Le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone américain, a annoncé lundi 2 août en direct à la télévision le président américain Joe Biden. Voici ce que l’on sait de cette intervention hors norme.
L’homme le plus recherché du monde n’est plus. L’Egyptien Ayman al-Zawahiri, 71 ans, a été abattu dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet en Afghanistan par un drone américain. L’annonce, faite en grande pompe par le président Joe Biden, met un terme à une traque acharnée qui durait depuis plus de 10 ans. Au lendemain de l’annonce du chef de l’Etat américain, voici ce que l’on sait de cette intervention militaire.
Frappé par un drone
Le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone américain, a annoncé lundi en direct à la télévision le président américain Joe Biden.
« Samedi, sur mes ordres, les Etats-Unis ont mené à bien une frappe aérienne sur Kaboul, en Aghanistan, qui a tué l’émir d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri », a-t-il lancé lors d’une courte allocution depuis la Maison Blanche. « Justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus », a ajouté Joe Biden.
Ayman al-Zawahiri avait été repéré « à de multiples reprises et pour de longues durées sur le balcon où il a finalement été touché » par la frappe dans la capitale afghane, a-t-il ajouté.
L’un des cerveaux du 11 septembre 2001
Zawahiri était l’un des terroristes les plus recherchés au monde et les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver. Il avait pris la tête de la nébuleuse jihadiste en 2011, après la mort d’Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan.
Introuvable depuis plus de dix ans, il était considéré comme un des cerveaux des attentats du 11-Septembre, qui avaient fait près de 3000 morts aux Etats-Unis. Sa mort permettra aux familles de victimes tuées le 11 septembre 2001 dans les tours jumelles du World Trade Center, à New York, et au siège du Pentagone près de Washington, « de tourner la page », a déclaré le président démocrate.
Abattu par des missiles « secrets »
L’attaque au drone a été menée à l’aide de deux missiles Hellfire et sans aucune présence militaire américaine au sol, a précisé un responsable américain, preuve selon lui de la capacité des Etats-Unis « d’identifier et de localiser même les terroristes les plus recherchés au monde et de prendre des mesures afin de les éliminer ».
Ces missiles Hellfire, aussi appelés R9X, tranchent leurs cibles au lieu d’exploser, d’où leur surnom de « bombe ninja » ou « ginsu volant », du nom d’une marque américaine de couteaux inspirés du Japon. « Plutôt que d’embarquer une charge explosive, l’ogive cinétique contient des lames qui se déploient juste avant l’impact et éviscèrent efficacement une cible, sans [faire] les victimes civiles potentielles d’une explosion importante », détaille le site d’informations militaires Task & Purpose.
L’objectif de ce genre d’armement est clair : abattre le plus précisément possible une cible tout en limitant au maximum tout dommage collatéral. Le R9X est donc particulièrement employé lors d’assassinats ciblés de chefs djihadistes. Selon l’expert américain en armement Charles Lister, cette arme peut être décrite comme « un couteau à cran d’arrêt volant de 45 kilos ou une enclume recouverte d’épées ».
Une traque de « plus de 20 ans »
« Plus de 20 ans après le 11-Septembre, les Etats-Unis ont enfin rattrapé Ayman al-Zawahiri, le proche camarade et successeur d’Oussama Ben Laden », a commenté lundi sur Twitter Thomas Joscelyn, expert du cercle de réflexion Foundation for Defense of Democracies. « Bien qu’il ait eu de nombreux défauts, il n’était pas aussi insignifiant que ne le supposaient de nombreux analystes. »
Héritant en 2011 d’une organisation affaiblie, Ayman al-Zawahiri, 71 ans, avait dû pour survivre multiplier les « franchises » et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l’Afghanistan, en Syrie et en Irak. « Malgré la direction de Zawahiri (…), le groupe fait toujours face à d’importants défis. D’abord, la question de savoir qui va diriger Al-Qaïda après la disparition de Zawahiri », a estimé Colin Clarke, chercheur au cercle de réflexion américain Soufan Group.
Al-Qaïda avait déjà perdu son numéro 2, Abdullah Ahmed Abdullah, tué en août 2020 dans les rues de Téhéran par des agents israéliens lors d’une mission secrète commanditée par Washington, information révélée quelques mois plus tard par le New York Times.
L’annonce de lundi intervient près d’un an après le chaotique retrait d’Afghanistan des forces américaines, qui avait permis aux talibans de reprendre le contrôle du pays vingt ans après. « Nous disons encore clairement ce soir que peu importe le temps que cela prendra, peu importe où vous vous cachez, si vous constituez une menace contre notre population, les Etats-Unis vous trouveront et vous élimineront », a martelé Joe Biden.
Virgile Guilhamet avec AFP
Source : La Dépêche
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