Éric Verhaeghe, ancien haut fonctionnaire et éditeur du Courrier des stratèges, revient sur notre plateau pour un Entretien essentiel sur le sujet des élections législatives. Il s’intéresse aux personnages d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon, soulignant quelques-unes de leurs caractéristiques politiques, puis il joue à Madame Irma en prédisant les différentes issues possibles pour le second tour du 19 juin.
« Si on avait voulu élire un président absolument attaché à faire de la France une simple puissance régionale et à la dépouiller de toutes ses ambitions internationales, on aurait choisi Emmanuel Macron. […] Ce qui se passe ne France est devenu une simple anecdote qui occupe les petites gens. », assène-t-il bien vite en expliquant que la politique intérieure est « devenue accessoire » pour le président, qu’il a « d’autres choses à faire. »
Assurant regretter « la France de 86 », Éric Verhaeghe déplore qu’Emmanuel Macron ait « continué l’hyper présidentialisation du régime ». Selon lui, « il écrase les autres et cannibalise sa majorité », tout en bannissant « ceux qui ne sont pas comme lui ». Un « réflexe de la bourgeoisie dominante », à en croire notre invité.
Côté Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Courrier des stratèges avoue qu’il « parvient à faire rêver les gens avec pas grand-chose », même si la gauche essuie « une défaite cuisante » (21 000 voix d’écarts), notamment à cause de l’abstention (52 %) et des phénomènes de barrages. Finalement, il faudrait selon lui « un concours de circonstances extraordinaires pour qu’il parvienne à obtenir une majorité relative à l’Assemblée nationale », mais cela reste possible.
C’est d’ailleurs une des deux issues qu’Éric Verhaeghe imagine : une majorité relative de la NUPES. Il considère même que ce pourrait être une aubaine pour Emmanuel Macron, car cela le délivrerait « de faire le sale boulot à Bruxelles ». Dans l’hypothèse (un peu farfelue) où Jean-Luc Mélenchon parviendrait à être nommé Premier ministre par le Parlement, notre « hyper président » n’aurait plus à « s’occuper de politique intérieure », et pourrait « plastronner sur les photos internationales » à sa guise.
L’autre issue du vote serait évidemment une majorité relative (sinon absolue) du parti présidentiel, et cela permettrait à Emmanuel Macron de « phagocyter la droite parlementaire », selon notre invité.
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Quoi qu’il en soit, Éric Verhaeghe n’en démord pas : pour sauver la France, il faut « purger le radiateur », un « renouvellement complet des élites de ce pays », et la fin de la Ve République. « Je crois que la France reste un grand pays, nous confie-t-il, et que ce sont eux qui tirent la France vers le bas en nous expliquant que notre destin est d’obéir aux États-Unis« . « Ce qui tue ce pays, c’est l’entre-soi des élites », résume-t-il avant de conclure avec une sorte de morale : « Moi j’ai travaillé pour la République, pas pour la caste. Je considère qu’il faut rendre ce que j’ai reçu, mais pas servir. »
Source : France Soir
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