Mettre un frein au décrochage scolaire dans les milieux les plus pauvres

Mettre un frein au décrochage scolaire dans les milieux les plus pauvres

Il y a tout un bassin de la population québécoise qui ne termine pas le niveau secondaire à temps, tant chez les garçons que les filles et qui aura finalement son diplôme qu’à l’âge de 25 ans, ce qui constitue une main-d’œuvre potentielle perdue avec tout ce retard. Pour expliquer les difficultés scolaires et les faibles taux de diplomation de ces jeunes, des spécialistes comme les médecins de famille ou les psychiatres invoquent régulièrement des problèmes de santé mentale comme la schizophrénie, l’autisme, la paranoïa, la bipolarité, la dépression nerveuse, l’anxiété, la boulimie, l’hyperactivité, etc. 

On invoque donc des problèmes de santé mentale pour expliquer ces problèmes scolaires quand il s’agit en fait de problèmes socio-historiques liés à la pauvreté et qui se perpétue de génération en génération au Québec. Un vieux chiropraticien que j’avais consulté et qui avait l’âge de mes parents (nés en 1928 et 1929) avait bien résumé la situation. Il m’avait dit ceci : « Quand mon propre père était jeune, soit dans les années 1920 ou 1930, pour un homme et un ouvrier à Montréal c’était beaucoup que d’avoir une 7e année. Et quand moi j’étais jeune, soit dans les années 1940 ou 1950, pour un homme et un ouvrier à Montréal c’était beaucoup que d’avoir une 8e année. » Évidemment cette légère augmentation ne devait pas suffire à leur donner accès à une formation professionnelle digne de ce nom. Ils rejoindraient les rangs des ouvriers spécialisés et en particulier non spécialisés.

En fait, afin de corriger ces problèmes scolaires, il faudrait apprendre aux jeunes non seulement la dissertation mais aussi la rédaction de textes argumentatifs. C’est ce que fait un organisme communautaire un samedi sur deux, soit le Centre Internationaliste Ryerson Fondation Aubin (CIRFA). L’organisme offre aux jeunes du secondaire, des cégeps et des universités une formation pour leur apprendre à disserter et à argumenter, chose qui aurait dû être apprise dès le secondaire et ensuite approfondit au cégep et à l’université. 

En fait, on refuse tellement d’admettre qu’il y a des facteurs socio-historiques derrière les faibles résultats scolaires des jeunes du secondaire qu’on leur invente sur mesure des diagnostics. Au lieu de s’appuyer sur la psychologie sociale (la sociologie) et l’histoire pour expliquer ces difficultés, on préfère faire appel à la psychologie individuelle et vivre dans une sorte de déni. Pourquoi ? Parce que nous refusons d’admettre que nous sommes à 80 % ou 85 % des descendants d’ouvriers canadiens-français, classe qui a toujours dénigré le travail intellectuel et la scolarisation. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème psychologique mais plutôt qu’on accorde une importance démesurée à la psychologie individuelle et qu’on fait du sur-diagnostic. 

Nous ne sommes pourtant pas une bande de tarés incapables de suivre des cours et de comprendre sa propre langue. N’oublions pas que nous sommes aussi des descendants de Français. Si on accordait autant de valeur à la langue et la scolarisation que les Français le font, nos jeunes réussiraient beaucoup plus et beaucoup mieux à l’école. Malheureusement, pour les descendants d’ouvriers canadiens-français que nous sommes, le français est une langue de perdants et de ratés d’où l’intérêt pour l’anglais et le rejet de l’histoire nationale. Il faut donc mieux enseigner le français et l’histoire du Québec et du Canada pour donner le goût aux jeunes de comprendre et de maîtriser leur propre identité nationale et leur propre langue. 

Quant aux problèmes de santé mentale, ils sont marginaux et rarement contractés par les familles riches puisque ce sont les plus pauvres qui désertent les écoles. De toute façon, nous sommes des descendants directs de Français, une nation qui valorise la lecture, l’écriture et la littérature. En effet, il y a quelques années Radio-Canada a fait un reportage sur un homme originaire du Saguenay-Lac Saint-Jean qui souffrait d’une maladie physique très rare et qui nécessitait l’apport d’un donneur compatible. Les deux seules populations où il avait le plus de chance de trouver ce donneur providentiel étaient celles du Québec et de la France. 

Preuve à l’appui, quant à la filiation de nos ancêtres issus de France, le démographe Hubert Charbonneau, en fouillant dans les archives, a réussi à déterminer que la population francophone du Québec était à 97% d’origine française et dans la région de Montréal à 94%. En partant d’aujourd’hui, il avait réussi à remonter jusqu’au XVIIe siècle et aux familles souches pour établir que l’on avait un lien de parenté avec 500 personnes. Il suffisait d’établir qui étaient ces parents pour chacun des enfants, de génération en génération, jusqu’au XVIIe siècle pour connaître leurs origines. 

Cordialement,

Louise Bérard

MA Histoire

DESS Sciences de l’éducation

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