On pourrait croire que Québec solidaire (QS) a toutes les cartes pour réaliser une percée à la prochaine élection.
Un chef respecté, d’abord. Gabriel Nadeau-Dubois communique et incarne bien les aspirations de la gauche québécoise.
Les Québécois voient même en lui, plus que tous les autres chefs, un futur premier ministre.
Leur équipe parlementaire est diablement efficace. On y trouve des élues ministrables : Christine Labrie, Ruba Ghazal et Émilise Lessard-Therrien…
Les Québécois, consensuels au carré, souhaitent en « même temps » : un gouvernement fort face à une opposition forte.
Et QS est considéré comme la meilleure opposition au gouvernement.
Un parti d’opposition risque donc d’émerger.
Dernier point : leur couverture médiatique est favorable. Une bienveillance règne certainement à son endroit.
Plafond politique
Pourtant, QS stagne à 14 %.
Leurs électeurs se questionnent encore – 52 % peuvent encore changer d’idée selon le dernier sondage Léger.
Il récolte aussi moins d’appuis qu’à l’élection de 2018, où il avait fait 16 %.
Pire, quand on analyse les sondages depuis dix ans, il n’a gagné qu’au mieux 5 % !
QS n’arrive pas à parler aux électeurs en dehors des centres universitaires.
Le Québec qui se lève tôt ne vote pas solidaire.
Le travailleur, qui fait la navette entre les banlieues et les villes, vote d’abord pour la CAQ.
Les syndiqués appuient autant l’antisyndicaliste Duhaime que QS.
Quelque chose cloche quelque part pour cette gauche sans le peuple.
Ambiguïté nationaliste
QS souffre d’abord de son ambiguïté nationaliste.
Il aurait dû, exemple, défendre la loi 101 au cégep.
La valorisation des cégeps francophones aurait dû les interpeller.
Défendre le statu quo collégial, qui finance notre propre anglicisation et la création d’une élite anglophile, a quelque chose de paradoxal.
Ça révèle un manque de courage aussi, car on ne peut qu’y soupçonner un clientélisme électoral : leurs potentiels gains à Montréal seraient visés par une telle mesure.
Les solidaires devront un jour occuper le terrain du nationalisme, essentiel pour les Québécois, même si cela risque de déplaire à certains militants.
Que QS définisse sa vision de la nation québécoise. Qu’il se distingue du PLQ. Qu’il affirme clairement que ce n’est pas aux instruments juridiques fédéraux de définir l’avenir de la loi 21, mais ici, politiquement. Qu’il défende fermement le Québec contre les assauts médiatiques constants et diffamatoires du Canada anglais.
La timidité nationaliste de QS est une assurance vie pour la CAQ.
Peut-être paierait-il le prix de la pureté politique, mais il aurait surtout l’oreille de nouveaux électeurs.
Peur économique
L’autre point d’achoppement vient du dernier sondage Léger.
QS est bon dernier quand on demande aux Québécois quelle formation est la plus apte à affronter une récession. À peine 5 % des Québécois leur font confiance.
Même leurs propres électeurs sont inquiets !
QS peut bien souhaiter « dépasser le capitalisme » et une « socialisation des activités économiques ».
Dans le réel, l’électeur n’est pas disposé à prendre un tel risque pour son niveau de vie. Les solidaires devront l’accepter.
QS a besoin d’un moment Parizeau, comme le PQ en 1969.
Un moment où une figure économique du système étampera une crédibilité économique sur le parti.
Avoir raison ou gagner ?
La prochaine élection porte un enjeu fondamental : établir une alternative face au gouvernement Legault.
Ce qui m’apparaît évident, c’est que le retour du progressisme au pouvoir passera soit par un recentrage de QS, une fusion des partis de gauche et de centre gauche, ou par la création d’un nouveau parti.
Il y a des passages possibles si les solidaires le souhaitent vraiment.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec