Test de certification en français écrit pour l’enseignement
La démission silencieuse, un malaise sociétal
Comment peut-on concevoir que la langue française, notre langue maternelle, puisse être perçue, par des étudiants en sciences de l’éducation, comme la « bête noire » de leur programme d’études? À preuve, dans certaines universités, près d’un futur professeur sur cinq doit retarder sa formation parce qu’il a échoué au Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) que les futurs profs doivent réussir pour obtenir leur brevet d’enseignement.
Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre dans l’enseignement, certains étudiants proposent de diminuer le degré de difficulté du test. En bref, un nivellement par le bas. Autrement dit, comme on manque de profs, on va former des profs moins compétents. Ce serait une bien mauvaise décision qui aurait pour effet de pénaliser les étudiants sur les bancs d’école… Et qui sait, certains de ceux-ci aspireront peut-être un jour devenir enseignants!
Mais revenons au coeur du problème, soit le pourcentage élevé d’échecs des futurs profs au TECFÉE. Nonobstant le fait que la langue française comporte un certain degré de difficulté, j’en conviens, je conçois mal que l’enseignement de la grammaire et de la syntaxe soit pratiquement éliminé du curriculum de l’élève dès la quatrième secondaire où l’accent est davantage investi sur la littérature. Même situation au Cégep.
Il n’est donc pas surprenant, pour des élèves qui ont très peu été initiés à soigner la qualité de leur français écrit, de frapper le mur lorsqu’ils sont confrontés au Test de certification en français écrit. Dans ces circonstances, il m’apparaît urgent que les contenus de cours en français, à partir de la quatrième secondaire jusqu’au Cégep, intègrent des notions grammaticales et syntaxiques essentielles à l’apprentissage du français écrit. En agissant ainsi, le taux de réussite au TECFÉE ne pourra qu’être augmenté… et cela, sans avoir à opérer un nivellement par le bas.
La démission silencieuse, un malaise sociétal
Parallèlement à la pénurie de main-d’oeuvre qui sévit au Québec depuis des mois, on observe un phénomène qui tend à se développer de plus en plus sur le marché du travail, à savoir la démission silencieuse qui consiste à se limiter aux exigences minimales de son emploi, quitte à le quitter sans préavis si les conditions de travail ne répondent pas aux critères de l’employé.
À prime abord, sous-jacent à ce phénomène, se dessine une tendance marquée chez la dernière génération qui consiste à considérer dans son plan de vie plusieurs valeurs, telles la vie sociale, les loisirs, la vie familiale et… le travail, au contraire des générations antérieures qui plaçaient le travail au centre de leurs valeurs privilégiées. Un phénomène nouveau auquel je souscris entièrement eu égard à l’équilibre qu’il sous-tend.
Toutefois, ceci étant dit, je ressens de fortes réticences sur le côté égocentrique de la démission silencieuse d’un employé qui profite de la pénurie de main-d’oeuvre pour manipuler l’employeur en faisant preuve de minimalisme à son travail.
D’un autre côté, je suis d’avis que l’employeur, en raison de son aplaventrisme servile devant son employé, ne fait que contribuer à ce que la situation se dégénère davantage, et crée un climat malsain au sein de l’équipe de travail. En conséquence, à mon avis, je crois que l’employeur doit informer clairement le postulant des conditions de travail auxquelles il devra répondre à défaut de quoi il sera renvoyé.
En réalité, dans l’hypothèse où nous tolérons la démission silencieuse au travail, sommes-nous en train de substituer, dans le milieu du travail, une génération d’enfants-rois à un phénomène d’employés-rois?
Henri Marineau, Québec
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