Bonne fête nationale!
C’est une question de responsabilité nationale
Comme je me plais à le répéter à toutes les fois où j’en ai l’occasion, j’ai eu l’extrême privilège, au cours de ma carrière, d’exercer le plus beau métier du monde, à savoir l’enseignement du français qui m’a ouvert les portes toutes grandes sur la transmission de la fierté de notre langue à mes élèves.
Expériences pédagogiques enrichissantes
D’entrée de jeu, assez tôt au début de l’année scolaire, j’amenais mes élèves dans une incursion dans une petite histoire du franco-québécois dans le but de leur faire réaliser toutes les embûches que notre langue a dû surmonter avant de devenir ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une langue fière et belle. Mon objectif était simple: on ne défend bien que ce que l’on connaît bien.
Sporadiquement, il m’arrivait aussi de prendre une période de cours pour leur faire entendre des chansons d’auteurs québécois. À cet effet, je demeurais toujours bouche bée d’entendre plusieurs de mes élèves fredonner les paroles de la chanson Le p’tit bonheur de Félix Leclerc, comme quoi la culture québécoise était bien vivante dans certains foyers québécois.
Durant l’année scolaire, mes élèves devaient lire quatre romans dont au moins un écrit par un auteur québécois. Curieusement, le choix des élèves ne s’arrêtaient pas sur des auteurs modernes mais plutôt sur des auteurs de la première heure de la littérature québécoise, notamment Roger Lemelin, Germaine Guèvremont ou Anne Hébert.
Autres temps, autres moeurs
Aujourd’hui, j’ai pris ma retraite depuis quelque vingt ans, et je ne crois pas que je pourrais faire les mêmes expériences pédagogiques avec des élèves du 21ième siècle. Les temps ont changé. Les téléphones intelligents et les réseaux sociaux sont devenus les canaux de communication courants au grand dam de la communication orale.
Le français est devenu un cafouillage incompréhensible pour le profane que je suis. La lecture et l’écriture, qui étaient de mon temps mon cheval de bataille, sont pratiquement disparus des outils pédagogiques d’un bon nombre d’enseignants. La grammaire et la syntaxe, si indispensables à la formation d’un jugement critique articulé, ont perdu leurs lettres de noblesse au profit d’un code «linguistique» désarticulé.
Instaurer un cours d’histoire du franco-québécois au secondaire
Toutefois, la fierté de notre langue constitue, à mon sens, le moteur indispensable pour en assurer sa défense et sa promotion, et c’est auprès des jeunes, en amont, que doit prendre racine cette fierté nationale. Dans cette foulée, il est impératif que tous les enseignants, quelle que soit la matière qu’ils enseignent, insistent auprès des jeunes sur l’importance primordiale de bien parler et de bien écrire leur langue maternelle.
En terminant, je propose que le cursus des cours de français en troisième secondaire intègre quelques cours d’histoire du franco-québécois dans le but de faire connaître aux élèves le parcours tortueux que notre langue a dû sillonner au cours des siècles et, de la sorte, leur inculquer un sentiment de fierté envers leur langue maternelle. C’est une question de responsabilité nationale.
Henri Marineau, Québec
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