Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Greenpeace Canada révèle en détail à qui appartient Paper Excellence, qui est sur le point de devenir la plus grande entreprise d’exploitation forestière au Canada. L’enquête révèle une structure de propriété complexe avec des liens menant au célèbre groupe Sinar Mas, une société privée basée en Indonésie et liée à de la déforestation importante et à des conflits sociaux.
Malgré une structure d’entreprise à plusieurs niveaux avec des sociétés de portefeuille dans de nombreuses juridictions, les conclusions du rapport démontrent clairement une série de facteurs tels que les liens familiaux, le chevauchement de la gestion et les déclarations de lobbyistes, qui prouve clairement que le groupe Sinar Mas contrôle Paper Excellence.
Selon le responsable de la campagne nature et de l’alimentation de Greenpeace Canada, Shane Moffatt :
« Ce rapport met en lumière le pouvoir d’un nombre relativement restreint de multinationales sur le sort des forêts du monde entier. Ce n’est pas une coïncidence si les forêts du Canada sont en crise à cause de l’exploitation forestière non durable, de la disparition de la faune et du changement climatique. Avec le groupe Sinar Mas qui étend rapidement son empire au Canada, il est clair que nous avons besoin de lois beaucoup plus contraignantes pour protéger la nature et garantir le respect des droits des peuples autochtones. En tant qu’hôte des négociations mondiales sur la biodiversité en décembre, le gouvernement canadien doit faire de l’adoption d’une telle législation une priorité absolue. »
L’analyse faite dans le rapport est fondée sur l’examen de centaines de documents d’enregistrement de sociétés accessibles au public et d’autres dépôts officiels concernant des entités au Canada, en Indonésie, en France, au Brésil, aux Pays-Bas, aux États-Unis, en Malaisie, dans les îles Vierges britanniques et dans d’autres juridictions. Au Canada, les preuves vont du registre des lobbyistes de la Colombie-Britannique en 2022, aux papiers à en-tête officiel de Sinar Mas utilisé par Paper Excellence lorsque l’entreprise a acheté sa première usine au Canada.
Paper Excellence possède maintenant des usines dans la moitié des provinces canadiennes : Colombie-Britannique, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec et Saskatchewan. L’année dernière, en particulier, elle a connu une croissance exponentielle avec l’achat du géant de l’exploitation forestière controversé et litigieux, Produits forestiers Résolu. Lorsque la vente de Résolu sera conclue, Paper Excellence deviendra la plus grande entreprise forestière du Canada en fonction des revenus générés.
Priyanka Vittal, conseillère juridique de Greenpeace Canada, a déclaré :
« Le public mérite beaucoup plus de transparence sur l’identité du véritable propriétaire des usines. Les entreprises peuvent souvent se cacher derrière des structures corporatives compliquées pour éviter toute responsabilité financière et environnementale. Quand vient le temps de nettoyer ou de payer les salaires impayés, elles se restructurent, déclarent faillite, ferment boutique ou se cachent derrière des sociétés écrans sans actifs. Les communautés locales et les peuples autochtones devraient être en mesure de comprendre pleinement les plans de toute entreprise et de lui demander des comptes.
L’accord de partenariat économique global (CEPA) pourrait entraîner moins de transparence et un contrôle accru des entreprises sur les ressources naturelles. Nous avons besoin d’un examen complet et indépendant de l’accord pour comprendre comment des sociétés transnationales comme Paper Excellence et le groupe Sinar Mas en profiteront et pour s’assurer qu’il contient des politiques et des cadres environnementaux efficaces s’il va de l’avant. »
À l’heure actuelle, les gouvernements canadien et indonésien négocient un accord commercial bilatéral qui risque de renforcer le contrôle des forêts par des sociétés comme Paper Excellence, liées au groupe Sinar Mas, au détriment des communautés locales. En décembre, le Canada accueillera également des négociations mondiales dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) afin de convenir d’un cadre pour une plus grande protection des forêts et de la nature au cours des dix prochaines années.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal