« La future chambre de compensation en renminbi (RMB, la devise chinoise) à Maurice, qui devrait faciliter les opérations commerciales entre la Chine et l’archipel, va s’inscrire dans le cadre du renforcement de l’axe économique entre l’Afrique et la Chine », a estimé Kwang Poon, président du Conseil économique Afrique-Europe-Asie (CECOAFREA) et expert en relations internationales.
Depuis 2017, cette chambre est évoquée, notamment lors d’une interview de Rameswurlall Basant Roi, gouverneur de la Banque de Maurice, au China Daily. A cette époque, il assurait que Maurice allait mettre en place une chambre de compensation en renminbi.
Cinq ans plus tard, « cette chambre devrait bientôt voir le jour à Maurice », selon le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui a annoncé cette mesure lors de la présentation du budget 2022-2023 en juin dernier.
Cette structure « devrait faciliter les opérations commerciales entre la Chine et l’archipel touristique du sud-ouest de l’océan Indien, elle s’inscrit aussi dans le cadre du renforcement de l’axe économique entre l’Afrique et la Chine », a souligné le président du CECOAFREA, une association d’hommes d’affaires qui promeut le commerce entre Maurice et ces trois continents, mais surtout entre l’Asie et l’Afrique.
Selon lui, la chambre de compensation en RMB permettra de régler les factures d’import-export en utilisant les devises des deux pays concernés sans passer par une tierce devise. Ainsi, le dollar ne sera plus roi dans les échanges entre la Chine et l’Afrique.
« Aujourd’hui, si vous importez de Chine, les factures sont en général libellées en USD et non en RMB. De même, si vous exportez vers la Chine, vous facturez en USD ou EUR, mais pas en roupies mauriciennes (MUR). Avec l’entrée en opération du centre de règlement RMB, ces transferts transfrontaliers pourraient se faire sans passer par une devise intermédiaire« , souligne-t-il.
Les échanges commerciaux entre le géant asiatique et le continent ont atteint 64,8 milliards de dollars au premier trimestre 2022, en hausse de 23% pour par rapport à la même période de 2021, selon les données de l’administration générale des douanes chinoises.
Kwang Poon estime que cette chambre de compensation va dans le sens de la consolidation et la diversification des services financiers offerts par Maurice en rationalisant les transferts transfrontaliers qui deviendront plus rapides et moins coûteux.
D’ailleurs, l’île se positionne comme un centre financier international par excellence dans la région africaine, et compte peser dans les relations sino-africaines. Cependant, l’expert déplore qu’actuellement les échanges commerciaux Maurice-Chine avoisinent le milliard de dollars, « ce qui constitue une goutte d’eau dans l’océan des échanges Afrique-Chine qui dépassent les 250 milliards USD selon les chiffres pour l’année 2021 ».
Selon les chiffres de l’ambassade de Chine à Maurice, le volume des échanges commerciaux sino-mauriciens en 2021 a atteint 914 millions de dollars, soit une augmentation de 25,8% par rapport à 2020. De plus, l’exportation mauricienne vers la Chine a connu une croissance de 35,1 %.
Pour que cette chambre soit optimale, elle devra avoir un rayonnement régional qui s’étendra sur le continent africain. « Pour schématiser, disons que sur les 250 milliards de dollars, 50 milliards passent par le centre régional de règlement RMB à Maurice. Admettons que les frais d’intermédiation soient de l’ordre de 0,5%, cela pourrait potentiellement générer quelque 250 millions USD de plus par an pour le centre financier international mauricien, sans compter les autres services connexes », a espéré Kwang Poon.
« Maurice est bien placé pour le rôle d’intermédiaire entre l’Afrique et la Chine », a assuré Kwang Poon, car après la 22e réunion du Groupe anti-blanchiment en Afrique orientale et australe (ESAAMLG) qui s’est achevée le 1er septembre, Maurice est désormais reconnu comme étant l’un des rares centres financiers internationaux qui soit conforme ou largement conforme à l’ensemble des 40 recommandations du Groupe d’action financière (GAFI).
D’autant que les échanges commerciaux à travers le monde sont effectués avec des devises dites « fortes », pour l’expert « avec la montée en puissance de la Chine, à partir de 2016, le yuan chinois a rejoint le dollar américain, l’euro de l’Union européenne, le yen japonais, la livre britannique dans le panier de devises constituant les Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) ».
« Cette mesure souligne l’importance de la place que la Chine occupe dans le commerce international. Cette tendance ira en s’accentuant et la Chine compte promouvoir ainsi l’internationalisation de sa monnaie, le RMB », a souligné ce dernier à l’agence de presse, Xinhua.
source : Chine Magazine
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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