On peut parler crûment ?
L’allemagne de Scholz ne regarde plus vers l’ouest – la France – ni vers le sud, l’Europe méditerranéenne qu’elle a tant soutenue par les mécanismes européens, mais dont elle a pompé l’industrie.
L’Allemagne regarde doublement vers l’est : d’abord, vers les pays est-européens qui forment son Hinterland, son grand marché, sa Grande Allemagne (comme il y a le projet de Grand Israël) et sa grande réserve de main d’œuvre à bon marché, agricole et industrielle ; et elle regarde aussi vers la Russie, qui est à la fois un grand partenaire économique, par sa puissance énergétique et minérale, mais aussi son marché intérieur (sans oublier la Chine, encore plus vorace à tous points de vue), et qui est aussi le nouvel ennemi, comme en 1941, mais avec les USA qui poussent derrière, et qui veulent l’affaiblissement de l’Allemagne.
Voilà le dilemme auquel Scholz fait face. Alors, dans ce tableau géostratégique majeur, Macron, qui se rêvait petit prince de l’Europe, peut aller se rhabiller : il ne compte quasiment pas. Le jeu se joue entre la Chine, la Russie, l’Allemagne et les États-Unis, aujourd’hui, sur un front énergétique et militaire. D’ailleurs, cette guerre est une guerre de l’énergie, une guerre du gaz, comme il y a eu les guerres du pétrole. Et cette guerre remodèle déjà les frontières.
L’équation allemande est simple : plus l’Allemagne se soumettra à l’Empire, plus elle périclitera économiquement. C’est pourquoi elle se dote d’une nouvelle puissance militaire, officiellement pour faire face aux Russes, alors qu’elle essaye de se sortir des griffes de l’OTAN et des catastrophes que l’Alliance atlantique porte en germe.
Si l’Allemagne semble en frontal avec la Russie, elle l’est en pratique encore plus avec l’Empire, qui détruit tout ce qui ne se soumet pas à lui, que ce soit ses ennemis historiques – Russie, Chine, Corée, Iran, Syrie, Irak – ou ses vassaux historiques, on veut parler des 27 de l’Union européenne. Une « union » de pacotille qui n’existe dorénavant plus que sur le papier.
En un mot, Poutine faire lentement exploser une Europe qui n’était pas solide. Le Grand Reset prévu par les forces mondialistes risque fort de prendre un tour multipolaire.
– La Rédaction d’E&R –
L’UE et la France ne semblent plus faire partie des priorités du dirigeant allemand, pourtant élu sur des promesses pro-européennes. L’explication est à chercher du côté de sa personnalité, mais aussi des crises qui secouent le pays.
L’Allemagne a-t-elle décidé de faire cavalier seul en Europe ? La question trotte dans la tête des partenaires européens du pays le plus peuplé de l’Union européenne. Il faut dire qu’entre un refroidissement des relations franco-allemandes, un plan de soutien de 200 milliards d’euros à l’économie du pays, présenté sans avertissement, et un désaccord sur la réponse à apporter à la crise énergétique, les dissensions s’empilent depuis des mois. Le temps presse, pourtant, alors que l’inflation galope et que les prix de l’énergie poursuivent leur envolée en Europe.
Que se passe-t-il outre-Rhin ? Une partie de la réponse est à chercher du côté d’un homme, le chancelier Olaf Scholz, arrivé au pouvoir il y a un an. Le social-démocrate de 64 ans, plus occupé à gérer les querelles internes de sa coalition au pouvoir (qui réunit les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux), a semblé se détourner des problématiques européennes au fil des derniers mois.
Un homme politique aguerri mais discret
Pour comprendre les choix politiques du chancelier allemand, il faut d’abord s’intéresser à sa personnalité. Un « brin falot mais pragmatique », comme l’écrivait Libération, Olaf Scholz est ancré au centre-gauche. « Il a ce cliché de l’Allemand du Nord, très discret, qui lui colle à la peau », souligne Jacob Ross, chercheur au Conseil allemand des relations internationales (DGAP).« Il a gagné une élection qu’il n’avait pas du tout dominée, où il est resté au second plan. C’est une stratégie qui a marché et qu’il a gardée une fois à la chancellerie ».
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« Il faut quand même bien voir que l’Allemagne est en train de vivre une remise en cause de son modèle énergétique, économique et de défense », décrypte Marie Krpata, chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa). Face à la guerre en Ukraine, le gouvernement allemand a été obligé de revoir sa dépendance au gaz russe, de voler au secours de son économie et d’investir massivement dans son armée (100 milliards d’euros). Des transformations radicales pour un pays habitué aux choix politiques prudents.
Les crises qui traversent l’Europe ont même poussé le chancelier, habitué au consensus, à prendre des décisions de façon unilatérale. « Il a par exemple pris seul la décision de prolonger la vie des trois dernières centrales nucléaires du pays », souligne Eileen Keller. Mais ses choix ne sont pas toujours bien perçus. « Il voulait laisser une entreprise chinoise racheter le port de Hambourg, contre l’avis du gouvernement et des services secrets », rappelle-t-elle. Après une polémique intense, la société chinoise Cosco n’a finalement été autorisée qu’à prendre 25 % des parts qu’elle visait et ne sera donc pas majoritaire, comme le rapporte Le Figaro.
Nouvelle donne géopolitique
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Alors, faut-il voir, dans l’action du gouvernement allemand, une volonté de faire passer « l’Allemagne en premier », comme l’affirmait Politico (en anglais) ? Une partie de la réponse se trouve dans la violence de la crise qui secoue le pays.
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Réveillée par la guerre en Ukraine, l’Allemagne a dû réinventer sa stratégie géopolitique, basée sur le changement par le commerce. « Il y a eu une forme de maladresse sur ce sujet, où l’Allemagne se sent suffisamment forte pour décider toute seule », concède Eileen Keller.
Un moteur franco-allemand à réinventer
Le rafraîchissement des relations entre la France et l’Allemagne peut d’ailleurs s’interpréter à la hauteur des priorités d’Olaf Scholz pour l’Europe. Le chancelier allemand avait exprimé sa vision pour le futur de l’UE à Prague (République tchèque) le 29 août, comme le rappelle Le Grand continent. « L’intervention n’était pas coordonnée avec la France, qu’il n’a même pas mentionnée », se rappelle Jacob Ross.
« Le message de son discours portrait sur l’importance d’élargir l’Europe, ajoute Eileen Keller. Et dans une Europe qui se déplace vers l’Est, la relation franco-allemande n’a plus le même rôle. »
Des priorités qui amenaient l’historien Jacques-Pierre Gougeon à conclure dans Le Monde que l’Allemagne « relativisait sa relation avec la France ». Conséquence : « La relation franco-allemande est à la recherche d’un nouveau motif pour exister », analyse Jacob Ross.
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Reste que, pour nombre d’acteurs politiques européens, le moteur franco-allemand est toujours essentiel. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a par exemple affirmé sur France Inter le 24 octobre que « la relation entre la France et l’Allemagne est très importante pour l’Union européenne ». Le manque de coordination avec ses voisins a d’ailleurs été critiqué jusqu’en Allemagne. Le gouvernement allemand, qui ne fait pas la sourde oreille face aux critiques, semble vouloir recoller les morceaux, notamment avec la France. « Le fait que le président français tire la sonnette d’alarme a eu un écho en Allemagne, souligne Eileen Keller. Il y a eu une prise de conscience que l’on n’aurait pas dû faire les choses comme cela », ajoute la chercheuse.
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