Les shows de boucane

Les shows de boucane

Et si le Capitaine Bonhomme avait finalement raison ?

Et si, comme il le clamait, les sceptiques seront confondus ?

Devant la comédie dramatique dont le Québec est devenu le théâtre, force est de se rendre à l’évidence. Dans l’ordre normal des choses, la boucane est la phase finale du fonctionnement d’un moteur. Or aujourd’hui, c’est la boucane qui, en ces temps de caquisme triomphant, nourrit le moteur de la vie politique. En obstétrique, cela s’appelle une présentation par le siège. Le premier ministre, qui s’y connaît en démo-linguistique autant que moi en physique quantique, a de nouveau fait la démonstration que c’est l’esbroufe, le chiqué, les rodomontades, le flafla, la frime, le pétage de bretelles et les vantardises qui tiennent lieu chez lui de convictions. L’allusion à la Louisiane a peut-être trop étiré l’élastique, aux yeux des fédéralistes majoritaires dans le caucus caquiste. Dans les heures qui ont suivi, les professions de foi canadiennes n’ont pas tardé, tant chez les ministres que chez les députés. « On fait partie du Canada ! » « Moi, je suis un nationaliste à l’intérieur du Canada ! » « La CAQ va faire respecter le Québec dans le Canada ! » « Nous avons une chance si inestimable de vivre si paisiblement au Canada ! » « Les raisons d’aimer notre pays, le Canada, sont multiples ! » « Fédéraliste, la CAQ ? Tout a fait ! Tout a fait ! Absolument ! » « La souveraineté, pour moi, c’est terminé… »

Y aurait-il, dans les coulisses de la CAQ comme il y en a un à Québec Solidaire, une espèce de Politburo qui aurait sifflé la fin de la récréation de ce nationalisme d’opérette ?

Pendant que se joue ce mauvais théâtre, la course aux places orchestrée par le Prince du moment est lancée. Il y a un mot pour décrire cette frénésie qui s’empare d’une élite nostalgique des illusions d’un pouvoir factice : ça s’appelle la curée. Si, comme l’a dit avec cynisme Henri IV, Paris valait bien une messe, une limousine et l’illusion du pouvoir valent bien un virage à 180 degrés sur l’échelle des convictions. Même si, par malheur, comme l’a dit Talleyrand : « En politique, il n’y a pas de convictions ; il n’y a que des circonstances. »

« La plupart des propositions de la CAQ se font le reflet du refus généralisé que l’on retrouve depuis longtemps au sein du milieu des affaires de renforcer concrètement une loi 101 pourtant fort affaiblie. Ce qui ne devrait guère surprendre dans la mesure où, après tout, les dirigeants de la CAQ eux-mêmes figurent parmi ses plus beaux fleurons… », avait écrit Josée Legault en juin 2011, à la naissance de la CAQ. Ce constat est toujours d’actualité. Mais la réaction surréaliste des angryphones, qui disent voir dans l’insignifiante loi 96 l’incarnation de Satan et qui se précipitent devant les tribunaux le jour même de son adoption, rendent un fier service au gouvernement caquiste. Dans les chaumières en effet, on se dit que si le ROC et nos anglos sont à ce point en furie, cette loi doit être bonne pour nous ! Un remarquable coup fourré.

« Il abandonne la souveraineté. Il renonce à la souveraineté. Je pense que c’est une très mauvaise décision. Tu ne peux pas d’abord renoncer à tes convictions, renoncer à un combat que tu as mené pendant plus de 10 ans et annoncer du jour au lendemain que tu n’y crois plus », avait dit Bernard Drainville quand Legault avait quitté le Parti Québécois.

Des souverainistes repentis, comme les appelle Michel David. Je dirais plutôt des souverainistes honteux, comme ces gamins qui, dans le temps, sortaient du confessionnal où ils étaient allés s’accuser d’avoir joué avec leurs corps…

Un ami, indépendantiste depuis toujours, m’a avoué, en désespoir de cause devant le portrait dévastateur que je lui faisais de la CAQ : « Faut bien s’accrocher à ce qu’il nous reste… »

Talleyrand, ministre sous les gouvernements durant et après la Révolution française, à quelqu’un lui ayant demandé s’il comptait soutenir le gouvernement, avait répondu : « Un gouvernement qu’on soutient, c’est un gouvernement qui tombe… » Or si on en croit les sondages, ce n’est pas tant ce gouvernement qui tombe que l’idée que le Québec pourrait marcher seul, sans que le ROC ne le surveille de crainte qu’il ne se livre à nouveau à ces bas instincts auxquels il ne cesse de succomber et qui se nomment la xénophobie, le racisme, la peur de l’Autre et autres aménités.

Je crois utile, ici, de rappeler que la caque est une barrique où l’on presse les harengs, salés ou fumés ? Le proverbe nous rappelle du reste que la caque sent toujours le hareng. Même si on tente de cacher l’odeur sous une couche de parfum cheap
 

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