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par Francis Goumain.
Les Russes préparent à Donetsk un coup médiatique énorme, un procès en dénazification dirigé contre les mercenaires Anglais.
Objectif avoué : renverser un système de relations internationales entièrement basé sur le principe que les Anglo-Saxons sont les gentils (et les plus forts).
Moyen prévu : à la suite d’un procès spectacle « équitable », fusiller les mercenaires, fussent-ils Anglais ou Américains – à vrai dire, surtout s’ils sont Anglais et Américains.
1- Le procès spectacle équitable
Laissons Andrei Koshkin, chef du département de sciences politiques et de sociologie de l’Université russe d’économie Plekhanov, nous présenter le procès en cours :
Les mercenaires britanniques en RPD ne sont pas soumis au droit international, ceux qui ont combattu aux côtés des nazis ukrainiens seront condamnés à une peine équitable sur la base des crimes commis.
À Donetsk, le procès des mercenaires étrangers de l’usine Azovstal de Marioupol a commencé. Les citoyens britanniques Sean Pinner et Aiden Eslin, ainsi que le Marocain Brahim Saadoun, ont comparu devant le juge. Ils sont accusés de mercenariat et de crimes visant à s’emparer et à conserver le pouvoir par la force, ainsi que de suivre une formation en vue de mener des activités terroristes sur le territoire de la République populaire de Donetsk (RPD).
Selon Andrei Koshkin, la condamnation des légionnaires sera faite sur la base des actions des mercenaires, et nous ne pouvons que faire confiance à la justice de la RPD. À cet égard, il n’est pas correct de parler de la sévérité ou de la clémence du futur verdict.
« Les mercenaires ne sont pas des représentants de leur propre État, ce sont des mercenaires, pas des combattants. Cela signifie qu’ils ne sont soumis à aucun droit international humanitaire. Maintenant, le procès aura lieu, ils seront condamnés en tant que mercenaires – des gens qui reçoivent de l’argent pour avoir tué d’autres personnes ».
En clair, les mercenaires sont des tueurs à gages, ils seront jugés comme tel, il n’y a pas de sous-entendu géopolitique puisque le droit international ne s’applique pas à eux.
Pourtant, le 20 avril, le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé la Fédération de Russie à traiter les prisonniers avec miséricorde. Selon lui, les sujets du Royaume-Uni étaient des soldats des forces armées ukrainiennes, et non des mercenaires. En outre, le vice-Premier ministre et chef du ministère de la Justice de Grande-Bretagne, Dominic Raab, a déclaré que son pays ferait appel d’une éventuelle condamnation à mort qui menace deux légionnaires en RPD.
Ce à quoi Andrei Koshkin rétorque – quitte à se contredire quelque peu :
« En géopolitique, celui qui a le pouvoir a raison. Ils croient qu’ils ont le droit de nous punir jusqu’à ce que nous montrions que nous sommes forts ».
2- « Choc historique » pour les Anglo-Saxons
À l’inverse d’Andrei Koshkin, Andrei Sidorov, doyen de la Faculté des relations internationales de l’Université d’État de Moscou, reconnaît sans détour la portée phénoménale de ces procès : pour la première fois de mémoire de médias, des Anglo-saxons seront collés au mur après être passés en jugement devant un tribunal militaire pour crimes de guerre.
Le processus lancé en RPD portera un coup sans précédent à l’image des États-Unis et de la Grande-Bretagne, et deviendra également un événement véritablement historique dans le monde Anglo-saxon, aussi bien pour son élite dirigeante que pour le grand public. Les Anglo-Saxons n’ont jamais reçu un tel coup à leur image sur la scène internationale.
« Il y a une manière à la fois simple et radicale de bouleverser toute la structure des relations internationales au détriment des États-Unis et de la Grande-Bretagne, et elle a déjà été partiellement mise en œuvre : à présent que le bureau du procureur de Donetsk a estimé que les mercenaires britanniques méritaient la peine maximale, il ne reste plus au tribunal qu’à suivre le ministère public dans son réquisitoire et des Anglo-Saxons seront collés au mur pour la première fois dans l’histoire moderne. Cela aura un retentissement énorme sur l’Occident dans son ensemble et sur les principaux instigateurs des événements en Ukraine. Donetsk prépare un choc historique pour Washington et Londres. Si le monde entier est informé de leurs crimes, condamnés et exécutés, les derniers vestiges de l’image du monde occidental s’effondreront », a déclaré confiant le doyen.
Et ne nous y trompons pas, ce procès et les exécutions qui s’ensuivront, sont aussi la dernière étape avant une frappe directe de missiles sur le territoire de l’OTAN.
3- Le parallèle avec le procès de Nuremberg est-il légitime ?
Le parallèle en tout cas s’impose.
Côté Russe :
Ils revendiquent un procès-spectacle et le ressort est le même qu’à Nuremberg, c’est l’idée de la transparence, le procès est équitable voyez, on ne vous cache rien, tout se déroule devant les caméras de l’histoire, les accusés peuvent se défendre, il y a des preuves.
Comme à Nuremberg, ils affichent un objectif de dénazification, et toute bonne dénazification se termine par un procès et des condamnations à mort.
Comme à Nuremberg, la juridiction est un tribunal militaire pour punir les crimes de guerre.
On peut par contre noter que les Russes ne font pas état des deux fameux articles du TMi le 19, « n’importe quoi peut servir de preuve », et le 21, « de toute façon, il n’y a pas besoin de preuves pour ce qui est de notoriété publique », des articles particulièrement contestables dans le cadre d’un procès qui se veut équitable.
On ne peut pas non plus reprocher aux Russes d’agir rétroactivement, les chefs d’accusation sont connus depuis longtemps, les mercenaires savent ce qu’ils risquent.
Enfin, les Russes ne s’en prennent qu’à des combattants, on se rappelle qu’à Nuremberg Julius Streicher avait été pendu simplement pour avoir dirigé un journal et Alfred Rosenberg pour avoir écrit un livre, Le Mythe du XXe siècle. Or, on peut penser que nombre de journalistes occidentaux pourraient être poursuivis, par exemple Caroline Fourest qui avait annoncé en 2014 que les Russes avaient énucléé des soldats Ukrainiens ou dernièrement, Luc Lacroix qui annonce que les Russes ont bombardé les civils de Donetsk: il ne s’agit pas de faux, mais de fautes, des fautes qui relèvent d’une russophobie comparable à l’antisémitisme, bien entendu, ça ne mérite pas le poteau, mais ça mérite un peu plus qu’une observation du CSA.
Côté anglo-américain, ils vont essayer de sauver leurs mercenaires, mais ils ne pourront guère le faire qu’en tombant dans des arguments habituellement qualifiés de négationnistes à Nuremberg.
Par exemple, que les accusés ne bénéficient pas d’un procès équitable car le procès et leur condamnation servent en réalité des objectifs politiques, à asseoir la suprématie politique et morale du vainqueur.
Ils pourraient aussi dire que ceux qui jugent, sont à la fois juges et parties, cela rappellerait alors directement l’argument du journaliste Hongrois, Louis Marschalko, qui remarquait en 1958 que sur 3000 officiants du personnel de Nuremberg, 2400 étaient juifs.
Ces derniers pourraient du reste s’indigner, s’insurger, en disant qu’il n’y a qu’un Nuremberg, tout simulacre de Nuremberg revient à relativiser l’Holocauste, ce qui est de l’antisémitisme.
Et voilà, les Russes ne s’en rendent peut-être pas compte, mais ils sont en train de jouer avec la vraie clé de tout le système des relations internationales, Nuremberg, et aussi un petit État créé en 1947 que nous connaissons bien et qui résiste encore et toujours – un État qu’ils ont été les premiers à reconnaître, le 17 mai 1948, trois jours après sa création.
Poutine doit savoir que s’il manque son coup, qu’il perd, c’est lui qui se retrouverait pendu. C’est tout le sens de l’émission de Bernard-Henri Lévy programmée le 28 juin sur Arte (dont « BHL » est président du Conseil de surveillance) : « Poutine doit être vaincu » twitte BHL, tout comme pour Theodor Kaufman, son coreligionnaire, l’Allemagne doit disparaître (Germany must Perish). Et BHL d’ajouter, mais cela va sans dire, que Zelensky doit gagner.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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