par Alastair Crooke.
Les néoconservateurs américains ont toujours eu le don d’accrocher leurs projets autoritaires purs et durs au dernier slogan du culte de la « vertu » occidentale.
Le 24 juin, à l’Institut Hudson de Washington, Mike Pompeo a prononcé un discours de politique étrangère intitulé Les trois phares – présentant Taïwan, l’Ukraine et Israël comme des « phares de la liberté ». Les néoconservateurs américains ont toujours eu le don d’accrocher leurs projets autoritaires purs et durs à n’importe quel slogan du dernier culte de la « vertu » occidentale, et de parvenir ainsi à établir un récit médiatique.
Depuis les premiers jours du Covid, les mots vulnérabilité, solidarité et soins qui ont circulé parmi les élites « performativement compatissantes » à l’égard du régime biomédical ont été consolidés dans un récit plus large visant à intimider le public pour qu’il se conforme à la nouvelle « politique du sacrifice ». En d’autres termes, « être prêt et disposé à sacrifier ses libertés pour protéger les groupes vulnérables : C’est notre solidarité… Votre liberté individuelle s’arrête là où commence la liberté collective ».
L’utilisation par Pompeo de la protection de la « liberté » au sein de ce groupe de « phares vulnérables » vise à dissimuler un projet néoconservateur qui a causé la perte de vies, la perte de droits, la perte de revenus et des dommages psychologiques à nombre de ceux qui vivent à côté de ces phares « chevaux de Troie ». Bien sûr, « protéger les personnes vulnérables » en détruisant les moyens de subsistance et la vie des autres a toujours été une proposition illogique. Son véritable objectif n’est que de rallier le soutien du public à une action belliqueuse contre les forces chinoises, russes et iraniennes.
Et pourtant, dans la formulation linguistique maladroite de Pompeo, il y a le noyau d’un lien inverse entre les trois : La visite de la présidente Pelosi à Taipei a réveillé le Dragon endormi. Il voit désormais clairement les parallèles entre Taïwan et l’Ukraine. Depuis le début du XXe siècle, l’Occident a établi plusieurs juridictions extraterritoriales (les Concessions) à l’intérieur de la Chine, qui ont servi à la fragmenter et à l’affaiblir.
Pékin voit maintenant que les États-Unis ont l’intention de faire tout leur possible pour s’assurer qu’une réunification pacifique de Taïwan avec le continent n’ait jamais lieu, et que la politique américaine actuelle n’est que le prolongement d’une ancienne stratégie coloniale.
Cela a permis à la Chine de mieux comprendre la question de l’Ukraine : L’Occident, depuis le début du XXe siècle, a cherché à exploiter le nationalisme ukrainien ethnique d’extrême droite contre les Ukrainiens culturellement russes, afin d’affaiblir la Russie.
Comme la Chine vis-à-vis de Taïwan, Moscou a compris que les États-Unis et leurs alliés européens feraient tout leur possible pour empêcher l’unification pacifique des divers peuples de cette région frontalière (comme les accords de Minsk avaient pour objectif de le faire).
La réponse chinoise à la visite de Mme Pelosi a été que « le nœud coulant autour du cou de l’indépendance de Taïwan » sera resserré, de plus en plus resserré, comme l’a prévenu le ministre Wang Yi, ajoutant qu’« il n’y a pas de place pour le compromis » sur cette question.
Li Fei, professeur à l’université de Xiamen, a conceptualisé ce qu’il appelle « le modèle de Pékin », qui a donné à Pékin la notion de « réunification intelligente » – une approche qui combine efforts pacifiques et force militaire. Une telle approche doit être mise en œuvre étape par étape, et la normalisation des exercices militaires actuels autour de l’île est un pas en avant. Si la « réunification intelligente » ne permet toujours pas d’atteindre notre objectif final, a-t-il ajouté, une approche plus directe fondée sur la force sera nécessaire. (En janvier 1949, l’APL a encerclé Pékin, qui était alors occupée par les forces du KMT, et a finalement forcé les commandants du KMT à se rendre, de sorte que la libération de la ville s’est effectivement produite pacifiquement…).
Eh bien … La Russie, étape par étape, resserre progressivement l’étau autour du cou de l’armée ukrainienne post-Maïdan, formée par l’OTAN. Si une solution n’émerge pas organiquement de la sensation de la corde au cou, ce « nœud » sera lui aussi resserré.
Cela nous amène au troisième des phares trojans de Pompeo : Israël. L’Iran et de nombreux autres pays comprennent que les États-Unis ne souhaitent pas voir le Moyen-Orient uni. L’Occident collectif voit plutôt une région fragmentée, polarisée, divisée par les sectes et la question palestinienne comme la voie à suivre pour affaiblir l’Iran et ses alliés.
D’où la réponse de l’Iran. Étape par étape, l’Iran et ses alliés ont progressivement resserré l’étau autour d’Israël, depuis quatre points distincts de la boussole. L’UE s’est empressée de sauver le mécanisme d’endiguement de l’Iran – le JCPOA – même si l’Iran est désormais une puissance du « seuil » nucléaire et pourrait, dans un délai relativement court, fabriquer une arme – s’il le décidait (ce qui n’est pas le cas).
L’amiral Shamkhani a déclaré aux membres de la Commission de sécurité nationale du Parlement iranien que l’Iran pouvait lui aussi se permettre d’aller lentement, étape par étape. L’Iran peut se permettre de dire oui ou non à la proposition prétendument finale de l’UE, et de confirmer que l’Iran ne s’écartera pas de ses « lignes rouges ».
Après tout, l’Iran vend son pétrole et génère des revenus substantiels, tandis que le Moyen-Orient, l’Asie et le Sud du monde subissent une métamorphose géopolitique révolutionnaire. Le paysage politique se consolide en une sphère autonome et anti-Ordre Mondial. Et le paradigme économique de l’Asie occidentale est lui aussi sur le point de se transformer avec l’avènement d’un nouveau système de commerce et de compensation financière en gestation.
En somme, l’Iran n’a pas explicitement besoin de se serrer la ceinture en ce moment. Une nouvelle architecture géostratégique à large spectre dirigée par Moscou, qui se dessine dans toute la région, s’en charge de toute façon pour l’Iran.
source : Al Mayadeen
traduction Réseau International
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