par Philippe Rosenthal.
Au début du mois de septembre, la campagne électorale américaine pour les élections de mi-mandat (les « mid-term »), qui ont lieu le mardi 8 novembre 2022, commence. Au cours de cette année d’élections, les 435 sièges de la Chambre des représentants (chambre basse ou parlement) et 35 des 100 sièges du Sénat sont disputés.
Les Américains doivent élire leur député qui siégera à la Chambre des représentants pour les deux prochaines années, mais aussi renouveler un tiers du Sénat, tout cela formant le Congrès. Dans trois mois, la vie politique des États-Unis pourrait être chamboulée.
Si Joe Biden perd les élections, le monde pourrait assister à un retournement de la politique extérieure des États-Unis en particulier en Ukraine. Cette crainte pousse le camp occidental à activer l’engagement en Ukraine jusqu’à courir le risque d’engager directement les États-Unis dans la guerre contre la Russie.
Traditionnellement, ces élections sont considérées comme une épreuve difficile pour le parti du président au pouvoir. Dans la plupart des cas, il perd des sièges, souvent par dizaines. Les républicains sont, dans la voilure de Donald Trump, désormais, les favoris aux élections à la Chambre des représentants, mais le combat va être sérieux. Les sondages promettent la défaite des démocrates aux élections au Congrès, et avec elle, la perte d’une majorité au parlement. Le Washington Post titre : « Les démocrates voient ce qui était autrefois impensable : un chemin étroit pour garder la chambre [basse] ».
Le Parti démocrate et Joe Biden ont, pour cette raison, besoin d’une victoire et ils misent sur le succès politique et militaire qu’ils ont lancé en Ukraine. Une contre-offensive a été lancée à Kherson. Observateur Continental a précisé que « les États-Unis ont envoyé des armes à l’Ukraine pour la contre-offensive contre la Russie » et que cela « relève d’une préparation méthodique ».
D’ailleurs, Washington et le Pentagone organisent la nomination d’un responsable militaire pour diriger le conflit en Ukraine contre la Russie. C’est ce qu’ un article du Wall Street Journal fait « fuiter » en déclarant que les États-Unis sont en train de former une opération militaire avec sa tête un général deux ou trois étoiles pour la mener.
Gordon Lubold, journaliste à la Maison Blanche, à la sécurité nationale et au Pentagone, a tweeté ce 25 août, mettant en lien son article, Les États-Unis promettent 3 milliards de dollars supplémentaires pour la défense de l’Ukraine, le plus grand programme d’aide de la guerre : « Dans les prochaines semaines, le Pentagone nommera l’opération massive d’assistance et d’entraînement pour l’Ukraine (comme l’Afghanistan ou l’Irak) et nommera un officier général pour la diriger ».
Lors d’une conférence de presse, le Pentagone n’a pas confirmé l’information du quotidien US. Un journaliste demande : « Nos confrères du Wall Street Journal rapportent que dans les prochaines semaines, l’administration Biden prévoit de nommer la mission militaire de soutien à l’Ukraine et de nommer un officier général pour diriger l’effort de formation et d’assistance. Pouvez-vous confirmer cela et nous dire quel est le nom ? Et, qui est l’officier général ? Le Pentagone répond : « Je ne peux pas le confirmer. Je n’ai connaissance d’aucun plan visant à établir une opération désignée à l’appui de l’aide à la sécurité de l’Ukraine ». Le journaliste demande à savoir si « c’est une décision de l’Eucom ou une décision du Pentagone ? » Le Pentagone précise : « Une opération nommée implique généralement un financement, vous savez, du niveau ministériel. Typiquement, selon la taille et la portée de cette opération, il y aurait un certain type de collaboration de coordination avec le DOD (département de la Défense des États-Unis) et l’état-major interarmées ».
Maintenant, il est évident que la gestion de l’ensemble de l’opération militaire soutenue par l’OTAN, l’UE, les États-Unis, sans l’introduction de troupes américaines sur le territoire de l’Ukraine, avec toutes les aides logistiques et les livraisons en armes et le support pour les informations de renseignement, comme la planification des opérations militaires ou la distribution et la délivrance de la désignation de cibles va désormais se trouver entre les mains du Pentagone. Cela explique la nomination d’un général deux ou trois étoiles pour gérer cette guerre.
Engagement militaire et financier colossal des États-Unis depuis 2014. Le Pentagone a publié six jours avant « la fuite » du Wall Street Journal une liste impressionnante des armes modernes envoyées en Ukraine pour faire la guerre contre la Russie et notifié : « Depuis janvier 2021, les États-Unis ont investi plus de 10,6 milliards de dollars dans l’aide à la sécurité pour démontrer leur engagement durable et indéfectible envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Cela comprend plus de 9,9 milliards de dollars depuis que la Russie a lancé sa guerre (…) contre l’Ukraine le 24 février ».
Le Pentagone confirme que « depuis 2014, les États-Unis ont fourni plus de 12,7 milliards de dollars en aide à la sécurité pour la formation et l’équipement pour aider l’Ukraine à préserver son intégrité territoriale, sécuriser ses frontières et améliorer l’interopérabilité avec l’OTAN ». Il faut y rajouter les 3 milliards de dollars supplémentaires pour la défense de l’Ukraine.
Les États-Unis s’enfoncent de plus en plus dans le conflit direct avec la Russie. L’envoi d’armes modernes, de munitions, de milliards à l’Ukraine, comme la nomination de l’opération et du général en charge de celle-ci, augmentent le risque de ce conflit direct.
Jamais un État officiellement non belligérant n’a été aussi profondément impliqué dans un conflit. Les États-Unis sont devenus l’acteur central, et ils cherchent à vaincre la Russie en ayant évité la participation directe aux hostilités dans un premier temps. Leurs nouveaux plans militaires, cette fois, augmentent le risque que les États-Unis finissent par entrer dans le conflit directement. Il n’est pas rentable pour Joe Biden de prolonger le conflit ukrainien.
Répétition de la crise de Cuba. Le risque d’une escalade menant à une Troisième Guerre mondiale avec la menace nucléaire, que le monde vit aujourd’hui, rappelle la crise des missiles nucléaires de Cuba. Le 15 octobre 1962, le gouvernement américain découvre plusieurs rampes de missiles nucléaires soviétiques sur l’île de Cuba à moins de 200 km des côtes américaines. Les États-Unis ordonnent alors le blocus maritime de l’île, faisant trembler le monde dans la crainte d’une guerre nucléaire alors que nous sommes en pleine guerre froide. Moscou avait décidé de placer des missiles pour empêcher une nouvelle attaque de Washington et pour avoir une position stratégique en face des États-Unis.
Au final, les tensions ont laissé place à des accords entre les deux puissances nucléaires, permettant de tomber sur la période appelée de la « détente », reléguant la menace nucléaire aux archives de l’Histoire. Aujourd’hui, Washington et Moscou sont, de nouveau, engagés dans ce bras de fer. Seul un retour à la diplomatie entre les deux puissances nucléaires sur la question de l’Ukraine peut mettre un terme à ces tensions comme cela fut le cas pour la crise de Cuba pour déboucher sur une « détente 2.0 ».
Presque personne à Washington ne s’attend à ce qu’une telle confrontation avec la Russie dure deux ou trois ans. Mais, si cela traîne jusqu’à la prochaine élection présidentielle américaine, alors les républicains l’utiliseront pour attaquer Joe Biden et convaincre les électeurs de changer de politique pour les États-Unis.
Le fiasco de la politique ukrainienne de Joe Biden sera son deuxième Afghanistan.
source : Observateur Continental
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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