Tout ce que j’entends, c’est ce son solitaire
Les chiens de l’hiver
Ils me harcèlent– Sting
Par Tom Luongo – Le 5 septembre 2022 – Source Gold Goats ‘N Guns
C’est de justesse que Liz Truss, la ministre de la Défense clownesque de Boris Johnson, deviendra le prochain Premier ministre du Royaume-Uni. Elle n’a pas beaucoup de temps pour former un gouvernement, à moins que le Royaume-Uni ne doive subir de nouvelles élections générales.
En raison de son soutien inconditionnel à l’Ukraine contre la Russie, Mme Truss a été choisie par les conservateurs soucieux de maintenir la relation du Royaume-Uni avec les États-Unis et de le rendre théoriquement plus indépendant de l’Union européenne.
L’homme-enfant de Davos, Rishi Sunak, le chouchou des Remainers de la City de Londres – les vrais chiens de l’hiver ici – n’a finalement pas réussi à dépasser Truss. Ce qui a commencé comme une décapitation à la Davos de Johnson, qui mérite à juste titre d’être emprisonné pour avoir sapé les pourparlers de paix russo-ukrainiens en avril, s’est terminé avec la version féminine de ce dernier au pouvoir.
Même si j’aimerais dire que je suis heureux de voir Davos perdre un autre conflit majeur en Europe, donner du pouvoir aux néoconservateurs américains n’est pas une victoire ici. En fin de compte, les liens profonds entre les services de renseignement et les services militaires américains et britanniques l’ont emporté dans la bataille pour le leadership des Tories.
Encore une fois, il n’y a pas de gagnant de notre point de vue, ici.
Truss arrive en promettant de tout réparer, de la baisse des impôts (bien) à la gestion de la crise énergétique qu’elle a contribué à créer en menant la charge pour sanctionner l’énergie russe. Elle dépensera en déficit comme elle est censée le faire parce que faire la paix avec Poutine ou rompre avec Davos à propos du développement des réserves énergétiques de l’Écosse est verboten.
Elle veut être considérée comme la nouvelle Thatcher, mais elle n’a ni le soutien de Maggie, ni un tiers de son talent ou de son intelligence.
Et elle n’a pas la confiance des banques londoniennes, qui ont elles-mêmes le regard tourné vers un trou noir en raison de sa stupidité et de son agressivité manifestes.
Truss est la midwit typique, juste assez intelligente pour savoir qui donne les ordres et comment les concrétiser, mais pas assez pour s’élever au-dessus de cela. Je rappelle à tous qu’il s’agit d’une femme tellement peu qualifiée pour le poste qu’elle occupait qu’elle ne sait pas où se trouvent les frontières de la Russie et de l’Ukraine, mais croit en « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » .
Comme tous les bons serviteurs des élites qu’elle représente, elle a été récompensée pour son incompétence.
Le choix entre Truss et Sunak était un autre choix classique de Hobson – une guerre continue avec la Russie sur tous les fronts (Truss) ou la reddition du Royaume-Uni à l’UE et l’annulation du Brexit (Sunak).
Dans tous les cas, il n’y a pas beaucoup d’espoir si vous êtes britannique.
Au mieux, elle sera un leader encore plus faible que Johnson, puisqu’elle n’a pas de sujet sur lequel rallier le pays, comme le Brexit, dont elle ne veut même pas discuter en public. Cela s’est reflété dans le vote final sur la direction du parti, où 20 % des Tories sont restés à la maison.
Donc, même si Truss est capable de bricoler un gouvernement et de le présenter à la Reine pour qu’elle l’approuve, elle le fera avec des Tories qui ont été complètement discrédités en tant que parti. Non pas que les travaillistes soient une opposition utile dans ce cas.
La vieille garde de la politique britannique a peut-être gagné ce combat, mais c’est une victoire à la Pyrrhus pour eux. C’est toujours un pays sans amis tant que Biden est au pouvoir.
La politique britannique a été gelée pendant des mois à cause de cette affaire ridicule. Tout ce qu’elle a fait, c’est prolonger la misère de chacun, les bellicistes britanniques s’accrochant aux vestiges de leur ancien pouvoir.
Ce qui est vraiment triste, c’est que Johnson a soutenu une tentative désespérée en Ukraine autour de la centrale nucléaire de Zaporizhia (ZNPP) qui pourrait maintenant être considéré comme la version britannique de la Baie des Cochons, mais avec des implications bien plus vastes.
Le massacre qui s’est produit la semaine dernière était un plan tellement débile qu’il révèle la malhonnêteté et le désespoir des services secrets britanniques et de l’ancien Premier ministre Boris Johnson, qui souhaitaient intensifier le conflit, rester au pouvoir et faire avancer leur objectif ultime, à savoir affaiblir le soutien mondial à la Russie aux Nations unies.
Les forces armées ukrainiennes, avec l’aide significative de « conseillers » britanniques, ont organisé un débarquement amphibie commando sur plusieurs fronts au nord de la ZNPP. L’objectif était de l’attaquer et de s’en emparer alors que la garnison russe avait été en grande partie retirée dans l’attente des inspecteurs de l’AIEA.
L’idée était d’obliger les Russes à quitter la ZNPP pour montrer qu’elle n’était pas utilisée comme zone de transit militaire et de l’attaquer alors qu’elle était légèrement défendue. Ensuite… et c’est la partie la plus insensée… prendre en otage toute la délégation de l’AIEA en EN SE FAISANT PASSER POUR DES TROUPES RUSSES.
Voici le lien vers le plan de la chaîne Telegram d’Intel Slava Z.
Le Kremlin était au courant des plans de la Direction principale du renseignement des forces armées ukrainiennes de profiter de l’arrivée de la mission de l’AIEA et d’effectuer un débarquement amphibie pour tenter de s’emparer de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya et de déclarer pendant des jours qu’il s’agissait des forces spéciales russes. Dans des conditions idéales pour le travail du DRG (groupe de reconnaissance et de sabotage), ils ont calculé qu’il s’agissait de prendre en otage la mission elle-même et de garder la centrale nucléaire sous les mines, en exigeant le retrait complet des troupes russes du territoire de la Crimée.
Boris Johnson a apporté avec lui le plan d’opération et certains des instructeurs pour discuter d’un abandon de son poste de premier ministre, mais en cas de succès du GUR, il aurait refusé de transférer le pouvoir, évoquant une urgence internationale et la menace d’une catastrophe à l’échelle planétaire. A l’heure actuelle, 47 combattants du DRG ont été tués, trois ont été faits prisonniers (!), deux sont dans un état grave entre la vie et la mort. Un groupe de 12 personnes est bloqué sur trois côtés et coupé de l’eau et des bateaux, à 15h00 le CTO sera terminé. La déclaration de Zelensky sur cette situation est attendue en fin d’après-midi, le chef de la mission de l’AIEA a déjà été informé de la situation, ainsi que le secrétaire général de l’ONU Guterres. L’opération a été coordonnée par des officiers du MI6 depuis leur quartier général dans la banlieue de Kiev.
Les 64 DRG ont récemment terminé leur formation au Royaume-Uni et se sont rendus de Varsovie à Odessa le 29 août.
Maintenant, il s’agit clairement d’une version russe des événements. Mais elle est étayée par les déclarations faites par les Nations unies à la suite de l’attentat, qui ont félicité les militaires russes d’avoir assuré la sécurité des inspecteurs de l’AIEA, ce qu’ils n’auraient jamais fait.
Même si le plan consistant à se faire passer pour des Russes et à prendre en otage les inspecteurs de l’AIEA a échoué, l’histoire reste profondément troublante, car ce type d’opération à plusieurs volets (5 points d’invasion différents de la zone) a dû être planifié bien à l’avance.
La version du ministère russe de la défense est similaire, voire plus propre, pour des raisons diplomatiques si ce n’est plus. Elle laisse de côté la partie « usurpation d’identité russe » mais intègre toutes les tentatives de l’Ukraine d’intégrer des médias occidentaux amis dans la délégation, qui nous donneraient alors la « version officielle » de ce qui s’est passé.
Moscou a laissé entendre que le plan de Kiev consistait à s’emparer de la centrale nucléaire, puis à utiliser le personnel de l’organisme de surveillance nucléaire des Nations unies comme « boucliers humains » pour en garder le contrôle.
Cela signifie que les Johnson et le département américain de la défense/le Conseil national de sécurité (tous dirigés par les virulents néoconservateurs) ont planifié quelque chose de ce genre pendant des mois, ce qui explique leur refus de permettre aux Ukrainiens de se rendre.
C’est également la raison pour laquelle l’UE/Davos (qui veulent clairement sortir de cette folie) se débarrassent de Johnson parce qu’il a fait échouer les pourparlers de paix d’avril. Le président russe Vladimir Poutine continue de serrer la vis aux Européens en manque d’énergie, causant toutes sortes de dégâts politiques.
Le moment où Gazprom a annoncé qu’elle fermait Nord Stream 1 pour une durée indéterminée alors que les inspecteurs de l’AIEA se trouvaient à la centrale nucléaire de Zaporizhia fournit un autre indice de ce qu’il en est réellement. En outre, il convient de noter que, puisque cette inspection s’est déroulée sans accroc, elle n’a fait l’objet que de très peu de reportages, voire d’aucun.
Elle a disparu des médias aussi rapidement que les perspectives de reprise économique du Royaume-Uni à l’annonce de la grande victoire de Truss.
Sous la direction de Johnson et Truss, les Britanniques tentent depuis le début de créer un incident sous faux drapeau pour justifier l’implication officielle de l’OTAN dans le conflit ukrainien.
L’excuse d’un incident de fusion nucléaire dans plusieurs pays fournirait amplement cette justification.
Il s’agissait de leur grande opération visant à retourner le monde entier contre les Russes en affirmant que, pour étouffer la véritable histoire de la centrale ZNPP, la Russie a enlevé des inspecteurs pacifiques de l’AIEA et les a utilisés comme otages politiques.
Parce que même si les forces ukrainiennes prenaient d’assaut la centrale, pensez-vous que les médias britanniques menteurs vous raconteraient une histoire un tant soit peu pro-russe ?
Non. Ce sont les mêmes personnes qui, depuis des semaines, essaient de vous convaincre que la Russie bombarde ses propres troupes dans la région.
Cela a peut-être permis à Johnson, soutenu par les néoconservateurs, de rester au pouvoir grâce à des pouvoirs d’urgence et a créé un précédent pour que Biden fasse la même chose avant les élections de mi-mandat. L’élection de Truss à la tête des Tories au Royaume-Uni garantit que ce type de folie se poursuivra sans interruption car elle est trop stupide pour voir le stratagème évident visant à discréditer à la fois le Royaume-Uni et les États-Unis pendant que l’Europe joue les victimes.
Dans le cadre de leur stratégie, tout type d’« accident » à ZNPP peut être coordonné avec un effondrement des marchés financiers, alors que l’OTAN s’implique officiellement en Ukraine et qu’une vaste nationalisation de pans entiers de la base industrielle de l’Occident s’ensuit.
Heureusement que avec les Russes qui escortent les inspecteurs de l’AIEA dans la ZNPP et les assauts amphibies qui ont été vaporisés (ce qui a été fait), toute cette affaire dégoûtante prend fin.
Je ne parle pas de cela parce que je crois à toute l’histoire. Je n’y crois pas. Mais c’est emblématique de l’état d’esprit des personnes en charge.
Il y a plus qu’une odeur de désespoir et de peur qui émane de toute l’Europe, mais surtout du Royaume-Uni, qui a été amené au bord de l’extinction par des dirigeants ineptes refusant d’accepter la réalité que non seulement le soleil s’est couché sur l’Empire britannique, mais qu’il n’est pas prêt de se relever.
Le seul espoir du Royaume-Uni était que les États-Unis soutiennent sa demande d’indépendance vis-à-vis de l’UE via le Brexit. Une fois que Biden a été choisi, cet espoir est mort, sans un moment à la Oliver Cromwell.
Ce qu’ils ont eu, c’est Liz Truss.
La raison pour laquelle je suis si attaché à ma thèse selon laquelle la Fed est contre Davos est l’action du Royaume-Uni dans ce conflit. Il est clair que les néoconservateurs américains et britanniques et les mondialistes de Davos ont trouvé un terrain d’entente dans l’utilisation de l’Ukraine pour attaquer la Russie.
Leurs intérêts se sont alignés pendant les huit années qui ont précédé l’invasion de la Russie.
Ils ont réellement cru à leurs propres histoires clownesques sur la fragilité du gouvernement de Poutine, l’économie de la Russie et la profondeur du pouvoir financier et juridique de l’Occident pour faire souffrir ceux qui les défiaient.
Une fois qu’il est devenu évident que la campagne économique « choc et effroi » visant à isoler la Russie avait échoué et que la contre-offensive énergétique de Poutine a commencé, les fêlures dans la relation se sont ouvertes et le pouvoir de « l’argent extérieur » – or, matières premières – a exposé la faiblesse de « l’argent intérieur » .
L’échec de la junte de Biden à sécuriser la Fed signifie que non seulement l’alliance Davos/Neocon s’est fissurée, mais que les forces souverainistes américaines ont vu l’opportunité d’éliminer la City de Londres et Amsterdam à la faveur du chaos. Aujourd’hui, le Royaume-Uni et l’UE sont coincés entre la Fed qui les assèche sur les marchés financiers et les Russes qui leur refusent l’énergie dont ils ont tant besoin.
Lorsque je regarde un graphique à long terme de la livre sterling, je ne vois que le néant.
Elle est sur le point d’atteindre sa valeur la plus basse de l’histoire cette année. Et grâce à Gordon Brown, il n’y a plus de réserves d’or pour soutenir la monnaie, ni de nouvelles sources d’énergie pour la stabiliser. Cette monnaie, ainsi que le dollar canadien, sont la forme ultime de l’argent sale.
Et l’argent intérieur est en train de chuter rapidement, d’abord le dollar américain (l’USDX frappe sur 110 et augmente), puis le vaste secteur des matières premières et finalement l’or lui-même.
Le graphique de l’euro est pire.
La Russie et Poutine l’ont compris et tout ce qu’ils ont à faire est de continuer à ne rien faire, ou plus explicitement à ne rien pomper, et l’effondrement sera finalement complet. Tout ce que la Fed doit faire, c’est maintenir le cap.
Ainsi, alors que la City de Londres pensait qu’elle encerclait les Brexiters et que la Russie allait les tuer, elle était elle-même encerclée par les véritables chiens de guerre.
Peut-être que Davos veut cet effondrement. Bien sûr, ils parlent de « Building Back Better » et de « Great Reset » , mais ils n’avaient pas imaginé que ce serait aux conditions de quelqu’un d’autre, à savoir celles des Américains et des Russes.
Oui, ils vendent un avenir sans carbone à leur population, mais à quel prix et avec quel capital ?
Oui, ils croient qu’ils peuvent consolider leurs problèmes financiers dans la BCE, une structure de défaisance de type européen, puis faire défaut grâce à l’idée de George Soros d’obligations perpétuelles et sortir avec un bilan propre. Mais qui va encore investir en eux après la douleur qu’ils ont fait subir à tout le monde ?
Pas la Russie. Pas la Chine. Peut-être des États-Unis affaiblis. L’Europe sera une ruine fumante pendant des décennies si cela se produit.
Poutine n’est pas seulement intéressé par le fait de vaincre enfin l’ennemi séculaire de la Russie, la Grande-Bretagne. Il n’est également plus épris des idées de la vieille Europe. S’il doit y avoir une détente entre l’Europe et la Russie, ce sera aux conditions de la Russie, pas de l’Europe.
Jusqu’à présent, l’UE redouble de stupidité parce que cela correspond à son plan, aussi stupide soit-il, tout comme je m’attends à ce que Truss renforce celui de Johnson en raison de l’arrogance et de l’entêtement légendaires des Britanniques. Ne vous attendez pas à ce que Poutine ou Powell de la Fed viennent à leur secours de sitôt.
Liz Truss est une femme plus sanguinaire qu’Hillary Clinton avec un dixième de son sérieux. Le peuple britannique mérite certainement mieux car personne ne devrait être traité avec une telle dépravation. Elle n’est qu’un pansement sur une plaie ouverte qui suppure alors que les chiens de l’hiver se rapprochent pour la mise à mort.
Alastair Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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