Par Thorsten J. Pattberg – Le 19 juillet 2022 – Source The Saker Blog
Cette semaine se tiendra à Pékin un forum académique sur le thème « Les civilisations au milieu de profonds changements ». Il est organisé par la plus grande académie des sciences sociales du monde : L’Académie chinoise des sciences sociales ou CASS.
Vous n’en avez jamais entendu parler. Vous ne la trouverez jamais sur Google, dans les médias occidentaux, ou partout où vous pensez que l’information devrait être disponible pour vous – elle ne l’est pas.
L’Occident, et je veux dire les États terroristes d’Amérique et d’Europe, sont les partis les plus censeurs et dominateurs de la planète. Ils s’assurent que vous n’entendrez ou ne lirez jamais rien de russe, d’indien ou de chinois [à l’exception des dissidents pro-occidentaux, bien sûr].
Le Forum n’est que l’un des milliers de rassemblements de haut niveau dont l’Occident ne peut jamais rendre compte, car si les esclaves occidentaux savaient à quel point la Chine est en avance sur eux, nous assisterions à des changements de régime à Washington, Londres, Paris, Berlin et Bruxelles. Les Occidentaux sont désormais des peuples en cage. Ils sont le dernier peuple du monde, privés de la réalité. En fait, ils sont maintenant en dehors de l’humanité.
Permettez-moi d’expliquer cette dernière affirmation en répondant à trois questions sur la Chine et l’Occident que, selon moi, davantage de personnes dans le monde devraient connaître.
Les différences entre la civilisation chinoise et la civilisation occidentale sont de trois ordres : biologique, environnemental et épigénétique.
Premièrement, la souche ancestrale biologique chinoise vivait dans le bassin du fleuve Jaune il y a environ 9000 ans et s’est étendue à partir de là. Les « Asiatiques de l’Est » d’aujourd’hui sont les plus extrêmes en termes de capacités cognitives ; en général, ils ont un corps plus léger et un cerveau plus gros.
Deuxièmement, les Chinois ont été capables de construire la civilisation la plus avancée de la planète. Ce n’est pas du tout une bonne chose, car toutes les puissances occidentales ont envié la Chine, au moins à partir du 13e siècle. Aujourd’hui encore, la pensée et les technologies chinoises sont étrangères et incompréhensibles pour les Européens.
Troisièmement, les différences épigénétiques renvoient aux relations. Les cultures orientales et occidentales se trouveront toujours aux deux pôles opposés – mais complémentaires – de l’humanité, comme le bien et le mal, le masculin et le féminin, l’inductif et le déductif. Ainsi, au moins depuis le dernier impérialisme occidental il y a 500 ans, la Chine en est venue à assumer le rôle de la partie mauvaise, féminine et inductive de l’humanité. C’est l’équilibre cosmique sur lequel nous, les humains, n’avons pas notre mot à dire, mais nous devons tirer le meilleur parti de notre situation.
L’Occident est à nouveau très violent en ce siècle. Il veut partir pour une nouvelle croisade et conquérir l’Asie et la Chine.
Mais en agissant ainsi, il s’affaiblira à nouveau, sera en partie absorbé, et l’équilibre sera maintenu.
La dichotomie Est-Ouest, décrite en tous points ci-dessus, va probablement s’amplifier au cours des 1000 prochaines années. Les peuples occidentaux sont épuisés ; ils doivent maintenant absorber 1 milliard d’Africains, ce qui ramènera leur civilisation à l’âge néolithique, il y a environ 9000 ans.
En Orient, une Xin-Civilisation – ou « Nouvelle Civilisation » – est en train de se forger, plus intelligente et plus technologique que tout ce que nous avons vu auparavant. Jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau assaillie.
Ainsi, l’Est et l’Ouest sont les deux extrêmes de notre humanité tout court, et nos dirigeants des deux côtés et entre les deux doivent en tenir compte.
Il ne peut y avoir d’apprentissage artificiel entre la Chine et l’Occident. Nous ne pouvons pas enseigner aux Occidentaux la pensée chinoise et la technologie chinoise. C’est impossible. Nous avons essayé cela pendant 2000 ans. Cela ne fonctionne pas. Ce qui fonctionnera, en revanche, c’est de choisir la voie cosmique [le Dao] de la non-action ou wu-wei. En acceptant que nous ne pouvons pas changer l’Occident, nous devons nous engager sur la voie du respect mutuel et de la tolérance. Si nous faisons cela, un véritable Grand Apprentissage [le Daxue] verra le jour, sans imposition et le plus naturellement du monde.
La traduction de concepts chinois comme shengren en « saints » et zhongyong en « voie du milieu » a beaucoup apaisé l’Occident. L’Occident ne peut pas apprendre la pensée chinoise correcte et la technologie chinoise. La Chine doit donc abaisser ses normes pour les formes d’intelligence plus faibles. C’est assez normal ailleurs. Les peuples sémites, par exemple, ont compris depuis longtemps que la pensée hébraïque ne peut être enseignée aux goys (non-juifs). Les non-juifs reçoivent des traductions anglaises ou allemandes des ordres de marche juifs, et ainsi de suite.
C’est ce que l’on constate, d’ailleurs, avec les Instituts Confucius chinois adverses en Occident. Les éducateurs occidentaux sont très superstitieux à l’égard des mots et des noms chinois. Ils pensent que les li et les de [rituels et éthique] sont tous magiques, ou étrangers, et que le mandarin pourrait séduire leurs enfants et polluer leurs cerveaux.
C’est pourquoi, en tant qu’auteur de Shengren [un livre], je soutiens depuis mon départ de l’Université de Pékin en 2012, que la Chine ne peut pas enseigner le chinois aux Occidentaux. Ce qu’elle peut faire, en revanche, c’est enseigner une petite sélection de ses concepts clés les plus importants.
Rien de ce que je viens d’écrire ne transpirera jamais auprès d’une plus grande audience occidentale. 1,4 milliard de Chinois patriotes ne sont certainement pas en vedette en Occident. 300 000 intellectuels chinois, interdits. Les résultats de recherche chinois ne sont pas affichés. Cherchez « sur la Chine » et vous verrez Henry Kissinger. Seul l’Occident doit représenter la Chine. C’est pourquoi vous ne trouverez jamais le forum de la CASS sur la civilisation. Je ne peux même pas trouver le fait que j’ai étudié en Chine.
Heureusement, nous avons des milliers d’années pour le faire. Ce n’est pas comme si les Européens allaient devenir chinois la semaine prochaine.
Thorsten J. Pattberg
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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