Washington envisage des manoeuvres militaires conjointes avec l’Inde dans les Himalayas et plus particulièrement dans les zones de haute altitude disputées avec la Chine. De ce fait, les États-Unis cherchent à créer un nouveau contrepoids à la Chine en mobilisant le nationalisme indien des réseaux sociaux de la génération Z dans sa version ultra telle qu’elle a été promue par le concept fasciste de l’Hindutva revendiquee par le parti au pouvoir Bharatya Janata Party (BJP) de l’actuel Premier ministre Narendra Modi.
L’exploitation du clivage sino-indien par Washington est perçue comme un potentiel géostratégique prometteur.
De ce fait, l’apparence friction entre Washington et New Delhi sur les importations russes pourrait être délibérément amplifiée à des fins de camouflage même si l’Inde ne peut se permettre de mettre la sécurité alimentaire et économique de plus d’un milliards d’habitants en péril. La question qui est susceptible d’être posée est celle de savoir si Washington en viendra un jour à se battre avec la Chine jusqu’au dernier Indien?
En Ukraine, la Russie a déployé pour la première fois quatre avions de combat Sukhoi Su-57 de cinquième génération opérant dans le cadre d’un réseau fermé dans le cadre d’une mission de suppression des défenses aériennes ukrainiennes. Ceci pour la déclaration officielle. En réalité, il semble que la connection des Su-57 semble être une réponse technologique au système Starlink et à d’autres systèmes analogues déployés par l’OTAN en Ukraine.
Ceci est un développement fort intéressant à plus d’un titre même si l’intrusion de nouvelles technologies de pointe ne va pas changer de façon significative le déroulement des combats au sol, assurée de façon essentielle par l’artillerie. Le Su-57 opérant en formation de quatre en réseau connecté semble être une réponse à la mise en place d’une nouvelle défense aérienne en Ukraine occidentale et centrale avec l’aide de l’OTAN.
Dans le nouveau monde, des troupes russes pourront bientôt être stationnées au Nicaragua dans le cadre d’un accord-cadre offrant les mêmes avantages à d’autres pays dont les États-Unis.
En Méditerranée orientale, le Président turc ne plaisante pas. Du moins c’est ce qu’il a affirmé en évoquant les neuf bases US que la Grèce abrite (Erdogan ne croit pas que ces bases soient implantées en Grèce pour contrer la menace russe) et d’un éventuel armement d’îles disputées en mer Égée. Erdogan ne perd pas le sens des priorités stratégiques. La Turquie est engagée dans des opérations militaires en Irak et en Syrie, applique les clauses de la Convention de Montreux relative à la fermeture du détroit du Bosphore aux navires militaires en temps de guerre et estime publiquement que le système de sécurité collective de ce que l’on appelle l’Occident, auquel elle fait partie, est en phase d’effondrement. Pays membre important de l’OTAN, la Turquie n’hésite pas à menacer la Grèce, un autre pays membre de cette alliance, si cette dernière ose franchir un certain rubicon.
En Méditerranée occidentale, l’Algérie vient de mettre fin, le 09 juin 2022, avec effet immédiat, à un Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec le Royaume d’Espagne vieux d’une vingtaine d’années. Cette décision intervient après une dégradation continue des relations algéro-espagnoles depuis le revirement historique du gouvernement socialiste espagnol dans le conflit du Sahara Occidental en faveur des thèses colonialistes du Maroc. Cette suspension immédiate du Traité a eu comme effet immédiat le non financement par les banques basées en Algérie des opérations commerciales avec l’Espagne dans un premier temps. Il est même question d’un non-renouvèlement des accords d’approvisionnement de gaz algérien à l’Espagne dans un contexte international explosif dominé par les conséquences désastreuses sur le marché énergétique des sanctions européennes contre la Russie. La crise énergétique entre Alger et Madrid est toutefois atténuée par le rapprochement de l’Algérie avec l’Italie dont le gouvernement Draghi est un zélé serviteur de l’Empire.
Ces mouvements similaires à celles de pions non identifiés dans des jeux sans règles sont la conséquence d’une déstructuration totale du système des relations internationales et économiques, consécutive à un changement majeur de paradigme. Nous vivons une période fort instable où tout est désormais possible.
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