par Dominique Delawarde.
6 échéances politiques et/ou géopolitiques devront être suivies de près au fil des quatre prochains mois.
1. « La rentrée » en Europe et particulièrement en France dès le début de Septembre
Pour ce qui concerne la France, un exécutif de plus en plus « chahuté », a pris plusieurs mesures de précaution pour éviter tout embrasement social. Les chèques gouvernementaux sans provisions pleuvent sur les Français pour acheter la paix sociale et gagner du temps (réduction provisoire des taxes carburant, hausse des retraites et de diverses prestations dès septembre). On reste dans le « quoiqu’il en coûte » et donc dans l’explosion de la dette. L’inflation, elle, est toujours là et augmente. La hausse inéluctable des coûts de l’électricité, du chauffage et des produits de première nécessité impacteront probablement les comportements de la population. Bardés de certitudes (de plus en plus chancelantes), les politiciens espèrent toujours qu’un miracle surviendra sur « le front ukrainien » qui pourrait valider, si peu que ce soit, leur politique des sanctions « boomerangs » appliquées à la Russie.
Si ce miracle ne vient pas, ce qui est probable, l’exécutif français pourrait être tenté de se rabattre sur un nouvel « état d’urgence sanitaire », qui serait lié à la résurgence « opportune » d’un nouveau variant Covid. Surfer sur la peur semble être une solution prisée par les exécutifs européens pour faciliter le contrôle des populations. Reste à savoir quelle sera l’attitude des parlementaires … et celle des populations.
2. Le Sommet de l’OCS (Organisation de coopération de Shangai) les 15 et 16 Septembre 2022 à Samarcande
Ce sommet sera particulièrement important. L’Iran sera, pour la première fois, un membre à part entière (le neuvième), lors des discussions. Une nouvelle extension de l’OCS sera à l’ordre du jour.
La déclaration finale de ce sommet devra donc être scrutée à la loupe.
Compte tenu des événements d’Ukraine et de Taïwan, les nouvelles candidatures retenues pour l’adhésion pleine et entière à l’organisation mais aussi au statut d’observateur ou de partenaires de discussions, devront être prises en compte par les géopoliticiens, car elles témoigneront du choix de la multipolarité et s’inscriront donc en opposition très claire à l’hégémonie occidentale.
L’extension plus que probable de l’OCS au cours de ce sommet, pourrait constituer une réponse du berger à la bergère face à l’extension de l’OTAN perçue désormais, à juste titre, comme une menace par de très nombreux pays. Il ne fait guère de doute qu’elle sera beaucoup plus massive et signifiante.
Bien que l’OCS ne soit pas aussi « intégrée » que l’OTAN sur le plan militaire, elle se pose en obstacle majeur et très efficace aux politiques de sanctions et de guerre économique menées par les pays membres de l’OTAN, ainsi qu’elle le démontre aujourd’hui lors des événements que nous connaissons. L’OCS compte désormais, et pourrait compter bien davantage, les plus gros producteurs de pétrole et de gaz au monde et, qu’on le veuille ou non, l’avenir de l’occident global en dépend…
3. Les élections présidentielles brésiliennes des 2 et 30 octobre 2022
Il y a cinq candidats déclarés à cette élection très importante. À un mois du premier tour de scrutin, la moyenne des sondages donne Lula en tête à 45% au premier tour, avec 10 à 15 points d’avance sur Bolsonaro.
Une élection de Lula serait très dommageable pour les USA, car le Brésil, déjà tourné vers la Russie, via les BRICS, s’y tournerait bien davantage.
Après avoir perdu le soutien de la quasi-totalité de ses vassaux sud-américains, y compris la Colombie, le 19 juin dernier, les USA qui ne font plus du tout recette en Amérique latine, ne peuvent permettre sans réagir une élection de Lula. Une ingérence US dans le processus électoral brésilien est donc plus que probable.
Elle se fera, comme d’habitude, via la « diaspora néoconservatrice et mondialiste » brésilienne, très puissante, qui contrôle, comme presque partout ailleurs dans la sphère d’influence occidentale, la Finance, les Médias, la Justice, la Police et l’Armée. Il serait surprenant que cette « diaspora » ne tente rien pour s’opposer au retour au pouvoir de Lula, comme elle avait su le faire en 2016 pour évincer Dilma Roussef et en 2018 pour assurer la victoire de Bolsonaro. L’ingérence US pourrait aller jusqu’à l’élimination physique du candidat Lula ou jusqu’au coup d’État militaire. Les USA sont coutumiers de ces pratiques en Amérique latine, mais pas que … (Maïdan en 2014).
4. Le 20ème Congrès du parti communiste chinois du 16 Octobre 2022
Ce Congrès se tient tous les cinq ans. Il devrait voir, sans surprise, la ré-élection de Xi Jinping au poste de secrétaire général du parti. Le bilan des réalisations sur les 5 dernières années et les objectifs pour les 5 prochaines devraient y être présentés.
5. Les élections de mi-mandat aux USA le 8 novembre 2022
Dans cette joute électorale, le camp Biden, soutenu par la « diaspora néoconservatrice et mondialiste », semble en mauvaise posture. La côte de popularité de Biden est actuellement au plus bas, bien qu’en légère hausse grâce aux efforts constants du rouleau compresseur médiatique. Le résultat de l’élection sera particulièrement important pour l’avenir du mondialisme et surtout pour celui de la multipolarité, et donc pour la planète.
Le résultat de l’élection sera certainement une conséquence directe du niveau de l’inflation et de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages US en septembre et octobre 2022. L’équipe Biden sera évidemment tentée de multiplier les cadeaux fiscaux aux électeurs dans une politique du « quoiqu’il en coûte », pour « acheter » leurs votes. Le dollar et l’économie américaine n’en sortiront pas renforcés.
À l’approche de ces élections, si la Russie parvient à obtenir des résultats militaires décisifs en Ukraine et/ou si elle parvient à provoquer sur les marchés, avec l’aide de ses alliés producteurs de gaz et de pétrole, une hausse très importante des prix de ces produits avant les élections US, les candidats démocrates paieront la facture au prix fort le jour des élections.
L’État profond US est déjà à la manœuvre pour tenter de limiter la casse et pourquoi pas, d’inverser les tendances, aujourd’hui trumpiste (donc antimondialiste), de l’opinion publique US.
6. Le 17ème sommet des chefs d’État du G20 des 15 et 16 novembre 2022 à Bali (Indonésie)
Ce sommet ne changera probablement pas grand-chose. On y constatera, une fois encore, une division toujours plus profonde entre deux camps : un camp déclinant qui s’accommode encore du mondialisme et de l’hégémonie US (G7+) et un camp de plus en plus sûr de sa force et de son avenir qui se regroupe autour des BRICS+ et qui défend la multipolarité.
À noter que l’Indonésie, pays hôte du sommet du G20 en 2022 et l’Argentine ont déjà fait acte de candidature aux BRICS et que l’Arabie saoudite a exprimé son souhait de le faire ainsi que la Turquie, pourtant membre de l’OTAN…
Dans un tel cadre, il paraît très peu probable qu’une quelconque motion anti-russe puisse être adoptée à ce sommet du G 20 de Bali, que Zelensky y paraisse ou non. Si le G7 suit unanimement son chef de meute US, le G20 qui représente le monde entier dans sa diversité saura, fort heureusement, se distancier de l’hégémon US.
***
En conclusion, six événements politiques et géopolitiques majeurs vont se dérouler en cette fin d’année 2022, sans compter, bien sûr, les événements imprévus.
Les deux plus importants et signifiants pourraient bien être le sommet de l’OCS en septembre et l’élection présidentielle brésilienne en octobre. La probable ingérence US dans cette dernière devra être suivie de près.
Les résultats provisoires de l’opération spéciale russe en Ukraine et ceux du bras de fer économique et militaire entre la Russie et ses soutiens d’une part, les pays membres de l’OTAN et leurs soutiens de l’autre, impacteront probablement tel ou tel de ces 6 événements et, à divers degrés, l’avenir du monde.
Dominique Delawarde
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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