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par Karine Bechet-Golovko.
Il y a quelques jours de cela, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU chargée des questions des violences sexuelles en conflit était de passage à Paris et a donné des interviews. Évidemment sur le conflit ukrainien et évidemment contre la Russie. Celle-ci utiliserait le viol comme technique de guerre et doperait ses soldats au viagra, pour en faire manifestement, dans la fantasmagorie malsaine néoféministe, des verges armées en mouvement. Plus sérieusement, cette technique avait été utilisée contre la Libye de Kadhafi et il semblerait que l’ONU, organe de gouvernance politique du monde global, précise encore une ligne d’attaque, bien rôdée, dans sa guerre contre la Russie, tout en participant à la constitution de la figure de l’ennemi.
En 2009, la résolution 1888 du Conseil de sécurité de l’ONU, présentée par Hillary Clinton, prévoyant la création du Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU chargée des questions des violences sexuelles en conflit, est adoptée à l’unanimité. Cette résolution est donc soutenue également par la Russie, alors en pleine course vers le monde merveilleux global. Ce sont justement dans ces années-là, qu’un grand nombre de réformes nélibérales ont été initiées en Russie et surtout que la ligne, jusque-là non remise en cause, de l’intégration de la socité civile (c’est-à-dire de la partie activiste minoritaire de la société) dans les mécanismes de prise de décision politique a été imprimée.
Cette résolution permet entre autres de renforcer les mécanismes de coopération entre l’ONU et les acteurs intéressés (points 4 et 5) et au point 6 :
« Engage les États à opérer sans attendre, en conformité avec le droit international, les réformes globales du droit et de la justice qui seraient nécessaires pour que ceux qui commettent des violences sexuelles au cours de conflits soient traduits en justice ».
Autrement dit, sans attendre qu’une base légale existe au niveau national, sur la base de cette résolution, il est possible d’engager une procédure internationale dans le cadre de l’ONU.
Point 7 :
« Engage toutes les parties aux conflits à s’assurer que toutes informations faisant état de violences sexuelles commises par des civils ou par des personnels militaires donnent lieu à une enquête approfondie, que ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des actes soient traduits en justice et que, conformément au droit international humanitaire, les supérieurs hiérarchiques civils et les commandants militaires usent de leur autorité et de leurs pouvoirs pour prévenir les violences sexuelles, notamment en combattant l’impunité. »
Ainsi, l’ONU a une plateforme pour lancer une procédure contre un État, qui serait accusé d’utiliser le viol comme technique de guerre. Et ça tombe à pic, puisque la Russie l’est désormais.
Lors de son passage à Paris, la représentante spéciale de l’ONU en charge de cette question, Pramila Patten, juriste et activiste féministe, a fait plusieurs déclarations, grossières dans leur fondement, mais tel est son rôle – démoniser l’ennemi.
L’on apprend ainsi que non seulement la Russie pratique le viol de manière systématique en Ukraine, mais les soldats russes sont shootés au viagra.
« Les viols, actes de mutilation et agressions sexuelles attribués aux forces russes en Ukraine constituent « une stratégie militaire » et « une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes », a estimé la représentante spéciale de l’ONU Pramila Patten, dénonçant « des cas horribles et des violences très brutales ». »
La déclaration n’est pas très originale, puisque ici aussi, les représentants de l’ONU ne font que reprendre les déclarations de Zelensky, faites dès le retrait des forces russes. Et ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Patten de préciser à France 24 :
« Quand des femmes sont détenues pendant des jours et violées, quand vous commencez à violer des petits garçons et des hommes, quand vous voyez une série de mutilations génitales, quand vous entendez des femmes témoigner sur des soldats russes équipés de Viagra, c’est clairement une stratégie militaire », a-t-elle déclaré.
La technologie de la déshumanisation de l’ennemi est classique en période de conflit – si votre ennemi n’est pas humain, vous pouvez le tuer, le détruire. Ce n’est plus un humain, donc c’est légitime. Le discours « viagra » avait déjà été utilisé dans les mêmes termes à l’encontre de l’armée de Kadhafi par la même institution :
Quand une institution reprend également les mêmes technologies, dans un conflit où elle est impliquée, « c’est clairement une stratégie militaire », comme dirait notre amie Pramila. Et cette stratégie permet de tirer deux lièvres à la fois : elle démonise suffisamment l’ennemi (le soldat russe, qui est un monstre) et elle sert de base, factuellement grossière mais suffisante, à une instance internationale. Et le New York Times s’emballe ce matin sur le sort de trois femmes, qui auraient été victimes des Russes à Boutcha. What else ?
Il est vrai qu’en arriver là est plutôt un signe de faiblesse – ils ont du mal à trouver quelque chose de vraiment sérieux. Donc, viagra – puisqu’une femme l’affirme. Toutefois, dans ce contexte de conflit armé ouvert et montant, ce sont parfois les coups les plus bas, qui peuvent être les plus efficaces, même s’ils ne changeront rien aux victoires réelles, c’est-à-dire militaires. Et puisque la Russie a échangé une centaine de nazis d’Azov contre Medvedchuk, elle aura beaucoup de mal à répondre sur ce terrain-là, l’importance d’une stratégie juridique n’a pas encore été comprise en Russie.
source : Russie Politics
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