Depuis 1962, graduellement, la participation des citoyens à ce que nous croyons être le geste le plus important d’une démocratie est passée de 80.9% à 68.6%. Durant ces soixante dernières années, les citoyens du Québec ont commencé à bouder sérieusement ce moment où ils choisissent leurs dirigeants pour une période d’environ 4 ans.
Cette baisse d’intérêt à la vie démocratique du pays s’est fait sentir sérieusement autant lors des élections provinciales, fédérales et municipales. Tellement inquiétante que nos élus ont choisi d’en faire un enjeu électoral en promettant de modifier pour la prochaine élection le mode de scrutin. Mais devant le risque d’ajouter plus de démocratie à notre manière d’élire nos dirigeants, les élus ont reculé face à leur promesse. Ils déclarèrent naïvement que la tâche était trop compliquée à réaliser pour faire les changements qui s’imposaient. Sommes-nous donc maintenant condamnés à subir ce pouvoir telle une dictature qui refuse d’évoluer? N’est-ce pas là la conclusion que le peuple doit tirer? C’est la mienne : nous sommes insidieusement sous contrôle d’un pouvoir qui se déclare démocratique, mais dont il faut douter absolument, car officiellement stagnant.
Comme une religion qui condamnait les femmes à être soumises à leur mari, le pouvoir démocratique du Québec nous informe sans le dire ouvertement que le peuple doit être éternellement soumis à ses élus, et que la manière que nous les élisons demeurera sans possibilité d’amélioration de sa voie dite « démocratique » pour le reste du temps. Nous voici donc prisonniers de nos élus à qui nous remettons de bonne foie les rênes d’un pouvoir de plus en plus absolu. Autrefois, les femmes n’avaient pas le droit de voter, toutes soumises à la dictature du mâle; voici que maintenant, nous sommes toutes et tous soumis à la dictature des élus!
Les pouvoirs de taxation des gouvernements sont entiers et totalitaires : au risque d’être reconnu coupable de détournements de fonds et poursuivi, le citoyen ne peut se dérober de ses obligations financières envers l’État. Comme le dit l’adage : « Le fisc a le bras long! », et le fisc, ce sont nos élus, et nos élus, se sont nos votes.
Ainsi, à la veille de cette nouvelle élection à laquelle les candidats ne promettent rien sur le mode de scrutin et beaucoup sur rien de concret, continuerons-nous à participer de moins en moins à notre démocratie en n’allant plus voter?
Nous pourrions par exemple ne plus aller voter, mais participer davantage à des manifestations démocratiques contre les élus et leurs choix d’investir là où nous n’avons pas d’intérêts collectifs. Pour nous, ce qui est prioritaire, c’est l’éducation, la santé, le transport collectif, la lutte contre la pauvreté, contre la violence, le respect des droits de la personne, de l’environnement, et le renforcement du mode de scrutin démocratique et non sa détresse comme aux États-Unis et en d’autres pays! Le Québec en est là!
Si notre vote compte de moins en moins, pourquoi irions-nous voter et légitimer des personnes à faire de notre pays une dictature par une minorité? Je veux bien remettre entre les mains de certaines personnes le pouvoir d’agir en mon nom, mais encore faut-il que leur pouvoir de taxation me revienne en services accrus et en qualité de vie.
J’ai toujours voté depuis que j’en ai eu le droit, mais le pouvoir de mon vote n’a jamais été réel. Il faut que ça change sinon nous nous encroûtons dans une crédulité qui refuse l’évolution et nous soumet bêtement à l’indifférence. Comme peuple et comme civilisation, c’est là un grave recule qu’il faut dénoncer; c’est urgent.
Refusons le silence sur le mode de scrutin actuel, dépassé et insignifiant, et exigeons un grand débat de fond du prochain gouvernement.
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