L’autrice est députée du Bloc Québécois
De retour de Stockholm en Suède où je participais au 50e Sommet de la Terre – Stockholm+50 : Une planète saine pour la prospérité de toutes et tous – Notre responsabilité, notre chance – j’ai eu l’occasion d’aborder plusieurs enjeux d’importance, notamment les impacts du réchauffement climatique qui touchent plusieurs secteurs névralgiques dont les municipalités, l’importance d’entreprendre un véritable virage vert, mais également la nécessité de modifier nos modèles de consommation.
La crise humanitaire qui découle des changements climatiques est bel et bien commencée. Actuellement, en moyenne, près de 20 millions de personnes sont déjà forcées de quitter leurs foyers chaque année pour fuir des inondations, une sécheresse, la hausse du niveau de la mer, la désertification ou la dégradation environnementale. Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, de 3,3 à 3,6 milliards d’êtres humains vivent déjà dans des contextes très vulnérables aux changements climatiques.
L’eau
Ne perdons jamais de vu que 136 villes côtières montrent que 400 millions d’habitants habitent dans une zone à risque d’inondations majeures. Les 2/3 des mégalopoles sont installées à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer, tout comme les plaines agricoles qui les nourrissent. Les mégapoles de New York, Bangkok, Shanghai et Tokyo sont d’ailleurs de plus en plus exposées aux inondations.
Ici aussi, les changements climatiques se font sentir. Les eaux de l’estuaire maritime du Saint-Laurent sont de plus en plus acides. Cette acidification est due aux rejets des secteurs industriel, agricole et plus globalement des changements climatiques. Les chercheurs estiment que, si rien ne change, aucune forme de vie ne pourra survivre dans les eaux profondes de notre fleuve d’ici 50 ans.
On se rappellera la canicule de 2018 qui a fait près de 90 victimes au Québec ou encore les orages violents du 21 mai dernier où des milliers de clients ont été privés d’électricité et dans bien des cas pour plusieurs jours. À cet égard, les météorologistes nous mettent déjà en garde, cet été le Québec devrait connaître « un été unique, instable et collant », avec des températures « au-dessus des normales » et un fort potentiel d’orages violents.
Steven Guilbault a menti
Malheureusement, même si António Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies affirme que « les vrais radicaux dangereux sont les pays qui continuent d’accroître leur production d’énergies fossiles », le pays pétrolier qu’est le Canada poursuit sa croisade pour extraire jusqu’à la dernière goutte de pétrole canadien. L’autorisation du projet Bay du Nord démontre clairement que le gouvernement Trudeau n’a pas véritablement l’intention de faire face à la crise climatique avec l’urgence qu’elle commande.
D’ailleurs, on sait maintenant que lorsque le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault affirmait que Bay du Nord allait générer 300 millions de barils de pétrole par jour, c’était faux. Ce chiffre visait seulement à calmer le jeu, il n’a jamais été question pour les promoteurs de se limiter à 300 millions de barils. Ils parlent d’augmenter à 500 millions de barils au minimum.
Le pire, c’est que non seulement l’évaluation environnementale n’a pas pris en considération la quantité de pétrole que le projet est censé produire, mais en cas de déversement il faudrait entre 18 et 36 jours afin d’amener le matériel nécessaire sur place pour colmater la fuite.
Pandémie et environnement
Je dois dire qu’à Stockholm, la crise environnementale était comparée à la crise sanitaire. Pendant la pandémie, toute la planète a participé à faire une différence pour limiter la propagation de la maladie alors pourquoi ne fait-on pas la même chose avec la crise climatique ? Sommes-nous conscients de l’urgence ? Sommes-nous prêts à faire une différence ?
Un autre facteur important à prendre en considération dans la crise qui nous afflige est l’exploitation que nous faisons de nos ressources naturelles. Déjà, en 1972, le rapport Meadows nous avisait qu’il y a des limites à la croissance puisque nos ressources ne sont pas illimitées. Notre modèle économique ne tient pas compte de ses impacts sur l’environnement. Nous sommes en train de détruire les écosystèmes qui nous permettent de vivre. Pour citer une fois de plus António Guterres, le temps est venu de cesser de mesurer le succès d’un pays à son produit intérieur brut, ce qui entraîne forcément l’exploitation de plus en plus de ressources.
Il nous faut à tout prix revoir l’économie, la justice sociale et la coopération internationale, cela devrait être une priorité. Par exemple sur les 25 pays les plus touchés par les changements climatiques, 60 % sont en conflit et aucune aide ne leur a été octroyée. C’est révoltant.
Malgré tout, je reviens extrêmement satisfaite du Sommet de la Terre. Je sais que nous disposons actuellement des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement et j’ai vu que nous sommes plusieurs à vouloir avancer dans le même sens, la course contre la montre est lancée et j’espère sincèrement que nous allons être en mesure de courir assez vite, en ce qui concerne le gouvernement Trudeau, espérons juste qu’il emboîte le pas.
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