Comment les Mongols ont conquis les terres russes

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par Boris Egorov.

Une armée orientale incroyablement nombreuse, bien entraînée et cruelle a non seulement ruiné le pays, mais a également enchaîné pendant plusieurs siècles la conscience du peuple russe par la terreur.

Taizu, nom chinois de Gengis Khan. Portrait rogné d’une page d’un album représentant plusieurs empereurs Yuan (Yuandjai di banshenxiang) Musée national du Palais à Taipei

« À cause de nos péchés, des peuples inconnus, Moabites impies, sont venus, dont personne ne sait exactement qui ils sont et d’où ils viennent, quelle est leur langue, de quelle tribu ils sont, et quelle est leur foi » : c’est ainsi qu’un chroniqueur a décrit la première apparition près des frontières russes des troupes mongoles, survenue en 1223. L’invasion de la Russie, cependant, n’était pas prévue par les Mongols à ce moment-là. La campagne des commandants Subotai et Djebé dans la plaine d’Europe de l’Est s’apparentait plus à une mission de reconnaissance qu’à une conquête.

Après avoir traversé les montagnes du Caucase, l’armée mongole forte de 30 000 hommes a atteint les steppes s’étendant au nord de la mer Noire et a frappé les tribus nomades polovtsiennes de langue turcique, derrière les terres desquelles se trouvaient les principautés russes. Bien que les relations des princes russes avec ces voisins fussent loin d’être idéales, ils décidèrent de répondre à l’appel à l’aide du khan polovtsien Kotian et d’opposer aux Mongols un front commun.

Kalka, 1996, Pavel Ryjenko.

La bataille sur la rivière Kalka (sur le territoire de l’est de l’Ukraine actuelle) qui a eu lieu le 31 mai 1223 s’est terminée par une défaite humiliante pour l’armée russo-polovtsienne : seulement un guerrier sur dix a survécu, au moins neuf princes sont morts, ainsi qu’un grand nombre de boyards de haute lignée. Les causes de la catastrophe étaient la sous-estimation des forces de l’ennemi, l’absence de commandement unifié et l’incohérence des actions des chefs militaires.

Après la victoire, les Mongols ont avancé vers l’est, et au fil des ans, la terreur qu’ils avaient instillée dans le cœur du peuple russe a progressivement commencé à s’estomper. En 1237, le puissant empire se rappela néanmoins au souvenir des habitants. La campagne occidentale à grande échelle sous le commandement du petit-fils de Gengis Khan, Batu, et de Subotai, qui connaissait bien la région, a impliqué 14 princes descendants directs de Gengis Khan, chacun avec 10 000 cavaliers sous leurs ordres. Selon une autre version, le nombre de soldats mongols ne dépassait pas 40 000. 

Troupes mongoles près d’une catapulte. Miniature de la chronique de Rashid al-Din, 1307.

Quoi qu’il en soit, c’est une masse colossale de guerriers pour cette époque, maîtrisant parfaitement l’équitation et le tir à l’arc, et qui s’était renforcée grâce à un arsenal diversifié d’armes de siège pris à la Chine conquise, qui s’est abattue sur l’ouest. Elle faisait face aux forces dispersées des principautés russes, toujours en querelle et incapables de s’unir, même face à un danger aussi terrible.

Sur le chemin des Mongols se trouvait la principauté de Riazan, qui a demandé l’aide de ses voisins : les principautés de Vladimir-Souzdal et de Tchernigov. La première, cependant, a tergiversé avec l’envoi de ses troupes et la seconde a carrément refusé en raison du fait que Riazan n’avait pas participé au conflit contre les Mongols en 1223.

Copie d’après l’œuvre d’E.I. Dechalyt Défense de Riazan.

Malgré ce manque de soutien, le peuple de Riazan a décidé de résister et, devant l’ultimatum des Mongols qui exigeaient un dixième de toutes leurs richesses, ils ont répondu : « Si nous disparaissons tous, alors tout sera à vous ! » La ville tombe le 21 décembre 1237 après un siège de cinq jours. « Et pas un seul être vivant n’est resté dans la ville, tout le monde est mort en même temps, buvant simultanément la tasse de la mort. Il n’y avait là ni gémissements ni pleurs : ni père et mère pour les enfants, ni enfants pour le père et la mère, ni frère pour le frère, ni parents, tous gisaient ensemble. Et tout cela est arrivé pour nos péchés ! », lit-on dans la Chronique de la ruine de Riazan par Batu.

Le 1er janvier 1238, lors d’une bataille près de la ville de Kolomna, les Mongols ont vaincu une armée de Vladimir qui venait au secours de Riazan. Cependant, les envahisseurs ont subi une important perte ce jour-là. L’éminent chef militaire Kulkhan, l’un des fils de Gengis Khan et unique gengiskhanide décédé pendant la campagne contre la Russie, est tombé dans la bataille.

Evpati Kolovrat

Au cours de la marche des Mongols, la « petite escouade » du noble de Riazan Evpati Kolovrat, arrivée en retard pour le siège de sa ville natale, a soudainement attaqué. Avec de petites forces, Kolovrat a réussi à porter des coups douloureux à l’armée ennemie et même à détruire son arrière-garde. Batu lui-même a attiré l’attention sur le brave guerrier. Après la mort d’Evpati au combat, le khan admiratif a ordonné que son corps soit remis aux Riazaniens capturés et que ces derniers soient libérés.

Les Mongols ont marché avec le feu et l’épée à travers les terres de la principauté de Vladimir-Souzdal, dévastant un certain nombre de villages et de villes, dont Moscou. Le 7 février, la capitale de la principauté, Vladimir, est également tombée, tandis que la famille du souverain, Iouri Vsevolodovitch, a péri dans un incendie. Le grand-duc lui-même n’était pas dans la ville à ce moment-là. Il rassembla ses forces sur la rivière Sit, où il mourut avec presque toute son armée le 4 mars, après avoir été vaincu par le commandant Boroldai. Ainsi, tout le nord-est de la Russie était aux mains des Mongols.

Grand-duc Iouri II Vsevolodovitch. Après la mort de son frère, il occupa le trône de grand-duc. Iouri II Vsevolodovitch est mort sur les rives de la ville, lors de la deuxième invasion des Mongols, et a été retrouvé par l’évêque Kirill de Rostov au milieu d’un tas de cadavres décapités. 1896, Vassili Verechtchaguine.

La lutte contre la puissante Vladimir a épuisé les envahisseurs, dont l’offensive a progressivement commencé à s’enliser. Batu n’a pas pris de risques et n’a pas attaqué le grand centre commercial Novogorod, ses troupes ont été repoussées de Smolensk, et la petite ville de Kozelsk a dû être assiégée pendant plus de 50 jours. Quand elle a finalement été prise, le khan fou de rage a ordonné de tuer tous les habitants (selon la chronique, le prince de douze ans Vassily a été « noyé dans le sang »), et la « ville maléfique » a été rasée.

Les Mongols avaient besoin d’une pause, et ils n’ont repris leur attaque sur les terres russes que l’année suivante. Cette fois, les principautés du sud ont été vaincues. Le 3 mars 1239, Pereslavl, qui était considérée comme imprenable, est prise, Tchernigov subit le même sort le 18 octobre et le 6 décembre, Kiev tombe. « Cette ville jadis très grande et très peuplée est maintenant réduite à presque rien : il y a à peine deux cents maisons là-bas… », écrit le franciscain italien Jean de Plan Carpin, qui a visité l’ancienne capitale de la Rus’ de Kiev en 1245. Après avoir dévasté les terres de Galicie et de Volynie, les Mongols ont envahi la Hongrie et la Pologne. 

Baskaks, 1909, Sergueï Ivanov.

La Rus’ a subi une terrible défaite : un grand nombre de personnes ont été tuées ou faites prisonnières, 49 des 74 villes connues ont été détruites, 14 d’entre elles n’ont jamais été reconstruites, 15 autres ont été transformées en petits villages. Un coup dur a été porté à l’économie et à la culture – de nombreux manuscrits précieux ont brûlé dans des incendies, de nombreux temples ont été changés en ruines.

Le puissant État mongol de la Horde d’or, qui s’étendait de la Crimée à la Sibérie, n’occupait pas les terres russes, mais y établissait son pouvoir politique et économique. Désormais, les khans décidaient qui régnerait en Russie et comment, et les princes étaient forcés de s’adresser à eux afin d’obtenir des autorisations pour régner sur leurs propres terres.

source : Russia Beyond
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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