par Peter Yermilin.
Au cours des prochains mois, nous allons assister à une lutte acharnée pour les contrats de GNL (gaz naturel liquéfié) russes. Tout porte à croire que les alliances occidentales vont s’effondrer, tandis que la Russie aura l’occasion de construire et de renforcer ses alliances.
Les alliances occidentales vont s’effondrer dans la guerre du GNL russe
Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, a noté que l’UE a réussi à réduire la part de la Russie dans les importations de gaz de 40% au début de l’année à 20%. Cela a été rendu possible, entre autres, grâce à l’augmentation de la part du GNL. Or, il s’avère que ce GNL est également russe, et cet hiver, il faudra se battre pour le récupérer.
Les Anglo-Saxons rompent leurs alliances avec l’Europe et l’Asie
Selon le Wall Street Journal, l’Europe devra se battre avec l’Asie pour le gaz naturel liquéfié russe dans les mois à venir. Dans un contexte de baisse considérable des exportations de gaz russe par gazoduc et de multiplication par près de cinq du coût du gaz en Europe, le prix du GNL s’est égalisé en Asie et en Europe.
Les exportateurs de GNL profitent aujourd’hui de la rupture des contrats à long terme avec les clients asiatiques, même s’ils doivent payer des compensations et rediriger leurs approvisionnements vers l’UE. Selon Reuters, les importations de GNL de la Belgique en provenance des États-Unis ont augmenté d’environ 650%, tandis que les importations de GNL américain du Pakistan se sont effondrées de 72%.
Bloomberg a déclaré qu’il y aura une forte augmentation des prix de l’énergie si l’hiver prochain est plus froid que d’habitude. Au cours de l’année, le coût du gaz a été multiplié par près de cinq.
Dans ce contexte, les États-Unis et l’Australie, qui avaient précédemment promis d’aider leurs alliés européens à s’approvisionner en GNL, ont déjà annoncé qu’ils pourraient limiter leurs exportations afin d’augmenter l’offre intérieure et de remplir leurs propres installations de stockage souterrain de gaz (UGS). Les États-Unis invoquent la saison des ouragans dans l’Atlantique comme excuse et affirment qu’elle devrait être bien supérieure à la moyenne.
Le Handelsblatt d’Allemagne souligne que les représentants du Bangladesh ont déjà accusé l’Union européenne de « débaucher » les producteurs de GNL avec de l’argent et de « plonger dans l’obscurité des millions de personnes dans les pays en développement ».
L’Allemagne commence à prendre du GNL en provenance d’Inde
Les États-Unis et l’UE veulent impliquer l’Inde dans le plafonnement du prix du pétrole russe.
L’Allemagne ne se soucie pas de telles intentions. Anticipant une catastrophe, Berlin, en violation du contrat, a commencé à prendre du GNL en Inde, qui devrait le recevoir dans le cadre du contrat Yamal LNG. La compagnie indienne GAIL a un contrat à long terme pour la fourniture de 2,5 millions de tonnes de GNL par an par l’intermédiaire de l’ancienne filiale de Gazprom, Gazprom Marketing and Trading Singapore (GM&T Singapore), qui a été reprise par le gouvernement allemand début avril.
GMTS a informé la société indienne qu’elle ne serait pas en mesure de remplir ses obligations contractuelles. La société a déclaré qu’elle était prête à payer une pénalité conformément au contrat. La pénalité que GAIL recevra de GMTS sera trop faible pour compenser le prix que GAIL devra payer pour acheter du GNL sur le marché spot.
L’Inde connaît déjà des pénuries d’approvisionnement en gaz, tant pour les usines d’engrais (de 10%) que pour les autres consommateurs industriels (de 10 à 20%). En outre, GAIL n’utilise que 60% de son complexe pétrochimique dans le nord de l’Inde.
La Russie a une chance de renforcer ses alliances
Il n’y a qu’une seule issue pour l’Inde, le Bangladesh et d’autres pays asiatiques : établir des alliances avec la Russie contre l’Occident.
La Turquie a pris une position avantageuse dans la guerre du gaz. La Turquie maintient la neutralité, ferme les détroits, ouvre l’espace aérien et refuse de se joindre aux sanctions anti-russes. Dans un tel contexte, la Turquie est devenue une plaque tournante pour les exportations de gaz russe par gazoduc (système de gazoduc Turkish Stream).
Lors d’un récent sommet à Istanbul, Moscou et Ankara ont discuté de l’approvisionnement en gaz de la Turquie et ont convenu de la mise en œuvre progressive des monnaies nationales dans les règlements mutuels.
Toutefois, si l’Europe ne parvient pas à concurrencer les pays asiatiques, les approvisionnements en GNL des États-Unis vers l’Europe seront réduits au minimum ou complètement arrêtés. Dans ce cas, les pays de l’UE devront revenir au gazoduc de la Fédération de Russie.
Au fur et à mesure que les sanctions et les contre-sanctions s’intensifient, le camp occidental risque de se diviser en différends sur leurs intérêts. Les luttes politiques internes vont également s’intensifier. Les prix élevés de l’énergie pourraient déclencher une crise qui entraînerait des troubles sociaux.
La Bulgarie souffrira plus que les autres de la guerre du gaz. Fin avril, la Russie a coupé l’approvisionnement en gaz de la Bulgarie après que celle-ci a refusé de payer le combustible en roubles russes. La Bulgarie dépend presque entièrement du gaz naturel russe. La Bulgarie a tenté d’augmenter ses achats de GNL, en ciblant des fournisseurs, notamment les États-Unis, mais en vain.
source : France Pravda
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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