Sur la transfiguration de l’Europe : Du rêve de Nuland au cauchemar de Nuland

Sur la transfiguration de l’Europe : Du rêve de Nuland au cauchemar de Nuland

Fête de la Transfiguration


Par Batiushka – Le 19 août 2022 – Source The Saker Blog

Introduction : La Rus des Carpates

Le centre géographique de l’Europe se trouve dans l’Ukraine d’après 1945, à 15 km de Rakhovo (dans la langue des occupants ukrainiens, Rakhiv). C’est à l’extrême est [Ouest, NdT]de l’Ukraine, dans la province de « Zakarpattia » ou « Transcarpathie », nom impérialiste donné par les centralisateurs ukrainiens à cette région. En réalité, c’est Kiev qui traverse les Carpates, et non la « Transcarpatie ».

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Zakarpattie était la partie principale de la Rus subcarpatique, également appelée Rus des Carpates, Rusinia ou, en latin médiéval, Ruthénie. De plus petites parties de cette région se trouvent aujourd’hui dans le coin sud-est de la Pologne, où vivaient les Lemkos, et à l’extrême est de la Slovaquie. Les habitants de ces régions se nomment Rusins ou Rusnaks et, malgré trois générations d’impérialisme linguistique ukrainien, beaucoup d’entre eux parlent encore le rusin, qui, bien qu’apparenté, est une langue distincte de l’ukrainien standard ou de l’un de ses dialectes et est également beaucoup plus ancien. Les premiers chrétiens orthodoxes de ce qui est aujourd’hui l’Ukraine vivaient ici et ont contribué à la conversion de Kiev.

En 2004, j’ai dû me rendre à l’extrême Est de la Slovaquie (qui faisait également partie de la Rus des Carpates) pour les funérailles d’un village et j’y ai rencontré un vieil homme « ukrainien ». En fait, c’était un Rusin. Au début des années 1950, il avait fui l’Union soviétique pour la Norvège alors qu’il servait dans l’Armée rouge près de Mourmansk et, de là, était venu vivre près de membres de sa famille en Slovaquie orientale, près de la frontière ukrainienne. L’ex-soldat était né en 1917 dans ce qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois, qui est ensuite devenu la Rus subcarpatique en Tchécoslovaquie, qui a ensuite fait partie de la Hongrie nazie, qui a ensuite été reprise par l’Ukraine soviétique. Le village où il est né n’a pas bougé, ce sont les hommes politiques qui ont bougé. Les Rusins sont un peuple sans pays et l’ont toujours été.

Le rêve de Nuland

Je mentionne tout cela parce que le drame de la survie de l’Europe, dont l’Ukraine, malgré les illusions de suffisance de l’Europe occidentale, est le centre géographique, se joue actuellement dans une autre partie de l’Ukraine. C’est à 960 km (600 miles) à l’est du centre de l’Europe, dans la ville de Zaporozhye, que se trouve l’une des quatre centrales nucléaires d’Ukraine. C’est la plus grande d’Europe et l’une des plus grandes du monde, qui fournit à l’Ukraine 20 % de ses besoins totaux en électricité. Depuis le 4 mars 2022, elle est sous contrôle russe.

Ces derniers jours, elle a été bombardée et certains craignent un second Tchernobyl, voire pire. Aujourd’hui, malgré les mensonges du régime de Kiev, même certains non-génies parmi le public occidental (mais pas un seul parmi les politiciens occidentaux) ont compris que ce ne sont pas les Russes qui se tirent dessus. Par conséquent, ce doit être Kiev qui bombarde la plus grande centrale nucléaire d’Europe et qui rapproche l’Europe de l’Armageddon nucléaire. Kiev souhaite organiser une provocation et en faire porter la responsabilité à la Russie. Ce serait l’opération sous faux drapeau de Bucha multipliée par un million. Pourquoi est-ce que je mentionne cela ?

C’est à cause de l’Américaine Victoria Nuland (en fait, Nudelman), dont le père était un Juif ukrainien (de la même nationalité que Trotsky, de son vrai nom Bronstein). Envoyée par la Maison Blanche, Nuland est à l’origine du renversement violent, pour 5 milliards de dollars, en 2014, du gouvernement ukrainien démocratiquement élu au profit d’une junte juive ukrainienne. (Au fait, Nuland est mariée à un autre néocon trotskiste (= domination mondiale), Robert Kagan, qui est également d’origine juive d’Europe de l’Est). Maintenant, en ses propres termes si éloquents et si érudits, nous savons exactement quel est le rêve de Victoria Nuland pour l’Europe. C’est qu’elle ne peut pas moins se soucier de l’Europe (pour le dire très poliment).

Par conséquent, son rêve risque maintenant de devenir réalité grâce aux obus de Kiev fournis par les États-Unis qui tomberont sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui se trouve dans le même pays que le centre même de l’Europe, comme nous l’avons décrit ci-dessus. Peut-être devrions-nous rappeler à Nuland que si le pire se produit et que le vent souffle plus ou moins plein sud, les radiations de Zaporozhye ne souffleront pas sur l’Europe sans surveillance, comme l’ont fait les radiations de Tchernobyl. Au contraire, elles seront transportées au-dessus de la mer Noire, à travers la Turquie, l’est de la Syrie, le Liban et… jusqu’en Israël, où se trouve le véritable Armageddon. Nuland devrait faire attention à ce dont elle rêve. À l’avenir, elle devrait peut-être allumer son cerveau avant d’ouvrir sa sale bouche.

Crise dans l’Europe de Nuland

La bonne nouvelle est qu’au moins certains dirigeants de l’UE pourraient enfin retrouver la raison. Ils ont boycotté le gaz, le pétrole, les céréales et les engrais russes, dont les prix se sont envolés. Or, dans deux mois à peine, le froid commence à sévir en Europe occidentale. Et les électeurs européens sont déjà extrêmement mécontents de la flambée des prix des carburants et des denrées alimentaires, qui augmentent environ quatre fois plus vite que les taux d’inflation record de 10-15 % officiellement admis. Le fait est que la flambée des prix n’est pas due à « la guerre en Ukraine », comme le chantent en chœur depuis près de six mois des politiciens ouest-européens sans courage, avec des fusils américains dans le dos.

Même certains citoyens occidentaux naïfs ont vu clair dans ce mensonge. Ils ont compris que la flambée des prix est largement due aux sanctions de leurs politiciens contre la Russie et à leurs décisions de prolonger la guerre pendant des mois, voire, si possible, pendant des années. (Les politiciens occidentaux ont raconté le même mensonge, confondant la cause et l’effet, lorsqu’ils ont attribué toutes leurs difficultés antérieures à l’Ukraine après la « Covid-19 », alors qu’en réalité, les difficultés n’étaient pas tant dues à la « Covid-19 » qu’à leurs propres confinements qui ont provoqué la faillite, à des réactions hystériques qui ont provoqué une crise de santé mentale, à des masques qui n’ont pas fonctionné et à des vaccins qui n’ont pas marché). En Europe centrale et orientale, la situation est particulièrement grave, car, bien que les prix soient exactement les mêmes qu’en Europe occidentale, les salaires n’y représentent qu’un cinquième de ceux de l’Europe occidentale.

Aujourd’hui, les forces armées de Kiev sont battues par les Forces armées ukrainiennes libres (bien que les combattants de la liberté ne s’appellent probablement pas ainsi), qui sont soutenues par le corps expéditionnaire russe, sa technologie, ses avions, ses missiles, son artillerie et ses drones, ainsi que par ses alliés tchétchènes. Bien que le régime de Biden aux États-Unis cherche désespérément à ne pas perdre la face une fois de plus en août prochain, comme en août dernier en Afghanistan, il n’en reste pas moins que, désormais soumis à une pression extrême de la part des électeurs occidentaux et au risque d’un effondrement financier, certains politiciens européens cherchent à obtenir un changement à Kiev.

Il s’agit de trouver un remplaçant à l’acteur Zelensky, qui est l’actuel leader juif nommé par les États-Unis à Kiev. Leur candidat semble être le général Zaluzhny, le chef des forces armées de Kiev, décimées – en fait, plus que « doublement décimées », puisqu’elles ont déjà perdu 230 000 hommes sur un total de 1 million. En tant que militaire et non en tant que politicien, Zaluzhny semble, contrairement aux politiciens de Kiev et aux marionnettistes occidentaux, avoir une prise sur la réalité. Il doit comprendre que si l’Ukraine doit survivre sous quelque forme que ce soit, elle doit négocier, même si les Américains s’y opposent avec colère.

L’avenir et une « Ukraine » libre de Nuland

En 1990, la très prospère Ukraine soviétique comptait 51,5 millions d’habitants. Aujourd’hui, elle n’en compte plus que 30 millions. Quelle catastrophe s’est produite ? Tout simplement : Qui veut vivre ou donner naissance à des enfants dans un pays qui a été mal géré pendant 30 ans, dont l’infrastructure s’est effondrée, dont les richesses ont été aspirées à New York, Londres et Tel Aviv par des oligarques féodaux corrompus et le gouvernement américain, un pays qui est aujourd’hui plus pauvre que plusieurs pays africains, un pays qui n’a pas d’avenir, dont la plus grande exportation est constituée par les femmes, les « épouses russes », en fait des épouses ukrainiennes, qui fuient la pauvreté ? Des millions de réfugiés économiques ont fui vers Israël, les États-Unis et l’Europe occidentale.

La population réelle, et non fictive, de l’Ukraine avant février 2022 est estimée à 36 millions d’habitants. (Il n’y a pas eu de recensement officiel en Ukraine depuis 20 ans : le résultat aurait été trop embarrassant pour le gouvernement, aussi ce chiffre provient-il d’une estimation d’initiés bien informés). Toutefois, en avril 2022, ce chiffre était tombé à 26 millions, soit plus ou moins la moitié du total de 1990. Quel autre pays au monde a perdu la moitié de sa population en seulement trente ans ? Cela suggère clairement que les Ukrainiens ont été totalement trahis par leurs dirigeants pendant 30 ans. C’est bien ce qu’ils ont fait…

Certes, sur les 10 millions d’Ukrainiens qui ont fui dans les semaines qui ont suivi le 24 février 2022 (beaucoup d’entre eux n’ont fui que pour profiter de l’obtention prochaine d’un passeport européen – leur rêve était devenu réalité), 4 millions sont revenus. Néanmoins, 2 millions restent en Russie, plus de 2 millions sont en Pologne et en Allemagne et près de 2 autres millions sont dispersés en Europe occidentale. Cela signifie que la population, qui était de 36 millions, est passée à 30 millions. Voici un scénario possible pour l’avenir (si certains des « réfugiés » reviennent, les chiffres seront plus élevés que ceux indiqués ici). Sur les 25 provinces ukrainiennes en février 2014 :

Le nouveau Protectorat de Kiev (ou peut-être portera-t-il un autre nom ?) pourrait prendre les 11 provinces centrales et occidentales de l’Ukraine soviétique : Sumy, Poltava, Kirovohrad, Chernihiv, Kyiv, Cherkasy, Zhytomyr, Vinnytsia, Rivne, Khmelnytskyi, Ternopil. Population : 11,2 millions. Elles seront démilitarisées et dénazifiées par la Russie et dirigés par un homme fort militaire comme le général Zaluzhny qui s’occupera des oligarques corrompus comme Lukashenko l’a fait en Biélorussie (= les emmener dans la forêt et les abattre). Ce sera une nation enclavée. En effet, avec 11 millions d’habitants, il s’agira d’une « double Slovaquie », dont la population représente un peu plus d’un quart de celle de l’Ukraine soviétique de 1990.

La Russie pourrait prendre les 9 provinces russophones de l’est et du sud : Lugansk, Donetsk, Kharkov, Dnepropetrovsk, Zaporozhe, Kherson, Crimée (la Crimée a bien sûr déjà fui les fascistes pour la Russie en 2014), Nikolaev, Odessa. Population : 14,2 millions d’habitants.

La Pologne peut, avec la permission de la Russie, prendre les 3 provinces « Habsbourg » de l’extrême ouest : Volyn (même si un petit nombre au nord de Volyn pourrait vouloir rejoindre la Biélorussie), Lviv, Ivano-Frankivsk. Population : 3,2 millions. C’est la seule véritable Ukraine, car il s’agit de la véritable « Ukraina » historique – ce mot désignant simplement les régions frontalières, celles qui sont proches de la Pologne. Il est évident que cette véritable Ukraine devrait bénéficier d’une certaine autonomie au sein de la République polonaise dirigée par l’OTAN et que cet État tampon devrait être entièrement démilitarisé et dénazifié sous la supervision de la Russie.

La Hongrie peut prendre 1 province : Zakarpattia. Population : 0,85 million. À condition que sa population, essentiellement slave, vote en sa faveur par référendum, même si, il est vrai, beaucoup ont déjà pris la nationalité hongroise. Cette région devrait également bénéficier d’une certaine forme d’autonomie au sein de la Hongrie.

La Roumanie pourrait prendre une province : Chernivtsy. Population : 0,6 million. A condition que sa population se prononce en sa faveur par référendum.

Conclusion : Le cauchemar de Nuland

En juin 1944, les États-Unis commencent à occuper l’Europe continentale (l’occupation du Royaume-Uni par 2 millions de soldats américains avait déjà commencé en 1942). L’occupation américaine signifie que la Seconde Guerre mondiale ne s’est jamais vraiment terminée et, par conséquent, sa dénazification non plus. En effet, seule la forme allemande, brutale et locale, de l’idéologie occidentale du nazisme a pris fin, et non sa forme anglo-américaine, bien plus rusée, subtile, insidieuse et triomphante, qui a été partout imposée, par le pouvoir politique, économique et soft (Hollywood ; Levis ; Disney ; MacDonalds ; Lady Gaga, etc.), après l’éradication de la forme allemande. En effet, en 1945, la plupart des nazis allemands se sont convertis du jour au lendemain à la forme anglo-américaine. Par conséquent, mettre fin à la Seconde Guerre mondiale signifie aujourd’hui désaméricaniser l’Europe, ce qui signifie la désotaniser, c’est-à-dire la démilitariser. Cela donnera ensuite à l’Europe l’occasion de retrouver son destin historique naturel, géographique, social, politique et économique – en tant que péninsule nord-ouest de l’Eurasie, qu’elle pourra alors enfin réintégrer, protégée et approvisionnée par la Russie.

Le même droit révolutionnaire d’autodétermination que celui de la Crimée pourrait être étendu de l’Ukraine désaméricanisée, c’est-à-dire démilitarisée et dénazifiée, à toute l’Europe. Voilà la transfiguration de l’Europe. Au sein de l’Europe, l’UE s’effondrerait comme le château de cartes qu’elle est, si ses peuples avaient pour la première fois dans l’histoire la liberté par référendum de choisir leur pays. Leur modèle serait la Crimée en 2014, où les gens ont enfin reçu la liberté de choisir le pays auquel ils voulaient réellement appartenir. La Catalogne pourrait alors être libérée de l’Espagne. La Corse pourrait être libérée de la France. Partout, les minorités frontalières pourraient, par un vote populaire, retourner dans le pays auquel elles souhaitent appartenir, les frontières étant ajustées en conséquence. Les trois minuscules et racistes États baltes de l’UE, aujourd’hui dépeuplés, désindustrialisés et dans un état suicidaire de nazisme et qui s’apprêtent à interdire les discours russes dans les lieux publics, deviendraient certainement des protectorats russes comme le futur protectorat de Kiev.

Si la liberté venait aux pays non membres de l’UE, le Royaume-Uni s’effondrerait tout comme l’UE et les quatre peuples des îles britanniques et de l’Irlande auraient enfin la liberté de régler leurs affaires de manière équitable. La Moldavie pourrait rester un pays indépendant, si son peuple le décidait par référendum. Et la justice pourrait être rendue aux pays de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie, principalement non membres de l’UE. Tant de torts pourraient être réparés, si la liberté passait par la désaméricanisation. Voilà le cauchemar de Nuland – la survie, et non la destruction, de l’Europe. Vous ne voulez pas d’Europe, Mme Kagan ? Eh bien, l’Europe ne veut pas de vous. Retournez en Amérique, Mme Kagan, et réglez la situation désastreuse qui y règne. Ce n’est que lorsque vous et votre espèce serez partis que l’Europe sera transfigurée.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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