Pour connaître ses amis, il est nécessaire de passer par le succès et le malheur. Dans le succès, nous vérifions la quantité et dans le malheur la qualité. Je propose à Philippe Gautier un marché gagnant-gagnant entre l’Algérie et la France. L’Algérie peut vendre quelques tonnes de terres rares à la France et c’est aux français qui maitrisent la technologie de faire l’extraction chimique chez eux.
La citation du célèbre philosophe chinois Confucius est valable pour les personnes en général mais parfois elle trouve un espace d’application dans les relations entre les nations. L’expérience nous apprend que les leaders des nations naissent honnêtes mais la politique les corrompt. Pour cette raison, la volonté politique de bien faire ou de faire le bien aboutit des fois à des conséquences antagonistes aux résultats souhaités. Ces résultats sont des repères dans l’histoire. En 2017 Macron le Candidat disait « la colonisation est un crime contre l’Humanité ». Quatre ans après cette déclaration, Macron le Président change son costume de financier et s’improvise historien et nous annonce « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation ? ». Aujourd’hui, Macron le Réélu dans une crise énergétique et Président du Conseil de l’Union européenne oublie sa déclaration irréfléchie et résume notre histoire en « une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Macron choisit ses paroles en concordance avec le temps qui l’arrange.
En une phrase politiquement exacte, je résume les intentions de Macron : c’est la guerre d’influence en Afrique mais la légèreté du traitement de notre passé par Macron éveille les mémoires blessées. La France, ancienne puissance coloniale a pris la tête de la Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne en janvier dernier. Aujourd’hui elle veut réinventer la relation avec les pays africains. Apparemment le président Macron est venu en Algérie pour nous dire que la France et ses voisins vont greloter cet hiver. Pour se réchauffer, elle a besoin de quelques millions de mètres cubes de gaz naturel liquide algérien. En tant qu’expert dans le gaz naturel liquide (GNL), je lis dans la pensée de Macron les choses non dites. Macron pense que l’Algérie est un pays merveilleux d’abondance et de délices. Son directeur général du Medef, Philippe Gautier l’a bien dit. Les groupes français s’intéressent aux métaux rares en Algérie.
Depuis les années 1950, les terres rares sont devenues progressivement indispensables à l’industrie de pointe. Aussi, elles jouent un rôle important dans le développement des énergies dites « vertes ». Nos terres rares sont stratégiques. Faisons très attentions avant de courir les risques de les mettre entre des mains pas sûres de leurs promesses. Ces terres rares étaient irriguées durant 132 ans par le sang de nos aïeux ; ne les irriguons pas par les produits chimiques toxiques. Elles sont très importantes du fait de la fonctionnalité irremplaçable qu’elles apportent.
Avant d’aborder l’exploitation des terres rares, je conseille à notre classe politique décideuse une philosophie de comportement à adopter dans le futur. Imaginez que vous vous retrouviez transportés dans le temps futur à une vitesse vertigineuse. Dans ce voyage chimérique, il n’est pas raisonnable pour vous de commémorer le passé. Un passé qui était tout simplement votre présent avant ce saut dans le temps. Voilà ce qui peut vous arriver si vous prétendez maitriser le marché des métaux rares dans le futur. Propulsé dans un futur inconnu vous vous sentez étranger dans ce nouveau monde mais vous essayez d’accepter la vie dans ce sort douteux. Votre savoir ne sert plus à rien car les gens que vous rencontrez dans ce nouveau monde utilisent une logique que vous ignorez et qui n’est pas de votre temps. A ce moment bien précis vous vous rendez compte que vous ne possédez ni une science solide ni une législation rigoureuse qui vous permet de négocier un marché gagnant-gagnant dans ce monde nouveau.
Après cette amère réalité vous reconnaissez que dans toute nation qui se respecte, la science et la loi sont toujours sollicitées pour aider à définir les problèmes, accommoder des solutions ou évaluer les politiques mises en œuvre à la leur juste valeur. Qu’une nation soit ou non en période de crise, le rattachement efficace de la science et la régulation aux décisions politiques améliorent le niveau de vie des citoyens, apaisent leurs esprits et mènent à des solutions efficaces et économiquement avantageuses pour cette nation. Il est urgent de faire plein usage du savoir généré par la science et la régulation engendrée par la loi dans les décisions politiques. Il est impératif pour ceux qui cherchent une place respectable dans le nouveau monde qui se dessine dans la tête des grands décideurs du sort de ce monde à faire participer les scientifiques et les juristes de toutes disciplines aux décisions politiques. Mon expérience dans la recherche scientifique dépasse les trente ans. Je ne suis pas un scientifique qui critique. Je suis tout simplement un scientifique qui observe et constate.
Actuellement le mode d’enseignement n’est plus comme avant. Les anciennes habitudes des cours magistraux ne sont plus valables. Avec les moyens de communication modernes, les professeurs sont en contact presque permanant avec leurs étudiants dans tous les coins du monde. Ils sont sollicités par vidéo conférence de partout pour consultations et conseils dans la sphère des décisions politiques. Le savoir traverse les frontières sans formalités douanières. Le savoir est le seul maitre dans le nouveau monde.
Récemment, le titre d’un article de l’hebdomadaire Jeune Afrique « Samsung, Apple, BMW…et d’autres géants industriels reconnaisse un fait important. Ce que nos smartphones et voitures doivent aux Congolais » a attiré mon attention. L’auteur de cet article nous informe que l’explosion de la demande des matériaux actifs, indispensables à la fabrication des batteries qui équipent smartphones, voitures électriques ou encore éoliennes, pourrait être une aubaine pour le pays, dont 77 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. Plus de deux cents milles Congolais, dont quarante mille enfants en 2014, peinent dans les mines comme « creuseurs » dans des conditions indignes et dangereuses, pour alimenter ce très fructueux marché……. Très touché par la gravité de cette information, j’ai décidé d’aborder ce sujet dans une discussion libre avec mes étudiants. Je leur ai demandé de me dire qui contrôle le marché du savoir, le marché de l’énergie et le marché des métaux rares que nous utilisons dans la fabrication des composants micro-électroniques, dans nos portables, dans nos cellules photovoltaïques, dans les moteurs des voitures électriques et les éoliennes ?
Un étudiant me répond « Je pense que ce ne sont plus les scientifiques qui dirigent le savoir du monde actuel mais les politiques qui dirigent le monde monétaire, et le monde tout court. Et comme ce sont des incultes, ils ont déréglé la nature de notre planète. C’est un groupe d’hommes dans le monde, qui, par leur puissance budgétaire, multimilliardaires, dirigent actuellement le monde planétaire.
Les finances, la science, (qu’ils arrangent à leur avantage), les médias véhiculent leurs idées, etc. A titres d’exemple, des scientifiques ont signalé, il y a quelques années, que c’était les smart phones portables qui créaient un dérèglement climatique par toutes les ondes qu’ils émettent dans l’atmosphère… Mais il fallait garder ce secret, trop de milliards en jeux…Ce sont ces multimilliardaires qui contrôlent les terres rares en Afrique. Heureusement que nez des honnêtes sentent le parfum de corruption qui flotte au-dessus du développement minier dans certains pays africains.
Hélas ! Nous avons eu une expérience pareille avec la compagnie GMA. L’australien GMA a promu aux responsables Algériens de l’époque un future doré en les rassurant qu’il peut produire 250 Kg d’or par an dans les mines d’or d’ Amsmassa et Tirak dans la région de Tamanrasset. GMA est rentré en Algérie en 2007 sous la recommandation du clan de Chakib.
Il a plié ses bagages en 2012 lissant derrière lui un sol pollué et des dettes colossales sur le dos de SONTRACH. Les responsables de l’Algérie nouvelle doivent faire attention de ne pas reproduire les anciens reflexes des copains du clan de Chakib.
Le lendemain de la visite de Macron à Oran un ami français, parmi ceux qui ont une grande sympathie pour l’Algérie, m’a envoyé un SMS : « On ne peut pas créer de belles choses avec la haine dans le cœur. J’ai peur de vous dire que l’eldorado que vous propose Philippe Gautier est pavé de mauvaises intentions ! » En conclusion, après ce SMS, je propose à Philippe Gautier un marché gagnant-gagnant entre l’Algérie et la France.
L’Algérie peut vendre quelques tonnes de terres rares à la France et c’est aux français qui maitrisent la technologie de faire l’extraction chimique chez eux.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir