Par Moon of Alabama – Le 3 août 2022
Vous trouverez ci-dessous une traduction automatique légèrement modifiée d’un article paru hier sur le site ukrainien censor.net. Cet article a été publié par Yuri Butusov, un correspondant militaire ukrainien bien connu. Il s’agit à l’origine de la publication sur les médias sociaux de quelqu’un qui se trouvait sur la ligne de front à Pisky, juste au nord-ouest de la ville de Donetsk.
Contexte :
Au cours des deux ou trois derniers mois, la partie ukrainienne a utilisé ses positions dans les environs de la ville de Donetsk pour bombarder plus ou moins aléatoirement la population civile du côté pro-russe. A la suite de sérieuses protestations, le commandement militaire russe a accepté de lancer une opération de contre-artillerie pour mettre fin au harcèlement meurtrier des Ukrainiens.
Ses rapports quotidiens, dont voici celui d’hier, contiennent depuis lors des lignes comme celles-ci presque tous les jours :
Dans le cadre de la guerre de contre-batterie, 2 batteries d’artillerie d’obusiers Giatsint près de Dzerzhinsk et Novhorodskoye, République populaire de Donetsk, ont été touchées.
Plus 4 sections de Grad MLRS et 9 sections d’artillerie en position de tir près de Seversk, Kirovo, Artemovsk, Avdeevka, Peski, Orlovka, Shakhterskoye, Velikaya Novoselka en République populaire de Donetsk, Dobropolie dans la région de Zaporozhye, Shirokoye, Bereznevatoye dans la région de Nikolaev, Russkaya Lozovaya et Nortsovka dans la région de Kharkov.
La campagne systématique de contre-artillerie a sérieusement détérioré la puissance de feu ukrainienne, déjà faible.
La partie russe a également modifié la direction principale de sa poussée, passant du front nord, dans la direction Sievierdonetsk-Lysichansk-Siversk, à une poussée plus au sud. L’opération offensive actuelle est concentrée au nord-ouest et à l’ouest de la ville de Donetsk, en direction d’Avdivka. Une opération d’enveloppement est en cours au nord et au sud pour entourer cette ville extrêmement bien fortifiée.
Le territoire rouge à gauche de la ligne rouge marque les progrès récents.
Pisky est au sud de cette opération d’enveloppement.
Après d’intenses préparations d’artillerie, les forces russes sont actuellement en train, lentement, lentement, de dégager les lignes de bunkers et de fossés en béton armé qui ont été construits du côté ukrainien au cours des 8 dernières années. Voici maintenant le point vue, pour cette bataille, du côté ukrainien (traduction automatique éditée, pour une traduction alternative voir ceci.) (Note : 300 est l’indicatif militaire des blessés, 200 celui des soldats morts) :
Pisky. Un hachoir à viande
Auteur : Serhiy Gnezdilov
Qu’y a-t-il à perdre, que peut-on encore me prendre au sixième jour de mon enfer personnel, à Pisky, à un kilomètre de la première rue de Donetsk, en Ukraine ? Les corps de ceux qui m’étaient plus chers que ma famille gisent sous la chaleur des tranchées, brisés par un calibre 152. Comme je l’ai écrit précédemment, 6 500 obus par satané village en moins d’une journée.
Cela fait déjà six jours, et je n’arrive pas à imaginer comment même un petit nombre de nos fantassins a pu survivre à ce barrage de tirs ennemis. Non, je ne me plains pas. Deux mortiers, un de 82 et un de 120, travaillent de notre côté. Parfois, ils se réveillent et « éternuent » deux barils d’artillerie en direction de Donetsk.
Nous répondons à peine. Il n’y a pas de tir de contre-batterie, dès le départ, l’ennemi tire des obus d’artillerie dans nos tranchées sans aucun problème, démantèle des positions très fortes et bétonnées en quelques dizaines de minutes, repoussant notre ligne de défense sans pause ni repos minimal.
Avant-hier, la ligne s’est rompue, et une rivière de 200 ou 300 [tués/blessés] a été déversée. Je ne publierai pas de statistiques, c’est interdit dans notre pays, mais vous n’avez aucune idée du nombre et du pourcentage de pertes. C’est un sacré hachoir à viande, où le bataillon ne fait que retenir l’assaut avec ses corps.
Depuis près d’une semaine, nous attendons au moins une sorte d’aide pour toucher l’artillerie de l’ennemi. Nous, je le répète, sommes frappés en toute impunité avec tout ce dont le système militaire russe est riche. Leur aviation fonctionnait aujourd’hui.
Je suis fier du commandement du bataillon qui est resté ici avec nous. Le combattant est avec nous, tout le monde est avec nous, contusionné, le blessé léger est bandé et retourne, après quelques heures, à la position, si vous pouvez appeler ces ravins sans fond ainsi. Il y a une guerre en cours.
Mais sans moyen de contre-batterie, elle se transforme en un broyeur à viande insensé, où une quantité folle de notre infanterie est broyée en un jour. Vous voulez vraiment la vérité ? La voici, la vérité toute nue.
La réserve se rend sur la position, ferme la brèche, et après cinq minutes, seule une des 15 personnes est encore intacte.
Les corps gisent sur le sol. Si c’est un 300 léger, peut-être que tu auras de la chance, tu t’évanouiras, et tu sortiras à pied, tu atteindras les médecins.
Ils viennent de ramener un 300 [blessé]. Il a crié tout le long du chemin : – « Où est le soutien ? Où est l’artillerie ? Pourquoi on nous a abandonnés ? Pourquoi personne ne nous a couverts ? »
Je ne sais pas, mon ami, pourquoi personne ne nous a couverts… Il hurle, et j’ai honte d’être encore sain et sauf, seulement bien assourdi. J’ai vomi, je me suis pissé dessus, je suis désolé, et je suis de retour à l’action.
Toutes les réserves sont détruites, le matériel militaire est en feu, l’ennemi s’approche et occupe sans problème nos positions après un nouveau barrage d’artillerie. En ce moment, nous perdons Pisky, toutes nos ressources humaines et matérielles sont presque épuisées.
Denys, un habitant de Marioupol, qui m’a dit « bien, je fais confiance à l’arrêté [conseiller Zelenski Arestovich], nous rentrerons tous très bientôt« , est mort. Il a été blessé deux fois, ils l’ont pansé directement dans la tranchée, ils lui ont dit, Denchyk, fais-toi évacué, mais il a répondu « les gars, je ne vous abandonnerai pas. » Blessé deux fois, et après la deuxième blessure, il a continué à tirer en retour.
On n’a toujours pas pris son corps. Sur les ruines de Pisky, il gît les bras tendus et le regard figé. Il demande à être vengé. Comment puis-je refuser sa dernière requête ? Comment pouvons-nous tous abandonner Dan ? Je crois que Dimka a survécu après tout. Parce qu’il ne pouvait pas mourir, il revenait de l’hôpital et venait de demander sa petite amie en mariage. On dit qu’après la charge, il a simplement disparu. Il s’est endormi avec la terre. Mais, je crois que c’est une erreur, et qu’il est vivant. Un espoir et une attente insensés.
Je sais, mon pays n’aime pas penser à voix haute. Mais je n’avais pas le choix entre la victoire et l’arrestation. La vérité doit être entendue, pas les chuchotements dans la cuisine. Bien sûr, ce texte va aller de sa propre vie, car comment ? Oui, l’État ment-il à ses propres citoyens ?
Je ne serai pas surpris si quelqu’un dit aujourd’hui : « L’agent du Kremlin Sirozh a parlé du plan brillant des vainqueurs sur le front de Donetsk, pendons-le pour la paix« .
Je m’amuse à dire que tout est sous contrôle. Maintenant, à Pisky, rien n’est sous le contrôle de personne, mais pour une raison quelconque, la situation est étouffée.
Sonnez les cloches cassées pendant que nous couvrons Pisky de corps. Il nous faut de l’artillerie. Donnez-nous quelque chose à quoi nous accrocher.
Mettez-vous à la place de Serhiy Gnezdilov, Denys ou Dimka. Ensuite, pensez aux politiciens qui parlent de la résistance ukrainienne héroïque et qui envoient ces hommes se faire massacrer sans aucun profit possible.
Désolé Serhiy, plus d’artillerie ne suffira pas. Les Russes ne feraient que les broyer en quelques jours. Combien des 120 obusiers américains M-777 qui ont été donnés à l’Ukraine existent encore ? Peut-être une dizaine, la plupart endommagés ?
D’autres opérations sont en cours. Au nord du front de Donetsk, il y a une poussée vers Bakhmut (également connu sous le nom d’Artomovsk). Hier, Soledar, au nord de Bakhmut, aurait été en grande partie capturé. Vershyna et Zaiseve, au sud, sont également tombé ou vont bientôt l’être.
La partie ukrainienne a annoncé haut et fort une contre-offensive prochaine sur le front sud, vers la ville de Kherson. Mais le nombre d’unités russes dans cette zone a depuis été augmenté à un niveau qui rend une nouvelle offensive russe vers Mykolaiv (Nikolaev), Kryvyv Rih (Krivoy Rog) ou Zaporitzhia plus probable, contre laquelle le côté ukrainien ne pourra rien faire.
La partie russe mène également une campagne de frappe continue contre les réserves ukrainiennes, les quartiers généraux de brigade et les installations militaires ou les zones de stockage temporaire loin derrière la ligne de front immédiate. Ces attaques moins visibles tuent aussi un grand nombre de soldats ukrainiens. Extrait du rapport militaire d’hier (également ici) :
Suite à une frappe des forces aérospatiales russes sur les positions de combat de la 54e brigade mécanisée des FAU, près de Mar’inka en République populaire de Donetsk, plus de 50 nationalistes du 2e bataillon de cette unité ont été détruits.
Des armes de haute précision des forces aérospatiales russes ont frappé sur un point de déploiement temporaire de la Légion étrangère ukrainienne près de la ville de Nikolaev. Ces attaques ont permis d’éliminer jusqu’à 250 nationalistes et 20 unités d’équipement militaire.
Les frappes de haute précision des forces aérospatiales russes ont éliminé jusqu’à 500 nationalistes de la 92e brigade mécanisée des FAU et une grande quantité d’équipements militaires à Merefa et Chuguyiv dans la région de Kharkov.
Le bombardement des positions de combat du 16e bataillon de la 58e brigade d’infanterie motorisée des FAU, près d’Artemovsk, a permis d’éliminer plus de 130 nationalistes. Les militaires restants du bataillon, au nombre de 70, ont quitté précipitamment leurs positions et sont partis pour Konotop, région de Sumy, où ils ont été désarmés et déclarés déserteurs.
Le 21e bataillon de la 56e brigade d’infanterie motorisée, qui avait subi des pertes importantes près de Peski, a subi le feu de l’artillerie des FAU pendant sa retraite vers Vodyanoye et a été presque entièrement éliminé.
Notez le dernier paragraphe. L’unité de Pisky (Peski), d’où Serhiy Gnezdilov a fait son rapport, battait en retraite vers Vodiane (Vodyanoye), au nord de Pisky (voir la deuxième carte ci-dessus). Sur leur chemin, les Forces armées ukrainiennes (FAU) ont ouvert le feu sur eux, leurs propres militaires, tuant presque tous ceux qui avaient survécu aux attaques russes contre Pisky.
S’agissait-il d’une punition pour leur retraite déjà tardive ? Ou était-ce une erreur d’identification de la part d’un observateur de l’artillerie avancée qui pensait que ces forces ukrainiennes en retraite attaquaient des unités russes ? Je ne sais pas, mais…
A propos – le nombre de victimes de l’adversaire donné par le ministère russe de la défense est probablement surestimé (comme tous ces chiffres). Mais même si seulement la moitié des 900 victimes annoncées hier ont réellement été blessées ou tuées la veille, les pertes restent dévastatrices. En 1967, au plus fort de la guerre du Vietnam, les pertes américaines, morts et blessés, étaient au maximum d’environ 200 par jour. Nous en voyons un multiple du côté ukrainien, chaque jour.
Cette situation n’est pas viable. Le gouvernement ukrainien aurait dû abandonner ce combat totalement inégal depuis des mois. C’est un crime immense de le continuer encore plus longtemps.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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