Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 2 août 2022.
Point de situation dans le Donbass et en Ukraine
Je voudrais avant tout saluer le début de la mise en œuvre des accords alimentaires conclus le 22 juillet à Istanbul. Le 1er août, le premier navire battant pavillon sierra-léonais (chargé de maïs) a quitté le port d’Odessa en mettant le cap sur le Liban. Nous espérons que Kiev tiendra ses engagements pour garantir la sécurité des navires en mer Noire et dans les eaux territoriales de l’Ukraine. En même temps, le règlement à part entière du problème alimentaire nécessite que les pays occidentaux garantissent les conditions d’accès aux marchés mondiaux pour les vivres et les engrais russes, c’est-à-dire qu’ils lèvent les obstacles financiers et logistiques provoqués par leurs propres restrictions antirusses.
C’est exactement ce que prônent haut et fort, par exemple, les pays d’Afrique, dont l’Occident (et surtout Washington) « se préoccupe » tant. Les Africains disent que les pays occidentaux créent eux-mêmes le problème alimentaire en bloquant les paiements, la logistique de transport, puis racontant au monde des histoires que le monde est menacé par la famine.
Cela donne l’impression que les médias du mainstream occidental se sont tellement éloignés d’un travail normal objectif pour se transformer en instrument de propagande des régimes libéraux que ces mêmes régimes ne reçoivent plus d’informations véridiques d’autres régions du monde sur ce qui se passe sur la scène internationale. Apparemment, l’Occident n’entend pas (la télévision ne le montre pas) les déclarations des dirigeants et des professionnels sur le problème alimentaire dans les pays d’Afrique. Ils comprennent parfaitement qui est derrière l’aggravation de la situation.
La levée des obstacles financiers et logistiques est prévue par le Mémorandum d’entente bilatéral entre la Fédération de Russie et le Secrétariat de l’ONU sur la promotion des vivres et engrais russes sur les marchés mondiaux. Les accords conclus à Istanbul constituent un paquet. C’est le terme utilisé par le Secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres. À cet égard, nous mettons en garde contre les tentatives d’atermoyer ou de ne pas remplir la seconde partie du paquet. Dans le cas contraire, le monde pourrait manquer de dizaines de millions de tonnes de céréales russes à cause de la politique irresponsable de l’Occident. Malgré tous les efforts des médias occidentaux mainstream, les pays importateurs de céréales comprennent qui est derrière la création d’obstacles à la livraison de produits alimentaires.
Pendant ce temps, l’opération militaire spéciale se poursuit en Ukraine. En dépit du soutien du régime de Kiev par des pays occidentaux, nous œuvrons à remplir ses objectifs visant à protéger la population civile des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL), à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, ainsi qu’à éradiquer les menaces à la sécurité de la Russie.
La vie pacifique s’installe, l’industrie, l’agriculture et l’infrastructure sociale commencent à fonctionner dans les régions de Lougansk et de Kherson reprises aux néonazis sur les territoires de la RPD et les régions de Kharkov et de Zaporojie. Un grand plan a été élaboré pour la reconstruction totale de Marioupol d’ici trois ans. Cette année, le travail sera mené sur 90 sites sociaux.
L’activité des forces de l’ordre et des organes judiciaires ne cesse pas, les coupables des crimes contre la population civile du Donbass seront punis selon toute la sévérité de la loi, et non par des méthodes barbares utilisées non pas pour la justice, mais pour déverser la haine et l’agression sur les territoires contrôlés par le régime de Kiev. Vous avez vu les terribles images de personnes attachées à des poteaux, arrosées de produits chimiques, frappées (y compris des femmes, des vieillards et des enfants) simplement parce qu’il a semblé à quelqu’un qu’ils ne sont pas « loyaux » envers le régime de Kiev. Aucune provocation de Kiev ne pourra empêcher la normalisation de la vie sur ces territoires.
Il y a quatre jours, l’armée ukrainienne a commis un autre crime de guerre en tirant des roquettes du LRM américain Himars contre le centre de détention provisoire d’Ielenovka. Une roquette a touché le bâtiment où étaient détenus des combattants du régiment Azov, qui se sont rendus en mai dernier à l’usine Azovstal de Marioupol.
Pourquoi le régime de Kiev a-t-il frappé ce centre de détention où se trouvaient des prisonniers de guerre ukrainiens? Parce que ces derniers avaient commencé à faire leurs dépositions, à parler de leurs cruautés contre la population civile du Donbass, à divulguer des faits (avec des chiffres, des dates, des points géographiques). Ces prisonniers de guerre menacent à présent le régime de Zelenski en étant des témoins vivants de crimes. Ces quatre-cinq derniers mois, Kiev, les « partenaires » occidentaux et la communauté libérale du monde entier crie: « Quels nazis? », « il n’y a personne », « aucun crime xénophobe n’a été commis ». À présent, les combattants sortis d’Azovstal ont apporté la preuve de ce qu’ils faisaient (au sein de l’armée ukrainienne). Ces témoins dangereux, du point de vue du régime de Kiev, devaient être éliminés. C’est pourquoi ils ont simplement appuyé sur le bouton « tir » de l’arme américaine pour attaquer selon leurs propres informations de pointage. C’est aussi simple et cynique, mais absolument dans le style de la philosophie occidentale – éliminer ceux qui servaient encore hier corps et âme, prêté serment, exécuté des ordres criminels en pensant qu’ils sont justes et servent les intérêts nationaux de l’Ukraine.
Mais était-ce différent dans d’autres régions du monde? Souvenez-vous du Moyen-Orient. Tous les protégés mis en place par les Américains étaient tôt ou tard trahis ou éliminés par Washington. Oussama ben Laden a été élevé en Occident, il y a reçu son éducation et du soutien. Des journaux parlaient de lui comme d’un homme ayant choisi la voie de la démocratie. Puis il est devenu un ennemi et a été tué sous les applaudissements de Washington. De la même manière les États-Unis se défont de tous ceux qui ont été des « conducteurs » de leur volonté. La sournoiserie et l’hypocrisie sont le fond de la mentalité occidentale actuelle.
La frappe contre le centre de détention provisoire a tué plus de 50 combattants qui s’étaient rendus à Azovstal. Il est évidemment que les autorités ukrainiennes et leurs parrains occidentaux ont eu peur que les combattants d’Azov dévoilent la terrible vérité, du point de vue de la communauté internationale, pour le régime de Zelenski sur les méthodes de combat et les crimes de guerre commis par des nationalistes ukrainiens formés dans les pays de l’Otan et utilisant des armes occidentales. Ces combattants avaient commencé à faire des dépositions détaillées sur le « processus technologique »: comment ils étaient recrutés, où ils étaient entraînés, quels étaient leurs objectifs, quelles armes étaient fournies, qui donnait les ordres. Dès que ces gens ont ouvert la bouche, le régime de Kiev l’a fermée, alors qu’il s’agissait de combattants qui avaient prêté allégeance à Kiev. Le sommet du cynisme est qu’en dépit des preuves irréfutables, les autorités ukrainiennes ont tenté d’accuser du tir les forces alliées de la Russie et des républiques du Donbass.
Nous appelons la communauté internationale à s’exprimer de manière claire et objective sur le crime commis par les nationalistes ukrainiens dans le village d’Ielenovka. J’ai vu des rapports « surprenants » de représentants d’organisations internationales. Ils ont été interrogés par des journalistes sur leur réaction à ce qui se passait et sur les événements en soi. Ils ont répondu qu’ils ne disposaient d’aucune information de « première main ». Quelles informations les fonctionnaires internationaux possédaient-ils sur la ville de Boutcha, Kramatorsk? À qui appartiennent ces « premières mains » qu’ils considèrent dignes d’apporter des documents à commenter? Nous aimerions avoir une liste de sources d’information de « première main ». Dans d’autres cas, rien ne les empêche de citer des données non vérifiées provenant de médias sociaux ou de citer des documents provenant d’organisations non gouvernementales. Dans le cas présent, ils sont plus que suffisants, mais pour une raison quelconque, ils ne font pas partie de la fameuse catégorie des informations de « première main ». C’est incroyablement ambigu.
Nous espérons que les agences compétentes de l’ONU et les experts du Comité international de la Croix-Rouge, qui ont contribué à l’évacuation des civils du sous-sol d’Azovstal au mois de mai de cette année, ne reculeront pas devant notre invitation à participer à l’enquête sur cette situation.
Nous espérons aussi que la coopération avec les représentants des Nations unies et du Comité international de la Croix-Rouge sera fructueuse et permettra de fournir des informations sur les conditions de détention des militaires russes, de la RPD et de la RPL détenus en Ukraine. Nous sommes toujours confrontés à ce que l’on appelait auparavant un deux poids, deux mesures. Il ne s’agit plus simplement de deux poids, deux mesures, mais d’une négligence criminelle dans la couverture médiatique et l’évaluation des événements actuels. Les représentants du Comité international de la Croix-Rouge exigent qu’on leur fournisse un accès en Russie aux lieux de détention des prisonniers de guerre ukrainiens et des membres des groupements nationalistes ukrainiens qui se sont rendus, en particulier les membres du régiment Azov, mais ils gardent le silence sur les résultats de leur travail concernant les militaires russes, de la RPD et de la RPL se trouvant en détention.
Les crimes du régime de Kiev ne se limitent pas à l’extermination d’anciens combattants à Ielenovka. Le bombardement des villes et villages civils de la RPD, de la RPL et des zones libérées de l’Ukraine par des pièces d’artillerie de 155 mm et 120 mm, ainsi que par des lance-roquettes multiples et des lance-missiles Tochka-U, se poursuit.
La semaine dernière, les centres des villes de Donetsk, Makeïevka et Novolouganski ont été bombardés par des mines antipersonnel interdites Lepestok. J’ai vu cette information dans les médias russes et sur les réseaux sociaux. Il y avait également des questions, où étaient les journalistes occidentaux? Où sont ces ONG occidentales spécialisées qui se prononcent contre l’utilisation de telles armes? Ils gardent le silence et « ne voient rien ». Encore une fois, il n’y a aucune information de « première main »? La voilà. Voilà ce dont nous parlons.
Dans la région de Zaporojie, les greniers d’Energodar et de Kamenka-Dnieprovskaïa ont été bombardés à plusieurs reprises par les forces armées ukrainiennes. Nous regrettons que les pays occidentaux et les organisations internationales, une fois de plus, ne le remarquent pas et ne donnent aucune évaluation des bombardements ukrainiens. Ou bien ce ne sont pas les bons produits alimentaires? Les mauvais greniers? Il y a des « bons » qu’on ne peut pas toucher. Par exemple, dans le port d’Odessa, ils sont « bons » et ne devraient pas être attaqués, alors que sur le territoire de la RPD, ils ne sont « pas tout à fait bons ». Une autre espèce? D’autres personnes l’ont fait pousser? Pourquoi personne n’en parle?
Nous avons fait attention à une nouvelle « fête » proclamée par le régime de Kiev, le 28 juillet est la journée de l’État ukrainien, que le président Vladimir Zelenski a appelé « un État libre, souverain et indépendant, seul héritier légitime de la Russie kiévienne ». C’est comme si tout le monde était devenu fou. Bientôt ils se consacreront mutuellement comme princes et s’appelleront seigneurs – une espèce d’obscurantisme.
Comme l’a écrit Sergueï Lavrov dans son article publié dans le journal Izvestia, la mise en scène est la méthode préférée de la politique occidentale. Il est ridicule d’agir de cette façon alors que tous les États (et pas seulement les États slaves) comprennent à quel point de telles déclarations sont absurdes. Beaucoup a été dit sur la falsification flagrante de l’histoire par les autorités ukrainiennes et sur l’identité de ceux qui sont l’héritier du régime néonazi actuel de Kiev. Pourquoi aller trop loin? Regardez les écussons de certains combattants ukrainiens. Savez-vous de qui ils sont les héritiers réels et légitimes? La réponse est: de ceux dont le bataillon Azov porte les écussons sur ses manches – des nazis. Tout le monde en est conscient. Laissez la Russie kiévienne en paix, ne la touchez pas avec vos mains sales et sanglantes.
Il n’y a aucun doute sur le caractère « libre et indépendant » de l’Ukraine d’aujourd’hui. Ce pays n’a pas seulement perdu sa souveraineté. Les dirigeants de Kiev ne l’ont même pas vendu ou hypothéqué (il y aurait eu un certain revenu), ils l’ont gaspillé – c’est le mot qui convient le plus et qui est plus correct et plus facile à comprendre. Il ne s’agit pas de liberté. Ils sont complètement soumis à la servitude occidentale. Depuis de nombreuses années, l’Ukraine subit le contrôle extérieur des pays occidentaux. De quelle liberté, de quelle souveraineté et de quelle indépendance peut-on parler lorsque le gouvernement de l’Ukraine n’est pas seulement représenté en tant que conseiller, mais qu’il est dirigé par des citoyens d’autres pays qui ne parlent même pas leur langue maternelle, l’ukrainien? Ils étaient assis avec des interprètes possédant des passeports étrangers, n’ayant aucun lien avec l’État ukrainien actuel. Ils ont été « déposés » pour l’administration externe. De quelle liberté, souveraineté et indépendance de l’Ukraine pouvons-nous parler si toutes les ressources naturelles, les richesses, tout dans ce pays a été placé sous une gestion externe par des hommes d’affaires occidentaux, des sociétés, des entreprises ou des personnes ayant des liens étroits avec la classe politique américaine à travers le lobbying. Montrez la liberté. Il n’en reste pas le moindre signe: il n’y a plus de médias indépendants, plus de partis d’opposition alternatifs, il n’y a plus personne qui puisse publier librement et ouvertement son point de vue à l’égard de ce qui se passe dans ce pays. Beaucoup ont tout simplement été assassinés. Même le négociateur officiel a été tué dans les rues de Kiev sans procès, « au cours de sa détention ». S’agit-il d’une sorte de compréhension perverse des principes fondamentaux? Le fait que le parlement ukrainien ait adopté un projet de loi sur le statut spécial des Polonais, qui leur garantit les mêmes droits qu’aux citoyens ukrainiens, est éloquent. Il s’agit de la délégation du statut d’État aux citoyens d’un autre pays.
Pendant de nombreuses années, l’Ukraine a été gouvernée de l’extérieur par l’Occident, et l’Occident l’a utilisée dans ses intérêts géopolitiques en tant qu’outil contre la Russie. C’est ce qu’est devenu l’État qui, pour la première fois de son existence, a obtenu sa souveraineté et son indépendance.
Dans ce contexte, il est particulièrement cynique d’accuser la Russie d’avoir l’intention de détruire le statut d’État de l’Ukraine. Le régime de Kiev lui-même fait cela depuis longtemps. C’est l’Occident qui l’a détruit dans son propre intérêt pour pouvoir contrôler plus facilement le mécanisme mis en place pour contrer la Russie. L’Ukraine a été transformée en un État néonazi dépendant de l’Occident. Pourquoi un État néonazi? Parce que c’est le moyen le plus facile de recruter et d’embaucher des gens. Il n’y a rien de plus facile que d’expliquer aux gens la raison pour laquelle ils doivent haïr leurs voisins. Tout simplement parce qu’ils ont une couleur des yeux différente, la forme de leur nez ou de leurs oreilles, ou encore parce qu’au fond de l’histoire, quelqu’un a eu un désaccord avec quelqu’un. C’est ce que beaucoup ont fait. En l’occurrence, nous voyons que cela se passe en régime accéléré: tout cela ne prend pas des décennies, mais des années. Sous nos yeux, l’État s’est transformé en un terrible mécanisme en décomposition, bourré d’idéologie néonazie et xénophobe.
Cela confirme une fois de plus la justesse des buts et des objectifs de l’opération militaire spéciale visant à dénazifier et à démilitariser l’Ukraine, à protéger la RPD et la RPL et à écarter les menaces pour la sécurité de la Russie. Les dirigeants de notre pays l’ont souligné à plusieurs reprises.
Sur l’évolution de la situation au Kosovo
L’ambassadeur russe à Belgrade l’a déjà commenté. Mais il reste beaucoup de questions.
L’évolution de la situation dans le nord du Kosovo, peuplé de Serbes où, grâce aux efforts des « autorités » de Pristina, qui ont pris la décision volontariste de lancer, à partir du 1er août de cette année, le remplacement obligatoire des documents personnels et des plaques d’immatriculation pour les Serbes du Kosovo, les choses ont failli se terminer par une « collision frontale » aux conséquences désastreuses.
Une nouvelle montée des tensions a été rapidement maîtrisée. Et ce sont, curieusement, les diplomates occidentaux qui ont dû intervenir en persuadant les dirigeants du Kosovo de reporter d’un mois la réalisation de leurs projets. C’est tout à fait évident. Il ne s’agit pas d’un quelconque « mérite » des États-Unis et de l’UE, mais du fait qu’ils ont à corriger les fautes de leurs propres subordonnés, qui ont depuis longtemps un sentiment d’impunité, multiplient les initiatives discriminatoires dangereuses et n’ont aucune intention de chercher des compromis.
L’UE et le Kosovo font soigneusement semblant d’être des organismes indépendants, prenant des décisions et agissant en fonction de celles-ci. Voyons ce qui se passe en réalité. Bruxelles dispose d’un mandat suffisant pour régler les questions litigieuses entre les parties. Cependant, il subsiste une forte impression que l’UE n’ose pas se passer des « indices » de Washington, même lorsque le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell appelle à « démanteler les barricades ». L’impression est telle que ce serait un conflit interne uniquement européen. Oui, la Serbie ne fait pas partie de l’UE, mais elle est entourée de membres de l’UE. Elle entretient un dialogue régulier avec l’UE, tant sur l’interaction avec l’UE que sur la situation autour du Kosovo. Il y a une forte impression que même leur propre conflit interne européen ne peut être résolu à Bruxelles, malgré l’existence de tous les instruments permettant de le faire sans être tenu en laisse par Washington. Cela renvoie à la question souvent posée par les journalistes occidentaux, à savoir à quel point l’Europe, sous la forme de l’UE, est capable de faire quoi que ce soit et d’agir en tant qu’acteur indépendant. D’autres parties du monde: l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine (je le dis en toute confidentialité à Bruxelles) font preuve de plus d’indépendance que les pays qui vivent (comme ils le revendiquent) dans des systèmes démocratiques et proclament le libéralisme en tant qu’idéologie.
Le problème persiste. Son origine vient du non-respect par Pristina de ses engagements et du sabotage des négociations avec Belgrade.
Dans ce contexte, l’incapacité de l’UE, qui a été mandatée d’un rôle de médiateur par l’Assemblée générale de l’ONU en 2010, à encourager les Kosovars à participer honnêtement au dialogue et à assurer l’établissement d’une communauté de municipalités serbes au Kosovo en tant que moyen de protéger les droits et les libertés des Serbes locaux est particulièrement évidente.
Jusqu’à ce que l’Occident se rende compte que la menace d’ébranler la stabilité fragile de la région des Balkans est bien réelle, les expériences dangereuses se poursuivront. La responsabilité revient entièrement à l’Occident et, surtout, à Washington. Nous appelons les États-Unis et l’Union européenne à renoncer à encourager les radicaux de Pristina dans leur frénésie antiserbe et à mettre fin aux provocations à l’encontre des Serbes du Kosovo et de Belgrade.
Sur une tentative de discréditer le sujet des crimes des combattants albanais du Kosovo
Le parlement albanais a adopté une résolution où il considère comme « intenables » les revendications relatives au trafic illégal d’organes au Kosovo et en Albanie, une histoire flagrante et scandaleuse qui remonte à la crise du Kosovo de la fin des années 1990. Le document appelle le gouvernement albanais à agir afin de désavouer un rapport présenté à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe par l’ancien député de l’APCE Dick Marty en décembre 2010. Le parlement albanais veut effacer les faits qui résultent de l’enquête, présentée à l’APCE.
Il s’agit de nombreux crimes atroces contre les Serbes, les Albanais et les ressortissants d’autres groupes ethniques. Ils ont été kidnappés, assassinés afin de prélever leurs organes, qui étaient ensuite vendus sur le marché international de la « transplantologie noire ». Lorsque nous parlons et énumérons les nationalités, c’est important du point de vue du respect des peuples et de la compréhension de la réalité géopolitique. Mais pour les gens du XXIe siècle, les générations qui vivent et ont grandi avec une compréhension de ce que représentent les droits de l’homme, c’est une sauvagerie impossible. Ce n’est même pas une barbarie. Si l’on revient aux origines, les gens ne se traitaient pas de la sorte à l’époque. Les gens avant la civilisation actuelle n’agissaient pas ainsi. Pouvez-vous imaginer ce qui se passait? Il y a beaucoup de littérature et de documentaires à ce sujet. Vous devriez y jeter un coup d’œil. C’est effrayant. C’est la tragédie de l’Europe d’aujourd’hui, qui avait une telle pourriture au sein de son noyau.
En temps voulu, des preuves ont été recueillies confirmant que les combattants de l’Armée de libération du Kosovo étaient les auteurs de tout cela.
La déclaration politique du parlement albanais est absolument inacceptable. Elle vise à compromettre le travail du tribunal spécialisé chargé d’enquêter sur les crimes commis par l’Armée de libération du Kosovo et à classer les affaires pénales contre ses chefs, parmi lesquels figurent d’ailleurs les anciens « président » et « président du parlement » du Kosovo.
En gros, nous avons affaire à une tentative de dissimuler l’un des points de repère de l’agenda international du point de vue de l’évaluation politique, juridique et morale du conflit du Kosovo.
Nous partons toujours du principe que toutes les personnes impliquées dans les atrocités en question doivent être soumises à des punitions sévères et justes. Nous espérons que l’UE respecte les engagements pertinents pris lors de la création du Tribunal spécialisé.
Sur une initiative du Congrès des États-Unis visant à déclarer la Russie comme un soi-disant parrain du terrorisme
Les législateurs américains, y compris la présidente « volante » de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, après avoir utilisé tous les instruments de sanctions disponibles dans la rage antirusse qui se sont avérés dans l’ensemble inefficaces, ont définitivement craqué. Ils se sont déjà mis à élaborer ce qu’ils considèrent être une « arme puissante », comme déclarer Moscou « parrain du terrorisme ».
Une telle manière d’appliquer leur propre législation, en contravention avec le droit international, est peut-être considérée comme une sorte de terrible punition capable d’obliger la Russie à vivre selon un « ordre mondial fondé sur des règles » inventé par les États-Unis. Naïfs. Ils oublient avant tout que toute action entraîne une contre-réaction et que la rupture des relations diplomatiques pourrait être le résultat logique d’une telle démarche irresponsable, après quoi Washington risque de franchir le point de non-retour avec toutes les conséquences qui suivront. Les États-Unis devraient bien s’en rendre compte. Espérons que l’oratrice « volante » reviendra un jour à la base et prendra conseil auprès des personnes qui s’intéressent au moins de façon occasionnelle à la diplomatie en tant que profession. Espérons que l’administration Biden, malgré toutes ses bizarreries, en est consciente.
Il est étonnant de constater à quel point les hommes politiques américains, en particulier au Capitole, sont incapables d’évaluer de façon sobre les réalités géopolitiques actuelles, où il n’y a plus de place pour l’ancienne hégémonie des États-Unis. Par la force de l’inertie, Washington continue de diviser le monde en « bons » et « mauvais » (cela concerne les pays, les États, les démocraties et les systèmes); objectivement, les Américains ne sont plus capables de supprimer impunément les régimes indésirables, déclarés comme dictateurs ou terroristes.
Il y a eu les bombardements de la Yougoslavie, les massacres de civils en Afghanistan et en Irak. L’État libyen a été complètement détruit. Puis les Américains ont été repoussés. Ils n’ont pas réussi à démembrer la Syrie, ainsi que le fiasco afghan qui parle de lui-même. Ils subiront la même défaite humiliante en Ukraine, où les États-Unis inondent d’armes le régime de Zelenski sans se soucier de rien. Tout le monde le réalise déjà.
Nous verrons ce que sera l’initiative de la législature américaine lorsque l’oratrice « volante » reviendra. Ils doivent être conscients de notre aptitude à faire face à toute évolution de la situation, et si à Washington ils décident de rompre toute interaction avec Moscou, nous survivrons. Il ne devrait y avoir aucun doute à ce sujet.
Sur la déclaration du président des États-Unis Joe Biden au sujet du dialogue stratégique avec la Russie
Notre attention a été attirée par la déclaration de Joe Biden à l’occasion du début de la conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le président affirme que Washington chercherait à entamer des négociations avec la Russie dans le cadre d’un nouvel accord destiné à remplacer le traité New Start. Cependant, la déclaration associe cela au fait que Moscou doit d’abord « manifester sa volonté de reprendre le travail avec les États-Unis sur la maîtrise des armes nucléaires », compte tenu de l’ »agression non provoquée de la Russie en Ukraine » et des « attaques continues contre les principes fondamentaux de l’ordre mondial ». Une question se pose: l’auto-isolement des États-Unis de la Russie est-il achevé? (C’est un léger sarcasme.) En réalité, voyons comment les choses évoluent. Parlons de nous.
La Russie se prononce depuis toujours en faveur du renforcement de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique, s’il s’agit de ce même ordre mondial mentionné dans la déclaration de la Maison Blanche, notamment par un accord sur la maîtrise des armements dans le format d’un dialogue stratégique avec les États-Unis. Cela a été confirmé par nos propositions proactives et nos démarches pratiques visant à relancer l’interaction bilatérale sur les questions stratégiques avec l’arrivée de l’administration de Joe Biden et à sa réalisation pratique sur la base de l’idée russe de former un « nouveau niveau de sécurité » qui couvrirait toutes les armes offensives et défensives, nucléaires et non nucléaires, ayant un impact sur la stabilité stratégique.
La reprise du dialogue et le travail collectif visant son développement ont permis de faire preuve d’un optimisme prudent au départ. Nous en informions régulièrement le public. Lorsque nous avons souligné la nécessité de convenir de garanties de sécurité crédibles sur les frontières occidentales de la Russie et dans l’ensemble de la région euro-atlantique sur la base du principe d’une sécurité égale et indivisible, un sérieux revers s’est produit: Washington a rejeté nos initiatives, en faisant clairement savoir qu’il continuerait à chercher à reconfigurer l’image stratégique du monde en sa faveur sans se soucier des intérêts russes ou autres, comme nous l’entendions. Les États-Unis ont confirmé leur stratégie consistant à s’assurer un avantage militaire décisif par le biais d’une expansion incontrôlée et défavorable de l’Otan et de la transformation de l’Ukraine en tête de pont antirusse.
Nous considérons que les États-Unis devraient maintenant décider eux-mêmes s’ils sont réellement prêts à entamer un dialogue sur la stabilité stratégique sur la base de l’égalité des droits, du respect mutuel et de la prise en compte des intérêts nationaux. Jusqu’à présent, nous ne voyons que des hésitations de Washington. L’administration américaine a longtemps essayé de s’isoler de nous en rompant tout contact. Et maintenant, il a soudainement abordé la question d’un nouvel accord qui remplacerait le traité New Start. Nous devrions nous concentrer sur cette question. Il s’agit peut-être de manœuvres électorales aux États-Unis ou d’une autre rhétorique opportuniste. Ce n’est pas à nous qu’il faut adresser cette question, mais à eux. Qu’ils se débrouillent entre eux.
Sur l’anniversaire du bombardement nucléaire américain d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945
À la veille du 77ème anniversaire du bombardement nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis, nous tenons à rappeler l’une des dispositions de la Déclaration conjointe pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements, adoptée le 3 janvier dernier par les chefs des cinq États dotés de l’arme nucléaire en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les armes nucléaires doivent, aussi longtemps qu’elles existeront, servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Ce point est particulièrement pertinent dans le contexte de la tragédie d’Hiroshima et de Nagasaki, parce que le bombardement nucléaire des villes japonaises représentait en fait un essai nucléaire dans des conditions réelles, ainsi qu’un test d’efficacité de l’utilisation des armes nucléaires sur les sites urbains, les infrastructures et les agglomérations, les êtres humains et la population civile. Nous voudrions souligner que ces derniers temps l’accent est d’abord mis sur les souffrances inimaginables des habitants d’Hiroshima et de Nagasaki sans aucune mention de qui était responsable de ce bombardement. C’est comme si les gens devaient souffrir à cause d’un phénomène naturel.
Dans les commentaires diffusés en ce moment au Japon, j’ai lu que les « bombes tombaient du ciel ». C’est ainsi qu’ils expliquent ce qui s’est passé à l’époque, c’est-à-dire que ces bombes n’ont pas été larguées, mais sont tombées du ciel. Malheureusement, les autorités japonaises sont particulièrement actives dans la promotion de cette idée. Peut-être veulent-ils émousser le rôle du Japon dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les actions des forces armées japonaises dans ce conflit. Difficile à dire, mais tout cela est anti-historique. Pour la Russie, en tant qu’État-successeur de l’Union soviétique, elle-même victime d’une agression pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a perdu 27 millions de vies, une telle approche est totalement inacceptable. Ce problème est également sensible pour de nombreux autres pays qui ont été victimes d’une agression de la part du Japon militariste.
Dans le contexte international actuel difficile, la déclaration conjointe mentionnée ci-dessus adoptée par les cinq États nucléaires revêt une importance particulière. Cette déclaration confirme qu’ »une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être déclenchée » et stipule que les pays signataires considèrent leur responsabilité première comme étant celle de prévenir une guerre entre les États dotés de l’arme nucléaire et de réduire les risques stratégiques. Il est important que toutes les puissances nucléaires maintiennent leur engagement à l’égard de ces messages essentiels. Alors, la tragédie d’Hiroshima et de Nagasaki ne se reproduira plus jamais ailleurs.
Sur la conférence d’examen du TNP
La 10ème Conférence d’examen du TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires) s’est ouverte le 1er août à New York afin d’examiner le fonctionnement du Traité depuis 2015. Le Président russe Vladimir Poutine a adressé un message aux participants à la Conférence. La Russie a toujours soutenu le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire basé sur le TNP. Le Traité est l’un des piliers du système de sécurité internationale. L’histoire de plus d’un demi-siècle de ce document confirme sa pertinence pour tous les États parties – nucléaires et non nucléaires.
La conférence est un bon forum pour discuter des tendances du régime de non-prolifération nucléaire et de la contribution du TNP au maintien de la paix et de la stabilité internationale.
Il est essentiel d’assurer les conditions pour que la Conférence puisse se tenir dans une atmosphère non conflictuelle et pour qu’à son issue, les États parties réaffirment leur engagement à respecter strictement leurs obligations.
Je tiens à rappeler que la Russie est ouverte à coopérer activement avec tous les pays dans l’intérêt du succès de ce forum.
Sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo
La Russie est préoccupée par l’escalade des tensions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Nous condamnons fermement l’attaque perpétrée les 25 et 26 juillet contre les installations de la Mission de stabilisation de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco) dans la province du Nord-Kivu. Cette série d’attaques a abouti à la mort de trois casques bleus indiens et à plusieurs blessés.
Nous espérons que les autorités de la République démocratique du Congo mèneront une enquête approfondie sur cet incident, ainsi que sur le crash de l’hélicoptère de la Monusco suite auquel un membre d’équipage de nationalité russe, le haut responsable du groupe d’observateurs militaires russes à la mission de l’ONU Alexeï Mizioura, a été tué.
Nous appelons les dirigeants de la Monusco et le gouvernement à prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour améliorer la sécurité des casques bleus.
Ce foyer d’instabilité chronique dans l’est de la RDC a un impact décisif sur la situation en matière de sécurité dans toute la région des Grands Lacs. L’activité accrue de nombreux groupes armés illégaux est alarmante. Les évènements autour du siège de la Mission des Nations unies ont une fois de plus confirmé que la priorité absolue était d’assurer la paix et la sécurité dans la région par des moyens politiques. Cela exige la cessation des hostilités et la poursuite du dialogue entre toutes les parties au conflit.
Nous sommes convaincus que la coopération constructive entre les pays de la région est la clé pour résoudre les problèmes dans l’est de la RDC.
La Russie salue les efforts de maintien de la paix de Joao Lourenço, Président de l’Angola et président de la Conférence internationale sur la région de Grands Lacs, qui a pris l’initiative de tenir le 6 juillet à Luanda une réunion tripartite avec la participation du président rwandais Paul Kagame et la président de la RDC Félix Tshisekedi en vue de trouver un règlement de la situation dans la région.
Nous suivons de près le processus de Nairobi lancé en avril dernier.
Nous espérons que la détermination des pays voisins à surmonter les tensions actuelles dans l’est du pays amènera le gouvernement de la RDC et les groupes armés illégaux à la table des négociations.
Nous considérons qu’il est nécessaire de continuer la mise en œuvre de l’Accord-cadre fondamental pour la paix, la sécurité et la coopération dans l’est de la RDC et la région des Grands Lacs signé en 2013.
Nous soutenons les efforts de l’envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs Huang Xia visant à faciliter un dialogue interétatique pour réduire les tensions dans cette partie de l’Afrique.
Sur la discrimination à l’encontre des ressortissants des pays africains en Europe
Ces derniers temps, dans de nombreux pays européens (il s’agit de l’Union européenne et de la situation autour de l’Ukraine), on assiste à des cas de harcèlement de la population russophone, d’interdiction de l’usage de la langue russe, d’annulation de la culture et de la littérature russes. Ce problème n’est apparu dans toute son ampleur que maintenant. Parallèlement, on assiste à d’autres manifestations de racisme à l’encontre des représentants du continent africain. Prenons le cas des ressortissants des pays africains où la situation des droits des personnes de couleur différente s’est aggravée cette année.
Je voudrais rappeler qu’en 2021, il y a eu des témoignages des attitudes ouvertement racistes envers les Africains. Par exemple, ceux qui tentaient de demander asile en Pologne ont été confrontés à un traitement brutal et inapproprié de la part des forces de l’ordre locales.
Le 28 juillet, le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants Felipe Gonzalez Morales a déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite en Pologne et en Biélorussie que les Nations unies avaient enregistré des cas de violence contre les migrants à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Il a indiqué qu’au moins 20 migrants du Moyen-Orient et d’Afrique avaient été tués à la frontière depuis le début de la crise migratoire dans la région. Selon lui, l’utilisation de canons à eau et d’autres moyens spéciaux a été disproportionnée par rapport aux actions des réfugiés. Nous assistons à la même situation avec ceux qui fuient le conflit en Ukraine. L’attitude envers eux dépend de la hiérarchie dans laquelle les personnes avec une couleur de peau différente (autre que blanche) sont au dernier rang.
En février-mars, les gardes-frontières ukrainiens empêchaient les étudiants d’origine africaine de monter dans des trains en direction de la Pologne pour quitter l’Ukraine.
L’étudiante béninoise V. Azo a été victime de discrimination de la part des policiers allemands. Elle a été détenue dans un poste de police pendant plus de 10 heures sans aucune justification. Ce ne sont que quelques exemples d’une situation qui peut être qualifiée de massive.
On sait qu’en mars dernier, des étudiants tanzaniens ont été empêchés de quitter la ville de Soumy par des représentants des forces armées de l’Ukraine. Un petit groupe a réussi à quitter la ville, mais à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ils se sont vu refuser l’entrée dans l’Union européenne. Le tapage médiatique a incité la ministre tanzanienne des Affaires étrangères Liberata Mulamula à contacter le chef de la diplomatie ukrainienne pour obtenir des garanties d’une évacuation sans entrave de ses compatriotes.
Environ 300 ressortissants kényans, dont plus de 100 étudiants, ont été bloqués à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Le ministère des Affaires étrangères du Kenya a dû coordonner avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie la mise en place d’une procédure simplifiée temporaire d’entrée de ses citoyens sur leur territoire.
Les activistes se sont dits préoccupés par les informations selon lesquelles les ressortissants du continent africain et les représentants des groupes raciaux et des minorités ethniques auraient été victimes de traitements discriminatoires de la part des autorités ukrainiennes, polonaises et roumaines. Il s’agit de l’utilisation du principe résiduel dans la répartition des sièges dans les bus et les trains d’évacuation, des refus du passage de frontières, de mauvaises conditions dans les camps de réfugiés et même des cas de passage à tabac. Dans le même temps, l’approche privilégiée de l’UE à l’égard des Ukrainiens n’est pas passée inaperçue, ce qui a été unanimement considéré comme une politique de deux poids, deux mesures pour les réfugiés d’Asie et d’Afrique.
En mars dernier, un journal gouvernemental éthiopien d’audience nationale a publié l’article intitulé « Racisme: la tragédie des Africains qui fuient le conflit russo-ukrainien ». Il porte sur la discrimination fondée sur la couleur de la peau des personnes dans des circonstances difficiles. Dans cet article, on exprime l’aversion pour les cas flagrants de racisme au cœur de l’Europe où la tolérance est proclamée pratiquement comme la principale valeur humaine.
Dans l’article « Deux poids, deux mesures d’une Ukraine civilisée » paru le 6 mars dernier dans l’hebdomadaire éthiopien Fortune on a également évoqué l’hypocrisie flagrante des pays occidentaux, qui se montrent prêts à accueillir les réfugiés ukrainiens « aux yeux bleus et aux cheveux blonds » tout en tournant le dos aux représentants d’Afrique et du Moyen-Orient ayant besoin d’aide.
En plus de la question traditionnelle du racisme qui n’a pas été surmonté, il existe la notion d’hypocrisie. Personne ne voit une attitude sincère envers les Ukrainiens qui se sont retrouvés sur le territoire de l’Europe. Il s’agit de la conjoncture politique qui a un début et une fin. Pendant des mois, des couvertures ont été consacrés à l’Ukraine – allant des vraies images aux collages. De la même manière, en un jour, tout a été réduit au minimum. La situation et la demande ont changé, le public en a eu assez et une version alternative n’a pas été présentée.
Il s’agit d’une combinaison de xénophobie, de racisme, de nationalisme profond dans la mentalité occidentale, d’un sentiment de supériorité ou d’une conjoncture politique et d’hypocrisie.
La communauté journalistique africaine et certains responsables gouvernementaux considèrent la discrimination envers les Africains comme une manifestation des préjugés raciaux en Europe.
On a signalé plusieurs cas de négligence envers des Africains qui se sont vu refuser l’accès au passage frontalier et ont été forcés par des menaces à laisser passer des Ukrainiens. Cela dépasse les bornes, c’est si cynique et malsain. Il est inconcevable que l’on puisse le voir au XIXe siècle. En outre, on utilisait la force et même des armes contre eux. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux on voit des représentants des autorités en train de « séparer » les Ukrainiens et les Africains dans une file d’attente. Est-ce un marché aux esclaves? Ou est-ce une nouvelle version de la situation avec les réfugiés? Commet est-ce possible? Et après, vont-ils mesurer les nez et noter la forme des oreilles? L’Occident l’a déjà fait.
Dans une autre vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, une mère nigériane avec son bébé a été filmée en train d’être forcée de céder son siège à une autre personne. De telles images ne manquent pas.
Selon l’un des bénévoles engagés à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, les réfugiés ont été servis selon un critère racial au poste frontalier de Medyka: on ne faisait passer les Africains que par la voie de piétons, selon une procédure spéciale, ce qui prenait de 14 à 50 heures. Tandis que les Ukrainiens et les Polonais pouvaient partir par la voie de bus. Et cela est fait par les autorités qui votent ensuite pour tout ce qui concerne les droits de l’homme et qui se disent les principaux agents des libertés dans le monde moderne?
Je me demande jusqu’à quand les « partenaires » occidentaux vont donner des leçons aux autres et « annuler » les cultures des pays et des peuples, et leurs langues, tout en gardant leur mentalité impériale et les manières néocoloniales? Les années passent, mais les problèmes sont les mêmes.
Réponses aux questions:
Question: Selon plusieurs médias, après sa visite en Malaisie, Nancy Pelosi pourrait se rendre à Taïwan. Nous aimerions savoir comment vous évaluez ses actions des États-Unis. Selon vous, quel est le véritable but de leurs actions? Parce que récemment, Joe Biden a confirmé lors d’une conversation téléphonique avec son homologue chinois que la position américaine concernant le principe d’une seule Chine n’avait pas changé et ne changerait pas.
Réponse: À mon avis, ils ont eux-mêmes répondu à leur question (je parle des États-Unis). Nous n’avons même pas besoin de faire des commentaires là-dessus. Il s’agit d’une provocation. Tout au long de l’histoire, les États-Unis ont organisé des milliers de provocations pareilles et de mises en scènes. Vous savez quelle est la différence? Avant, la communauté internationale et nous, en tant que citoyens, et vous, en tant que journalistes, n’avions pas la possibilité de les découvrir « à chaud ». Ils organisaient des provocations, déclenchaient des conflits tout en racontant par le biais de propagande que le droit international était violé et que la liberté et la démocratie avaient été attaquées.
Ce n’est que des décennies (ou des années au XIXe siècle) plus tard que le public a pu découvrir la vérité, parce que des enregistrements des conversations, des documents ont été rendus publiques, y compris sous forme d’une fuite d’information ou d’une divulgation, etc. Tout le monde a vu ce que les Américains faisaient, qu’ils créaient des situations provocantes. En fait, c’est pour avoir rendu public un grand nombre de documents confirmant le caractère provocateur des actions de l’Occident que Julian Assange, qui est emprisonné et torturé, paie aujourd’hui avec sa liberté et même avec sa vie. Il subit des traitements inhumains.
Aujourd’hui, nous avons l’occasion de voir presque en direct comment se déroule la provocation américaine. Des centaines de milliers de personnes ont suivi et continuent de suivre « les vols en rêve et en réalité » de Nancy Pelosi. Je n’ai jamais vu une telle moquerie de politiciens américains. Les gens suivent en temps réel le trajet de l’avion en le comparant à l’itinéraire déclaré et aux déclarations politiques, ils posent des questions, en se moquant et en se couvrant le visage avec la main. Les Américains le font parce qu’ils ont honte de leurs dirigeants, ils se demandent avec horreur: « Qu’arrivera-t-il si on mène à bout cette provocation? » Hier, j’ai reçu des questions des citoyens américains qui ont écrit: « Au moins vous, dites-nous ce qui se passera si cette provocation est réalisée. »
Les gens ont peur, ils comprennent l’irresponsabilité des actions de l’administration actuelle ou de ces forces politiques, ils comprennent l’incohérence des actions de Washington, parce que personne ne peut plus comprendre ce qu’ils veulent vraiment au-delà de ces mouvements chaotiques et de leur désir de transformer tout en chaos. Y-a-t-il une logique dans tout ça ? Dans quelle mesure leurs actions sont-elles calculées ?
Les gens aux États-Unis et dans diverses parties du monde ont peur, parce que cet État qui est doté d’armes nucléaires, dont certaines sont déployées en Europe, et qui dispose d’un grand nombre de bases militaires partout dans le monde est gouverné par des personnes qui ne sont pas capables de prendre des décisions systémiques au service de la paix et qui ne peuvent même pas les expliquer, et qui sont sans cesse engagés dans des provocations, des mises en scène et la propagation du chaos. Par conséquent, nous considérons la visite potentielle et effectuée sans annonce de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi à Taïwan comme une autre provocation de la part de l’administration américaine visant à exercer une pression supplémentaire sur Pékin.
Nous considérons le règlement de la situation dans le détroit de Taïwan comme une affaire intérieure de la Chine. Bien évidemment, en tant qu’État de la région Asie-Pacifique, la Russie espère que le problème de Taiwan sera résolu sans compromettre la paix et la stabilité dans la région. La position de principe de la Russie sur la question taïwanaise reste inchangée. Nous partons du princpe qu’il n’existe qu’une seule Chine, que le gouvernement chinois est l’unique gouvernement légitime représentant toute la Chine et que Taïwan fait partie intégrante de la Chine.
Nous discutons du dossier de Taïwan avec nos partenaires chinois quand c’est nécessaire à différents niveaux, y compris au sommet. Ainsi, dans la Déclaration conjointe de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine sur les relations internationales entrant dans une nouvelle ère et le développement durable mondial, adoptée le 5 février dernier à Pékin à l’issue des négociations des chefs d’État, la Russie a réaffirmé son attachement au principe d’une seule Chine en s’opposant à toute forme d’indépendance de l’île.
Question: Le Secrétaire du Conseil de sécurité arménien Armen Grigorian a déclaré dans une interview récente qu’il était également envisagé de signer un traité de paix avec l’Azerbaïdjan sans décision finale sur le statut du Haut-Karabakh. Comme nous le savons, c’est une question fondamentale pour l’Arménie sur le chemin de la signature de ce document. Est-il possible d’espérer de signer cet accord dans un avenir proche et comment la Russie va-t-elle faciliter ce processus? Comme il a aussi indiqué dans cette interview, la deuxième réunion de la commission chargée de la démarcation et de la délimitation de la frontière entre Bakou et Erevan est prévue de se tenir à Moscou. Pouvez-vous confirmer cette information? La Russie se prépare-t-elle pour la tenue de cette réunion?
Réponse: Notre pays contribue activement à la préparation du traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le représentant spécial du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie en charge de la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, Igor Khovaïev, organise régulièrement des consultations afin de trouver un terrain d’entente et d’établir des principes et des paramètres mutuellement acceptables pour signer le traité de paix.
Je vous rappelle que de telles consultations ont eu lieu le 22 juillet à Bakou et le 28 juillet à Erevan.
La délimitation de la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie est une filière importante des efforts de médiation russes en vue d’améliorer le dialogue entre nos voisins de la Transcaucasie. Le rôle consultatif de Moscou dans ce processus a été énoncé dans la Déclaration trilatérale de Sotchi signée le 26 novembre 2021.
Comme vous le savez, à la fin du mois de mai de cette année, une Commission bilatérale a été mise en place et la première réunion entre les représentants de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie a eu lieu à la frontière entre les deux pays.
Pour notre part, nous réitérons que nos amis arméniens et azerbaidjanais sont toujours les bienvenus sur le territoire russe.
Nous sommes convaincus que les compétences professionnelles uniques et le potentiel de notre pays en ce qui concerne la délimitation et la démarcation dans l’espace post-soviétique pourront contribuer au renforcement de la sécurité à la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et dans toute la région.
Nous partons du principe que les dates précises pour différents évènements seront fixées par Bakou et Erevan. Nous vous informerons lorsque les parties auront pris ces décisions.
Question: Comment commenteriez-vous la décision de la Cour de justice de l’UE du 27 juillet relative au rejet de la demande de lever l’interdiction de la diffusion de la chaine RT France sur le territoire de l’UE.
Réponse: Dans la pratique, cette décision signifie que la plus haute instance judiciaire de l’UE a officiellement reconnu la répression politique contre les médias. La justice européenne a reconnu la persécution des médias russes pour des raisons politiques comme légitime et justifiée. C’est une décision historique. Il y a des décisions historiques « positives », quand tout le monde les glorifie et les considère comme attendues. Dans ce cas, il s’agit d’une décision « négative », mais qui est tout aussi importante pour documenter ce qui se passe actuellement dans les régimes libéraux. Ce ne sont pas des démocraties. Ce n’est pas parce qu’ils se nomment ainsi qu’ils le sont. Ce sont des régimes libéraux. C’est une véritable dictature du libéralisme. C’est ainsi que le droit fondamental à un accès libre à l’information est interprété maintenant dans l’UE. De plus, ils appellent cela une justice impartiale.
Les juges européens n’ont pas considéré comme honteux de justifier leur verdict par le fait que la suspension complète de la chaine « répond à l’intérêt public » et qu’elle a pour but d’ »exercer une pression sur les autorités russes ». Est-ce un tribunal ou une farce? Le pouvoir judicaire dans l’UE est-ce un organe indépendant ou est-ce un instrument? Est-ce une absence d’engagement politique et une objectivité ou est-ce un engagement politique et un manque d’objectivité? Ils ont donné la réponse. Il y a un certain nombre de conclusions qui en découlent et qui méritent d’être examinées et analysées sérieusement.
Premièrement, selon la Cour de justice, l’existence même des médias pluralistes représente une certaine menace pour l’intérêt public. Deuxièmement, il s’avère que l’UE ne voit pas de problèmes à l’imposition d’une censure totale sur un média pour des raisons purement politiques en termes de conformité aux standards démocratiques de l’Europe unie.
Troisièmement, la Cour de justice de l’UE reconnaît comme légitimes et valides les tentatives d’influencer la politique d’autres États en imposant des sanctions contre leurs médias nationaux. C’est impressionnant d’avouer cela. Aucune autre décision n’aurait pu être prise, parce qu’ils sont soumis à une pression politique de leurs propres pays et de ces superstructures sous la forme de l’UE, de l’Otan et de leurs structures internes. Apparemment, il n’y a aucune preuve, aucun fait, aucun témoignage qu’il y a eu la moindre violation de la part des médias russes. C’est cela le problème. S’il y avait eu une violation de la législation locale, de la procédure d’accréditation, de la politique en matière de visas, si les médias et les journalistes russes étaient reconnus coupables de propagation de fausses informations et de désinformation, le verdict reposerait sur ces faits-là. Ils ne cachent pas que rien de tout cela n’a été pris en considération. C’est juste une occasion d’influencer la politique de notre pays.
De telles décisions témoignent clairement de la dévaluation irréversible des normes et valeurs européennes et sont un signe de déclin du système judiciaire de l’UE pour lequel la conjoncture politique a été un moyen d’orientation. Le choix a été fait en faveur du service de la politique de Bruxelles plutôt qu’en faveur de l’impartialité et de la justice. Il est préférable de ne pas s’adresser à la Cour de justice de l’UE dans la recherche de la vérité, car après des verdicts pareils aucun média et aucun journaliste ne peuvent se sentir protégés sur le territoire de l’UE. Toutes les proclamations et déclarations que les pays de l’UE ont eux-mêmes signées, à titre national ou en tant que membres d’une union intégrée sur les plateformes de l’OSCE, de l’ONU et autres, se transforment en simples bouts de papier pour eux-mêmes.
Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples