par Nicolas Bonnal.
L’esprit libertarien (ou encore libre) doit prendre soin de son corps, considérée comme une simple pièce détachée de l’entité techno-mondialiste.
Ernst Jünger est un des derniers grands esprits européens. Il avait vu qu’après 1945 l’homme technique allait remplacer l’homme tout court. Peut-être qu’il avait moins bien vu que les américains Dick ou Packard le règne de la déglingue. Car le transhumanisme est un rêve de décrépit – de nonagénaire génocidaire – dont le premier à avoir eu le pressentiment génial fut le dessinateur autrichien Kubin. L’Autre Côté décrivait déjà notre société totalitaire déglinguée.
Roi de la belle santé, roi des vins, des insectes, des plantes, voyages et chasses subtiles (relisez le début merveilleux des Falaises de marbre), Jünger prône une santé alcyonienne, homérique et la résistance contre la médecine totalitaire et technologique. On cite de l’écrivain le Traité du rebelle, ou le recours aux forêts (traduction Henri Plard) :
« Quant à la santé, le modèle que chacun en porte en lui-même, c’est son corps intangible, créé au-delà du temps et de ses vicissitudes, qui transparaît dans l’enveloppe physique et dont l’efficace n’est pas moins sensible dans la guérison. Toute guérison met en jeu des vertus créatrices. »
Avoir conscience de sa santé sans passer par les drogues et produits ? C’est le fait d’un être supérieur :
« Dans l’état de parfaite santé, telle qu’elle est rare de nos jours, l’homme possède aussi la conscience de cet acte d’une créature divine, dont la présence met autour de lui un nimbe visible. Nous trouvons encore chez Homère la connaissance d’une telle fraîcheur, dont son monde est animé. Nous trouvons, unie à elle, une libre sérénité et plus les héros s’approchent des dieux, moins ils deviennent vulnérables – leur corps gagne en spiritualité. »
Oui, et notre corps boosté devient aujourd’hui une machine déglinguée. Jünger impose la royauté du malade qui doit se faire l’ami de sa maladie (comme Rilke qui explique au jeune poète qu’il faut devenir l’ami de sa mort, chose compliquée par les temps qui courent) :
« Actuellement encore, le salut dépend de ce rapport et il importe que l’homme se laisse guider par lui, ne dût-il que l’entrevoir. Le malade, non le médecin, est souverain, dispensateur d’une guérison qu’il tire de résidences inexpugnables. Il n’est perdu que si c’est lui qui perd l’accès de ces sources. L’homme semble souvent, dans son agonie, égaré, en quête de quelque objet. Il trouvera l’issue, en ce monde ou dans l’autre. On a déjà vu guérir bien des malades condamnés par les médecins, mais jamais celui qui s’est laissé aller. »
Éviter les médecins et écouter son corps :
« Éviter les médecins, s’en reposer sur la sagesse du corps, mais prêter à ses avis une oreille attentive, c’est pour le bien-portant la meilleure des ordonnances. Il en va de même du Rebelle, qui doit s’aguerrir en vue de situations où toute maladie autre que mortelle est considérée comme un luxe. »
Et de résumer l’esprit du résistant à la sécu :
« Quoi qu’on pense de ce monde de sécurité sociale, d’assurances-maladie, de fabriques de produits pharmaceutiques et de spécialistes – on est plus fort quand on peut se passer de tout cela. »
Jünger voit donc le règne du totalitarisme étatique arriver :
« Un trait suspect et qui doit inciter à une extrême vigilance, est l’influence croissante que commence à exercer l’État sur l’administration de la santé, en se couvrant le plus souvent de prétextes philanthropiques. En outre, le médecin étant, dans bien des cas, relevé de son secret professionnel, il faudra recommander la défiance envers toute consultation. Car on ne sait jamais dans quelles statistiques on est classé, ni s’il n’y en a pas d’autres que celles des organismes médicaux. »
Nous avons vécu et revivrons le totalitarisme étatique en matière sanitaire et vaccinal ; or Jünger les explique :
« Toutes ces fabriques de santé, avec des médecins fonctionnaires mal payés, dont les cures sont surveillées par la bureaucratie de la Sécurité sociale, sont suspectes et peuvent se muer tout d’un coup en figures inquiétantes, sans même que la guerre les y oblige. Il n’est alors nullement impossible, pour dire le moins, que leurs fichiers scrupuleusement tenus fournissent ces pièces au vu desquelles on pourra être interné, châtré ou liquidé. »
Jünger décrit la conséquence de tout cela : le recours au charlatan ou au thaumaturge ; il me semble qu’ils ont disparu eux aussi, le pékin n’ayant même plus l’énergie pour sortir du système médical mutilant – ou carrément absent comme en France :
« L’énorme clientèle que recrutent les charlatans et les guérisseurs ne s’explique pas seulement par la crédulité des masses, mais aussi par leur méfiance envers la pratique de la médecine et plus spécialement sa tendance à l’automatisme. Ces thaumaturges, malgré toute la grossièreté de leurs procédés, diffèrent cependant des médecins sur deux points importants : d’abord, ils traitent le malade comme un tout ; puis ils présentent la guérison comme un miracle. Tel est le trait qui satisfait un instinct demeuré sain et sur lequel se fondent les guérisons. »
Aucune illusion à se faire :
Le monde des assurances, des vaccins, de l’hygiène minutieuse, du prolongement de la moyenne de vie représente-t-il un gain réel ? Il ne vaut pas la peine d’en débattre, puisque ce monde continue à s’épanouir et que les idées sur lesquelles il s’appuie ne sont pas encore épuisées. Le navire poursuivra sa course, au-delà même des catastrophes. »
Le navire poursuivra sa course au-delà même des catastrophes…
sources :
• Jünger, le traité du rebelle
• Rilke, lettres à un jeune poète
• Popova-Bonnal, Dick et le grand reset
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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