« On n’acceptera pas de se faire dire non », répond la CAQ à Trudeau

« On n’acceptera pas de se faire dire non », répond la CAQ à Trudeau

La Coalition avenir Québec (CAQ) persiste dans son objectif de soutirer plus de pouvoirs au fédéral en immigration malgré la fin de non-recevoir décrétée mercredi par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

Les députés et les candidats défaits du nouveau gouvernement se sont rassemblés jeudi à Brossard, en banlieue de Montréal, pour leur premier caucus postélectoral à la suite de la victoire historique du parti lundi soir.

« Si les Québécois veulent que le gouvernement du Québec ait plus de pouvoirs en immigration, il n’y a personne qui va pouvoir résister à ça », a déclaré le premier ministre, François Legault, à sa sortie de l’évènement.

Le chef de la Coalition avenir Québec a alors réitéré qu’il entendait faire de cet enjeu « une priorité » durant la prochaine campagne électorale fédérale qui pourrait avoir lieu seulement en 2025.

Continuer les discussions

Plus tôt, la ministre responsable des Relations canadiennes sortante, Sonia LeBel, avait affirmé qu’elle voyait une ouverture à la discussion dans les récents propos du premier ministre canadien selon lesquels le Québec est frappé par une grave pénurie de main-d’œuvre dont l’immigration représente un élément important de solution.

Or, mercredi, le premier ministre Justin Trudeau avait aussi fermé la porte à la possibilité d’accorder plus de pouvoirs au Québec en matière d’immigration. La province a déjà tous les outils pour choisir la très grande majorité des immigrants qui arrivent sur son territoire, croit-il.

Justin Trudeau tentait ainsi de couper court à toute forme de négociations visant à transférer de nouveaux pouvoirs au Québec en immigration, comme l’a évoqué durant la campagne électorale le premier ministre du Québec comme moyen de renverser le déclin du français dans la province.

« On n’acceptera pas de se faire répondre non », a ajouté plus tard Sonia LeBel, en réponse à une question posée en anglais.

Un gouvernement nationaliste

Pour la vice-première ministre sortante, Geneviève Guilbault, le choix des Québécois d’envoyer un gouvernement majoritaire de la CAQ à l’Assemblée nationale doit être entendu par « tous les partis fédéraux ».

On vient de faire élire encore plusieurs députés. On forme un gouvernement nationaliste, les Québécois ont choisi à nouveau un gouvernement nationaliste, incluant ces revendications-là [qui sont] bien connues.

Geneviève Guilbault, vice-première ministre du Québec sortante

Durant la campagne électorale au Québec, François Legault a évoqué l’idée de tenir un référendum sectoriel sur l’immigration pour forcer la main au gouvernement Trudeau. Le chef de la CAQ souhaite maintenir le seuil de nouveaux arrivants que le Québec accueille chaque année à 50 000.

Actuellement, l’immigration est une compétence partagée entre Québec et Ottawa. Le gouvernement provincial peut choisir des immigrants dits « économiques », mais c’est le fédéral qui s’occupe entre autres du « regroupement familial ». François Legault aimerait rapatrier ce dernier pouvoir dans sa cour.

Après avoir décroché le mandat fort qu’il voulait, le chef de la CAQ compte maintenant passer à la deuxième étape de son plan : tendre la main à l’opposition et mobiliser les Québécois afin de convaincre le fédéral de lui céder ce pouvoir.

Rappelons que durant la campagne, il a tenu des propos controversés en faisant un lien maladroit entre l’immigration et la violence au Québec. François Legault a ensuite présenté ses excuses.

Trudeau réitère son opposition

Le mandat fort qu’a obtenu la CAQ lundi n’a pas semblé ébranler le premier ministre du Canada. Jeudi, en Chambre, M. Trudeau a de nouveau affirmé que son gouvernement ne céderait pas aux demandes de Québec.

La réalité, c’est que le Québec dispose déjà d’énormément de pouvoirs en matière d’immigration, plus que n’importe quelle autre province.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« La réalité, c’est qu’ils pourraient accueillir bien plus d’immigrants qu’ils le font déjà, ils pourraient assurer qu’ils parlent tous français. Ils ont toutes sortes de pouvoirs », a-t-il rétorqué en réponse aux questions du Bloc québécois.

« L’an dernier, nous avons accueilli plus de 50 000 nouveaux résidents permanents au Québec, et nous allons toujours travailler de près avec le gouvernement du Québec pour accueillir des immigrants, pour assurer la croissance de l’économie et assurer la richesse continue de la langue française et de la culture québécoise », a-t-il aussi lancé.

Avec la collaboration d’Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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