Aujourd’hui, des militants portant des T shirt Just Stop Oil, ont aspergé le tableau « La jeune fille à la perle » (1655) de Johannes Vermeer aux Pays-Bas.
L’écologie déteste t’elle la peinture impressionniste et l’Art en général ?
Le 14 octobre 2022, deux militantes du mouvement écologiste Just Stop Oil (1) ont déversé de la soupe sur la peinture «Tournesols » exposée à Londres, peinte par Vincent Van Gogh en 1888.
Le but ? Pour ces « écolos », il s’agissait de capter l’attention médiatique pour dénoncer et demander l’arrêt de projets d’exploration et de production de pétrole et de gaz au Royaume Unis.
Ils questionnent :
« Il est temps de se lever de se battre pour ce qui est juste. Qu’est-ce qui a le plus de valeur, l’art ou la vie ? »
Autant il est important de préserver l’environnement et de dénoncer l’exploitation pétrolière et gazièrequi le détruit, autant cibler l’art ne fait qu’appuyer une détestation de celui-ci. Sans parler du fait que l’art n’est pas responsable de la destruction de la nature, au contraire, il lui rend souvent hommage et grâce, en tire une inspiration infinie et conduit l’âme des hommes à la contemplation.
Ce geste de destruction symbolique (les actions étaient non violentes et les peintures étaient protégées par des vitres) de l’art a motivé d’autres personnes à poursuivre ce saccage. Le 23 octobre, c’était au tour des « meules » de Claude Monet d’être aspergées de purée dans un musée allemand par des membres de Letzte Generation.
Comme l’a révélé Nicolas Casaux sur le site Le Partage (2), ce genre d’actions a pullulé cet été, comme le 22 juillet en Italie contre « Le Printemps » (3) de Sandro Botticelli (1445-1510), parmi d’autres actions ne ciblant pas spécifiquement l’art (le tennis, le cyclisme, etc.). Il relie ces groupes écologistes à un même fond les finançant : le Climate Emergency Fund (4).
Ses fondateurs sont des héritiers milliardaires américains investissant dans les énergies renouvelables, la technologie, la santé (biotechnologie). Il est étonnant de voir que l’un des fondateur est Aileen Getty qui a hérité sa fortune grâce à l’exploitation du pétrole par la Getty Oil Company.
En effet, financer des groupes se croyant écologistes permet une bonne visibilité donc propagande pour préparer le terrain et l’opinion publique aux produits de demain issus de leurs investissements. Ce capitalisme vert, ou greenwashing, n’a d’ailleurs souvent d’écologique que l’étiquette. La plupart des énergies renouvelables nécessitent l’usage de combustibles fossiles ainsi que d’autres infrastructures polluantes. Ces fonds permettent aussi de soutirer de l’argent à des philanthrocapitalistes, industriels et autres stars leur vendant ainsi une bonne image sans devoir changer leur mode de vie polluante, mais il prend également l’argent public issue des lois votées par les candidats que ces fonds soutiennent.
Just Stop Oil réclame l’arrêt de l’exploitation pétrolière au Royaume Unis, mais ne demande pas de décroissance de l’activité nécessitant ces énergies. Ainsi les anglais devront bien trouver cette énergiequelque part, et s’ils ne la produisent pas, s’ils ne sont pas souverains en énergie, ils devront bien l’acheter, par exemple aux Etats Unis, les principaux bénéficiaires de ce boycott de concurrents locaux.
En France, Yannick Jadot (Europe Ecologie Les verts), réclamait pendant les présidentielles en mars 2022 qu’on arrête d’acheter du pétrole et du gaz à la Russie, dans une injonction totalement hypocrite, paternaliste et risible :
« Si pour sauver la démocratie en Europe, il faut faire tourner sa machine à laver la nuit plutôt qu’à 18 heures, c’est le prix que nous devons être prêts à assumer » (5).
Le résultat de tout ce cirque permit de débloquer des accords commerciaux en achetant du gaz de schiste ultra polluant, aux Etats Unis, les grands gagnants de l’histoire, pendant que le peuple français peine de plus en plus à pouvoir payer ses factures, malgré les profits des actionnaires et des industriels des énergies. Si l’arrêt des centrales nucléaires paraît un effort écologique, l’accroissement des besoins en électricité par les produits que cette société de consommation nous impose (voitures électriques, ordinateurs, appareils connectés, métavers,…) n’est pas logique, sauf si cela sert à des industriels américains, comme sait si bien nous imposer l’Union Européenne.
Ces fonds capitalistes, tout comme son idéologie déconstructiviste (6) (et son wokisme) détournent aussi l’énergie et la colère légitime de jeunes et moins jeunes qui ont raison d’être insatisfaits de la société vers des mensonges. Au lieu de se révolter contre les vrais responsables des crimes de l’environnement (les industries polluantes, les politiques, le capitalisme,…) et autres causes sociales (l’inégalité et l’appauvrissement croissant des populations,…), ils font des actions, qui n’arrêtent pas les nuisances et destruction de la nature, tout en se trompant de combat et de cibles (des peintures et des sculptures).
Cette société capitaliste (via ses médias, ses dirigeants, ses entreprises, ses financements d’associations progressistes) a transmis à nos enfants la haine de l’Art, la haine de la peinture figurative, des maîtres anciens, de la culture européenne et française.
Les militants de Just Stop Oil ont décidé de jeter de la soupe en conserve (dont ils ont repris le symbole sur leur page Instagram), rappelant immanquablement les sérigraphies de soupe Campbell de Andy Warhol qui ont imposé le pop art américain, soit le début de l’art contemporain (débutant avec l’action painting soit le fait de lancer de la peinture sur une toile et la performance) et de la société de consommation (avec les conserves et boîtes industrielles remplaçant la vraie cuisine).
A la fin du XIXème siècle, Paris rayonnait artistiquement sur le monde au point d’accueillir les artistes du monde entier. C’est pourquoi le peintre hollandais Vincent Van Gogh s’est installé en France, pour s’imprégner de l’impressionnisme dans lequel excellait Claude Monet.
Après la seconde guerre mondiale, les Etats Unis ont imposé un plan de reconstruction de la France (dont ils avaient bombardé la Normandie) contre une dette financière et l’introduction de la propagande et culture capitaliste américaine. Le plan Marshall, aidé par la CIA, la famille Rockefeller (qui s’est enrichi avec le pétrole) imposa la nouvelle peinture américaine, pour dépasser et faire oublier notre propre histoire et héritage artistique. (7)
De la soupe en conserve (sérigraphiée) signant le début de la fin de la peinture figurative européenne, revient salir les tournesols de Van Gogh et chasser la fierté de notre identité européenne pour la ringardiser et la condamner de tous les maux des éveillés progressistes (« sexiste », « raciste », et maintenant « responsable du changement climatique »), tout cela, de la main (collée) de nos propres enfants.
Les militants de Just Stop Oil et autres groupes écologistes en héritiers de l’art contemporainenchaînent leur quart d’heure de célébrité comme Andy Warhol l’avait annoncé en 1968 avec ses 15 minutes of fame (8), chassées par toujours plus d’actualités obsolescentes alimentant la machine capitaliste.
(4) https://www.climateemergencyfund.org/
(5) https://putsch.media/20220311/actualites/societe/video-si-pour-sauver-la-democratie-en-europe-il-faut-faire-tourner-sa-machine-a-laver-la-nuit-plutot-qua-18-heures-cest-le-prix-que-nous-devons-etre-prets-a-assumer/
(6) https://acontretemps.org/spip.php?article581#nh1
(7) voir l’article que j’ai écrit « Faut-il aimer l’art contemporain », dans le magazine Rébellion n° 90.
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Quart_d%27heure_de_c%C3%A9l%C3%A9brit%C3%A9
texte et illustrations : Holy Mane
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Source: Lire l'article complet de Rébellion