L’environnementalisme agit comme un adversaire révolutionnaire de la civilisation européenne.
Dans Die Welt, la philosophe Bérénice Levet accuse le militantisme environnemental, qui repose sur des idéologies utopiques, d’agir comme un adversaire révolutionnaire de la civilisation européenne. Cet activisme doit être opposé à l’idée traditionnelle de la protection de l’environnement, qui recherche « la stabilité, la durée et la continuité ». Une « écologie cohérente et consistante » préserve la nature « sans sacrifier les hommes » et, surtout, préserve leur culture.
Les militants écologistes utopiques ont agi dans le contexte d’un mouvement plus large, celui de la gauche radicale, partageant sa position révolutionnaire et son désir ardent de « déconstruction ». Pour eux, la protection de l’environnement n’est qu’un « alibi » et, en fait, ils veulent détruire la culture européenne. Ils se caractérisent par un « dégoût pour le mode de vie français » et rejettent également la civilisation européenne « dans laquelle ils ne voient que domination et surexploitation » et une « immense entreprise de production de victimes ». De plus, ils « se moquent de la loyauté et de la solidarité des peuples avec leurs coutumes, leurs traditions et leurs paysages ».
Le « nihilisme absolu » s’exprime dans des cas récents, où l’on a vu des activistes endommageant des œuvres d’art. On ne peut pas « prétendre se soucier de la nature et en même temps piétiner l’héritage des siècles ». Par ce comportement, les militants soulignent leur refus de la « responsabilité de la civilisation historiquement constituée ».
Ces militants partageaient également la vision de la gauche radicale, celle d’incarner les « bâtisseurs d’une nouvelle humanité » qui pouvait être créée par les « mesures de coercition les plus fortes ». Pour elle, les gens ne sont « que du matériel » qui « doit être moulé » au sens de l’idéologie. La personne à laquelle ils aspirent « n’est liée à aucune communauté historiquement constituée ». Cela devrait passer, par exemple, par une refonte du système éducatif, qui devrait se passer de « l’enseignement du savoir, du passé et des grandes œuvres de l’esprit » et former à la place d’autres militants qui s’opposent à la civilisation européenne en raison de « l’oppression des femmes, des minorités sexuelles et ethniques ». Pour les militants écologistes utopistes, l’homme « n’a pas d’âme », mais seulement une identité de victime. Leur vision du monde est donc « juste une branche du wokisme ».
Ils voulaient effacer les positions opposées par la « culture de l’annulation » (cancel culture). Ils ont de plus en plus de succès. En France, il existe désormais « une peur énorme d’être étiqueté comme un champion de l’identité française », et les élites politiques du pays, confrontées aux intimidations des militants, refusent également de « reconnaître la légitimité de ce que la philosophe Simone Weil appelle le besoin fondamental de l’âme humaine : l’attachement à un mode de vie familier ». Avec leurs « exigences idéologiques et moralisatrices », ils ont également « détourné les hommes politiques des décisions rationnelles, par exemple sur la question de l’utilisation de l’énergie nucléaire ».
Le philosophe Bertrand de Jouvenel a parlé d’un « pacte millénaire » que « l’homme occidental a conclu avec la terre ». Cela doit être renouvelé. La condition préalable à cela est que les citoyens européens développent une « conscience claire de la fragilité, de la vulnérabilité et de la beauté de ce qui nous est confié ».
Levet a approfondi sa critique de l’activisme environnemental utopique dans son ouvrage « L’écologie ou l’ivresse de la table rase ». Nous traiterons, dans la brève suite de cet article, des tendances de la gauche radicale dans le mouvement environnemental en Allemagne.
Nous présentons ici en détail les impulsions conservatrices traditionnelles en matière d’écologie et de questions environnementales.
Les questions d’écologie et de durabilité sont d’une importance fondamentale pour l’existence à long terme d’une communauté. En utilisant l’exemple d’un certain nombre de cultures disparues, le géographe Jared Diamond a montré que la surexploitation des ressources ou un changement rapide des conditions environnementales dépassant la capacité d’adaptation de ces cultures était un facteur décisif de leur effondrement. Ces questions jouent un rôle de plus en plus important dans le débat public des sociétés occidentales. Cette situation est sous-tendue par une prise de conscience croissante du fait que ces sociétés vivent de plus en plus de leur substance, consommant des matériaux et d’autres ressources qu’elles ne peuvent plus entretenir et renouveler dans une mesure suffisante.
La vision traditionnelle du monde européen perçoit les gens comme porteurs d’un héritage à transmettre intact aux générations futures et est orientée vers la durabilité. Elle considère également les gens comme les gardiens et les conservateurs des fondements naturels et culturels de la vie communautaire. Cette vision du monde repose donc sur une compréhension holistique de l’écologie, qui vise la protection globale de tous les fondements de la vie des individus et des communautés, y compris les fondements spirituels et culturels de la vie. Cette vision du monde peut contribuer de manière décisive à surmonter les défis existentiels auxquels ne sont pas seulement confrontées les sociétés occidentales.
Du point de vue de l’enseignement social chrétien, Joseph Ratzinger (Benoît XVI) a accueilli en principe le débat sur l’écologie parce que toute recherche quant à la durabilité ou la résilience d’une communauté et la gestion attentive des biens matériels, intellectuels et culturels sur lesquels elle repose sont une partie fondamentale de la recherche du bien commun, que l’enseignement social chrétien considère comme la tâche centrale de l’action politique.
Selon Peter Hersche, il y a depuis longtemps un manque d’acteurs politico-idéologiques en Allemagne qui se rattachent à la tradition chrétienne-conservatrice de la pensée écologique. Ce mode de pensée est issu de cette tradition, depuis longtemps reléguée au second plan, qui a reconnu, il y a environ 200 ans, les défis écologiques qui deviennent particulièrement évidents aujourd’hui.
Dans ce contexte, Roger Scruton a trouvé choquant que les partis conservateurs en particulier « n’aient pas reconnu la cause de la protection de l’environnement […] comme étant la leur. Empoisonné par la montée de la pensée économique chez les politiciens modernes, car ils considèrent que « former des alliances avec des personnes qui pensent que les efforts pour préserver les choses sont futiles et dépassés ».
source : Tradicion Viva
via Euro-Synergies
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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