Introduction
Le juché est probablement un phénomène le plus discuté et le moins compris et même le plus mal compris. Le débat sur le juché dans les média laisse deux images du juché, à savoir, le juché comme une idéologie mal conçue et mal structuré d’une part et, d’autre part, une idéologie ayant pour objective de justifier et perpétuer le régime la dictature de la dynastie Kim.
Bref, le juché est présenté comme quelque chose de négatif et même nocif. Pourtant, le juché joue un rôle stratégique qu’exige la survie de la Corée du Nord en tant que nation souveraine. Il y a lieu de croire que la projection négative du juché peut être attribuable au manque de la compréhension de la mentalité des Coréens du Nord d’une part et, d’autre part, au préjugé contre le régime nord-coréen qui n’est pas accepté par l’Occident.
Le présent ouvrage a pour but de présenter le juché dans une perspective plus globale et plus objective. Pour être plus concret, le présent ouvrage tente de répondre aux questions suivantes.
• Qu’est ce que c’est le juché?
• Pourquoi le juché?
• Quel est l’objectif du juché?
• Comment fonctionne-t-il le socialisme- Juché?
• De quelle façon a-t-il évolué le socialisme juché?
• De quelle façon peut-on évaluer le socialisme juché?
• Quels sont les impacts du socialisme juché sur le mode?
1.Qu’ce que c’est juché (主體:주체)?
Il convient de noter qu’il a deux façon de concevoir le juché, à savoir, le concept général et le concept particulier nord-coréen.
D’abord, le concept général du juché signifie «l’initiateur» ou «l’organisateur» ou «le promoteur». Par exemple, quand j’organise un séminaire, j’en suis le juché. Le juché des politiques nationales est le gouvernement. Le juché de l’Assemblée Générale de l’ONU est l’ONU
Par contre, en Corée du Nord, le juché a une signification plus politique. Ainsi, le juché signifie «l’indépendance» ou «l’autonomie» ou «l’autosuffisance» ou «la souveraineté», ou «l’autodéfense»
2. Pourquoi le juché?
La notion du juché nord-coréen fut conçu par Kim Il-sung, le fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDN). Kim Il-sung a prononcé un discours en 1930 à l’âge de 18 ans devant la conférence des organismes de communistes de la jeunesse coréenne. Le jeune patriote a insisté avec l’ardeur sur la nécessité de déterminer le sort de la Corée par les Coréens eux-mêmes et non par des puissances étrangères.
Au fait, s’il a un sentiment nationaliste partagé par les Coréens tant au Nord et qu’au Sud, il est surement les plaintes et même la colère contre les ingérences des pays étrangers dans la vie collective des Coréens.
Il importe de se rappeler que durant 508 ans (1392-1910) de la dynastie Lee, la Corée (Chosean) a suivi une humiliation d’être un pays de statut vassal de la Chine. Ceci s’explique par la faiblesse du juché du gouvernement coréen.
En 1910, la Corée fut annexée au Japon. Cela était le résultat de la vente du juché coréen à l’empereur du Japon par Lee Wan Yong et ses amis pro-japonais en échange de leurs intérêts personnels.
Durant 25 ans (1962-1987), la Corée du Sud a du souffrir de la dictature militaire de Park Chung-hee et de Chun Doo-hwan à causse du juché partagé entre les dictateurs coréens et Washington. C’est ainsi que la triste histoire de l’ingérence des puissances étrangères s’explique par le défaut du juché. Voilà pourquoi Kim Il-sung voulait avoir le juché pour la Corée du Nord.
3. Quel est l’objectif du juché ?
Le but du juché est d’établir un «socialisme juché» qui se distingue du marxisme-léninisme.
4. Comment fonctionne-t-il le socialisme juché ?
Il importe de noter que la construction du socialisme juché est basée sur les rapports juché parmi les trois composantes du pays, notamment, l’homme (citoyen), la nation et le leader..
Tout d’abord, le citoyen est l’élément le plus important dans la dynamique de ces rapports trilatéraux, car il est le maître de soi-même, du pays et du monde.
Ceci est bien exprimé dans un discours de Kim Jong-il, le fils de Kim Il-sung.
«Le juché est fondé sur des principes philosophiques préconisant que l’homme soit le maître de tout, qu’il décide tout, qu’il soit le maître du monde et qu’il décide son propre destin. Lorsqu’on dit que l’homme décide tout, ceci veut dire qu’il joue le rôle décisif pour la transformation du monde et son destin.» (Kim Jong-il, Sur l’idée juché 1982)
L’homme étant le maître de soi-même, il peut penser et agir comme il veut. Or, ce qui est le cœur du juché est que l’homme identifie son bonheur à celui de la nation. C’est ainsi que le bonheur de l’homme est le bonheur de la nation; le bonheur de la nation et le bonheur de l’homme. C’est un cas extrême du collectivisme.
Au fait, l’homme nord-coréen trouve son salut de l’âme dans son dévouement absolu au bonheur de la nation, car ceci est son bonheur. Bref, les intérêts des individus sont «fondus» avec ceux de la nation.
C’est, sans doute, la partie la plus difficile de comprendre pour nous qui somme habitués à donner la grande valeur à l’individualisme. Mais, l’identification des intérêts des individus à ceux de la nation est devenu la réalité en Corée du Nord grâce à l’éducation intense et soutenu mise en application surtout depuis que Kim Jong-il a pris la responsabilité de la Jeunesse et de l’éducation en 1972.
Le troisième élément du système est le statut du leader. Le succès ou l’échec du système juché dépend de la perception populaire du leader. Voyons ce que Kim Jong-il a dit à ce sujet.
« Il faut que les masses doivent se fondre avec leadership d’une manière révolutionnaire de sorte qu’elles puissent jouer les rôles qu’exige leur devoir devant la révolution et, ces rôles nécessitent un leadership juste» (Kim Il-sung, Treaties 1982)
«Dans notre société, le leader, le parti politique et les masses du peuple sont fondus ensemble dans leur destin et ils constitue un seul organisme politique. De plus, ils sont réunis et consolidés dans des rapports liés du sans grâce à une idéologie singulière et unifiée.» (Kim Jomg-Il, Sur l’idée juché1982)
« La façon dont les masses se réveillent et s’organisent d’une manière révolutionnaire et la manière dont elles accomplissent leur taches pour le développement socio-économique ne dépendent que du leadership du Parti du Travail de Corée (PTC) et du leader. (Kim Jong-il. Sur l’idée juché 1982)
Dans ces citations, le mot clé est l’idée que les masses soient fondues avec leader. À vrai dire, il n’est pas facile de le comprendre. Il se peut que la façon pratique de l’interpréter soit celle de penser que le leader est dans les citoyens et ce dernier est dans le premier. Bref, les citoyens, le pays et le leader sont les mêmes. Voilà une «trinité politique» parfaite!
Le grand leader est sans défauts et incorruptible; il ne commet jamais de fautes; il est toujours bénévole et magnanime. Cependant, leader impose un système monolithique et unitaire de sorte qu’aucun dissident ne soit toléré.
Il est vrai que le leadership de Kim Il-sung a été connu come celui du culte de la personnalité. Cependant, on se demande si le règne nord-coréen ait pu survivre tous ces années sans le culte de la personnalité de Kim Il-sung. Il faut se rappeler que la Corée du Sud (sous le gouvernement de pro-Japon conservateur), les États-Unis ainsi que le Japon ont toujours menacé la Corée du Nord militairement et idéologiquement. En outre, on peut se demander si la Corée du Nord aurait pu soutenir la stabilité politique et sociale sans le leadership de la dynastie Kim.
Au fait, Kim Il-sung voulait un statut quasi religieux lui permettant de demander les nord-coréens de lui obéir et même le vénérer. Il est plus que possible que Kim Il-sung ait voulu imiter l’empereur japonais. Il a surement témoigné les rapports religieux entre l’empereur japonais et le peuple japonais. De toute manière, Kim Il-sung a réussi à donner à la famille Kim un statut presque surhumain.
Ce qui est important est de comprendre la réalité où le peuple nord-coréen croit que Kim Il-sung a une capacité exceptionnelle en économie, en science, en affaires, en politique internationale et en bien d’autres domines.
De plus, malgré son statut presque divin, Kim Il-sung passait quatre jours sur les champs agricole, dans des usines et chez les militaires afin de communiquer avec les masses du peuple, de partager leurs peines et leur joies et d’incorporer les désirs du peuple dans des politique nationales
Il est vrai que le monde tend à croire que le régime nord-coréen est une dictature qui exploite le peuple, qui viole des droits de l’homme, qui crée le climat de peur et d’angoisse. Dans une telle situation, il semble normal que les nord-coréens haïssent la famille Kim. Mais ce n’est pas le cas. Je me souviens d’un épisode frappant.
Il y a long tems, en 2002, les Jeux d’Asie d’été ont eu lieu à Busan, Corée du Sud. Un group de «cheer leaders» composé des jeunes filles nord-coréennes ont participé aux Jeux. Un jour, dans la rue de la ville, le portait de Kim Jong-il s’exposait à la pluie. Imaginez! Les jeunes femmes ont pleuré en voyant leur cher leader se fait mouillé.
Or, les gens pensaient que les femmes prétendaient d’être tristes afin de faire plaisir à leur leader. Mais, les jeunes filles étaient sincères. Les rapports entre la famille Kim et le peuple nord-coréens se caractérisent par un respect mutuel et même par une affection mutuelle. C’est une réalité difficile pour le mode externe de comprendre.
Cependant, cette réalité peut s’expliquer par les facteurs suivants.
D’abord, la dynastie Kim s’est forcée constamment de se rapprocher du peuple, de le comprendre et de s’en occuper.
En deuxième lieu, le peuple nord-coréens ont été objet de l’éducation intense quotidienne ayant pour but de persuader le peuple à croire en la capacité surhumaine du leader d’une part et d’autre part, à remercier le dévouement du leader au bien-être du peuple.
En fin, la menace constante des puissances étrangères dont la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis ont eu pour effet de s’unifier autours de la famille Kim Il-sung.
Au fait, la société nord-coréenne est une immense famille dont le leader est le père confucéen et le peuple sont des enfants pratiquant la piété filiale.
Il y a des chercheurs qui voient le régime nord-coréen comme un corps humain dont le leader est la cervelle, alors que le peuple constitue des différents composantes du corps exerçant fonctions diverses pour que le corps fonctionne bien.
5. De quelle façon a-t-il évolué le socialisme juché ?
Il y a deux approches mises en valeur par la dynastie Kim, notamment l’adaptation du marxisme-léninisme aux conditions locales coréennes d’une part, et d’autre part, la purge des dissidents.
5.1 Périodes de l’évolution du socialisme juché
Il convient de noter que l’évolution du socialisme juché s’est fait à travers différentes périodes. Voici les périodes de l’évolution du socialisme juché qui a pour but de réaliser le «changement innovateur» du marxisme-léninisme.
La première période, 1948-1954 : C’était la période où la mise en application du marxisme-léninisme était totale. L’année 1948 était celle où le gouvernement militaire de l’Union Soviétique a quitté la Corée du Nord et le gouvernement civil de Kim Il-sung fut établi. L’année 1953 était celle où Joseph Staline a décédé. Durant cette période, Kim Il-sung était obligé à mettre en pratique le marxisme-léninisme de la version soviétique.
Le deuxième période, 1954-1964 : Cette période était celle où la «coréenisation» du marxisme-léninisme a débuté. En 1954, Nikita Khrushchev a pris le pouvoir et sa priorité politique était de se différencier de Staline, surtout du culte de la personnalité de Staline. Or, Kim Il-sung aussi avait l’image d’un leader qui pratiquait le culte de la personnalité. Ceci était un de facteurs de conflit entre Kim Il-sung et Nikita Khrushchev.
Le conflit Kim-Khrushchev s’est manifesté en 1956 lors du XXè Congrès du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) durant lequel Khrushchev a critiqué ouvertement le culte de la personnalité de Mao Zedong et de Kim Il-sung.
Il y avait un autre facteur qui a intensifié le conflit Kim-Khrushchev, à savoir, le mondialisme du marxisme-léninisme.
Khrushchev voulait imposer la version soviétique du marxisme-léninisme sur tous les partis communiste au monde. Kim Il-sung pensait que la version soviétique du marxisme-léninisme n’était pas applicable en Corée du Nord.
En 1955, Kim Il-sung a prononcé la nécessité d’appliquer le principe de «changement innovateur» du marxisme-léninisme aux conditions locales.
En 1959, Kim Il-sung a défini la nation (conditions locales) comme une entité historiquement constituée sur la base d’une communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans une communauté de culture. À laide de cette définition, Kim Il-sung a démontré la nécessité d’adapter la version soviétique du marxisme-léninisme aux conditions locales de la Corée du Nord.
La troisième période: 1965-1998 : Cette période était marquée par le développement plus structuré du socialisme juché. Kim Il-sung et surtout son fils, Kim Jong-il a amplement déployé des ressources et des efforts afin de se distancer du marxisme-léninisme. En 1965, Kim Il-sung n’est pas allé à la réunion mondiale importante des partis communistes. En 1965, Kim Il-sung publié ses trois politiques juché, à savoir la politique indépendante, l’économie autosuffisance et la défense national autodéfense.
En août 1966, Kim Il-sung a pris la position de sa neutralité vis-à-vis la Chine et le bloc soviétique en dénonçant leur révisionnisme. Afin de le prouver, Kim Il-sung n’est pas allé à la conférence mondiale des partis communistes. De plus, au cours des années 1970, la Corée du Nord a maintenu sa neutralité devant la lutte hégémonique et idéologique sino-soviet.
En 1970, Kim Jong-il a déjà mentionne Kimilsungisme. En 1076, Kim Jong-il a expliqué que le Kimilsungisme comprenait le juché et une nouvelle théorie révolutionnaire.. Pour Kim Jong-il, kimilsungisme est une idée originale et on ne peut pas l’expliquer dans le cadre du marxisme-léninisme
Il importe de noter que l’année 1982 était une année d’une importance particulière. Kim Jong-il a présenté plusieurs discours, surtout «Sur l’idée juche 1982» expliquant la doctrine du socialisme à la juché.
La construction de la Tout de Juché à Pyongyang en 1982, a signifié la victoire du socialisme juché. Il est intéressant de noter que dans la tour Juché, il y a plusieurs blocs présentés par des pays qui avaient des centres d’études du juché.
Cette période était également une période où Kim Il-sung se distancé de Mao Zedong. Kim Il-sung n’aimait pas la Révolution culturelle, en Chine, car, pour lui, la sauvegarde de l’histoire et des valeurs traditionnelles doivent occuper le centre de tout régime. De plus, le rapprochement sino-américain qui se produit après les visites de Henry Kissinger et Richard Nixon en 1970 et 1972 a déplu à Kim Il-sung, qui a accusé la Chine comme un pays révisionniste.
En outre, cette période était celle où le statut du leader a été amélioré. Dans la constitution de 1972, le statut de Kim Il-sung devenu «leader suprême» pour devenir plus tard, en 1998, le «président éternel».
Durant cette période, la Corée du Nord a mis l’accent sur la nécessité de modifier le marxisme-léninisme de telle sorte qu’il soit compatible aux conditions locales. .
La quatrième période, 1999-2009 : Ce période était la dernier période de l’évolution du socialisme juché avant l’arrivée de Kim Jong-un le petit-fils de Kim Il-sung. Dans la constitution de 1998, le marxisme-léninisme n’était pas mentionné. Et, finalement en vertu de la constitution de 2009, l’idéologie officielle de la Corée du Nord est devenue le kimilsungisme-kinjongilisme, soit le socialisme juché.
Il est à constater que kimjongilisme représente la doctrine de «sungun» signifiant la priorité donnée à la capacité militaire pour que le socialisme à la juché se renforce. Par ailleurs, l’importance de «sungun» a été démontrée par le statut plus élevé du Conseil de Défense Nationale (CDN) en vertu de la Constitution de 1998.
La question pertinente est de savoir si le marxisme-léninisme est disparu complètement du socialisme juché. En réalité, le marxisme-léninisme fait encore une partie essentielle du socialisme juché.
Par exemple, la doctrine qui prévoit la fin inévitable du capitalisme et la victoire de travailleurs est partagée non seulement par le marxisme-léninisme mais aussi par le socialisme juché. Par contre, il y a des différences importantes entre les deux systèmes de pensée.
5.2 Les différences antre le socialisme à la juché et le marxisme-léninisme
La coréenisation du marxisme-léninisme, ou l’adaptation du marxisme-léninisme aux conditions socio-économiques, culturelles et historiques de la Corée de Nord comprend les aspects suivants.
En premier lieu, il y a une différence en ce qui concerne la direction de l’évolution de la société humain. Le marxisme-léninisme l’explique en termes du matérialisme historique, à savoir, le system de production (infrastructure) qui détermine les institutions, le système judiciaire, les idéologies dont les religions, la vie culturelle et la vie intellectuelle (superstructure).
Bref, dans ce mécanisme marxiste-léniniste de l’évolution de la société, le rôle de l’homme est sous éstimmé. De l’autre côté, le socialisme juché explique que c’est l’home qui décide l’infrastructure et la superstructure; l’homme est au centre du monde; il est la force motrice de la l’évolution de la société.
En deuxième lieu, chez les marxistes-léninistes, le monde change selon la dialectique hégélienne qui s’explique par chaine de réactions, à savoir, l’antithèse-la thèse-la synthèse. Arnold Toynbee présent cette chaine d’actions en termes de la chaine du défi-réponse-changement. Ainsi, d’après la doctrine marxiste-léniniste, le monde évolue d’une façon logique et systématique.
Par contre, d’après le socialisme juché, le monde évolue non pas selon une logique ou un système, mais selon des efforts pragmatiques de l’homme en fonction des conditions multidimensionnels de la société. Bref, la société change selon des efforts de l’homme. Voilà le pragmatisme du socialisme juché
En troisième lieu, il y a une autre différence entre les deux systèmes de pensée. Il s’agit de façon de concevoir les relations des classes sociales. Chez les marxistes-léninistes, le rapport interclasse social est celui de conflit dans lequel le prolétaire emporte la victoire final sur la classe de bourgeois.
Du côté du socialisme juché, les rapports interclasse sociale se caractérisent par l’harmonie et l’unité. Il est sans doute difficile pour l’Occident de comprendre un tel phénomène, mais il faut comprendre la philosophie de base du socialisme juché qui s’inspire en partie des valeurs asiatiques.
En quatrième lieu, il y a aussi une différence en eschatologie, c’est-à-dire, la théorie qui discute sur la fin du processus de l’évolution. Le marxisme-léninisme dit que le processus du socialisme se termine par la création du communisme sans gouvernement et sans classes sociales.
Par contre, le socialisme juché argue que la société change constamment selon les besoins. Cette façon de penser s’inspire aussi du daoisme qui nous dit que la nature trouve son chemin tout seul sans une direction préétablie.
Enfin, en cinquième lieu, il y a une autre différence entre les deux systèmes de pensée. Il s’agit bien de style de leadership. Le leadership préconisé par le léninisme est un leadership collectif mené par le parti formé des prolétaires victorieux. De l’autre côté, le socialisme juché préfère un leader solitaire qui représente non seulement le peuple mais aussi le parti politique. Il s’agit bien du leadership confucéen qui a la responsabilité de s’occuper du peuple comme un père bénévole et magnanime.
En 1990, Kim Jong-il a dit ceci. «Le socialisme de notre style est enraciné dans le juché.» De plus il a dit que l’échec des partis communistes de l’Europe de l’Est est attribuable au fait qu’ils ont imité le marxisme-léninisme de l’union soviétique
D’après Kim Jong-il, le juché est une théorie révolutionnaire représentant des idées les plus développés favorisant la promotion du bien-être de la classe de travailleurs.
5.3 La purge des dissidents
Il importe de noter que la purge des dissidents s’inspire du principe du régime monolithique qui exige la zéro tolérance de l’objection contre le régime officiel du pays.
En 1948, l’année où la Corée du Nord a débuté comme un pays souveraine, il y avait, au moins, quatre groupes communistes, notamment, le groupe des Coréens russe, celui des Coréens chinois, celui de communistes sud-coréens et, enfin, celui de Kapsan qui se référaient aux patriotes qui ont battu avec grand succès contre l’armée japonaise
Chacun des ces quatre groupes voulait d’établir le régime communiste représentant les intérêts de leur pays d’adoption. Le groupe russe voulait voir l’établissement du régime communiste russe. Le groupe chinois voulait implanter le régime maoiste. Les sud-coréens voulaient installer le parti communiste sud-coréen. Enfin, le groupe Kapsan, le plus fidele à Kim Il-sung voulait établie un régime communiste correspondant à la vision de Kim Il-sung.
Au mois d’août, 1953 le procès a permis d’expulser ou exécuter les dissidents suivants: Pae Sun-choo, Li Kang-kuk, Yun Sun-tel, Li Wang-cho, Cho Yong-pok, Mueng Chung-ho, Sol Chang-sik qui étaient accusés de l’espionnage et de bien d’autres crimes.
En décembre, 1953, Park Han-young fut purgé; Park était le leader du groupe sud-coréen, Ho Kia ; le leader du groupe soviétique fut chassé ainsi que Kwon O-chik, le leader du groupe sud-coréen. De plus, Mu Chong, le leader du groupe chinois (GroupeYanan) fut chassé.
De plus, en 1956, un grand nombre de fonctionnaires furent accusés d’être espions de la Corée du sud.
6. De quelle façon peut-on évaluer le socialisme juché?
Le socialisme juché doit être évalué selon les performances des trois politiques nationales juché, notamment l’indépendance politique, l’économie autosuffisante et l’auto-défense nationale
L’indépendance de la politique : La Corée du Nord a réussi à sauvegarder son indépendance vis-à-vis la Chine et l’Union Soviétique en dépit des besoins de leurs aides économiques durant la période de la guerre froide. De plus, la famille Kim a su comment profiter de conflit idéologique sino-russe.
Pendant dix ans (1998-2008) la Corée du Nord a grandement profité d’aide de nature économique de la Corée du Sud, mais la dynastie-Kim a retenu sa politique interne intégrale sans rien concéder. Avant tout autres, la Corée du Nord a su sauvegarder son régime juché intact en dépit de pression de «regime change» imposée par les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud.
L’Économie autosuffisante : Quant à l’économie autosuffisante, le pays de juché n’a pas récolté un grand succès. Il est vrai qu’elle a tenté à développer son économie d’une manière autonome. Par exemple, elle n’a pas décidé de se joindre au COMECON, bloc économique de pays communistes. Il est vrai aussi qu’elle a exécuté une série de planifications économiques avec succès avant les années 1980, si bien que le niveau de son PIB était plus élevé que celui de la Corée du sud jusqu’à 1976.
Il est vrai aussi que dans les années 1990, la Corée du Nord avait une plus grande autonomie en pétrole, en l’électricité et en charbon au monde. La Corée du nord a inventé la fibre «vinylon» produit à partir de charbon, de calcaire.
Cependant les résultats de la politique de l’économie autosuffisante sont plutôt pauvres. En 2020, Son PIB n’était que de 40 milliard de dollars américains. La politique de l’économie autosuffisante a échoué de sauver un grand nombre de nord-coréens de la mort de faim.
Certes, s’il n’y avait pas de sanctions économiques inhumaines imposées par les États-Unis sur le Corée du Nord, la politique de l’économie autosuffisante aurait pu réussir mieux. Cependant, il faut noter que l’économie d’un pays ne peut pas se développer d’une façon autonome.
Le développement de l’économie d’un pays dépend forcément de celui des pays avec lesquels le commerce se produit. Il est à espérer que le pays du juché trouve un équilibre entre l’autosuffisance et la dépendance de son économie, quand et si les sanctions économiques seront enlevées.
Cependant, au niveau personnel, l’éducation soutenue populaire en matière de l’autosuffisance économique aurait permis au peuple nord-coréen de se nourrir sans l’appui du gouvernement moyennant du commerce illégal avec la Chine.
L’autodéfense nationale : Tout indique la dynastie Kim a réussi sa politique de l’autodéfense nationale. Une chose certaine est qu’on ne peut pas ignorer le développement incroyable de la technologie nucléaire et la production de bombes nucléaires malgré la pauvreté de l’économie et les sanctions insoutenables qui persistent depuis au moins deux décades. C’est surement un témoignage éloquent de la politique de l’autodéfense.
7. quels sont les impacts du socialisme Juché sur le mod
Ce qui est étonnant est qu’il y a des gens qui pensent que le juché est la cinquième grande religion au monde. Je ne suis point convaincu du bienfondé de cette observation. Cependant, le juché semble avoir des impacts majeurs au monde, surtout dans les pays en développement.
En 1978, le «International Institute of juche» fut établi à Tokyo. Dans les années 1960 and 1970, le Juché a exercé l’influence significative sur le Black Panther aux États-Unis.
Au cours de la période, 1972-1989, autant de 33 pays africains ont établi les centres d’études du juché. À la fin des années 1970, plus de 1000 organisme étaient établis en but d’étudier le juché.
Cependant, la popularité du juché s’est affaiblie dans les années 1990 à la suite de l’effondrement du bloque soviétique. Mais, la popularité du juché est ré-établie depuis 2000. En effet, les centres d’études du juché sont établies dans les pays suivants: le Benin, la Congo, l’Éthiopie, l’Égypte, la Guinée, la Nigéria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Tunisie et l’Uganda. Il y a un centre d’études du juche à Londres et Tokyo.
Conclusion
Pour conclure cet article relativement long, j’ai essayé de présenter le socialisme juché dans une perspective objective avec le souci de voir la Corée du Nord telle qu’elle est et non ce qu’elle doit être.
J’ai eu le plaisir de lire la littérature sur la Corée du Nord présentée par des milieux académiques et médiatiques de l’Occident. J’ai constaté qu’en général, l’image du pays de Kim Il-sung présentée dans cette littérature est négative.
Comme je l’ai expliqué ci-haut, ceci est sans doute attribuable au manque des renseignements fournis par Pyongyang, au manque de la compréhension des valeurs asiatique, au préjugé contre un régime qui est très différents par rapport aux valeurs que partage le monde libre et enfin à la propagande anti-Corée du Nord pour des fins politiques et militaires.
Pourtant, quand on examine le régime juché d’une manière objective et avec une neutralité idéologique, on arrive à trouver des réponses aux plusieurs questions pertinentes. J’ai posé ces questions et j’ai essayé de mon mieux d’en trouver des réponses.
À travers des mes recherches, Je suis arrivé aux conclusions suivantes
D’une part, le socialisme juché est un régime unique, idéaliste et même révolutionnaire conçu pour le peuple nord coréen.
Ce qui est étonnant est que le peuple nord-coréen semble satisfait du régime. De plus, ils semblent être fiers de la politique internationale indépendante, de l’autodéfense nationale et même de l’économie autosuffisante en dépit de pauvre état de l’économie.
D’autre part, quant aux pays en développement, les notions de l’autonomie, de l’indépendance, de l’autosuffisance et de l’autodéfense sont très attrayantes pour eux qui souffrent du néo-colonialisme en Afrique.
Enfin, le socialisme juché est une expérience humaine unique d’un régime où le peuple obéit le leader autoritaire non pas par peur mais par respect et même par affection.
C’est un phénomène unique qui puisse être pertinente dans le monde actuel où on n’a plus des régimes de valeurs universels.
Il est à espérer que chaque pays trouve un régime qui est compatibles avec des conditions locales et qu’il trouve un leader national qui aime le peuple.
Joseph H. Chung
Image en vedette : Capture d’écran. Coréenne devant une stations du métro de Pyongyang (décorée d’une fresque patriotique).
Monsieur Joseph H. Chung est professeur des sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est Chercheur Associé de Centre de Recherches sur la Mondialisation (CRM).
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