surtout celles qui sont élues par les banlieues.
Le problème, c’est que la phrase de Fournas, une majorité de Français y souscrit.
Alors, ce petit scandale devient une conséquence de la crise de la représentativité du Système dit démocratique : et les médias, et les politiques ne reflètent pas les opinions profondes du peuple français. Le Système a fait en sorte que l’Assemblée consacre la politique du Président, qui lui-même est élu sur une base extrêmement douteuse. Le Système est verrouillé, l’opposition réelle à la politique de Macron, même si elle est majoritaire, n’a pas voix au chapitre, et encore moins aux manettes. Le pouvoir profond ne change jamais de mains. De ce côté-là, pas d’alternance !
La citation du jour : « Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie » (Élisabeth Bornstein)
Le jeune Tanguy a beau défendre Fournas, rien n’y fait : l’impudent sera condamné.
Cette affaire en or pour Braun-Pivet a un peu occulté le changement de tête au RN, puisque Bardella a été élu nouveau président du parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
On s’étonne qu’à gauche, personne n’ait pensé à renommer le RN le Racemblement national. Ce serait bien pour Charlie et les affiches de campagne de LFI, non ?
La gauche, qui n’a plus de programme social, n’a plus qu’un programme antinational.
L’analyse de Juste Milieu
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation