Le PQ, piégé par sa gauche ?

Le PQ, piégé par sa gauche ?

Lucien Bouchard notait récemment que le PQ « mérite de ne pas bien aller ».

Son propos s’inscrivait dans une série de commentaires dont M. Bouchard a reconnu qu’ils auraient gagné à être plus nuancés.

La question de fond demeure cependant : quelle est la part de responsabilité du PQ lui-même dans les difficultés auxquelles il est présentement confronté ?

Pourquoi ?

Ces difficultés ont plusieurs causes.

Fondamentalement, le PQ est porteur d’un projet qui a subi deux terribles défaites.

N’importe quel véhicule qui subirait deux chocs aussi durs serait amoché.

Une autre explication des déboires du PQ consiste à dire qu’il paie le prix de ne plus avoir fait activement la promotion de la souveraineté depuis 1995.

Assurément, des erreurs de lecture furent commises à cette époque et par la suite.

D’un côté, le résultat de 1995 était porteur d’une opportunité de mettre une pression considérable sur Ottawa, surtout quand il est devenu évident que des fraudes massives avaient été commises.

De l’autre, on ne peut pas maintenir une société démocratique sous tension à temps plein.

Quand vous vivez une peine d’amour, vous ne voulez pas que vos proches passent leur temps à mettre le doigt dans votre blessure.

Mais une autre cause fondamentale des difficultés du PQ est fréquemment passée sous silence. J’en ai souvent traité.

Normand Lester écrivait récemment :

« Le PQ doit – en partie – son déclin aux choix politiques erronés de ses chefs depuis une vingtaine d’années : ils voulaient rafler des voix à Québec solidaire à gauche plutôt que de s’ouvrir vers le centre droit où la CAQ et, avant elle, l’ADQ puisaient leur électorat grandissant. »

Pour advenir, la souveraineté nécessite en effet l’adhésion de gens de gauche, de centre et de droite.

C’était la force du camp du OUI en 1995.

Or, à partir des années 2000, en raison de la montée des tensions liées à certaines revendications de minorités religieuses et des ratés d’un État québécois jugé par beaucoup lourd et inefficace, des sensibilités, qui avaient toujours été là, s’affirmèrent davantage.

Vous aviez ceux qui considéraient que l’intervention de l’État n’est pas toujours la réponse à tout, mais aussi, souvent les mêmes, ceux qui affirmaient sans complexes la nécessité d’un nationalisme enraciné dans l’expérience historique du Québec français.

L’ADQ capta la première la montée de ce sentiment populaire et prépara le décollage de la CAQ.

Folie !

Pour le dire autrement, il y avait un espace grandissant à occuper à droite auquel le PQ décida de tourner le dos.

Il s’est plutôt mis à courtiser l’électorat attiré par Québec solidaire.

Plus le PQ se déportait à gauche – où n’a jamais logé qu’une minorité de Québécois –, plus il se marginalisait… mais il continuait quand même à vouloir rivaliser de « progressisme » avec QS !

Il en vint même – quelle folie ! – à vouloir négocier un pacte avec QS qui n’a jamais voulu qu’une chose : liquider le PQ.

Beaucoup filèrent à la CAQ. Les résultats sont sous nos yeux.

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