Depuis 8 ans l’artillerie s’est imposée comme arme principale du champ de bataille du Donbass et, environ 1 mois après de début de l’intervention russe dans le conflit (24 février 2022), après une phase initiale de mouvements offensifs rapides russes, l’artillerie est revenue au premier plan des batailles menées entre les russo-républicains et les ukro-atlantistes.
Du côté de Kiev, en parallèle à des bombardements terroristes meurtriers en augmentation visant les populations civiles russes du Donbass ou des villes frontalières russes, on peut observer l’apparition, elle aussi en augmentation de bombardements militaires menés par l’artillerie ukrainienne sur des objectifs stratégiques comme es dépôts de munitions ou de carburant dont certains sont même éloignés de la ligne de front de plusieurs dizaines de kilomètres.
L’armée ukrainienne malgré une agonie irréversible peut mener ces bombardements augmentés principalement grâce :
• aux aides des anciennes républiques socialistes soviétiques aujourd’hui dans l’OTAN mais qui disposent encore d’un arsenal et de moyens de production soviétiques permettant un recomplétement de matériels et munitions,
• aux aides exponentielles des pays occidentaux de l’OTAN qui fournissent à Kiev des systèmes d’armes modernes et plus performants bien qu’en quantité ridiculement insuffisante pour inverser le rapports des forces sur le terrain,
• aux aides indispensables du renseignement militaire étasunien qui, via ses satellites notamment qui permettent une géolocalisation rapide et précise d’objectifs militaires (ou civils) et même une assistance pour les corrections de tirs.
1. Des bombardements terroristes
Tandis qu’au Nord les forces alliées avancent vers la bataille de Slaviansk, ce 8 juillet 2022 les 155mm de l’OTAN ont recommencé à frapper les quartiers résidentiels de Donetsk à 3h00 du matin, en compagnie des calibres classiques de l’arsenal soviétique en dotation dans l’armée ukrainienne (120,122,152mm notamment).
Le 7 juillet des tirs ukro-atlantistes sur la capitale du Donbass russe ont tué 1 femme de 30 ans (district de Petrovsky dans le Sud Ouest de Donetsk) et blessé 10 autres civils, sans compter de nombreux dégâts dans plusieurs quartiers de la cité.
Le 8 juillet, les bombardements terroristes se poursuivent, tuant blessant et détruisant dans des frappes indistinctement dirigées dans leur immense majorité vers des zones résidentielles civiles loin du front et même d’objectifs militaires ou stratégiques quelconques.
Bombardement ukro-atlantiste sur le quartier Shakhtiorsk, dans le Nord du centre ville de Donetsk, le 8 juillet matin
Donetsk a été plusieurs fois bombardé, notamment dans le quartier de Kirovsky, mais également Makeevka encore sous le choc du bombardement meurtrier survenu ce 6 juillet sur un jardin d’enfant du centre ville. Au cours de ces bombardements ukro-atlantistes du 8 juillet à Donetsk.
Bilan des bombardements du 8 juillet
3 tués et 14 blessés (dont 3 enfants)
Donetsk
Quartier Kirovsky :
- 2 femmes de 23 ans et 54 ans tuées,
- 1 femme de 53 et 1 homme de 56 ans blessés
Gorlovka
Panteleymonovka :
- 1 jeune homme de 21 ans tué
Microdistrict « Solnechny » :
- 1 garçon de 12 ans blessé
- 1 adolescente de 14 ans blessée,
- 1 adolescent de 18 ans blessé,
- 5 femmes de 47, 56, 73, 54 et 24 ans blessées,
- 3 hommes de 26, 52 et 84 ans blessés.
Plus au Nord dans le village de Panteleymonovka, un jeune homme qui venait de recevoir son diplôme de professeur d’Histoire a été tué par un bombardement ukrainien ; et plus au Nord, à Gorlovka ce sont 7 autres civils dont une fillette de 13 ans et 1 adolescent qui ont été blessés.
Bombardement d’un immeuble résidentiel à Gorlovka par l’artillerie ukro-atlantiste (obusier de 155mm)
Le 9 juillet 2022, même si le volume des munitions tirées est en légère baisse, les ukro-atlantistes continuent leurs bombardements terroristes sur les populations civiles du Donbass.
Bilan des bombardements du 9 juillet
2 tués et 11 blessés
Dans le district de Kirovsky à Donetsk : 2 femmes de 73 ans et 47 ans ont été tuées, 5 femmes de 80, 73, 32, 64 et 70 ans ainsi qu’un homme de 66 ans ont été blessés.
Les ripostes russo-républicaines
Progressivement, les forces de défenses des cités républicaines détruisent les batteries et les dépôts de l’artillerie les bombardant Un travail long et difficile compte tenu des tactiques utilisées par les ukro-atlantistes, mais qui affaiblit un peu plus leurs capacités à chaque riposte réalisée par les tirs de contre batterie de l’artillerie ou les attaques de l’aviation de combat russe.
Tirs de contre batterie républicains sur des positions d’artillerie ukrainiennes
dans les faubourgs de Marinka (Sud Ouest Donetsk)
2. Des bombardements militaires
Depuis le mois de juin, les bombardements ukro-atlantistes, visant des objectifs militaires ou logistiques russes et républicains, sont en nette augmentation à la fois sur la ligne de front mais aussi dans sa profondeur là où les dépôts sont généralement situés. Depuis le début du mois de juillet c’est environ une dizaine de dépôts de carburant et munitions qui ont été touchés à l’arrière du front et jusque sur le territoire russe comme à Belgorod par exemple (au Nord de Kharkov), provoquant souvent des pertes et dommages collatéraux parmi les civils.
Parmi les récents bombardements militaires ukro-atlantistes figure par exemple celui du dépôt de carburent situé dans le district de Kirovsky et qui a été plusieurs fois touché cette semaine par des obus de155mm dont plusieurs provenant de canons français CAESAR offerts par Paris aux bandéristes de Kiev.
10 juillet 2022, à 01h00 du matin, un bombardement ukro-atlantiste frappe un dépôt militaire à Altchvesk
Pour réaliser les bombardement loin derrière la ligne de front, les forces ukrainiennes utilisent
• soit leurs artillerie à longue portée comme le missile balistique « Tochka U » (environ 100 km) ou le Lance Roquettes Multiples de 300 mm BM 30 « Smerch », mais dont les tirs sont en grande partie interceptés par la défense antiaérienne russe,
• soit les systèmes d’armes occidentaux comme par exemple les canons français CAESAR dont les munitions spéciales autopropulsées peuvent dépasser les 50 km de portée ou le Lance Roquette Multiple de 227 mm « HIMARS » d’une portée de 300km.
La menace représentée par les grandes portée et précision de ces systèmes d’armes occidentaux arrivant sur le champ de bataille a fait de leur destruction une priorité de l’état-major russe, tant sur le plan militaire que sur le plan diplomatique pour montrer l’inefficacité de ces aides de l’OTAN prétendument miraculeuses. Sur le parc des 155 mm de l’OTAN déjà livrés aux forces ukrainiennes (environ 200) nombre plus de 20% ont déjà été détruits ou capturés notamment des M777 étasuniens tractés dont la mobilité est très lente.
Pour ce qui est du système HIMARS, si leur nombre envoyé en Ukraine est pour le moment ridicule (4 fin juin et 4 début juillet), l’arrivée d’un tel système d’armes sophistiqué de l’OTAN sur le front russo-ukrainien pose plusieurs problèmes et interrogations :
- Augmentation des bombardements sur le territoire de la Fédération de Russie,
- Assistance militaire directe de l’OTAN basculant vers une cobelligérance augmentée,
- Appui obligatoire des satellites étasuniens pour l’utilisation des tirs de munitions guidées.
- Qui sont les vrais servants de ces HIMARS dont la formation est de plusieurs mois ?
2 juillet 2022, les premiers M142 étasuniens HIMARS entre en action en Ukraine
visant depuis une dizaine de cibles situées à environ 70 km en arrière du front
Le 8 juillet, le département étasunien dans son annonce concernant une énième aide de 400 millions de dollars aux forces armées ukrainiennes a annoncé la livraison prochaine d’un nouveau lot de 4 « HIMARS » à Kiev, ce qui portera à 12 le nombre livrés depuis 3 semaines.
En plus des M142 « HIMARS », l’OTAN va également fournir à l’Ukraine des M270, un autre modèle de Lance Roquette Multiple moderne de 227mm aux mêmes caractérisiques mais doté de 2 paniers de 6 roquettes (contre 1 seul pour le M142). Actuellement la livraison de 9 système M270 a déjà été signée (3 versions allemandes « MARS II » et 6 versions britanniques « M270B1 » via la Norvège.
Le 9 juillet 2022, des roquettes HIMARS M31A1 (portée 84km) frappent à nouveau la ville de Altchvesk située à plus de 50 km à l’arrière du front dans la République populaire de Lougansk.
De son côté, l’état-major russe a annoncé cette semaine avoir détruit 2 premiers HIMARS sur le front Nord Donbass, démontrant à la fois la menace prioritaire de ce système d’armes autant que sa vulnérabilité.
2 HIMARS étasuniens déjà détruits sur le front
Au matin du 10 juillet ce sont les villes de Torez et Sharkhtiorsk dans l’arrière pays de Donetsk qui ont été touchées par de nouveaux tirs des HIMARS étasuniens…
La volonté de l’OTAN de sacrifier l’Ukraine et la paix
Si ces bombardements ukro-atlantistes menés avec des HIMARS, malgré leur efficacité réelle ne changeront pas l’issue de la guerre entre Kiev et Moscou, en revanche ils constituent un nouveau pas important de l’OTAN vers l’extension de ce conflit, à la fois dans sa durée, son espace mais surtout dans l’aggravation des relations Est-Ouest. En effet, ces systèmes d’artillerie sophistiqués HIMARS, des opérateurs occidentaux rodés qui sont obligatoirement présents dans leurs équipages jusqu’aux satellites étasuniens qui sont indispensables pour la géolocalisation de leurs cibles constituent une étape supplémentaire dans la cobelligérance de l’OTAN dans ce conflit russo-ukrainien.
Reportage du média US CNN sur les M142 HIMARS livrés aux forces armées ukrainiennes
Ce qu’on peut observer dans ce nouveau pas en avant de l’OTAN vers la IIIème guerre mondiale, c’est qu’il est toujours réalisé dans la même rhétorique hypocrite et une provocation jouant avec cet attentisme russe qui commence à coûter cher à Moscou :
Pour ne parler que des livraisons d’armes et de munitions à l’Ukraine, souvenons nous du discours occidental :
« Juste des armes défensives », « en aucun cas des armes lourdes, des chars ou des avions de combat », « aucune arme occidentale capable de frapper le territoire de la Russie » etc. etc…
Et depuis 2020, les quelques missiles antichars Javelin livrés à Kiev sont devenus des milliers, accompagnés progressivement de missiles anti-aériens, anti-navires, de drones d’attaque, de véhicules de combat d’infanterie, de pièces d’artillerie tractées ou automotrices, de chars de combat, d’avions et hélicoptères de combat (en pièces détachées).
Et maintenant, alors que les munitions livrées avec les M142 « HIMARS » étaient celles dont la portée n’excède pas 84 km (roquette M30A1), il est maintenant question, dans un débat animé par les sénateurs américains Lindsey Grammy et Richard Blumenthal, que le Pentagone livre des munitions HIMARS de plus longue portée (par exemple des fusées ER GMLRS, 150 km ou des missiles M39, M48 allant jusqu’à 300km).
Les conséquences d’une telle augmentation permanente des aides militaires occidentales, loin d’offrir la possibilité d’une victoire militaire ukrainienne (il faudrait pour cela des centaines de batteries sur tous les fronts du conflit et des centaines de milliers de munitions), vont en revanche :
- Prolonger la guerre coûte que coûte pour affaiblir la Russie et domestiquer les pays occidentaux quitte à détruire l’Ukraine au passage,
- Alimenter le complexe militaro-industriel étasunien avec par exemple la Pologne qui vient de commander 500 systèmes M142 HIMARS,
- Augmenter la dépendance de l’Ukraine et la provocation contre la Russie pour rendre toute sortie diplomatique difficile, voire impossible.
Malheureusement pour Washington, cette stratégie est aussi à double tranchant car ces aides militaires démesurées (150 000 dollars la roquette HIMARS°), rajoutées aux crises économiques et énergétiques augmentées ne peuvent pas durer indéfiniment sauf si Washington pour payer ses industriels décide encore de faire chauffer les planches à billets et donc d’aggraver l’inflation monétaire.
En conclusion
On comprend encore mieux pourquoi Moscou, en plus d’économiser leurs forces, préfère appliquer pour ses forces armées la stratégie d’un rouleau compresseur avançant lentement écrasant surement les forces ukrainiennes tandis que les occidentaux s’excitent et surtout s’épuisent dans des aides médiatiquement tonitruantes, militairement peu rentables et économiquement suicidaires.
source : Alawata Rebellion
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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