Ce point de situation concerne le front de Kherson, non pas pour les actions observées et qui sont peu significatives (pour le moment), mais surtout pour les bavardages incessants qui les entourent, concernant cette contre offensive ukrainienne fantasmée par le pouvoir de Kiev.
Lorsqu’un laquais pro-ukrainien pérore que la grande offensive ukrainienne bouscule le front russe et a atteint la banlieue de Kherson en infligeant de lourdes pertes aux forces russes, il ment !, de même lorsque son homologue pro-russe affirme que la ligne de front dans le secteur de Kherson n’a pas bougé d’un iota et que les forces ukrainiennes écrasées par les bombardements russes n’ont pas les moyens d’y égratigner les forces russes, il ment tout autant.
Tandis que sur le front Nord le rouleau compresseur des forces russes et alliées continue inexorablement sa lente mais sûre progression vers les bastions ukrainiens de Artemovsk et Slaviansk, (cette semaine, Pokrovske et Ugledorsk deux nouvelles localités sur le front de Artemovsk ont été libérées), le front Sud, entre Kherson (côté russe) et Nikolaïev (côté ukrainien) est saturé de spéculations militaires, bavardages propagandistes et fantasmes politiques autour d’une potentielle contre-offensive de Kiev qui viserait à reprendre le contrôle de Kherson, cette première grande victoire militaire et politique russe acquise dès le 2 mars 2022.
Depuis le début du conflit, la ville de Kherson n’a pas trop fait parlé d’elle car libérée sans coup férir dès les premiers jours des opérations militaires russes en Ukraine. Et pourtant Kherson est un enjeu majeur stratégique, politique, historique pour la Russie et une de ces principales victoires depuis 5 mois. Un occasion de revenir sur cette haute cité portuaire de la Novorossiya !
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1. La ville russe de Kherson
Commençons par quelques rappels :
1.1 / Un accès vers le Dniepr, la Mer Noire et la Crimée
La ville de Kherson a été fondée sur un site ayant un triple avantage stratégique, car elle constitue un carrefour à la fois terrestre fluvial et maritime pour :
- un accès maritime, vers le Dniepr en contrôlant son accès fluvial et son franchissement,
- un accès terrestre vers la Crimée en contrôlant son accès venant du Nord Ouest,
- un accès maritime vers la Mer Noire part son grand port et son chantier naval abrités
1.2 / Fragments d’histoire
Pour ceux qui contesteraient encore l’identité russe des territoires disputés entre les forces russes et ukrainiennes la ville de Kherson est un de ces hauts lieux de la Novorossiya qui justifient le terme de « libération » lorsqu’il s’agit de son contrôle militaire ou de sa future intégration à la Fédération de Russie.
Cette région particulière de la Novorossiya connue sous le nom de Tauride, avant d’être stabilisée par la Russie fut secouée par des flux et reflux d’invasions multiples : Terres des scythes, puis de la Russie primitive, elle est ensuite au Royaume grec de Bosphore, avant d’être envahie par les mongols au XIIIe siècle. Puis ce fut le temps des comptoirs esclavagistes ottomans qui inféodèrent le khanat tatar de Crimée au XVe siècle après le reflux des mongols.
Au XVIIIe siècle, l’impératrice Catherine II, qui ne démérite pas du qualificatif de « Grande Catherine », élabore le « projet grec » qui doit entre autres projets libérer les terres russes qu’occupent les Ottomans sur les rives septentrionales de la mer Noire, les repousser hors d’Europe et même de restaurer l’empire byzantin. Et Catherine II confie cette mission à Grigori Aleksandrovitch Potemkine, qui deviendra à l’issue de la victoire sur les ottomans l’architecte de la Novorossiya, le prince de Tauride, sa région centrale (Crimée, Kherson). Potemkine est un des hommes les plus brillants et influents de l’Empire, excellent chef militaire autant qu’habile diplomate et, accessoirement l’amant de Catherine II. Aujourd’hui encore l’héritage de Potemkine est visible car c’est sous sa houlette que sont fondées toutes les principales villes de Novorossiya, d’Odessa à Ekaterinoslav (Dnipropetrovsk) en passant par Sébastopol et qui ont été les rouages de la modernisation et du développement de cette région pontique ainsi que les points d’appui de la puissance militaro-économique russe vers la Méditerranée.
Sur cette embouchure commune au Dniepr et au Boug méridional et qui est vitale aux échanges économiques régionaux (notamment céréaliers), Potemkine fonde en 1776 le port militaire de Kherson, le fortifie et l’augmente d’un important chantier naval (où sera d’ailleurs construit la flotte russe de Sébastopol), ainsi que d’une académie militaire. Lorsqu’en 1791, le prince Potemkine meurt de maladie en Moldavie, c’est en la cathédrale de Kherson que sa dépouille est inhumée (plus tard l’empereur Paul 1er dispersera les restes de l’amant de sa mère.) Potemkine laisse le souvenir d’un homme audacieux et doué dont l’action militaire et économique, à l’instar de celle de Pierre le Grand sur son flanc occidental Nord, permit à l’empire russe le développement de son flanc occidental Sud.
Et Kherson est le cœur de ce projet russe.
Au sortir de la révolution bolchévique, de la 1ère guerre mondiale et des guerres civiles consécutives qui ravagent la région, la Novorossiya est intégrée à la République socialiste soviétique d’Ukraine ainsi que les régions industrielles russes du Donbass et de Kharkov. Plus tard ce sont les régions occidentales des Galicie, Gagaouzie, Transcarpathie etc qui seront annexées à l’Ukraine par Staline puis la Crimée, rattachée arbitrairement à Kiev par Kroutchov en 1954. Et sur les terres de l’ancienne Novorossiya le sentiment d’appartenance russe est resté d’autant plus vivace et très majoritaire au sens des populations locales que l’Ukraine reste dans le giron russe via l’URSS jusqu’n 1991.
1.3 / Kherson aujourd’hui
Dans le développement économique de la région de Nikolaïev, Kherson, Mélitopol qui suit le second conflit mondial, le régime soviétique déplace des populations agricoles de la Galicie occidentale vers les steppes bordant la mer Noire (les populations russes de la région étant plutôt à vocation manufacturière, maritime et industrielle). Si économiquement cela a permis un développement agricole important, en revanche cela a également déplacé dans la Novorossiya une mentalité bandériste russophobe qui, bien que minoritaire, va germer progressivement après l’indépendance ukrainienne de 1991 et se fortifier après le coup d’État du Maïdan de 2014. Ceci explique, contrairement aux crétins propagandistes qui affirment que toute la population est pro-russe, que sont observés ici et là, même s’il restent très minoritaires, des manifestations pro-ukrainiennes, des actes de collaboration avec les forces ukrainiennes et même des actes de sabotages et des attentats russophobes. La Russie tout en menant la libération militaire de la Novorossiya doit donc épurer les populations de cette cinquième colonne bandériste et surtout rétablir la vérité et l’héritage russes de cette région, et notamment au niveau des jeunes dont un certain nombre depuis 8 ans ont été lessivé à la propagande ukro-atlantiste russophobe.
Lorsqu’un journaleux occidental évoque « les affres de la russification » des régions contrôlées par Moscou, il devrait un minimum apprendre l’Histoire, les racines russes de ce pays, la répression russophobe et la « bandérisation des mentalités depuis 2014… et accessoirement, s’il en a les capacités cognitives et morales l’éthique de son noble métier.
Depuis 1991, à l’instar de toutes les régions de la Novorossiya délaissées par un régime oligarchique ukrainien réduisant sa gestion aux seules ressources alimentant ses intérêts élitistes, les infrastructures socio-économiques populaires sont à l’abandon, faute de modernisation et d’entretien minimum, et la splendeur de Kherson s’est recroquevillée en 30 années de corruption organisée sur ses 2 artères urbaines principale du centre ville.
Aujourd’hui Kherson, est une agglomération de 145 km2 et plus de 250 000 habitants posée à 70 km de la mer Noire, sur la rive droite du Dniepr et qui est le chef lieu de l’oblast éponyme situé au Nord de la Crimée. Kherson est une pièce importante à la fois pour l’élaboration de la continuité territoriale entre Russie et Transnistrie, pour le contrôle de la partie méridionale du Dniepr et son accès vers la mer Noire mais aussi pour la sécurité continentale de la Crimée lui offrant une profondeur mais aussi des ressources stratégiques comme l’eau douce par exemple qui est vitale pour la population et l’économie agricole de la péninsule russe.
Dans la phase initiale rapide des opérations militaires russes en Ukraine, la 58e armée en sortant de la Crimée a réalisé les plus belles avancées offensives russes, progressant de plus de 50 km par jour, atteignant vers l’Est le fleuve Dniepr jusqu’au Sud de Zaporodje (prenant au passage le contrôle Mélitopol et Energodar, la plus grande centrale nucléaire d’Europe) et vers l’Ouest en le franchissant jusqu’à la rive gauche du Boug Méridional, une grande rivière contrôlée par la ville de Nikolaïev qui constitue le verrou principal sur la route menant à Odessa. C’est au courd de cette progression occidentale que fut libérée le 3 mars 2022 la ville de Kherson.
En mars 2022 les forces russes, ne parvenant pas à prendre le contrôle de Nikolaïev ni à franchir le Boug Méridional plus au Nord, vont se replier sur les limites administratives de l’oblast de Kherson où elles vont stabiliser la ligne de contact contre les forces ukrainiennes. Depuis 4 mois de violents duels d’artillerie opposent les belligérants avec les frappes réciproques dans la profondeur sur leurs sites logistiques (dépôts de carburant et munitions, ponts et usines militaro-industrielles) tandis que de part et d’autres du front des renforts préfigurent une réactivation de ce théâtre d’opérations méridional.
2. La ligne de front en juillet 2022
La ligne de front sur le front Sud n’a pas bougé depuis 4 mois (à part de minuscules succès tactiques début juin), posée à environ 35 km au Nord de la rive droite du Dniepr. Grâce à cette large tête de pont réalisée au Nord du Dniepr, les forces russes se sont positionnées pour des offensives futures
- en direction de Krivoï Rog, situé à 40 km au Nord sur la rive droite du Dniepr
- en direction de Nikolaïev à 30 km au Nord Ouest, un verrou urbain contrôlant le franchissement du Boug Méridional et le chemin vers le port d’Odessa (à 100 km).
Le secteur dans lequel s’est stabilisée la ligne de front est une steppe côtière très faiblement vallonée articulée autour de l’embouchure du fleuve Dniepr et barrée par de nombreux cours d’eau secondaires, tous freinant les progressions jusqu’à offrir des lignes défensives importantes. C’est ainsi par exemple le cas de la rivière Ingoulets sur laquelle s’est stabilisée au Nord-Est de Kherson la ligne de front ainsi que du Boug Méridional sur lequel la défense de Nikolaïev s’appuie.
2.1 / Du côté russe
Lorsque l’état-major russe décide de porter à la mi-mai son effort principal sur le front du Donbass, son dispositif sur ce secteur devient momentanément défensif, avec un réseau de points d’appui en avant du Dniepr destinés à freiner une offensive ukrainienne éventuelle grâce notamment à de nombreuses unités d’artillerie capables d’imposer des tirs de barrage massifs et prolongés.
Pendant les premiers mois des opérations militaires russes, c’est la 58e armée qui était en charge de ce front Sud remplissant avec succès tous ces objectifs (Kherson, Melitopol, Engenodar, Ouest Marioupol…), à l’exception du contrôle de Nikolaïev (problème de division de ses forces entre Kherson à l’Ouest et Melitopol à l’Est et d’étirement vulnérable des colonnes logistiques). Aujourd’hui la 58e armée a été relevée par la 49e armée, elle aussi renforcée d’unités d’artillerie, d’unités mécanisées, aéroportées, de forces spéciales supplémentaires (notamment la 98e Division aéroportée). Sur le flanc droit de la 49e armée on trouve le 22e Corps d’Armée et à l’arrière, dans le secteur de Melitopol (entre Kherson et Marioupol) des unités au repos de la 58e armée qui constituent une force de réserve immédiate prête à intervenir soit sur le secteur de Zaporodje, soit sur celui de Kherson.
Soit pour ce front de 150 km un corps de bataille russe d’environ 30 000 hommes (dont 15 000 environ au Nord du Dniepr) dont la force principale est un parc d’artillerie de plus de 300 obusiers et lance roquettes multiples divers auxquels se rajoutent les unités de missiles longue portée et l’aviation de la Mer Noire.
2.2 / Du côté ukrainien
Du côté ukrainien, après avoir repoussé en mars 2022 les forces russes devant Nikolaïev et le long du Boug Méridional (qu’elles cherchaient à franchir plus en amont), l’état-major ukrainien a profité de la priorité offensive russe donnée au Donbass pour fortifier ses lignes de défense dans le secteur et reconstituer 2 corps d’armée (l’un entre Odessa et Nikolaïev, l’autre vers Krivoï Rog) à partir d’unités hétéroclites et sous équipées (réguliers, garde nationale, territoriaux, mobilisés, réservistes, nationalistes).
Début juin, les forces ukrainiennes ont tenté des contre-attaques le long de la rivière Ingoulets, lesquelles ont été toutes repoussées avec des pertes ukrainiennes importantes, à l’exception d’une petite tête de pont maintenue dans le secteur de Belogorka sur la rive gauche de la rivière.
Aujourd’hui, l’état-major ukrainien aurait déployé sur le front de Kherson environ 40 000 hommes mais dont près de la moitié sont des unités territoriales mal équipées, et surtout dans un dispositif manquant cruellement de forces d’artillerie puissante et d’aviation tactique capable d’apporter cet appui feu massif que réclame toute offensive terrestre, surtout dans un terrain à découvert comme celui de la steppe côtière.
3. De la contre-offensive ukrainienne
Depuis ce mois de juillet 2022, la rumeur d’une éventuelle contre-offensive ukrainienne enfle de jour en jour tout comme les bombardements ukrainiens qui, grâce aux systèmes d’artillerie de précision et longue portée de l’OTAN tel que l’HIMARS et l’assistance des satellites étasuniens, ont permis de réaliser des frappes sur des objectifs stratégiques russes dans la profondeur (dépôts de munitions, carburant, ponts, états major etc), et que beaucoup de commentateurs définissent comme une préparatin à cette « grande offensive d’un million de soldats ukrainiens » telle qu’annoncée par le cocaïnomane Zelensky.
De facto la seule offensive ukrainienne réellement visible et importante est celle menée sur le front de la propagande ukro-atlantiste et dont les thuriféraires ont déjà annoncé la date de la reprise de Kherson (à la mi août) par leurs « guerriers de lumière » qui seraient déjà arrivés selon des illuminés comme le collabo Xavier Tylerman à 1 km des faubourgs de la ville (lui aussi il faut qu’il arrête la coke !)
En deçà des élucubrations propagandistes il est un brouillard de guerre informationnel particulièrement opaque mais logique qui enveloppe ce front Sud et laisse effectivement à penser que des opérations militaires ont commencé à faire sortir les belligérants de leurs tranchées défensives.
3.1 / Les opérations militaires ukrainiennes et russes en cours
Sur le terrain il y a effectivement un bouillonnement aussi bien du côté des forces ukrainiennes que des forces russes qui ont sur leurs secteurs différents accompli quelques micro avancées tactiques, tandis que l’activité de leurs artilleries respectives a triplé au cours des derniers jours (mais toujours dans le même ratio donnant aux forces russes une domination écrasante).
Situation militaire sur le front de Kherson au 28 juillet 2022 (estimation)
3.1.1 – Du côté ukrainien
Plusieurs actions offensives ukrainiennes ont été observées sur ce front Sud depuis ce mois de juillet :
Des bombardements ukro-atlantistes de précision
Si les forces ukrainiennes ne disposent pas d’un parc d’artillerie de destruction puissant comme celui des russes, en revanche les aides occidentales, bien que réduites, leur ont offert des systèmes d’armes performants comme le M142 HIMARS ou ses cousins M270 et MARS 2, capables de frapper avec précision des sites stratégiques éloignés.
Et l’état-major ukrainien a mis en œuvre des bombardements systématiques des dépôts de carburant, des états-majors, des ponts et surtout des dépôts de munitions de l’artillerie russe afin d’affaiblir par sa logistique impactée sa puissance de feu). À noter que ces tirs d’une précision redoutable ne peuvent pas être accomplis sans l’appui actif des satellites étasuniens qui repèrent, géolocalisent et fournissent aux HIMARS le réseau GPS sans lequel leur système de guidage serait aveugle.
Ces bombardements ukro-atlantistes de précision et dans la profondeur (près d’une dizaine réalisés sur ce front Sud en juillet) sont considérés exagérément par beaucoup comme le prélude à l’offensive annoncée. Voyons 2 exemples significatifs :
Destruction de dépôts de munitions à Novaïa Kharkova. Depuis le 11 juillet, des dépôts
militaires russes ont été plusieurs fois la cible des HIMARS ukro-atlantistes
Et dans ce concours de médiocrité où s’affrontent de chaque côté du front les propagandistes des salons courtisans, vous entendez depuis 2 semaines que c’est une « usine de salpêtre » qui aurait été détruite à Novaïa Kharkova, et plusieurs fois s’il vous plaît si l’on en croit les explosions provoquées par chaque bombardement !
Les dépôts militaires, carburant, munitions de Novaä Kharkova ont été plusieurs fois bombardés, notamment le 27 juillet et tout récemment encore dans la nuit du 29 au 30. D’autres dépôts d’artillerie russes de ce front Sud ont été également détruits par les HIMARS comme de Brilevka, à l’Ouest de Kherson, bombardé le 28 juillet. Ces bombardements visent prioritairement à tarir les capacités de tirs de barrage (grands consommateurs de munitions) de l’artillerie russe.
Bombardement du pont Antonovka à Kherson, à plusieurs reprises et provoquant sa fermeture
Ici nous avons un autre objectif de bombardement qui est de couper le ravitaillement des forces russes déployées au Nord du Dniepr (ou du moins le ralentir). Ceci est encouragé par le fait que sur ce front, le Dniepr est large et ne dispose que de 2 points de franchissement (Kherson et Novaïa Kharkova).
Des attaques terrestres au Nord de Kherson
Beaucoup plus difficiles à confirmer ou infirmer à cause du « brouillard de guerre » informationnel évoqué plus haut, il semblerait que des opérations terrestres ukrainiennes soient en cours sur la ligne de front au Nord de Kherson, dans sa partie Ouest, laquelle n’est pas protégée par la rivière Ingoulets. Toutefois rien ne permet d’affirmer que des percées y ont été réalisées. Par contre de nombreuses sources parlent de pertes importantes subies par les forces ukrainiennes comme par exemple à Akimovka où plusieurs centaines de tués et blessés ont été abandonnés sur le terrain après l’échec d’un assaut.
• Les 28e division mécanisée et 241e division motorisé ukrainiennes auraient mené des attaques surle front au Nord-Ouest de Kherson,
• Les 14e division mécanisée et 58e division motorisée ukrainiennes auraient mené des attaques vers Sniguirovka au niveau de l’épaulement du front avec l’Ingoulets.
Une cinquième colonne dans Kherson
Là encore, contrairement aux fantasmes des propagandistes pro-russes de salon qui prétendent que toute la population de Kherson et ses environs est heureuse d’accueillir les forces russes et le proche retour de la Novorossiya au sein de la Fédération, il existe parmi chez certains habitants, même s’ils sont très minoritaires, des sentiments pro-ukrainiens voire même suffisamment russophobes pour pousser certains à collaborer activement avec les forces de Kiev.
Ainsi récemment les services de sécurité russes ont réussi à repérer et arrêter un groupe d’ukrainiens à Kherson, qui filmaient des installations militaires pour ensuite transmette les données à l’artillerie ukrainienne via une certaine Valeria Andreevna Maslova, ancienne militaire de la 11e brigade d’aviation de l’armée ukrainienne « Kherson » devenue depuis aujourd’hui un officier de liaison du Centre d’information et d’opérations psychologiques des Forces spéciales ukrainiennes, recrutant et rémunérant une cinquième colonne dans les territoires libérés.
3.1.2 – Du côté russe
Dans une même logique de réduire les capacités opérationnelles de l’adversaire et dans le contexte de la menace d’une contre-offensive sur le front de Kherson, les forces russes ont intensifié leurs bombardements des centres de commandement, dépôts et concentrations blindées des forces ukrainiennes. Par exemple :
Destruction d’un dépôt de munitions de la 63e Brigade ukrainienne, au Nord Est du front de Kherson
Destruction d’un dépôt de munitions et carburants de la 28e Brigade ukrainienne près de Nikolaïev
Parallèlement à ces actions offensives et devant les bombardements croissants des HIMARS, de nouvelles unités de défense antiaérienne ont été déployées autour de Kherson et Novaïa Kharkova, ainsi que des S-400 de Crimée qui ont été déplacés plus vers le Nord de la péninsule pour augmenter leur efficacité contre les roquettes et missiles ukro-atlantistes (mais tout en restant hors de leur portée). Le résultat ne s’est pas fait attendre, car si des roquettes continuent de passer encore à travers le dôme antiaérien, la majorité des roquettes et missiles est cependant interceptée en vol.
Sur le terrain, les unités d’artillerie russes, malgré la destruction de certains de leurs dépôts de munitions effectuent des tirs de barrage massifs sur les unités ukrainiennes en mouvement tandis que des unités comme la 98e division parachutiste viennent en renfort sur la ligne de front menacée, dans le secteur de Sniguirovka.
Et depuis une semaine, les effectifs russes sont très sensiblement renforcés, car au dires des observateurs, 3 à 4 colonnes de matériels et véhicules blindés arrivent chaque jour depuis la péninsule de Crimée sur le front de Kherson. Et au vu de la nature offensive du matériel, il semblerait que l’état-major russe cherche à appliquer l’adage « la meilleure défense c’est l’attaque ! ».
Il faudra attendre quelques jours pour y voir plus clair entre les attaques et contre-attaques ukrainiennes et russes, leurs annonces exagérées et certainement prématurées etc…
Mais déjà Arestovitch, le porte parole fantasque de la présidence ukrainienne a déclaré ce 30 juillet : « La contre-offensive ukrainienne sur Kherson… a pris un peu de retard ! »
3.2 / Les objectifs d’une contre-offensive ukrainienne
En juillet, Zelensky a donné l’ordre à son état-major de préparer et lancer dès que possible une grande contre offensive vers Kherson et il a annoncé mi juillet aux médias occidentaux que cette ville serait à nouveau sous le contrôle de Kiev « d’ici à 6 semaines », soit pour la fête nationale ukrainienne du 24 août (jour de l’indépendance).
Voyons quels seraient les objectifs d’une telle contre-offensive ukrainienne :
Pour tenter une contre-offensive militaro-médiatique Kiev n’a pas d’autre choix que le front Sud, car du côté du Donbass, le front est saturé de mouvement offensifs et d’unités de choc alliées et les forces ukrainiennes présentes sont aujourd’hui exsangues, et du côté de Kharkov, les forces de réserve et la logistique russes sont immédiatement disponibles du fait de la proximité frontalière avec Belgorod.
En revanche ce front Sud est le secteur le plus éloigné pour les voies d’approvisionnement russes, celui où Kiev a pu reconstituer à l’arrière plusieurs groupes bataillonnaires tactiques entre Zaporodje, Krivoï Rog, Nikolaïev et Odessa.
Que peut donc envisager l’état-major politique kiévien (principalement Zrlensky et YUmak, le chef de son administration présidentielle, d’un coup de force militaire du côté de Kherson, même limité et sans conséquence stratégique :
3.2.1 – Une offensive politico-médiatique
Au moment où la digue ukrainienne dans le Donbass cède inexorablement devant les coups de butoir des forces alliées et que les effectifs du corps de bataille ukrainien Est devant Artemovsk, Slaviansk et Donetsk disparaissent dans le hachoir de l’artillerie russe, le régime de Kiev cherche à détourner l’attention de l’opinion intérieure et étrangère et à sauver le moral de ce qui reste de son armée qui certes peut aligner encore sur le papiers des effectifs importants entre les réguliers, les mobilisés, les territoriaux, les réservistes, les nationalistes, les forces de l’intérieur ou des frontières… mais dont les capacités opérationnelles, les moyens logistiques et la motivation n’on aucune homogénéité et sont souvent déplorables.
3.2.2 – Une offensive démonstrative commerciale
Durant cet été les pays occidentaux ont montré un essoufflement dans leurs aides militaires à l’Ukraine, autant par les sacrifices budgétaires qu’elles imposent au milieu d’une crise économique exponentielle, par la pénurie des stocks d’armement immédiatement disponibles mais aussi par des questionnements de plus en plus nombreux concernant l’efficacité militaire des aides, leur rentabilité politique et économique pour les populations occidentales invitées à mettre de plus en plus d’argent dans la sébile percée ukrainienne. Une victoire même partielle de l’armée ukrainienne permettrait au régime de Kiev de justifier les sacrifices occidentaux et de prolonger voire augmenter leurs perfusions.
3.2.3 – Une offensive pour gagner du temps
Même si elle n’a que très peu de chance d’obtenir des succès partiels, et encore moins de chance de les maintenir dans le temps, une offensive ukrainienne peut espérer, même si elle est suicidaire, « reprendre l’initiative » et imposer une réarticulation des forces russes donc une temporisation des offensives dans le Donbass. Ceci le temps que l’automne et l’hiver avec leur météo humide ralentissent la stratégie de mouvement des groupes bataillonnaires mécanisés russes. Ralentir la libération du Donbass jusqu’au printemps 2023 afin de reconstruire une armée de conquête est un fantasme ukrainien qui ne repose que sur celui d’une contre-offensive sur le front Sud faisant diversion.
3.2.4 – Une offensive pour sécuriser Krivoï Rog et Odessa
Pour les forces ukrainiennes, tandis que le front du Donbass s’effondre, cette tête de pont russe au Nord du Dniepr immobilise beaucoup trop d’unités de réserve destinées à empêcher une éventuelle offensive russe vers Krivoï Rog au Nord ou Odessa à l’Ouest. En revanche si une contre offensive parvenait à atteindre le Dniepr et y installer une nouvelle ligne de front plus facile à contrôler via les 2 seuls ponts existant, alors un transfert d’unités vers le Donbass serait envisageable, même si Kherson n’est pas reprise aux forces russes qui seraient obligées d’y rester en position défensive à cause de la vulnérabilité du franchissement du Dniepr.
Tous ces objectifs, même dans leur réalisations partielles, demandent que les actions offensives ukrainiennes puissent « s’accrocher » au terrain et donc possèdent des moyens et pour le conquérir et pour le défendre…
3.3 / Une contre-offensive ukrainienne irréaliste
Et c’est ici qu’apparait l’utopie mortelle du projet ukrainien car une offensive menée sur un terrain très faiblement vallonné et ouvert tel que celui de la région de Kherson impose d’aligner 4 composantes majeures : vitesse, puissance de feu, couverture et approvisionnement pour répondre à ses gourmandises :
• La vitesse ne peut être ici fourni que par une force blindée importante capable d’avaler des kilomètres en combattant.
• La puissance de feu nécessaire pour casser les positions défensives et les contre attaques ne peut-être fournie que par une artillerie, diversifiée, mobile, aux stocks très importants.
• La couverture des unités à découvert ne peut-être assurée que par un maillage de systèmes de défense antiaérienne multicouches, fixes et surtout mobiles.
• Enfin l’approvisionnement, dans ses stocks et ses transports, doit être capable de recompléter à flux tendu munitions, carburant, huiles et autres « consommables ».
Or, les forces ukrainiennes, suite aux bombardements russes, et même si on peut observer des aides occidentales dans ces quatre domaines, ne disposent pas de ces moyens en quantité suffisantes, surtout pour une manœuvre offensive d’envergure. (On pourrait aussi rajouter d’autres composantes vitales que n’ont plus également en nombre suffisant les forces ukrainiennes comme par exemple les réseaux de communications mobiles permettant au commandement de coordonner ses forces d’attaque, d’appui et logistiques en mouvement).
Aussi, on peut craindre que les forces ukrainiennes, après l’échec de leur offensive, soient tentées, en désespoir de cause de chercher à inonder le bassin de Kherson en détruisant, après celui d’Antonosky, celui de Novaïa Kharkova et le barrage sur lequel il passe.
Cette action dont les résultats stratégiques seraient limités aurait cependant des conséquences sociales, économiques et écologiques énormes car, avec la rupture du barrage de nombreuses terres agricoles seraient inondées la distribution d’eau potable des populations en aval interrompue (dont la Crimée) etc sans compter la retenue d’eau en amont qui alimente le refroidissement de la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Ernegodar.
La mise en garde de Moscou et… du général Valery Zaluzhny
La Russie, par la voix de ses représentants a clairement signifié à Kiev qu’une offensive dirigée contre les territoires libérés de Kherson sera considérée comme une attaque directe contre le sanctuaire fédéral russe et que par conséquent ses forces armées pourront employer pour le défendre tout leur arsenal stratégique, sans exception et contre tout objectif ukrainien, proche ou lointain, militaire ou politique… À bon entendeur Salut !
Même au sein du Pentagone, les experts étasuniens estiment que l’Ukraine n’a aucune chance de reprendre Kherson ni même de maintenir une position intermédiaire car selon leurs propres renseignements, les forces russes disposent déjà à l’arrière du front russo-ukrainien d’une quarantaine de groupes bataillonnaires tactiques mécanisés (environ 1000 hommes par BTG) et que leur nombre sera porté à 60 d’ici l’automne (ce qui confirme la mise en œuvre d’une 3ème phase opérationnelle russe). Or, 60 groupes bataillonnaires tactiques supplémentaires, c’est plus que la moitié des effectifs déployés sur le front depuis le 24 février (environ 90 BTG).
Pendant ce temps là le rififi ukrainien continue…
Déjà opposés au moment des batailles de Severodonetsk et Lisichansk au sujet desquelles Zelensky voulait rejouer le sacrifice inutile de Marioupol quand Zaluzny, son chef d’état-major, prônait la préservation prioritaire de ses unités pour des batailles ultérieures plus importantes. Et voici qu’apparaissent de nouvelles divergences entre le président halluciné et son général pragmatique.
Ici encore le général ukrainien Valery Zaluzhny a remis les pendules à l’heure quand Zelensky et sa clique d’illuminés ukro-atlantistes (Yemak, Arestovitch etc…) enivrés par les résultats effectivement notables des bombardements HIMARS, rêvent de bousculer les forces russes de Kherson d’un coup de roquettes américaines. Zaluzhny a rappelé à la marionnette de Kiev qu’un HIMARS n’est qu’un sniper de l’artillerie destiné à réaliser des frappes précises lointaines et ponctuelles et ne peut en aucun cas remplacer dans une offensive blindée l’artillerie de masse, qui est manquante, et son nécessaire barrage de feu roulant et ininterrompu. Et que les forces ukrainiennes, qui ont déjà du mal à résister au rouleau compresseur russe sont très loin de pouvoir garantir un quelconque succès offensif durable, même sur le front de Kherson.
Mais cette fois Zelensky, qui avait pourtant cédé au bon sens de Zaluzhny concernant la retraite de la garnison de Lisichansk, a maintenu aux dernières nouvelles son ordre d’offensive sur Kherson, peu avare du sang de ses soldats.
Il est donc probable que Zaluzhny, qui sera limogé s’il refuse d’obéir ou… limogé après la débâcle des forces ukrainiennes devant Kherson puisse aller tranquillement aux champignons pendant l’automne. Ce qui pourrait même être un des objectifs secondaires de ce théâtre contre-offensif, tant Zelensky profite de chaque revers politique ou militaire pour se débarrasser des « empêcheurs de penser en rond ».
En conclusion
Avant même de savoir ce qu’il en retourne exactement sur le terrain, sauf « remède miracle » pour Kiev, il est plus que probable que cette « contre-offensive » ukrainienne vers Kherson ne soit juste qu’un nouveau grand spectacle politico-médiatique d’un régime à l’agonie qui, pour relancer une mendicité agressive auprès de ses parrains occidentaux, sacrifiera à nouveaux des centaines de soldats pour pouvoir dire, en tendant sa sébile maculée de leur sang : « allez monseigneur encore un effort, la prochaine fois c’est la bonne ! »
Nous verrons dans ce cas des photos et vidéos de drapeaux ukrainiens hissés au pignon d’une maison bombardée et à grand renfort de propagande tout comme celui qui a été agité sur l’île au serpent le temps d’un selfie avant que les quatre ukrops inquiets n’en soient expulsés par un nouveau bombardement russe.
Pour le moment et même s’il ne faut jamais sous estimer son ennemi, les renseignements obtenus laissent à penser que nous avons bien à faire à un simulacre de contre-offensive mais qui risque de devenir pour Zelensky un quitte ou double militaire et politique. En effet, la marionnette ukrainienne de Washington, de plus en plus critiquée en interne (d’où les purges politiques régulières), si elle n’obtient pas un succès tactique même éphémère, une rallonge matérielle occidentale ou un gain de temps stratégique dans le Donbass aura signé son arrêt de mort auprès des occidentaux, de sa population et de son armée, tous fatigués de ses facéties suicidaires, de son inaptitude et de sa disposition amorale à sacrifier tout, son armée, son territoire, son peuple pour conserver son petit pouvoir vaniteux que flattent ses maîtres mondialistes.
Car ce qui est le plus intéressant dans cette défaite ukrainienne annoncée de Kherson, ce sont les changements politiques et peut-être géopolitiques qu’elle va provoquer.
Une photo pour résumer ce SITREP :
source : Alawata rebellion
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