La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et la FTQ-Construction sont abasourdies par la faiblesse des arguments des associations d’employeurs du secteur de la construction transmis dans une lettre à la CNESST et repris dans l’article de La Presse de Mme Isabelle Dubé. Les représentants patronaux dénoncent l’arrivée trop « hâtive » des représentants et représentantes en santé et sécurité (RSS) prévus dans la nouvelle loi (LMRSST) et exigent plus de temps pour les former, autrement, selon eux, ce sera la catastrophe. Pour la centrale et son affilié, c’est déjà la catastrophe sur les chantiers de construction, alors que l’on compte chaque année des centaines de travailleurs et travailleuses blessées ou qui perdent la vie. Il n’y a pas plus de temps à perdre.
« Faut-il rappeler qu’en 2021, c’est 71 personnes qui sont mortes après avoir travaillé sur un chantier ? C’est quand même ironique de prétendre qu’améliorer la prévention des accidents de travail constituera une catastrophe… La vraie catastrophe c’est le bilan des décès et des lésions professionnelles dans la construction », dénonce le président de la FTQ, Daniel Boyer.
« De la formation, c’est évident qu’il en faut! On en donne activement depuis 10 ans et on n’a jamais arrêté d’en donner. Mais les employeurs semblent oublier que les travailleurs et travailleuses connaissent déjà très bien leur milieu de travail et qu’ils savent ce qu’il faut corriger sur leur chantier! Pourquoi mettre des bâtons dans les roues de la prévention en retardant l’entrée en fonction des RSS? Il y a le feu dans la cabane et les employeurs bloquent l’accès aux pompiers! », ajoute le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly.
La personne représentante en santé et sécurité prévue par la LMRSST a comme fonction d’assurer que les chantiers du Québec sont sécuritaires, et le cas échéant, de veiller à ce que le maître d’œuvre et les employeurs présents sur les chantiers du Québec ne mettent pas à risque les travailleurs et les travailleuses du secteur.
« C’est simple, les employeurs voient le RSS comme une personne qui ralentit les travaux du chantier et, pour eux, c’est synonyme de perte d’argent. Pour nous, ça veut dire des vies sauvées. On constate d’ailleurs nos visions divergentes quand ils argumentent que la formation offerte par les syndicats n’est pas suffisamment “neutre”. Il faudrait leur rappeler que le RSS ne travaille pas pour eux! Il représente l’intérêt des travailleurs et des travailleuses. La formation qu’offre la FTQ-Construction est tout à fait adéquate et on est prêts à l’ajuster aux normes de la CNESST quand elles nous seront transmises. Mais il ne faut surtout pas retarder l’entrée en fonction de nos agents de changements pour faire faire des économies aux patrons! Il me semble que le bilan est assez désastreux pour comprendre cela! », ajoute le responsable de la santé et sécurité à la FTQ-Construction, Simon Lévesque.
« Ça fait 40 ans que la FTQ exige la présence de représentant à la santé et sécurité sur tous les chantiers du Québec. Ça fait 40 ans que les représentants patronaux font tout pour empêcher leur présence sous des prétextes économiques et idéologiques nébuleux. Pour tous les travailleurs et travailleuses qui sont décédés en travaillant pour ces patrons, c’est déjà trop tard. Il faut que les travailleurs et les travailleuses de la construction au Québec aient finalement des personnes qui les représentent et qu’ils aient finalement une voix pour leur santé et la sécurité sur les chantiers au Québec. On est prêts. Nous ne pouvons plus attendre », conclut Daniel Boyer.
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