Un texte de Cecil Chabot, coordonateur de CAPP Canada
Le 17 septembre prochain, un nouveau chapitre de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice (CAPP), établie en 1993 par le pape saint Jean‑Paul II, sera lancé à l’échelle du Canada lors d’un évènement virtuel.
Si le nom ne vous dit rien, vous vous trouvez peut-être parmi plusieurs catholiques canadiens engagés qui ne sont pas au courant de la mission de cette fondation du Vatican, gérée exceptionnellement par des laïcs dans le but est de promouvoir une connaissance et une pratique approfondies de la doctrine sociale de l’Église par ceux-ci. La doctrine sociale catholique n’est elle-même qu’un peu mieux connue que la fondation CAPP.
Le lancement de CAPP Canada, dont la mission vise à transformer la société canadienne par l’enseignement social catholique, a pris une importance accrue à la suite du récent pèlerinage pénitentiel du Saint‑Père, lors duquel il a exprimé la colère et la profonde tristesse ressenties par plusieurs d’entre nous par rapport à l’échec des cultures « chrétiennes » et de l’église institutionnelle à respecter l’Évangile.
Comment se fait-il qu’autant de mal ait pu être commis, permis ou encore ignoré, généralement par de bonnes personnes ayant de bonnes intentions, au nom de l’Évangile?
Une ignorance à résorber
L’échec catholique à cet égard a été le manque de connaissance et de mise en œuvre des principes fondamentaux de la doctrine sociale catholique.
Le pape François a souligné l’importance d’apprendre de nos échecs passés, mais il a aussi apporté un message d’espérance en nous rappelant que l’histoire des relations de l’Église — tant avec les membres chrétiens des Premières Nations qu’avec ceux qui ne le sont pas — ne peut être réduite aux leçons négatives que nous devons apprendre et intégrer.
L’histoire, en commençant avec l’enseignement du Christ et le chemin qu’Il a frayé vers la rédemption de nos échecs les plus graves, comprend aussi des modèles conformes à la doctrine sociale catholique qui peuvent insuffler une espérance pour l’avenir chez les peuples autochtones et non autochtones.
Pallier l’ignorance de nos propres enseignements sociaux est une bonne façon de répondre à l’appel du pape François à réparer les torts et à s’améliorer. Comme son prédécesseur le pape Benoît XVI l’a déclaré, la promotion et l’application de la doctrine sociale catholique constituent l’un des trois principaux actes de charité qu’un catholique peut accomplir.
Par exemple, le fait de soutenir un refuge pour sans-abris autochtones est primordial. Cela étant dit, il est non moins important et souvent bien plus efficace d’éviter une telle itinérance en collaborant avec les leadeurs des Premières Nations afin d’harmoniser nos structures et nos pratiques sociales, culturelles, politiques et économiques avec les principes fondamentaux de la doctrine sociale catholique, tels que la dignité humaine, la solidarité et la subsidiarité.
À la fin des années 1940, une délégation représentant des catholiques autochtones et non autochtones a effectué une présentation devant un comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des communes formé afin d’examiner l’application de la Loi sur les Indiens et « l’administration des affaires indiennes ».
Cette délégation avait alors déclaré que les Canadiens devaient comprendre que l’inculturation allait dans les deux sens, à savoir que les Canadiens non autochtones devaient rencontrer les Autochtones à mi-chemin, dans un véritable esprit de solidarité, dans le cadre d’un processus d’apprentissage et d’intégration du meilleur de la culture de chacun.
Un autre Église
Imaginez comment les deux derniers étés ou encore les deux derniers siècles auraient pu être différents au Canada (et aux États-Unis) si cet exemple de doctrine sociale catholique s’était en fait rapproché de la norme plutôt que de l’exception.
Imaginez que l’Église elle-même ait toujours été un modèle de solidarité pour ses membres autochtones et non autochtones, et de collaboration pour le bien commun, et qu’elle ait tiré le meilleur des cultures autochtones et non autochtones afin d’établir un dialogue approfondi et respectueux sur la question de ce que signifie être humain et bien vivre par rapport à notre environnement humain et naturel.
Imaginez que l’Église ait été un modèle de subsidiarité en démontrant un grand respect pour l’intégrité des familles autochtones et pour l’autodétermination des peuples autochtones, et en confirmant leur droit de ne pas être forcés à s’assimiler à la nation canadienne ou à ses modes de vie.
Imaginez que l’Église ait toujours maintenu la dignité humaine des peuples autochtones en s’élevant non seulement contre le racisme manifeste, mais également contre des formes plus subtiles de préjudices et de déshumanisation.
Imaginez que la charité catholique se soit toujours traduite par un amour désintéressé qui ne s’impose pas ni ne diminue l’autre, mais plutôt voit, souligne et favorise la bonté de l’autre.
Imaginez que la liberté religieuse des catholiques autochtones et des Autochtones non chrétiens ait été défendue avec autant de fermeté et d’uniformité.
Imaginez que l’Église n’ait jamais perdu de vue les bienfaits que les peuples autochtones — au même titre que les catholiques et les non-catholiques — apportent à l’Église ainsi qu’à l’ensemble de la société.
Si ces questions vous interpellent tout comme moi et d’autres gens, je vous invite à vous joindre à nous en ligne le samedi 17 septembre de 13 h à 15 h (heure de l’Est) pour le lancement de CAPP Canada. Pour vous inscrire, veuillez vous rendre au : www.cappcanada.ca/fr/launch.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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