Arrêtez le déni : L’Ukraine est une guerre par procuration qui mènera à une guerre mondiale plus large

Arrêtez le déni : L’Ukraine est une guerre par procuration qui mènera à une guerre mondiale plus large

Par Brandon Smith − Le 19 mai 2022 − Source Alt-Market

Au début de l’incursion russe en Ukraine, j’ai soutenu dans mon article « L’ordre issu du chaos : comment le conflit ukrainien est conçu pour profiter aux globalistes« ) que les troupes américaines seraient sur le terrain dans quelques mois. J’avais tort – Il s’avère que les militaires américains et européens étaient DÉJÀ sur le terrain. L’Ukraine était une guerre par procuration depuis le tout début.

Mais qu’est-ce qu’une guerre par procuration, en réalité ? Cela signifie que les troupes russes combattent les soldats ukrainiens qui sont mêlés à des « conseillers » occidentaux et très probablement à des forces spéciales américaines et européennes, sans parler des agents des services de renseignements américains qui utilisent toutes les technologies de collecte d’informations à la disposition du ministère de la Défense. En d’autres termes, les soldats russes sont tués par des moyens occidentaux. Certains pro-Ukraine pourraient se demander en quoi cela constitue un problème ?

Pour comprendre la gravité de cette situation, nous devons d’abord en examiner la signification historique.

L’événement historique le plus proche auquel je pourrais rapprocher l’Ukraine est le Vietnam, lorsque les éléments communistes du pays recevaient une aide constante, des armes et même des troupes de la Chine, ainsi qu’une aide monétaire et technologique de l’Union soviétique. Le Vietnam était essentiellement une arène « sûre » ou un match en cage entre l’Occident et le communisme ; un endroit où les acteurs du paradigme pouvaient s’affronter sans risquer un échange nucléaire plus important. Les globalistes pouvaient s’asseoir, se détendre et regarder le spectacle pendant que des Américains sacrifiaient leur vie pour un conflit qui n’avait pas lieu d’être.

La situation en Ukraine est similaire, mais les enjeux sont cette fois beaucoup plus élevés. C’est probablement la raison pour laquelle les médias grand public et la Maison Blanche ont nié en bloc que l’Ukraine soit une guerre par procuration, et ont constamment minimisé l’implication complexe des moyens militaires occidentaux. Le fait est que l’Ukraine serait déjà complètement tombée si la Russie n’avait pas été confrontée à une force mandataire composée d’éléments de soutien américains et européens fournissant des renseignements, des armes et probablement un soutien cinétique direct.

Dans mon article intitulé « L’Ukraine apprend la valeur d’une population armée, mais bien trop tard« , publié le 2 mars, j’ai noté que les programmes de « milice » ukrainiens mis en place à la dernière minute, alors que les troupes russes traversaient rapidement le Donbass, n’étaient qu’un spectacle secondaire. Les médias agissaient comme si des citoyens n’ayant reçu qu’une formation de deux semaines allaient faire une différence dans la guerre ; c’était absurde. À mon avis, le récit de l’insurrection était destiné à couvrir des moyens occidentaux bien entraînés, déjà en place et dotés d’une technologie antichars et antiaérienne avancée. Comme je l’ai déclaré dans cet article :

Aujourd’hui, alors que la Russie envahit le pays, les Ukrainiens n’ont même pas mis en place des mesures [de défense] de base. Leur capacité à repousser les Russes repose sur les systèmes de missiles américains tels que le Javelin, qui sont régulièrement acheminés vers l’armée ukrainienne.

En outre, les méthodes utilisées par les forces ukrainiennes pour tendre des embuscades aux colonnes de blindés russes sont plutôt avancées et familières. Je soupçonne la possibilité qu’il y ait des « conseillers » militaires extérieurs (peut-être des conseillers américains) sur le terrain en ce moment même en Ukraine. Les tactiques d’embuscade avancées de type guérilla et les résultats obtenus ressemblent à la formation souvent dispensée aux bérets verts ou aux SAS. Le Royaume-Uni a envoyé des armes antichars et un petit groupe de « formateurs » en Ukraine en janvier.

Je me trompe peut-être, mais si c’est le cas, il serait diplomatiquement désastreux de découvrir que de telles équipes de conseillers participent aux combats…

Peu de temps après que j’ai écrit ces lignes, un flot de fuites d’informations a révélé que l’implication militaire des États-Unis et de l’UE était bien plus profonde que je ne le pensais.

Georges Malbrunot, journaliste français et correspondant international senior du Figaro, est revenu d’Ukraine avec des révélations selon lesquelles les Américains sont « directement en charge«  de la guerre sur le terrain. Il a ajouté que lui et les volontaires avec lesquels il était ont « failli être arrêtés » par les officiels et qu’ils ont été contraints de signer un contrat « jusqu’à la fin de la guerre », qui les privait du droit de parler au public des circonstances dont ils étaient témoins.

Citant une source du renseignement français, Malbrunot a également tweeté que des unités SAS britanniques « sont présentes en Ukraine depuis le début de la guerre, tout comme les Deltas américains ».

Cela était évident au vu des tactiques avancées utilisées par les forces « ukrainiennes » pour bloquer l’avancée russe, mais les témoignages de première main confirment que le problème est réel. Le New York Times et d’autres médias ont publié de rares aveux sur l’implication des États-Unis dans le partage de renseignements avec les Ukrainiens, qui ont directement conduit à la mort de plusieurs généraux russes ainsi qu’à la destruction d’actifs majeurs tels que des avions de transport de troupes et le navire amiral russe Moskva.

Entre-temps, les responsables du Pentagone et Joe Biden n’ont cessé de nier que l’Ukraine est une « guerre par procuration ». Si ce n’est pas une guerre par procuration, alors je ne sais pas ce que c’est. Sans l’implication des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’UE, il n’y a PAS de guerre. Elle serait déjà terminée et l’Ukraine se serait rendue depuis des semaines.

Les gens peuvent se demander si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Comme je l’ai mentionné dans de nombreux articles, je n’ai pas d’avis sur la question, car l’ensemble de l’événement semble être une distraction par rapport à la menace beaucoup plus importante du déclin économique mondial et de la crise inflationniste. Ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’il s’agit bien d’une guerre par procuration et que la présence même de moyens militaires américains et européens sur le terrain en Ukraine pourrait servir de justification à la Russie pour étendre ses opérations bien au-delà de la région du Donbass.

Non seulement cela, mais cela justifie également des tactiques plus larges qui visent directement les États-Unis et l’Europe. Par exemple, une guerre par procuration permet à la Russie de plaider raisonnablement en faveur d’une coupure totale des ressources en pétrole et en gaz naturel de l’UE, dont l’Europe dépend pour environ 40 % de ses besoins énergétiques. Elle justifie les stratégies économiques russes, notamment les alliances avec la Chine pour éliminer le dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale. Enfin, je continue de m’attendre à des attaques de cyberguerre dans le courant de l’année en raison de la situation en Ukraine. Au minimum, ces attaques seront imputées à la Russie et à la Chine, qu’elles soient ou non responsables.

La présence de troupes américaines et européennes en Ukraine signifie-t-elle qu’une guerre nucléaire mondiale est imminente ? C’est peu probable. Tout comme le Vietnam n’a pas conduit à une guerre nucléaire entre la Russie, la Chine et les États-Unis, bien que le nord Vietnam ait reçu un approvisionnement et un entraînement constants de la part des forces soviétiques et chinoises, il y a peu de chances qu’une guerre nucléaire mondiale éclate en Ukraine. La destruction mutuelle ne sert pas les intérêts des globalistes, du moins pas s’ils espèrent en prédire le moindre résultat.

Cela dit, je ne serais pas surpris de voir au moins un champignon atomique quelque part dans le monde au cours de cette décennie, dans le cadre d’un conflit régional. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire que la guerre mondiale devienne nucléaire pour être désastreuse.

Malheureusement, à cause des films hollywoodiens, un grand nombre de personnes ont des notions erronées de ce à quoi la troisième guerre mondiale pourrait réellement ressembler. Les médias de divertissement décrivent toujours la Troisième Guerre mondiale comme se produisant en un éclair, un instant où des missiles sont lancés et où une civilisation brisée de survivants doit ramasser les morceaux. Ce qu’ils ne montrent jamais, c’est une longue guerre d’usure financière, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, des cyberattaques et des batailles régionales interminables dans lesquelles des Américains sont envoyés à l’étranger pour mourir sans autre but que de prétendre que ces conflits territoriaux sont en quelque sorte « notre responsabilité ».

Ce que je vois en Ukraine, ce sont les prémices d’une guerre pas comme les autres, une guerre dans laquelle les armes sont principalement indirectes et financières plutôt que cinétiques. En raison de l’interdépendance mondiale en matière de commerce, de nombreuses nations occidentales ont été laissées totalement sans défense dans ce type de conflit. Nous n’avons pas la capacité de nous défendre parce que nos systèmes économiques sont construits autour d’un modèle qui exige que nous abandonnions la production nationale et que nous nous reposions sur les ressources et l’industrie d’autres nations.

Cela n’a jamais été aussi vrai que dans notre relation avec la Chine, qui contrôle environ 20 % de tous les biens d’exportation vers les États-Unis. La Chine s’est étroitement alliée à la Russie. Cela ne changera pas, car elle sait que l’Occident ne peut rien y faire ; l’influence économique est bien trop importante. En outre, les événements en Ukraine sont probablement un précurseur de la propre invasion de Taïwan par la Chine.

Si tel est le plan, la Chine devra attendre les conditions météorologiques optimales après la mousson, c’est-à-dire en septembre. Elle commencerait par des bombardements de missiles et des attaques d’infrastructures, suivis d’un assaut amphibie au début du mois d’octobre.

La guerre par procuration en Ukraine est un moment clé de l’histoire à venir (avec l’invasion potentielle de Taïwan), car elle offre aux puissances mondiales qui rêvent d’une « grande réinitialisation » la possibilité de se décharger de la crise économique globale qu’elles ont créée il y a des années sur les « marées du destin« . Ils peuvent dire que l’effondrement n’a eu lieu qu’à cause de l’orgueil démesuré de nations souveraines et de « frontières sans signification ». Si les États-Unis et l’Europe sont directement impliqués dans le meurtre des troupes russes, et que cela est largement exposé, alors le côté russe de la narration se clarifie et le côté occidental s’embrouille. Les représailles directes de la Russie deviennent logiques et rationnelles plutôt que la réaction folle d’une nation dirigée par un fou comme le prétendent les médias grand public.

Les deux parties du théâtre Kabuki doivent se sentir justifiées de transformer une petite guerre en une guerre mondiale. C’est ainsi que cela a toujours fonctionné. Lorsque la population ouvrière devient un peu trop indisciplinée et que la menace d’une rébellion contre l’establishment est à portée de main, les élites déclenchent une guerre. C’est réglé comme une horloge. Cette tactique affaiblit la population générale, réduit le nombre d’hommes en âge de combattre qui auraient pu représenter une menace pour la classe dirigeante et crée suffisamment de peur et de panique pour convaincre le public d’échanger davantage de ses libertés.

Pour l’instant, le facteur déterminant est la réaction des populations américaine et européenne, et dans une certaine mesure des citoyens russes. La vieille blague est la suivante : « Et s’ils organisaient une guerre et que personne ne se présentait pour se battre ? » C’est une réalité potentielle à l’heure actuelle, car il est entre les mains du public de savoir jusqu’où va la question de l’Ukraine. La plupart des Américains et des Européens sont-ils prêts à envoyer leurs fils, et dans certains cas leurs filles, se battre et mourir dans le Donbass ? Les citoyens russes sont-ils prêts à se battre et à mourir au-delà des frontières de l’Ukraine ?

Beaucoup de gens font de grands discours ces derniers temps, mais est-ce vraiment la colline sur laquelle ils sont prêts à mourir ? Je ne le pense pas. Pourquoi ? Parce qu’au fond d’eux-mêmes, la plupart des gens savent que cette guerre est une farce, un jeu d’échecs mondial joué par des élitistes aux aspirations néfastes. Ils savent que les raisons de cette guerre ne sont pas pures, d’un côté comme de l’autre. Ils font preuve de vertu en faveur de l’Ukraine, mais ils ne seront jamais prêts à aller risquer leur vie pour le sol ukrainien. Ils ne sont pas non plus prêts à risquer la vie d’un membre de leur famille pour l’Ukraine.

Je soupçonne les globalistes de le savoir maintenant, car ils ne cherchent plus à convaincre les Américains de la nécessité d’un engagement militaire ouvert. Ils vont passer à l’aspect économique du conflit dans l’espoir que le désastre fiscal embrouille l’esprit du public et le rende plus disposé à soutenir une guerre plus large demain.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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