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par Badylon Kawanda Bakiman.
L’Institut de recherche des Nations unies pour le développement social (UNRISD), une des institutions autonomes du système des Nations unies, est monté au créneau. Via un rapport phare lancé le 21 octobre 2022 à Genève (Suisse), il dénonce avec véhémence des inégalités sociales observées à travers le monde tout en proposant un « nouveau contrat social » comme une des pistes de solutions.
Intitulé « Crises d’inégalité : Déplacement du pouvoir pour un nouveau contrat éco social », ce rapport très volumineux (348 pages format PDF) alerte que notre monde est en état de fracture, le contrat social est rompu.
Selon ce rapport, les inégalités extrêmes, la destruction de l’environnement et la vulnérabilité des crises que nous connaissons aujourd’hui ne sont pas une faillite de système, mais une caractéristique de celui-ci.
« Les groupes vulnérables et marginalisés prennent de plus en plus de retard ; les élites se protègent et exploitent souvent les crises à leur profit », dénonce le rapport phare 2022 de l’UNRISD.
Le même document révèle que le fait qu’une crise sanitaire mondiale ai doublé la richesse de 10 hommes les plus riches du monde tout en plongeant plus de 120 millions de personnes dans l’extrême pauvreté est sans doute la meilleure preuve de la nécessité urgente de repenser notre système mondial.
Concernant la crise sanitaire de COVID-19, ce rapport phare 2022 de l’UNRISD martèle : « La période qui s’est écoulée depuis la première détection du virus, début 2020, a été marquée par de nombreuses pertes de vies humaines, une grave récession économique, le recul de nombreux indicateurs de développement humain et une augmentation générale de la pauvreté. Pourtant, dans le même temps, elle a également apporté des gains importants à un très petit groupe de personnes, la concentration des richesses au sommet s’étant intensifiée depuis le début de la pandémie ».
En République démocratique du Congo (RDC) par exemple, cette pandémie a engendré de rudes épreuves économiques, car, Institutions, commerçants, familles, individus… autant de catégories sociales continuent à vivre les impacts négatifs économiques. L’amélioration de ces conditions économiques dans ce pays d’Afrique centrale prendra encore du temps.
Par exemple, le magasin de l’établissement « Bikie ya Kie » situé au Plateau de la ville de Kikwit, province du Kwilu, dans le sud-ouest de la RDC est toujours en faillite et fermé. Il n’y a plus d’activités de vente d’articles divers malgré l’évolution positive par rapport à la pandémie dans ce pays et la levée de « l’Etat d’urgence sanitaire » par le président de la République en août 2020.
Jean-Marie Kosongiato, initiateur de ce magasin qui employait quatre personnes est inquiet : « J’ai perdu un chiffre d’affaires de 9000 dollars. La situation s’explique par le fait que le président de la République, lors de l’état d’urgence sanitaire qui a duré six mois à cause de coronavirus, avait coupé la capitale Kinshasa des autres provinces. Pas d’entrée, pas de sortie. Cette réalité a mis les activités par terre », témoigne-t-il.
Il affirme que le stock étant terminé, les recettes étaient plus utilisées pour résoudre certains problèmes sociaux : payer les arriérés de salaire de ses quatre agents qui avaient des situations familiales à résoudre ; payer le loyer pour la maison où le magasin est logé etc.
« Je me démène pour reprendre ces activités. Je ne sais pas encore quand cela sera effectif », déclare-t-il.
À Kinshasa, la capitale, maman Pauline Ebaka, 55 ans, dans la commune de N’djili, quartier 7, est parmi les agents licenciés de « Kin Express », une des agences de voyage qui relie Kinshasa – Bandundu, Kinshasa – Kongo central.
Elle a perdu, en septembre dernier, son fils de trois ans : « Je n’avais pas d’argent pour l’amener à l’hôpital. Mon fils a connu un cas d’une forte diarrhée. Des gens que j’ai abordés pour m’emprunter de l’argent n’ont pas répondu positivement. La restauration au niveau de la famille est devenue compliquée », regrette-telle.
À Mbuji-Mayi, province de Kasaï oriental, au centre du pays, un divorce a failli avoir lieu entre John Tshimanga et son épouse en août dernier.
« Ma femme ne croyait pas que je pouvais manquer d’argent. Pourtant les voyages que j’effectuais à Kinshasa pour me débrouiller n’avaient plus lieu à cause de l’état d’urgence sanitaire et la mise à l’écart de Kinshasa par rapport aux provinces », dit-il.
Situations dans un contexte crucial
D’après Jonas KibalaKuma, un économiste congolais, « Le niveau de vie de la population en RDC est bas au regard du PIB par habitant qui est faible et en baisse depuis 1960. Taux de pauvreté élevés (63,4%) ».
« À ce jour, beaucoup d’industries fonctionnent au 3/4 de leurs capacités. Je suis inquiet, je ne sais pas ce qui se passe. L’économie est au plus mal. Beaucoup de sociétés avaient licencié du personnel, elles ont du mal à tourner. Les banques avaient restructuré 25% de leurs potentiels du crédit », a reconnu, il y a quelques jours, Kimona Bonge, administrateur délégué de la Fédération des entreprises du Congo, le plus grand syndicat des opérateurs économiques de la RDC sur les antennes de Top Congo FM, une des radios qui émettent à Kinshasa, la capitale.
« Depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020 en RDC, le cumul des cas est de 93 111 cas, dont 93 109 cas confirmés et 2 cas probables. Au total, il y a eu 83 534 personnes guéries et 1358 décès », indique le Comité multisectoriel de lutte contre Covid-19 dans son bulletin publié le 25 octobre 2022.
Les faits évoqués justifient à juste titre le contenu du rapport phare de l’UNRISD en matière de COVID-19.
Un « nouveau contrat social » comme une des pistes de solutions
« Nous pouvons créer des voies vers un nouveau contrat éco-social basées sur des visions de justice, d’égalité et de durabilité. Nous avons besoin d’un nouveau modèle de développement pour la justice sociale, économique et climatique », suggère le rapport phare précité.
Le document note que ce n’est qu’en rééquilibrant les structures du pouvoir existantes et en créant de nouvelles alliances que nous parviendrons à un changement transformateur.
« Les pays en développement doivent avoir un impact plus important dans les forums internationaux de définition des politiques, ce qui est particulièrement important au vu de la réponse internationale au changement climatique. S’il est urgent de renforcer la coopération et l’action au niveau mondial, cela doit se faire sans porter atteinte à la marge de manœuvre politique des gouvernements et à leur capacité à poursuivre leurs programmes de développement (voir Spotlight de Vicente Paolo Yu et la section 4.2 ci-dessus) : cela nécessite, par exemple, un traitement spécial et différencié dans les négociations et les accords commerciaux internationaux ; l’interdiction du protectionnisme commercial unilatéral en tant que mesure de réponse au changement climatique ou environnemental ; un traitement plus équitable des subventions accordées aux pays en développement pour soutenir la diversification vers des secteurs industriels, énergétiques et économiques adaptés au climat », martèle le rapport.
Interrogé au sujet de ce document phare 2022 de l’UNRISD, Grégoire Mulolo, un des activistes des droits humains en RDC n’avale pas les mots : « Ce rapport arrive à temps. C’est depuis des années que les inégalités sociales ont créé des fossés suicidaires parmi les classes sociales à travers le monde, pourtant la Déclaration universelle de droits de l’Homme indique que nous naissons tous égaux. Je soutiens la démarche de l’UNRISD. Je vais aussi m’impliquer pour sensibiliser nos communautés et nos gouvernants pour qu’il y a un nouveau contrat social ».
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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