par Diane Porter.
Fondée officiellement le 15 juin 2001, l’OCS faisait suite à l’Organisation de Shanghai, elle-même créée le 26 avril 1996. Son siège est à Pékin. Les pays fondateurs sont la Chine et la Russie plus quatre États d’Asie Centrale, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan qui les a rejoints à la création de l’OCS. L’organisation s’ouvre ensuite à l’Inde et au Pakistan en 2016, puis à l’Iran en 2021.
Elle est le vecteur principal de la géopolitique de la Russie qui s’était tout d’abord tournée vers l’Asie sous l’impulsion de Evgueny Primakov, premier ministre de Boris Eltsine et, plus tard, en 2010, sous l’impulsion de Vladimir Poutine, alors que les relations avec l’Occident commençaient à se détériorer. C’est également une façon pour les deux principaux pays, la Chine et la Russie, de renforcer leurs positions, face à Bruxelles et Washington pour la Russie et face à l’expansionnisme américain en Asie-pacifique pour la Chine. Mais les deux pays la considèrent comme une alliance non agressive, par opposition aux alliances nouées par les États-Unis qui sont toutes dirigées vers un adversaire désigné.
Les neuf pays membres de l’OCS aujourd’hui, représentent environ 60% de la population mondiale et plus de 23% du PIB mondial.
Alors que l’OCS prépare son prochain sommet, en septembre, un article du quotidien russe « Izvestia » annonce que, selon deux sources « de haut rang », proches du comité d’organisation du sommet, dix autres pays, dont les Émirats arabes unis, la Syrie, le Qatar et l’Arabie saoudite, souhaitent rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ils ont précisé que les EAU ont demandé à devenir membre de l’OCS immédiatement, court-circuitant la procédure administrative. La question qui sera examinée lors du sommet de Samarcande. Parmi les autres candidats à l’adhésion à l’OCS figurent le Myanmar, le Cambodge et le Népal. La Douma d’État a partiellement confirmé les informations fournies par les sources du quotidien et a également précisé que l’Azerbaïdjan et l’Arménie pourraient obtenir le statut de membre de l’organisation dans un avenir proche.
La nouvelle, on s’en doute, a été « moyennement appréciée » à Washington. La fausse nouvelle de la livraison de drone iraniens à la Russie est un symptôme de cette contrariété et une tentative d’influer sur la position de l’Arabie saoudite avant la visite de Joseph Biden à Riyad. La visite du président américain avait trois objectifs : rallier les dirigeants saoudiens à la stratégie d’endiguement de la Chine et de la Russie, briser l’alliance OPEP+ entre Riyad et Moscou et réunir une alliance militaire anti-Iran (d’où le mensonge sur les drones). Echec sur toute la ligne. Le prince Mohamed Ben Salman s’est entretenu avec Vladimir Poutine après le départ américain et ils ont discuté du développement de la coopération commerciale et économique entre les deux pays. Ils ont également insisté sur l’importance d’une coopération accrue au sein de l’OPEP+.
Les déclarations récentes de Mohamed Ben Salman constituent un rejet de la déclaration du 3 juillet des ministres des affaires étrangères du G7 sur la sécurité énergétique, qui envisage d’imposer un embargo complet sur tous les services de « transport de pétrole brut et de produits pétroliers russes par voie maritime dans le monde entier », à moins que Moscou ne vende du pétrole à un prix à convenir en consultation avec l’Occident. Cette exigence stupide est irréaliste et dangereuse pour deux raisons. La première est que l’Occident a absolument besoin que le pétrole russe continue à être exporté faute de quoi les prix du brut s’envoleraient. La seconde est que, alors que la pression sur les ressources mondiales devient de plus en plus forte, les pays producteurs voient bien que cette approche prédatrice nous ramène à l’époque coloniale. Ils ne peuvent pas ne pas se sentir vulnérables, d’autant qu’ils ont également assisté à cet acte de banditisme des pays Occidentaux qui ont confisqué les réserves de change de la Russie et les biens propres de citoyens russes.
Et puis, tout le monde connaît la tendance américaine à organiser des changements de régime dans les pays dont la politique ne leur convient pas. Tout le monde sait que la préférence des États-Unis dans la succession du roi Salman d’Arabie saoudite allait à l’ancien prince héritier Muhammad bin Nayef et non à MBS. Cela donne tout son sens à la proposition faite par ce dernier à l’Iran (alors que Joseph Biden était encore à Djeddah) d’intensifier leurs contacts au niveau politique, de même qu’à l’intérêt manifesté par MBS pour l’OCS, si peu de temps après l’adhésion de l’Iran à cette organisation. On notera d’ailleurs, que le prince héritier saoudien a été invité à Samarcande.
Non seulement l’offre d’alliance militaire de Joseph Biden n’a pas trouvé preneur dans le monde arabe, mais elle l’a inquiété au plus haut point. Ces pays qui connaissent l’histoire et ont eu l’occasion d’observer la « fiabilité » et la « loyauté » des États-Unis vis-à-vis de leurs alliés, semblent voir maintenant dans l’OCS une sorte d’antidote à la traitrise.
source : Association Franco-russe
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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